Quant le mobilier est une source de pollution et quand la propreté participe à celle-ci
Le sur la QualitĂ© de l'air Ă l'intĂ©rieur des bĂątiments: causes, effets, prĂ©vention et gestion, va sâachever ce jour, il a permis de prĂ©senter les conclusions sur les recherches menĂ©es sur le thĂšme de la qualitĂ© de lâair intĂ©rieur.
Primequal, Ă©tant un programme de recherche essentiellement soutenu par le MinistĂšre chargĂ© du DĂ©veloppement Durable et lâADEME. Il prĂ©sente la particularitĂ© de rassembler plusieurs communautĂ©s scientifiques concernĂ©es par la pollution de lâair et ses impacts : sciences physiques (mĂ©trologie, chimie, dynamique, mĂ©tĂ©orologie, âŠ), sciences de la vie (biologie, mĂ©decine, Ă©pidĂ©miologie, Ă©cologie, âŠ), mathĂ©matiques (modĂ©lisation, statistiques) et sciences humaines (Ă©conomie, sociologie, psychologie,âŠ).
Avec plus de 80% du temps passé dans des espaces clos, la qualité de l'air intérieur est une pour les populations et les pouvoirs publics.
Plusieurs questions restent aujourd'hui posées pour améliorer la qualité de l'air des espaces clos dans un contexte de grande diversité, en nature et en intensité, des contaminants et de leurs sources, des nombreux espaces de vie visés, pour partie privés, et de l'évolution des techniques de construction visant une meilleure performance énergétique des bùtiments :
Quelles sont les sources de polluants de l'air à l'intérieur des espaces que nous fréquentons ?
Quels impacts sur notre santé et quelles modalités de prévention des risques pour les populations exposées ?
Quels développements scientifiques récents améliorent les connaissances et éclairent l'action?
Lors du colloque organisé par PRIMEQUAL, quatre thÚmes ont été abordés :
la prise en compte du facteur humain dans la gestion des crises sanitaires en lien avec la qualité de l'air intérieur ;
les nouvelles méthodes disponibles pour caractériser la qualité de l'air intérieur ;
les sources d'émissions de polluants en air intérieur : activités humaines et matériaux ;
les impacts sanitaires et la gestion des expositions aux polluants de l'air intérieur.
SynthÚse des recherches menées dans le cadre PRIMEQUAL :
Des sources domestiques de pollution-
Le mobilier, une source d'Ă©mission en milieu scolaire :
Plusieurs Ă©tudes rĂ©centes, consacrĂ©es Ă la qualitĂ© de lâair intĂ©rieur des crĂšches ou des Ă©coles maternelles, ont montrĂ© des niveaux de concentration en formaldĂ©hyde et en toluĂšne nettement plus importants dans lâair intĂ©rieur que dans lâair extĂ©rieur. Lâanalyse de la contribution, Ă cette pollution, de produits dâameublement habituellement rencontrĂ©s en milieu scolaire (meubles de rangement, couchages, tables, chaises, tableaux muraux, Ă©lĂ©ments de motricitĂ© en mousse...) a permis de fournir les donnĂ©es dâĂ©missions en composĂ©s organiques volatils (COV) et formaldĂ©hyde (HCHO) pour une vingtaine de meubles complets et pour leurs composants.
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les Ă©missions des meubles Ă©tudiĂ©s se sont avĂ©rĂ©es relativement faibles : les 21 meubles obtiendraient mĂȘme la classe dâĂ©mission la plus faible de lâĂ©tiquette «Ămissions dans lâair intĂ©rieur», soit la classe A+ (voir encadrĂ©). Les meubles en plastique (couchettes, chaises, Ă©lĂ©ments de motricitĂ©) prĂ©sentaient globalement des Ă©missions de COV et de formaldĂ©hyde infĂ©rieures Ă celles des meubles en bois, dont les principaux composĂ©s Ă©mis sont des aldĂ©hydes (formaldĂ©hyde, pentanal, hexanal, etc.) et des composĂ©s naturels du bois rĂ©sineux.
Dâautre part, conformĂ©ment Ă ce qui a pu ĂȘtre observĂ© dans dâautres Ă©tudes, les rĂ©sultats ont confirmĂ© que:
⹠la concentration en COVT (Composés Organiques Volatils Totaux) décroßt de 40% dans les 14 premiers jours puis de 25% dans les 14 suivants ;
⹠la concentration en formaldéhyde décroßt plus lentement pour représenter 75% du niveau initial aprÚs 14 jours et 68% aprÚs 28 jours.
Les COV
Les ComposĂ©s Organiques Volatils, composĂ©s de carbone, dâoxygĂšne et dâhydrogĂšne, se trouvent facilement sous forme gazeuse dans lâatmosphĂšre. ReprĂ©sentant diffĂ©rentes familles chimiques, les COV sont largement utilisĂ©s dans la fabrication de nombreux produits, matĂ©riaux dâamĂ©nagement et de dĂ©coration : peinture, vernis, colles, nettoyants, bois agglomĂ©rĂ©s, moquettes, tissus neufs... Ils sont Ă©galement Ă©mis par le tabagisme et par les activitĂ©s dâentretien et de bricolage. Leur point commun est de sâĂ©vaporer plus ou moins rapidement Ă la tempĂ©rature ambiante et de se retrouver ainsi dans lâair. Les COV sont souvent plus nombreux et plus concentrĂ©s Ă lâintĂ©rieur quâĂ lâextĂ©rieur compte tenu de la multiplicitĂ© des sources. Potentiellement dangereux pour la santĂ©, ils sont Ă lâorigine de plusieurs normes environnementales.
Le formaldéhyde
Le formaldĂ©hyde ou « formol » (HCHO) est un gaz de la famille des aldĂ©hydes. Le formaldĂ©hyde est une substance retrouvĂ©e principalement dans les environnements intĂ©rieurs car les sources y sont multiples: produits de construction, ameublement, produits domestiques (produits nettoyants, peintures, vernis, colles, cosmĂ©tiques...), etc. Il est Ă©galement Ă©mis naturellement lors de tout phĂ©nomĂšne de combustion : feux, tabagisme, cuisson des aliments, chaudiĂšres, cheminĂ©es dâagrĂ©ment, utilisation dâencens. Le formaldĂ©hyde est Ă©galement produit lors de rĂ©actions hĂ©tĂ©rogĂšnes entre des composĂ©s prĂ©sents dans lâatmosphĂšre. La contribution de lâair extĂ©rieur est en gĂ©nĂ©ral faible. ComposĂ© irritant pour le nez et les voies respiratoires, le formaldĂ©hyde est classĂ© depuis 2004 par le Centre Inter national de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme «substance cancĂ©rogĂšne avĂ©rĂ©e pour lâhomme» (groupe 1) sur la base des donnĂ©es observĂ©es sur les cancers du nasopharynx.
Produits ménagers:
Quand la propreté participe à la pollution
Les produits mĂ©nagers constituent une source de polluants en air intĂ©rieur. Lâexposition Ă ces polluants est dâautant plus importante quâelle a lieu dans des milieux confinĂ©s, peu ventilĂ©s, oĂč lâon passe beaucoup de temps. Une Ă©tude a permis dâidentifier et de quantifier les composĂ©s volatils (COV et aldĂ©hydes) et les particules, Ă©mis et formĂ©s lors dâactions dites domestiques, liĂ©es Ă lâemploi de produits mĂ©nagers et dâentretien, et ce, dans des conditions environnementales variĂ©es: tempĂ©rature, humiditĂ© relative et taux de renouvellement dâair.
Pour tous les produits mĂ©nagers testĂ©s (une cinquantaine), une augmentation des concentrations dans lâair intĂ©rieur a Ă©tĂ© observĂ©e systĂ©matiquement pour les COV, et trĂšs frĂ©quemment pour les aldĂ©hydes. Il est intĂ©ressant de noter que le formaldĂ©hyde a Ă©tĂ© retrouvĂ© dans 91 % des produits testĂ©s et le d-limonĂšne dans 43% dâentre eux. De plus, certains produits mĂ©nagers produisent des aĂ©rosols organiques secondaires, certes relativement peu importants en masse (environ 20% de la masse totale de particules Ă laquelle les personnes utilisant ces produits sont exposĂ©es) mais prĂ©sentant un grand nombre de particules de petite taille (infĂ©rieure Ă 100 nm) qui pourraient reprĂ©senter de vĂ©ritables enjeux sanitaires. Par ailleurs, la formation dâautres composĂ©s dont les effets sur la santĂ© sont suspectĂ©s a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence : mĂ©thyl glyoxal et le 4Âoxopentanal, diacides carboxyliques (acide lĂ©vullinique et acide limonique), les dialdĂ©hydes (limononaldĂ©hyde)... Enfin, lâĂ©tude a mis en Ă©vidence la formation de produits secondaires tels que le dioxyde dâazote (NO2), composĂ© aux effets sanitaires avĂ©rĂ©s et susceptible dâinduire des phĂ©nomĂšnes de rĂ©activitĂ© de surface avec possible production dâacide nitreux (HONO).
Formation de produits secondaires :
Le rĂŽle des surfaces
Lâacide nitreux (HONO) est une espĂšce particuliĂšrement importante en chimie atmosphĂ©rique car sa photolyse (dĂ©composition par la lumiĂšre) est l'une des sources majeures des radicaux hydroxyles (OH) qui sont les principaux oxydants atmosphĂ©riques. Ă lâextĂ©rieur, le mĂ©canisme de production de lâacide nitreux repose sur la rĂ©activitĂ© hĂ©tĂ©rogĂšne du dioxyde dâazote (NO2) sur les surfaces organiques. Dans les atmosphĂšres intĂ©rieures, oĂč les concentrations de NO2 peuvent ĂȘtre Ă©quivalentes, voire mĂȘme supĂ©rieures Ă celles mesurĂ©es Ă lâextĂ©rieur, les conditions sont particuliĂšrement favorables Ă une production importante du fait de la quantitĂ© de surfaces disponibles. Ainsi, malgrĂ© la filtration de la lumiĂšre par les vitres, la photolyse de lâacide nitreux produit bien des radicaux hydroxyles OH dans les habitations.
Pour la premiĂšre fois, des mesures in situ des concentrations de radicaux OH ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dans une salle de classe en milieu urbain. Des pics de concentration en radicaux OH ont Ă©tĂ© mesurĂ©s ponctuellement Ă lâĂ©chelle dâune piĂšce, Ă des valeurs Ă©quivalentes aux teneurs en atmosphĂšres urbaines, ce qui Ă©tait supĂ©rieur aux prĂ©visions des modĂšles. Ainsi, des rĂ©actions chimiques peuvent-elles modifier significativement la composition de lâair dans les atmosphĂšres intĂ©rieures dĂšs lors quâune part significative de la piĂšce est irradiĂ©e par le soleil ? Des questions de recherche restent Ă approfondir avant de pouvoir rĂ©pondre Ă cette interrogation (niveaux de concentrations moyens Ă lâĂ©chelle dâune piĂšce, sensibilitĂ© aux modifications dâensoleillement, influence des vitrages filtrant les UV et des lumiĂšres artificielles...)
La prise en compte des phĂ©nomĂšnes de formation de produits secondaires (aĂ©rosols formĂ©s Ă partir des Ă©missions des produits mĂ©nagers 2, et radicaux hydroxyles OH issus de la photolyse de lâacide nitreux 3) est dâautant plus importante quâelle se superpose aux Ă©missions de polluants dĂ©jĂ prĂ©sentes dans les environnements intĂ©rieurs.
Les aérosols organiques secondaires
Il sâagit de la suspension de petites particules solides ou liquides dans lâair dont les origines et les propriĂ©tĂ©s sont variĂ©es. Les aĂ©rosols primaires sont directement Ă©mis dans lâatmosphĂšre: poussiĂšres, cendres, suies... Les aĂ©rosols secondaires sont constituĂ©s de particules formĂ©es par des processus physicochimiques: sulfates, nitrates, COV... Ces particules fines ont des effets dĂ©montrĂ©s sur la santĂ© humaine et sur le climat.
Les radicaux hydroxyles
Les radicaux OH sont des oxydants puissants qui interviennent, entre autres, dans de nombreux processus photochimiques atmosphériques. Ainsi, ils peuvent réagir avec les COV déjà présents pour former des produits secondaires, potentiellement plus toxiques que les COV initialement présents.
MĂ©trologie : mesurer pour agir
BientÎt un analyseur portable de formaldéhyde
Le formaldĂ©hyde (HCHO) est lâun des polluants les plus frĂ©quents de lâair intĂ©rieur, avec des concentrations 2 Ă 15 fois plus Ă©levĂ©es quâĂ extĂ©rieur. Il est mĂȘme classĂ© parmi les 7 substances hautement prioritaires (groupe A) par lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur (OQAI) depuis 2005. Des rĂ©glementations se mettent en place sur les Ă©missions de formaldĂ©hyde provenant des matĂ©riaux de construction (Ă©tiquetage obligatoire depuis 2011) et sur les concentrations dans les Ă©tablissements recevant du public tels que les Ă©coles et les crĂšches (surveillance obligatoire dâici 2015).
Câest pour rĂ©pondre Ă ces nouveaux besoins normatifs quâune Ă©quipe de chercheurs a mis au point un outil performant de mesure des concentrations dans l'air et des taux dâĂ©missions des matĂ©riaux. Deux prototypes transportables (de la taille dâune imprimante) ont ainsi Ă©tĂ© construits. Reposant sur une mĂ©thode brevetĂ©e Ă lâinternational par le CNRS, et autorisant des mesures en continu, cet analyseur vise une industrialisation rapide grĂące Ă ses qualitĂ©s: fiable, bon marchĂ©, lĂ©ger et peu volumineux afin dâĂȘtre facilement utilisĂ© sur le terrain. En pratique, la mesure sâeffectue en trois Ă©tapes : aprĂšs avoir piĂ©gĂ© le formaldĂ©hyde gazeux en solution, il le fait rĂ©agir avec du fluoral-P et analyse le produit de la rĂ©action par spectroscopie de fluorescence.
Ces avancĂ©es technologiques ont permis la crĂ©ation dâune start-up qui dĂ©veloppera et commercialisera un microanalyseur de formaldĂ©hyde brevetĂ©, plus autonome et plus rĂ©actif que les prototypes dĂ©jĂ en cours de finalisation.
Une méthode de prélÚvement et d'analyse des poussiÚres domestiques
Les ComposĂ©s Organiques Semi-Volatils (COSV) prĂ©sents dans les logements français proviennent de nombreux produits de consommation et matĂ©riaux prĂ©sents dans l'environnement intĂ©rieur (plastifiants, retardateurs de flamme, pesticides, parfums, etc.). Ils sont suspectĂ©s dâavoir des effets nĂ©fastes sur la santĂ© (cancĂ©rogĂ©nicitĂ©, reprotoxicitĂ©, perturbation endocrinienne...).
Pour rĂ©pondre Ă cet enjeu, de rĂ©cents travaux ont portĂ© sur le dĂ©veloppement dâune mĂ©thode de prĂ©lĂšvement et dâanalyse des COSV prĂ©sents dans les poussiĂšres domestiques. Une cinquantaine de COSV ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s aprĂšs une hiĂ©rarchisation sur la base des donnĂ©es de contamination issues de la littĂ©rature et de valeurs toxicologiques de rĂ©fĂ©rence. La mĂ©thode dâanalyse dĂ©veloppĂ©e, appliquĂ©e Ă des prĂ©lĂšvements rĂ©els (dans des sacs dâaspirateurs ou sur des lingettes) comprend une extraction par solvant Ă haute tempĂ©rature et Ă haute pression ou aux ultrasons, puis une injection et sĂ©paration chromatographique en phase gazeuse, suivie dâune dĂ©tection par spectromĂ©trie de masse en tandem.
Ce processus de mesure ayant Ă©tĂ© validĂ© (aprĂšs Ă©valuation selon les normes NF T 90Â210 et XP T 90Â220), la communautĂ© dispose dĂ©sormais dâune mĂ©thode multi-rĂ©sidus pour lâanalyse de COSV qui prĂ©sente lâavantage de prendre en compte de nombreux composĂ©s pouvant avoir des effets toxiques communs, sans pour autant multiplier les coĂ»ts dâanalyses.
Les substances classées hautement prioritaires (Groupe A) par l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI) en 2010
Dans les logements
âą formaldĂ©hyde ; âą benzĂšne ; âą monoxyde de carbone ; âą diÂ2ÂĂ©thylhexylphtalate (DEHP) ; âą acrolĂ©ine ; âą plomb ; âą acĂ©taldĂ©hyde ; âą PM10 et PM2 ;5 ; âą cadmium ; âą arsenic ; âą benzo[a]pyrĂšne ; âą benzo[a]anthracĂšne ; âą 1,4ÂdichlorobenzĂšne et chloroforme.
Dans les Ă©coles
⹠formaldéhyde ; ⹠benzÚne ; ⹠acétaldéhyde ; ⹠PM10 et PM2 ;5 ; ⹠chrome.
Dans les bureaux
⹠benzÚne ; ⹠PM2 ;5 ; ⹠mélange de PCB ; ⹠éthylbenzÚne ; ⹠formaldéhyde.
COSV
Les ComposĂ©s Organiques SemiÂVolatils sont des composĂ©s moins volatils que les COV, prĂ©sents Ă la fois dans lâair (sous forme gazeuse et particulaire) et dans les poussiĂšres dĂ©posĂ©es. On retrouve parmi eux les phtalates, les retardateurs de flamme bromĂ©s, les pesticides..
Etudier in situ pour comprendre
Le combat contre la mérule
La contamination fongique est un problĂšme majeur et rĂ©current touchant non seulement les habitations, mais aussi les Ă©tablissements patrimoniaux et les Ćuvres dâart, avec une variĂ©tĂ© trĂšs large dâespĂšces fongiques variant selon les pays. Depuis quelques annĂ©es, le nombre dâhabitations atteintes par des champignons dĂ©gradant le bois (lignivores) â tels que la mĂ©rule (Serpula lacrymans) â est en nette progression.
En raison du manque de connaissances concernant la nature et les effets sanitaires de la contamination fongique dans le milieu intĂ©rieur, une Ă©tude pluridisciplinaire in situ a Ă©tĂ© conduite dans des maisons touchĂ©es par la mĂ©rule pour dĂ©crire leur profil fongique dĂ©taillĂ©, Ă©valuer lâexposition des habitants aux mycotoxines, et caractĂ©riser les risques sanitaires toxiques.
Elle a montrĂ© que les Ă©missions de bioaĂ©rosols fongiques (particules biologiques prĂ©sentes dans lâair) prĂ©sentent des pics: lâexposition des habitants serait donc « cyclique » et dĂ©pendrait du stade de dĂ©veloppement du champignon. De plus, un trĂšs grand nombre de moisissures diffĂ©rentes ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es (jusquâĂ une quarantaine par maison). En revanche, et heureusement, lâexposition aux mycotoxines dans les habitations atteintes par un champignon lignivore serait limitĂ©e et aucune activitĂ© mutagĂšne nâa Ă©tĂ© mise en Ă©vidence Ă partir des bioaĂ©rosols Ă ce jour.
Dans un seul cas, une corrĂ©lation entre la prĂ©sence dâespĂšces de moisissures associĂ©es Ă la mĂ©rule et des signes cliniques (respiratoires et cutanĂ©s) a Ă©tĂ© observĂ©e chez deux enfants. Un suivi postÂenquĂȘte a permis de constater que ces signes Ă©taient en nette rĂ©gression aprĂšs dĂ©mĂ©nagement de la famille.
Des produits naturels pour lutter contre les contaminations microbiennes ?
Il existe peu dâĂ©tudes relatives aux associations microbiennes et fongiques. Une Ă©quipe a donc choisi dâĂ©tudier et de comprendre la dynamique de colonisation microbienne des supports afin de proposer une stratĂ©gie destinĂ©e Ă protĂ©ger les matĂ©riaux de la prolifĂ©ration fongique, allant jusquâĂ la mise en Ćuvre dâun traitement, Ă©ventuellement naturel, adaptĂ© aux matĂ©riaux de construction et de dĂ©coration isolĂ©s dans des logements et/ou des sites patrimoniaux, ainsi que sur des Ćuvres dâart.
Les tests de prolifĂ©ration microbienne sur diffĂ©rents supports (toile de verre, papier peint, lin, bois, plĂątre...) ont montrĂ© que lâensemble de ces matĂ©riaux Ă©tait propice Ă la croissance microbienne, en particulier la toile de verre.
DiffĂ©rents biocides naturels ont Ă©tĂ© testĂ©s. Seuls lâhuile essentielle de thym et lâextrait dâail se sont rĂ©vĂ©lĂ©s efficaces contre la prolifĂ©ration fongique et bactĂ©rienne sur le bois.
Contamination fongique : de plus en plus de moisissures ?
Depuis les annĂ©es 70, la politique dâĂ©conomie dâĂ©nergie a entraĂźnĂ© une rĂ©duction des dĂ©bits dâair dans les bĂątiments et augmentĂ© le risque de condensation sur des surfaces sensibles au dĂ©veloppement de microÂorganismes. Cette Ă©volution, associĂ©e Ă la gĂ©nĂ©ralisation des Ă©quipements mĂ©nagers gĂ©nĂ©rateurs de vapeur (laveÂlinge, sĂšcheÂlinge...), a significativement augmentĂ© lâhumiditĂ© de lâair intĂ©rieur, propice Ă la prolifĂ©ration de microÂorganismes comme les moisissures. Selon lâOQAI, 15% des foyers prĂ©Â sentent des contaminations fongiques visibles, des microÂorganismes susceptibles dâinduire chez les occupants diverses pathologies respiratoires comme des allergies, des infections ou des toxiÂinfections.
Mycotoxines
Toxines, substances toxiques pour un ou plusieurs organismes vivants, élaborées par diverses espÚces de champignons microscopiques telles que les moisissures.
Lâattaque des Ćuvres dâart
Ă lâorigine de pathologies respiratoires comme des allergies, des infections ou des toxiÂinfections, les moisissures sont Ă©galement capables de coloniser la plupart des matĂ©riaux dĂšs lâinstant oĂč le microÂorganisme dispose dâune quantitĂ© dâeau suffisante. Les Ćuvres dâart, telles que les peintures ou fresques, composĂ©es dâun matĂ©riau support (cellulose papier, toile, bois, soie tissĂ©e...) mais Ă©galement de colles, glus, Ă©mulsifiants ou Ă©paississants, autant de composĂ©s biodĂ©gradables par les microÂorganismes, peuvent ainsi subir des dommages esthĂ©tiques irrĂ©versibles.
Qualité de l'air et santé
Allergies respiratoires :
L'action des polluants Ă l'Ă©chelle cellulaire
Les allergies respiratoires et lâasthme ont fortement augmentĂ© dans les pays industrialisĂ©s au cours des derniĂšres dĂ©cennies et posent un problĂšme majeur de santĂ© publique. Si le lien avec des composĂ©s allergĂ©niques est Ă©tabli, de nombreux polluants non-allergĂ©niques prĂ©sents dans lâair intĂ©rieur sont pourtant susceptibles de favoriser lâinstallation, la progression et la gravitĂ© de ces maladies. Des chercheurs ont ainsi Ă©tudiĂ© non seulement lâimpact de ces polluants pris individuellement, mais encore les consĂ©quences dâexpositions Ă leurs mĂ©langes (premiĂšre Ă©tude de ce type), sur les bronches, et plus particuliĂšrement sur lâĂ©pithĂ©lium respiratoire.
Plusieurs polluants â le formaldĂ©hyde (HCHO), le dioxyde dâazote (NO2) et les endotoxines â ont Ă©tĂ© choisis pour Ă©valuer leur effet aigu et rĂ©pĂ©tĂ©, seul ou en mĂ©lange, mais Ă©galement associĂ©s Ă des allergĂšnes respiratoires comme les allergĂšnes dâacariens, sur des marqueurs cellulaires et molĂ©culaires liĂ©s aux diffĂ©rentes fonctions de dĂ©fense de lâĂ©pithĂ©lium respiratoire.
Cette Ă©tude sâest notamment intĂ©ressĂ©e aux effets du formaldĂ©hyde solubilisĂ© sur ces marqueurs cellulaires et molĂ©culaires. Pour une exposition unique, il semblerait que seule une durĂ©e dâexposition supĂ©rieure Ă plusieurs heures, Ă des concentrations en formaldĂ©hyde bien au-delĂ des concentrations sanguines physiologiques de cet aldĂ©hyde, soit susceptible dâinduire des lĂ©sions de lâĂ©pithĂ©lium respiratoire.
Par ailleurs, les travaux conduits sur les polluants gazeux ont montrĂ© quâune exposition unique aux concentrations typiques des pollutions de l'air intĂ©rieur nâa pas d'effet sur l'intĂ©gritĂ© et les fonctions de barriĂšre et d'immunorĂ©gulation des cellules de l'Ă©pithĂ©lium respiratoire. En revanche, des expositions rĂ©pĂ©tĂ©es, dĂšs 30 minutes par jour pendant quelques jours, aux polluants gazeux (formaldĂ©hyde et dioxyde dâazote) produisent des effets significatifs sur lâintĂ©gritĂ© et la fonction dâimmunorĂ©gulation de lâĂ©pithĂ©lium respiratoire.
Ces rĂ©sultats nâexcluent pas que le formaldĂ©hyde et le dioxyde dâazote jouent un rĂŽle dans les allergies respiratoires et lâasthme, aux concentrations classiquement mesurĂ©es en air intĂ©rieur.
ĂpithĂ©lium respiratoire
LâĂ©pithĂ©lium est la premiĂšre structure des voies respiratoires Ă entrer en contact avec les allergĂšnes et les polluants atmosphĂ©riques. Or ce tissu cellulaire joue un rĂŽle majeur dans la dĂ©fense du poumon, en formant une barriĂšre impermĂ©able, en assurant le piĂ©geage et lâĂ©vacuation des toxiques inhalĂ©s, et en produisant des mĂ©diateurs impliquĂ©s dans la rĂ©gulation de lâinflammation et de la rĂ©ponse immunitaire ou encore la rĂ©paration tissulaire.
AllergĂšnes dâacariens
FrĂ©quemment retrouvĂ©s en milieu intĂ©rieur, ce sont les dĂ©bris dâacariens morts et leurs dĂ©jections qui provoquent des allergies. Ils constituent la premiĂšre cause dâasthme allergique chez lâenfant et lâadulte.
Crises sanitaires :
Les différentes composantes du syndrome des bùtiments malsains
Bien que la connaissance de leurs causes reste floue, nombre de facteurs augmentant le risque de syndrome des bĂątiments malsains (SBM) ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dĂšs les annĂ©es 80 : le bĂątiment luiÂmĂȘme, la qualitĂ© de lâair intĂ©rieur mais, Ă©galement, les aspects humains.
Ainsi, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© en dĂ©tail, avec une approche systĂ©mique, plusieurs crises sanitaires suspectes et une abondante littĂ©rature scientifique sur le sujet, des chercheurs de plusieurs disciplines (qualitĂ© de lâair, psychologie sociale et environnementale...) ont conclu que lâorigine des SBM pourrait trouver une explication dans des dysfonctionnements environnementaux et organisationnels. Les erreurs et/ou lâabsence de prise en charge adaptĂ©e dĂšs le dĂ©but de la crise auraient notamment des incidences psychosociales, rendant dâautant plus complexe la rĂ©solution des crises.
Ainsi, lâĂ©volution de certains SBM serait fortement corrĂ©lĂ©e au processus de communication mis en place. En revanche, si le stress dĂ©clenchĂ© par la perception dâune information environnementale ou sanitaire (odeur et/ou irritation) semble liĂ© Ă un environnement social fragilisĂ© par des tensions, il nâest pas une cause de SBM.
Enfin, dans certains cas seulement, la perception de lâinformation environnementale varie avec la reprĂ©sentation de lâenvironnement par les usagers des bĂątiments concernĂ©s (exemple: seuls les occupants habituels dâun local trouvent son odeur dĂ©sagrĂ©able et/ou dangereuse car ils connaissent en partie sa source ou sa composition). Il peut donc ĂȘtre utile dâexplorer cette piste pour la rĂ©solution de SBM avĂ©rĂ©s.
Le syndrome des bĂątiments malsains
LâOMS (Organisation mondiale de la santĂ©) a prĂ©cisĂ© le concept en le dĂ©finissant comme « une situation dans laquelle des individus, dans un bĂątiment, souffrent de symptĂŽmes ou ne se sentent pas bien, sans raison apparente» ou encore «lorsque des individus dans un bĂąti ment dĂ©veloppent, Ă une frĂ©quence plus importante que prĂ©vue, un Ă©ventail de symptĂŽmes courants qui causent inconfort et sensation de malÂĂȘtre».
Perception
Les chercheurs trouvent dans cette approche perceptive un moyen dâĂ©tudier la relation entre le confort, difficilement mesurable, et la santĂ©. ConsidĂ©rĂ©e sur un continuum dans lâĂ©valuation du bienÂĂȘtre par lâOMS, la distinction entre le confort et la santĂ© ne fait pas lâunanimitĂ© des scientifiques: le confort estÂil un indicateur de santĂ© ? Lâinconfort constitueÂtÂil un indicateur dâune situation sanitaire dĂ©gradĂ©e ?
Cette approche perceptive a Ă©galement Ă©tĂ© traitĂ©e par les projets PRIMEQUAL de lâAPR « Ăvaluation et perception de lâexposition Ă la pollution atmosphĂ©rique » dont les rĂ©sultats sont disponibles sur le site: http://www.primequal.fr