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Plus de 13 000 emplois détruits depuis 2010 dans la filière photovoltaïque et la tendance devrait se poursuivre …

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Plus de 13 000 emplois détruits depuis 2010 dans la filière photovoltaïque et la tendance devrait se poursuivre  …

Plus de 13 000 emplois détruits depuis 2010 dans la filière photovoltaïque et la tendance devrait se poursuivre …

Après avoir présenté les chiffres du secteur éolien français issus du Baromètre 2013 des énergies renouvelables électriques en France dont l’activité et l’emploi sont en nette progression, celui du photovoltaïque n’échappe à la règle surtout dans un contexte où le marché photovoltaïque français a une nouvelle fois fortement reculé ? Le baromètre 2013 d’Obsev’Er précise que l’annonce par le gouvernement de l’arrivée de nouveaux dispositifs de soutien en relais des tarifs d’achat, dont la fin semble programmée, n’a fait qu’accroître l’inquiétude des professionnels. 2013 aura aussi vu s’imposer le concept d’autoconsommation, dont le véritable impact pour le secteur est encore incertain.

Un effondrement des puissances nouvellement connectées au réseau en 2013 : Au 30 septembre 2013, le parc français photovoltaïque a atteint une puissance totale de 4 478 MWc répartis sur 309 929 sites (métropole et DOM). Les installations sont distribuées de façon inégale entre les territoires, les quatre régions principales (PACA, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Roussillon) représentant près de 50 % du parc total. Depuis le début de l’année, ces quatre mêmes régions ont encore renforcé leur position puisqu’elles ont représenté 58 % des mégawatts crête nouvellement connectés.

La principale observation concernant la progression du parc au cours des trois premiers trimestres 2013 porte sur le très net ralentissement du rythme des connexions, si l’on compare avec la période équivalente en 2012. 420 MWc ont été ajoutés de janvier à fin septembre 2013, contre plus de 1 000 MWc un an auparavant. Un recul de 59 % !

Même si les chiffres montrent la progression du parc français depuis le début des années 2000. Le décollage de la filière est devenu réellement significatif en 2009, avant d’entamer une progression impressionnante qui a permis au pays de rattraper son retard au niveau européen. Fin 2012, la France occupait le quatrième rang de l’Union en termes de puissance installée avec 4 027,6 MWc connectés au réseau. Le pays reste cependant loin des deux nations de tête que sont l’Italie (16 361 MWc) et l’Allemagne (32 698 MWc). Cependant, la France ayant choisi de piloter le développement de sa filière de façon à rester dans le strict seuil de l’objectif des 5 400 MWc d’ici à 2020, le rythme de progression sur les années à venir va fatalement continuer de ralentir. L’ensemble des acteurs du secteur demandent le relèvement de ce seuil, très contraignant pour la filière.

Réussites et échecs de l’industrie française : 2013 restera une année noire pour l’activité photovoltaïque en France. Les annonces de liquidations judiciaires, de retrait du secteur du solaire et les combats pour le maintien de l’emploi ont rythmé l’actualité. Un des cas les plus suivis aura été celui de l’usine de Bosch Solar à Vénissieux, où les 1 000 salariés du site auront passé une bonne partie de l’année à chercher un repreneur à leur outil industriel quasi neuf, suite à l’annonce en mars 2013 du souhait de leur maison mère de se retirer de toutes les activités photovoltaïques. Le dossier de reprise semble s’être définitivement arrêté en octobre devant le refus des ministres Moscovici, Martin et Montebourg de s’engager sur des niveaux de volume de marché et d’évolution des tarifs d’achat pour la filière qui auraient garanti un minimum de visibilité au groupe d’entre- prises repreneur.

Cependant, l’industrie photovoltaïque française ne se limite pas au douloureux cas du site de Vénissieux. La France possède des atouts, avec des instituts de renom et des industriels qui continuent d’investir et d’innover. Le matériau silicium reste la clef de voûte de l’industrie photovoltaïque mondiale, et la France y est présente avec des entreprises comme FerroAtlántica/Emix et EFD Induction pour le raffinage, Vesuvius et Mersen pour les matériaux des fours, ECM Technologies pour les fours de cristallisation, BEA et Thermocompact pour le sciage.

Du côté des fabricants de cellules et de modules, la situation est plus difficile. Si la reprise de Photowatt par EDF a permis de stabiliser le fabricant historique, la société MPO, malgré la mise en place d’une ligne de fabrication avec des rendementsdeplusde19%,adumalà convaincre ses investisseurs d’aller plus loin. L’Ines (Institut national de l’énergie solaire) s’est quant à lui positionné sur les cellules à haut rendement et en particulier les cellules à hétérojonction, qui présentent des rendements au-delà de 22 %. Au niveau de l’exploitation de parcs, EDF Énergies Nouvelles a annoncé en septembre 2013 la mise en service de la centrale américaine de Catalina, d’une puissance de 143 MWc, « la plus grande centrale photovoltaïque jamais construite par EDF EN ». Avec ce projet, l’entreprise a d’ailleurs franchi la barre du gigawatt crête brut en matière de développement et construction de sites dans le monde.

Plus de 13 000 emplois détruits depuis 2010 : Selon les chiffres de l’Ademe, le secteur du photovoltaïque en France a perdu près de 45 % de ses effectifs entre 2010 et 2012 (voir tableau n° 2). Pour 2013, la tendance s’est prolongée et il est fort probable que le bilan annuel se solde par de nouvelles destructions d’emplois. Le constat est le même pour le chiffre d’affaires, qui a perdu 35 % de son volume depuis 2010. Pourtant, comme le rappelle Thierry Mueth, président d’Énerplan, sans un marché intérieur stable la France aura du mal à se positionner en tant qu’acteur majeur à l’export. « En 2013, dans le monde, 30 GWc ont été raccordés. Plus de 40 GWc sont attendus pour 2014. Si la France veut jouer un rôle sur ce marché mondial et faire peser le photovoltaïque dans la balance commerciale, il faut lui donner une assise nationale forte. »

Vers un marché intérieur pérenne pour redonner de la visibilité à la filière photovoltaïque
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2013, encore une année de fort recul du marché : Depuis le début de l’année 2011 et la fin du moratoire sur les tarifs d’achat, le marché du photovoltaïque français est en chute libre. C’est sur les segments des installations de grande taille que les effets ont été les plus impressionnants, notamment sur le créneau des applications comprises entre 100 et 250 kWc. Les appels d’offres lancés début 2011 n’ont pas encore commencé à faire ressentir leurs effets, et la complexité des nouvelles grilles tarifaires a considérablement réduit la visibilité des investisseurs et la confiance des financeurs. Pour les installations du marché résidentiel (≤ 9 kWc), l’effet du moratoire a été rapide. Dès le troisième trimestre 2011, les volumes ont nettement décliné pour se stabiliser à un niveau 4 fois inférieur à ce qu’il était fin 2010. Pourtant, ce segment était le seul à ne pas être concerné par le moratoire, puisque des contrats d’obligation d’achat pouvaient continuer à être signés sur cette tranche de puissance. Cependant, l’action du gouvernement, associée à la baisse rapide du crédit d’impôt (de 50 % à 22 % entre 2010 et 2011, puis 11 % en 2012 et 2013), a suscité dans l’esprit du consommateur une défiance vis-à-vis de la filière qui l’a bloqué dans ses investissements. Le gouvernement avait tenté de réagir dès janvier 2013 avec la mise en place de mesures d’urgence annoncées par Delphine Batho, alors ministre de l’Environnement. Les principaux axes de ce plan étaient l’annonce de prochains appels d’offres pour de grandes installations (supérieures à 250 kWc) et la bonification de 10 % des tarifs en fonction de l’origine des panneaux. Ce plan d’urgence était censé permettre aux acteurs de tenir bon dans l’attente de la loi sur la transition énergétique, alors prévue pour l’été 2013. Las, les acteurs ont rapidement jugé ces mesures inadaptées, car leurs effets seraient trop longs à venir. Lancés en mars 2013, les appels d’offres ne verront leurs lauréats connus qu’en 2014, « un délai de réponse bien trop long pour un secteur sinistré qui a besoin de retrouver très rapidement du volume de marché », selon le syndicat Enerplan. Quant à la bonification des tarifs, la mesure n’a jamais fait l’unanimité parmi les acteurs, certains jugeant qu’elle arrivait trop tard, tandis que d’autres dénonçaient le mauvais ciblage d’une action visant à soutenir les fabricants, qui ne représentent qu’un emploi sur cinq.

Face à la situation, un des leitmotivs du secteur reste la demande de l’extension du tarif d’achat jusqu’à 250 kWc en lieu et place des procédures d’appel d’offres qui s’appliquent actuellement dès 100 kWc. Une évolution que le gouvernement ne semble pas prêt à consentir puisque Philippe Martin, ministre de l’Environnement depuis l’été, a annoncé en novembre 2013 une série de nouveaux appels d’offres de 800 MWc par an sur la période 2014-2017, « tous dispositifs de soutien confondus ». Même si les modalités de ces appels d’offres sont encore à définir, les déclarations ont quelque peu apaisé les revendications des syndicats professionnels, qui demandaient plus d’ambition dans les appels d’offres (leur souhait était un seuil annuel de 1 000 MWc). Cependant, l’annonce jette un flou sur le maintien ou pas de l’objectif national de 5 400 MWc d’ici à 2020. Avec 800 MWc annuels pendant 4 ans, même partiellement dédiés au photovoltaïque (l’autre partie pouvant profiter au solaire thermodynamique), les quelque 920 MWc qui nous séparent de l’objectif seront très rapidement comblés, ce qui sous-entendrait un relèvement de l’objectif à atteindre. Jusqu’à présent, le gouvernement n’a donné aucune précision sur le sujet.

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La fin programmée des tarifs d’achat : Lors de son discours d’ouverture de la deuxième Conférence environnementale en septembre 2013, le président François Hollande a été très critique sur le mode de financement des énergies renouvelables par le biais des tarifs d’achat garantis, qui ont été, selon lui, par trop responsables « d’effets d’aubaine et de spéculation » et qui pèsent sur le budget énergie des consommateurs. Des déclarations suivies en novembre d’une communication de la Commission européenne, qui a alors précisé le devenir des tarifs. Extrait : « Alors que le secteur et les technologies renouvelables gagnent en maturité et que les coûts diminuent, il importe que les décisions de production et d’investissement soient de plus en plus déterminées par les forces du marché et non par des niveaux de prix garantis définis par les pouvoirs publics. » Parmi les acteurs de l’ensemble des filières renouvelables électriques, l’inquiétude est vite montée, tout particulièrement pour la filière photovoltaïque, où la grille des tarifs d’achat ne cesse de diminuer (voir graphique n° 3) et où le crédit d’impôt développement durable sur les installations résidentielles sera supprimé à partir de 2014.

Face à la situation, le ministre de l’Environnement s’est voulu rassurant en confirmant que les installations existantes ne seraient pas concernées et que les tarifs d’achat existants resteraient en place et coexisteraient un certain temps avec les « nouveaux dispositifs ». En attendant des éclaircissements sur la nature de ceux-ci, le ministre a annoncé une série de consultations auprès des acteurs des énergies renouvelables, avec comme thème principal les mécanismes de soutien, notamment sur le photovoltaïque. Le flou de la situation ramène une fois de plus la filière à l’un de ses clivages les plus profonds : celui qui oppose les PME du secteur aux grandes entreprises. La fin programmée des tarifs d’achat et la constance de la politique des appels d’offres dessinent pour certains un contexte davantage adapté aux grands groupes et dans lequel les structures de taille intermédiaire seront encore un peu plus fragilisées.

Des tarifs qui décroissent trop vite : L’évolution de trois tarifs parmi ceux qui composent l’ensemble de la grille (la grille complète peut être consultée sur le site d’Observ’ER). Les fortes diminutions de rémunération de début 2011 ont été introduites pour tenir compte de la chute des prix des composants photovoltaïques. Pour beaucoup de professionnels, les baisses de tarifs ont été trop rapides et ne reflètent plus les gains de productivité des équipements photovoltaïques. La grille tarifaire post-moratoire a globalement fait baisser l’ensemble des tarifs de 50 % en deux ans et demi. Le marché des moyennes toitures de 36 à 100 kWc a vu ses tarifs chuter de 60 %, et dans le cas des grandes centrales au sol, le recul est de plus de 70 %. De plus, la grille a conservé son dispositif de révision : celui-ci dépend toujours de l’évolution des puissances en demande de connexion au réseau électrique, et non des puissances réellement connectées. Le taux d’échec des projets étant important, le nombre de demandes ne reflète pas la véritable évolution de la capacité connectée, ce qui provoque une surestimation de la demande et par conséquent une sous-évaluation des tarifs d’achat.

Par rapport aux deux pays européens les plus engagés (l’Italie et l’Allemagne) dans la filière, la France se distingue, d’une part, par le haut niveau des tarifs octroyés pour les installations de moins de 9 kWc en intégration au bâti, d’autre part, par la faiblesse manifeste du tarif des centrales au sol. Le niveau français est de 20 à 35 % en deçà des niveaux italien et allemand.

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L’autoconsommation : un modèle pour demain ? Une des nouveautés de 2013 aura été l’avènement du concept d’autoconsommation qui aujourd’hui accompagne presque systématiquement toute réflexion sur l’évolution du photovoltaïque en France ou en Europe. En l’espace de quelques mois, le principe d’autoconsommation s’est imposé à beaucoup comme la meilleure piste de modèle pour le développement futur du secteur.

Elle prend tout son sens économique lorsque la parité réseau est dépassée, c’est-à-dire quand le prix de production de l’électricité solaire est significativement inférieur à celui du kilowattheure distribué par le réseau. En France, au contraire de pays comme le Danemark, l’Allemagne ou l’Italie, ce n’est pas encore le cas, le pays profitant comme chacun sait des prix de l’électricité parmi les plus bas d’Europe. Cette situation est toutefois amenée à rapidement évoluer compte tenu, d’une part, de la diminution encore annoncée du coût des équipements photovoltaïques, et d’autre part, des hausses à venir du prix du courant en France : +30 % d’ici à 2017 pour la CRE, +50 % d’ici à 2020 selon une commission du Sénat. D’après le SER, le photovoltaïque est d’ores et déjà compétitif dans les DOM et il le sera pour tous les consommateurs résidentiels de métropole d’ici à 2017 et en 2018 pour les professionnels.

L’autoconsommation sera d’autant plus pertinente à grande échelle que l’on réussira à faire correspondre au plus près la courbe de production et celle de la consommation. Dans le résidentiel, toutes les consommations électriques intervenant juste avant ou après le coucher du soleil comptent pour une bonne part dans le profil de consommation. Sur cette question, plusieurs leviers existent, comme la sensibilisation des consommateurs pour qu’ils modifient leurs habitudes en utilisant notamment toutes les avancées que propose la domotique. Mais c’est surtout le stockage de l’énergie qui permettrait d’utiliser pleinement les avantages de l’autoconsommation. Les pistes sont nombreuses (batteries, stockage thermique, véhicule électrique), mais elles sont encore en phase de développement. La correspondance des courbes de production et de consommation est plus facile à atteindre pour certains profils de consommateurs tertiaires (ex. les supermarchés). Plusieurs expériences de smart grids à l’échelle locale associant stockage et gestion des profils de consommation sont en cours de développement.

Comme il s’y était engagé, Philippe Martin a formé en novembre un groupe de travail sur le thème de l’autoconsommation (davantage appelée “autoproduction” du côté du ministère). Cependant, les professionnels du solaire ont très rapidement émis des remarques sur les méthodes de travail annoncées et sur le déséquilibre observé dans les différents collèges formant groupe, où « les PME sont sous-représentées, les parlementaires et les maires sont absents, les associations de consommateurs et celles de défense de l’environnement sont ignorées ». La tâche du groupe s’annonce donc difficile car, outre les écueils déjà cités, il n’existe pas de cadre juridique clair permettant l’autoconsommation en France et couvrant la question centrale du financement des réseaux. L’énergie autoconsommée échappant à toute taxe (notamment le Turpe, Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), comment introduire dans le dispositif un outil de financement pour l’entretien du réseau électrique ? L’autoconsommation est porteuse de beaucoup d’espoir pour la filière, mais son application comporte encore de nombreuses interrogations. Si elle devient un moyen supplémentaire pour développer le photovoltaïque en parallèle à d’autres dispositifs et notamment les tarifs d’achat, cela peut aider la filière à passer à un nouveau modèle de développement pour le moyen terme. Si, en revanche, elle est érigée en outil principal de soutien en substitution des tarifs garantis, le virage surviendra trop vite et pourrait porter un coup fatal à la filière française.


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