Un écrin blanc au cœur de la ZAC de la porte de Valenciennes, l’Arboretum
Opération phare du vaste projet d’aménagement de la ZAC de la Porte de Valenciennes, l’Arboretum s’inscrit dans le schéma urbain élaboré par l’agence d’architectes urbanistes Dusapin Leclercq déjà responsable de la tranche précédente qui intègre « Le Bois Habité ». Il s’impose, en contrepoint d’une séquence précédente très coloré, la blancheur éclatante de sa vêture Thermoreal®- Gebrik® en finition blanche émaillée.
La ZAC de la Porte de Valenciennes est un vaste projet mené depuis 2000 dont la plupart des barres HLM d’après-guerre ont été détruites (les immeubles Marne, Somme et Verdun puis les immeubles Petit et Grand Clémenceau) et 364 familles bénéficient d’un relogement. En 2007, Euralille est chargée par la Ville de Lille et Lille Métropole de réfléchir à l’aménagement du quartier : au-delà d’un simple acte de démolition-reconstruction, il y a le désir de repenser le quartier dans son ensemble, avec un souci de mixité fonctionnelle et de mixité sociale. Il s’agit d’élaborer un vrai projet qui s’intègre dans le Grand Projet Urbain de la Ville de Lille : pour que la Porte de Valenciennes devienne un quartier de Lille et de la Métropole où il est agréable de vivre, d’habiter, de travailler, de faire ses courses, d’emmener ses enfants à l’école, de se promener.
Ce vaste projet impose en premier lieu de recomposer des espaces jusqu’alors fragmentés et peu lisibles. Le réseau de boulevards urbains, disjoints, est en cours de restructuration. La circulation s’en trouvera fluidifiée et la porte de Valenciennes mieux connectée aux quartiers voisins.
Autour de ces grands axes, c’est 125 000 m2 qui sont aménagés: 67% pour des logements, 25% pour des bureaux, 5% pour des commerces et 3 % pour des équipements. Les 1 000 nouveaux logements prévus (dont 30% de logements sociaux) sont répartis dans des bâtiments de taille moyenne à l’architecture variée et soignée, organisés autour de jardins ouverts ou fermés. Les espaces publics font l’objet d’une attention particulière, des allées vertes viendront connecter les installations, proposant des parcours où piétons et cyclistes évolueront en sécurité.
En 2008, la SAEM Euralille a lancé un concours sur une parcelle idéalement placée à l’intersection du boulevard urbain Président Hoover et de l’axe de la gare Lille Saint-Sauveur. L’objectif était d’y implanter un ensemble qui assure une transition entre un quartier d’activités tertiaires et une zone plus résidentielle. D’où la mixité du programme qui regroupe dans un même ensemble assez compact, 2700 m2 de bureaux, 68 logements et 900 m2 de commerces. Par ailleurs, ce programme imposait des contraintes volumétriques assez fortes.
Le tandem promotion / maîtrise d’œuvre Nacarat / Coldefy & associés a été lauréat du concours. Sa proposition architecturale est un volume continu mais infléchi en rotule.
Si le socle est monolithique, le volume se scinde, à partir du quatrième niveau, en trois plots. Les deux plots dédiés aux logements sont en ligne et de part et d’autre d’une large faille occupée au quatrième niveau par un jardin suspendu. Celui dédié aux bureaux s’infléchit de 30°. Une autre faille plus étroite et vitrée, la « tour thermique », le sépare du plot de logements voisin.
Façade sud-ouest sur la placette de l’ensemble des logements. La blancheur recherchée par les architectes en choisissant la nuance de la vêture Thermoreal®- Gebrik® contraste avec les opérations voisines très colorées.
Le cahier des charges laissait une certaine latitude quant au pourcentage de surface dédiée au tertiaire et au logement. En revanche une grande variété typologique de logements était demandée.
L’opération offre donc aussi bien quelques studios et T2 que des appartements de plus grandes dimensions. Six T5 occupent en duplex les deux derniers étages. Dès novembre 2012, tous les logements étaient vendus.
Sous l’immeuble et un tiers environ du jardin qui occupe le nord-ouest de la parcelle, trois niveaux de sous-sol accueillent un parking 150 places.
Thomas Coldefy : « Nous avons cherché à proposer un bâtiment qui contraste par sa douceur et une certaine neutralité plus urbaine avec l’alignement des immeubles précédemment réalisés qui jouent sur un registre assez coloré et agressif. Le choix de la blancheur s’est très rapidement imposé. Si le maître d’ouvrage doutait un peu au début d’une solution brique qui lui semblait trop connoté « rénovation », du côté de la maîtrise d’œuvre nous étions déterminés sur le choix de la brique. Le programme visait le label BBC et nous étions donc partis sur une isolation par l’extérieur. La question qui se posait était : comment monter un mur manteau en brique sur onze niveaux ? Après une analyse de l’offre technique il nous est apparu que la solution de vêture Thermoreal®- Gebrik® apportait la meilleure réponse. Les solutions de bardage étaient mal adaptées à la volumétrie du projet. Le module de la brique a permis de suivre avec souplesse le découpage des façades alors qu’une solution bardage aurait été très lourde et pénalisée par le traitement d’un grand nombre de points singuliers. Le choix de la terre cuite blanche émaillée permet de transcender la connotation domestique, l’humanité tactile, de la brique et de renforcer l’image très contemporaine du bâtiment. Nous souhaitions un blanc éclatant. Nous avons pris le parti d’un joint un peu creusé, en retrait qui souligne le module. »
Le plot de bureaux. Les châssis vitrés sont ici au nu extérieur, à fleur de la vêture Thermoreal®- Gebrik®
Une épaisseur importante d’isolant, 100 mm de mousse de polyuréthane de plus que l’épaisseur standard du système Thermoreal®-Gebrik® a été mise en œuvre. Il y a 200 mm d’isolant en couverture.
La façade avant des logements, on devrait dire la double façade, est très découpée et la pose du système Thermoreal®-Gebrik® sur une telle surface a supposé des efforts particuliers de conception, d’anticipation de la pose. Les retours de tableaux et de linteaux des baies des logements sont habillés en brique. Les balcons également. Il y a donc eu lieu de commander beaucoup plus de plaquettes et de plaquettes d’angle que pour un chantier Thermoreal®- Gebrik® «classique» où ces plaquettes servent essentiellement au traitement des liaisons entre panneaux.
Il a fallu être très vigilant aussi sur la nuance de blanc de ces lots importants de plaquettes qui devait être rigoureusement la même que celle des panneaux Thermoreal®-Gebrik®
Détail de la façade sud. Elle se compose de deux plans parallèles dont le premier, une grille très ajourée, est, lui aussi, habillé de brique
Les faces en retour sur le jardin suspendu sont traitées également en isolation par l’extérieur, mais l’isolant reçoit un enduit minéral sur lequel est fixé un maillage métallique où s’accrochera une combinaison de plantes grimpantes plantées dans les bacs qui sont suspendus à tous les balcons. Un système d’arrosage automatique est prévu. Il est géré depuis le jardin suspendu.
Paysagiste intégré dans l’équipe de maîtrise d’œuvre dès le début du projet, l’agence Empreintes a sélectionné des plantes différentes suivant l’orientation puisqu’on a essentiellement deux façades en vis-à-vis dont une orientée sud-est et l’autre nord-ouest.
On trouve également des végétaux dans des jardinières à tous les étages dans la tour thermique qui fonctionne comme une grande cheminée et permet de récupérer de la chaleur pour le préchauffage de l’air neuf admis dans les bureaux. Ce sont d’autres types de plantes adaptées à l’effet de serre obtenu dans à l’abri de cette verrière.
Marceau Portal : « Au-delà de viser la certification BBC, nous avons décidé très en amont que le volet environnemental de l’opération serait très important. D’où la place du végétal. Par ailleurs, un partenariat a été passé avec la LPO (ligue de protection des oiseaux) pour l’installation de nichoirs et un programme de sensibilisation des résidents. »
Pour se donner les meilleures chances que les végétaux prennent ou soient remplacés rapidement, la maîtrise d’ouvrage prendra en charge l’entretien de tout le dispositif de végétalisation pendant trois ans.