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Notre-Dames-des-Landes, et quelle stratégie nationale pour la biodiversité...

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Notre-Dames-des-Landes, et quelle stratégie nationale pour la biodiversité...

Notre-Dames-des-Landes, et quelle stratégie nationale pour la biodiversité...

Au lendemain d’une manifestation vive contre le futur aéroport Notre-Dame-des-Landes dont les circonstances ont rapidement prises d’assaut le centre-ville de Nantes et saccagées de nombreux édifices, notamment celui du Carré-Feydeau programme de Vinci immobilier en voie d’achèvement. Vinci étant le concessionnaire du futur aéroport Notre-Dame-des-Landes, la cible a été de suite trouvée, et alors que le plan de vol s’approche à grandes envolées, il est à noter que ce projet mérite une réflexion plus aboutie au vu des circonstances répétitives qui opposent deux sphères.

Le blog ayant déjà porté un regard sur ce futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes en tentant de comprendre l’antagonisme récurrent.

Entre les opposants qui se réfèrent aux nombreux études soulignant que l’aéroport Nantes-Atlantique dont la taille actuelle de Nantes-Atlantique, doté de 320 hectares et d'une piste de 2.900 mètres par 45, est comparable à celle de l'aéroport de San Diego, en Californie (Etats-Unis), qui, lui, accueille 223.000 mouvements par an (contre 38.000 à Nantes-Atlantique), et reçoit 17 millions de passagers, a une capacité de piste très loin d’être atteinte. L’aéroport londonien de Gatwick, qui a deux pistes mais qui n’en utilise qu’une à la fois, (pratiquement toujours celle de 3300 m) fait voyager 31 407 256 passagers en 2010, sur 233 403 vols. Par ailleurs, l’aéroport international de Glasgow a atteint presque 9 millions de passagers en 2005 et 2006 (près de 100 000 mouvements) avec une seule piste (2665 m). En comparaison, Nantes Atlantique fait voyager 3 millions de passagers sur près de 40 000 mouvements sur une piste de 2900 m en 2010.

Et les partisans qui estiment que le maintien en exploitation de Nantes-Atlantique apparaît nettement comme étant la contrainte la plus forte résultant des nuisances sonores et de leurs conséquences en terme urbanistique.

Toutefois, il apparaît qu’indéniablement un tel projet ne sera pas sans conséquence pour l’environnement. Disparition de plus de 1 500 hectares de zones humides de tête de bassins versants, destruction de 170 kms de haies, d'un important nombre d’espèces animales et végétales protégées, et de la destruction de terres agricoles de qualité. A l’heure du Paquet-climat Energie, cette nouvelle infrastructure sonne le glas à toute initiative en faveur d’une politique responsable et environnementale.

En effet, alors que le gouvernement tente de marquer sa volonté de faire entrer la biodiversité dans le champ de toutes les politiques publiques, en lançant sa stratégie nationale pour la biodiversité, celui-ci montre une certaine hostilité à l’égard des revendications émises par les associations environnementales qui trouvent un écho favorable auprès des citoyens français y compris auprès d'organismes officiels (Conseil national de protection de la nature, collège d’experts scientifiques, ….

Pour rappel, les zones humides abritent un très grand nombre d'espèces animales et végétales adaptées et caractéristiques de ces milieux. Elles rendent de nombreux services à notre société, tels que la production de nourriture et de matériaux divers, la régulation de la ressource en eau ou encore le contrôle des pollutions.

Pourtant, près de 67% des zones humides métropolitaines ont disparu depuis le début du XXème siècle : leur conservation est donc un enjeu prioritaire et le lancement d'un nouveau plan national d'actions en 2014 a été annoncé par le gouvernement lors de la 2ème conférence environnementale.

Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est né en 1967 et les associations de protection de l'environnement s'y sont montrées réticentes dès les premières phases, contestant ce choix d'aménagement du territoire et constatant les très forts impacts écologiques de ce projet. Il a récemment déclenché de vives réactions et manifestations citoyennes et associatives, dont l'ampleur est souvent comparée à la mobilisation contre l'extension du camp militaire sur le plateau du Larzac ou contre le projet d'implantation de la centrale nucléaire dans le Cap Sizun du début des années 1970 à 1981.

Le site concerné, d'une superficie d'environ 1600 hectares, est en effet constitué à 98 % de zones humides. Il s'agit d'un espace bocager de landes et de prairies humides, ainsi que de prairies mésophiles et de forêts de feuillus. L'équilibre entre les activités agricoles extensives et une artificialisation très limitée des sols a permis le maintien d'un réseau hydrographique dense caractérisé par une eau de très bonne qualité, qui de fait, joue un rôle important vis-à-vis des bassins versants avals de la Loire et de la Vilaine. En raison de la déclaration en Zone d'Aménagement Différé de 1974, l'agriculture extensive de proximité s'est maintenue. Beaucoup de milieux similaires ont déjà été drainés ou modifiés en Loire-Atlantique, département classé comme l'un des plus artificialisés de France avec un taux supérieur à 16% de sa superficie. Ce site est d'une grande importance écologique, au sens large. En effet, il englobe deux ZNIEFF et accueille une quarantaine d'espèces d'intérêt national et/ou communautaire, pour certaines protégées par les Directives « Oiseaux » et « Habitats », au même titre que plusieurs communautés végétales.

Mais surtout, de par la configuration topographique, leur situation géographique, et leurs conditions d'usages, ces zones humides jouent un rôle clé dans la régulation de la ressource en eau, dont l'écrêtement des crues. La destruction de cet écosystème, même accompagnée de mesures compensatoires adéquates, aura des impacts autant quantitatifs que qualitatifs sur les masses d'eaux de surface, souterraines et de transition à une échelle bien plus large que celle du site, sans oublier l'augmentation du risque d'inondation pour les habitants des villes alentours.

Enfin, la mise en oeuvre de ce projet créera en l'état un précédent dommageable pour de nombreux sites naturels en France. La mise en oeuvre de la doctrine « Eviter-Réduire-Compenser » apparaît en effet insuffisante dans la méthodologie proposée par les maîtres d'ouvrages, de par la globalisation des fonctions à compenser, les ajustements réalisés en termes de surfaces de zones humides impactées et la conversion en « Unité de Compensation Globale » de l'évaluation des impacts résiduels sur ces zones humides. Le manque de justification de cette méthode a été avancé par de nombreux experts et par le Conseil National de la Protection de la Nature.

Selon, le Comité français de l'UICN, il estime qu'il serait nécessaire, avant le lancement de tout travaux, de compléter les connaissances par la réalisation d'études permettant d'aboutir à une connaissance approfondie des impacts du projet sur les systèmes écologiques du site et de ses alentours. Il est notamment indispensable de disposer de données précises sur les fonctions liées à la gestion de la ressource en eau et sur les risques potentiels engendrés par la disparition d'une telle superficie de zones humides fonctionnelles. Ces études doivent être réalisées pour définir et mettre en oeuvre toutes les actions nécessaires pour éviter, réduire et compenser les impacts sur les services rendus par les zones humides et les espèces présentes dans une démarche d'exemplarité et d'excellence environnementale.


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