INSO construira le futur hôpital d’Ajaccio mais avec des sous-traitant corses
Alors que le secteur du BTP sur l’Île de Beauté connaît une période d’asphyxie, l’attribution du marché concernant le marché en conception-réalisation du nouvel hôpital d’Ajaccio à un groupe Italien, la société INSO a provoqué une vague d’indignation.
L’appel d’offres qui s’est focalisé sur cinq candidatures provoque de multitudes réactions et suscite de nombreuses interrogations.
Le marché de 84 millions d’euros qui concerne la conception et réalisation du futur complexe hospitalier d’Ajaccio obtenu par la société italienne Inso, à la tête du groupement Tpbat, AART Farah Architectes Associés, FDD Architecture, SNC Lavalin (maîtrise d'œuvre des lots techniques), CSTP et Oasiis au au détriment de Fayat, Vinci, Pizzarotti et Besic, fait des remous au sein des acteurs du BTP dans l’Île de Beauté.
Fixé à un montant de 91 millions d’euros par les services du Ministère de la Santé, lors de l’ouverture des plis a pu révéler que deux candidatures étaient hors de prix. La Commission s’est porté sur le projet le moins-disant. Cette situation rend les représentants du BTP insulaire perplexes et se posent des interrogations sur l’avenir du projet.
Pas d’entreprises pouvant disposer de 200 à 300 ouvriers jours sur le chantier du futur hôpital et pouvant proposer une technicité de pointe. Sur les cinq dossiers déposés, aucun groupement d’entreprise corse ne s’était présenté. Mais le cahier des charges impose aux candidatures de faire appel à des sous-traitants locaux. INSO, qui a emporté le marché, a proposé un marché de 84 millions d’euros HT donc 29 millions d’euros en co-traitance ou en sous-traitance en Corse. D’autres locaux non retenus en première intention le seront au fur à mesure de l’avancement des travaux.
Ainsi pour le président de la fédération du BTP de Corse-du-Sud, François Perrino, « Nos entreprises sont adossées aux grandes structures françaises et nous pensions très sincèrement, compte tenu de la crise, qu’un grand groupement français serait retenu. Que vat-t-il se passer maintenant ? S’il faut descendre dans la rue, nous le ferons, rien ne pourra nous arrêter. Nous sommes à l’asphyxie, le bâtiment va mal et voilà ce qu’il nous arrive. »
Ayant répondu avec une offre au rabais, de fortes économies devront être réalisées, sur quels critères, là est la problématique. « Avec des entreprises locales ? Au risque pour nous de devenir sous-traitants, c'est-à-dire accepter leur prix ? Ou plutôt avec des « charters » de travailleurs étrangers sous payés ? » pose la question François Perrino. Et de rajouter : « bon nombre de nos entreprises sont au bord du dépôt de bilan. Il semble de plus en plus difficile pour elles de tenir le coup. Il y a réellement un certain ras-le-bol qui s’empare de nos entreprises.
Rien n’avance et dès qu’il se présente quelque chose de positif, il y a volte-face. Dès lors, nous sommes des maffieux, notre argent est sale, etc. Lorsqu’on veut tuer son chien, on lui trouve toujours la rage. Le véritable ballon d’oxygène que représentait ce projet s’envole.
Nous sommes au bord de la cessation. On nous enlève le pain de la bouche. Voilà où nous en sommes. Je le répète, s’il nous faut descendre dans la rue, nous descendrons. Une chose est sûre, nous restons plus que jamais vigilants. »
ZOOM sur le futur centre hospitalier qui sera édifié sur les hauteurs du Stiletto et qui devra être opérationnel fin 2017.
Au total d’un investissement de 123 millions d’euros pour le bâtiment, de 15 millions d’euros pour l’équipement et d’une superficie de 36 000 m², les travaux doivent débutés courant mars 2014.
La conception du projet s’est articulé en « deux volumétries compactes avec une réflexion sur la structure afin qu’elle soit évolutive. Il sera construit sur un axe transversal qui pourra supporter de futures extensions et facilitera le déplacement à l’intérieur de l’établissement. Au nord, le pôle médicotechnique et logistique sur cinq niveaux, suivant la forte pente du terrain et offrant aux niveaux inférieurs une prise directe avec le sol naturel ; au sud, le pôle ambulatoire et d'hébergement sur six niveaux (hauteur limitée à 25 m), dominant la baie d'Ajaccio. Entre les deux, une « colonne vertébrale » en trois dimensions, garantissant « l'optimisation de la distribution des flux publics, médicaux, logistiques et énergétiques ».
La réflexion architecturale du projet retenu s’articule sur un circuit le plus visible possible pour les patients et avec une espèce de marche en avant trois grands domaines : les consultations, les explorations fonctionnelles et l’accueil d’hospitalisation de jour, puis un plateau technique (blocs opératoires, réanimations, soins intensifs de cardiologie, laboratoires) et enfin toutes les hospitalisations dans des unités de soins de 30 lits standardisées, intégrant parfois des secteurs spécialisés. On y retrouvera aussi des circuits bien distincts visiteurs, patients, employés, chirurgie ambulatoires…
Les travaux préparatoires du terrain et de la plateforme ont commencé fin janvier. Le permis de construire doit être déposé sous peu pour un début de construction prévu pour fin 2014.
Crédit photographiques : AART
Normes HQE et projet Myrte pour développer un concept environnement durable
Le bâtiment sera aux normes haute qualité environnementale (HQE). C’est un concept environnemental français datant du début des années 1990, qui donne lieu à une certification « NF Ouvrage Démarche HQE® ». « La construction, l'entretien et l'usage de tout bâtiment induisent un impact sur l'environnement, il faudra donc respecter les normes et nous envisageons de le faire à un degré supérieur. L’objectif est de limiter tous les coûts de fonctionnement y compris la facture énergétique. Le bâtiment sera performant du point de vu de la consommation générale. Il y aura des moyens de production, du chaud et du froid, de pointe et les énergies renouvelables solaires seront principalement utilisées et au maximum. Pour stocker cette énergie et en partenariat avec l’université de Corte il a été prévu d’utiliser une pile de stockage (projet Myrte) qui permettra d’utiliser cette énergie la nuit, ou en cas de secours » explique Michel Filleul, directeur du projet du nouvel hôpital sur la construction et le fonctionnement et Directeur des services techniques au CHA.
Accessibilité et performances
En terme de fonctionnalité, par rapport à aujourd’hui, tous les services existants au centre hospitalier de la Miséricorde seront transférés dans le nouvel hôpital, y compris le service de SSR, l’infectiologie et le laboratoire d’anatomopathologie qui se trouvent actuellement au V240. Au total 326 lits moins qu’actuellement mais avec une activité ambulatoire renforcée.
L’établissement construit sur trois planches ne dépassera pas les trois niveaux en ce qui concerne les services de soins. La bâtisse sera adaptée au sol et accrochée à la pente existante du terrain, ce qui permettra d’avoir certains accès de plain-pieds pour le caisson hyperbare, les garages, les différents quais de déchargement, le self du personnel, l’accès logistique, le Samu…
L’architecte dont l’étude a été retenu a accroché son projet sur un terrain en double pente et sur un axe est-ouest : deux corps de bâtiment décalés l’un par rapport à l’autre. Un corps de bâtiment comprendra 5 étages (R+4) dont le dernier sera administratif. Le second les consultations et les unités hospitalisations d’une part, puis d’autres consultations et le plateau technique d’autre part. Une autre partie du bâtiment rassemblera la logistique et au dessus le niveau commun à l’exploration fonctionnelle et au plateau technique.
Au milieu des deux bâtiments un point de montée verticale permettra d’être toujours à une très courte distance de tout (ascenseurs public et de service, monte malade dont un sur un axe rouge qui donnera directement des urgences sur les blocs opératoires).
Un maximum de chambres individuelles avec douches ont été prévues. Sur un service de 30 lits uniquement 5 chambres sont doubles. Les chambres des patients seront conçues de la même façon, certaines dans chaque service seront munies d’un rail permettant aux soignants de diriger les personnes les plus handicapées aux salles de bain individuelles.
Deux voies d’accès principales et des parcs de stationnement dédiés
Une première voie d’accès déjà existante sera celle qui conduit actuellement au Palatinu. Elle sera doublée par la mairie de la ville d’Ajaccio pour une plus grande fluidité de circulation. L’avenue du Mont Thabor qui mène actuellement quartier Pietralba sera prolongée sur son axe droit pour un accès direct sur le Stiletto et la desserte par les transports en commun est actuellement à l’étude.
Des circuits indépendants à l’intérieur de l’enceinte du futur hôpital permettront divers accès logistiques pour les véhicules: urgence, SMUR, garage, service mortuaire, hémodialyse, entrée principale avec dépose minute, parkings personnel et visiteurs. Ces derniers seront équipés de prises pour les véhicules électriques.
Une distribution logique des services de soins
Les circuits public ou consultants (valides, chirurgie ambulatoire) seront bien distincts. Les consultations (pédiatriques avec jardin pour les enfants, obstétriques, gynécologiques, chirurgicales et de médecine) seront accessibles par le hall d’accueil et le bureau des admissions. Ce premier secteur comportera quelques salles polyvalentes sans spécificités.
Les ascenseurs tous centralisés et au cœur du bâtiment feront arriver les personnes directement aux accès d’entrée de chaque unités d’hospitalisation. La facilité d’accès sera toute même secondée par une grosse signalétique.
Les étages abriteront les services d’hospitalisations avec la kinésithérapie, et le service de soins et de rééducation (SSR) qui donnera sur une grande terrasse aménagée.
L’héliport sera en accès direct sur les urgences d’où démarrera un axe rouge allant au bloc obstétrical communiquant lui-même avec le bloc opératoire et la néonatologie. Cette dernière sera équipée de chambres kangourou. En tout, 10 lits de réanimation, 5 lits de surveillance continue, 9 lits de soins intensifs cardiologie, 3 lits de soins intensifs neuro-vasculaire.
Un hôtel des familles, une crèche, l’école d’infirmière et l’internat viendront à terme compléter ces installations.
Un dépositoire est prévu en accès direct par l’établissement hospitalier et par un accès extérieur pour les visiteurs.