Des prestations performantes freinées par des coûts trop important des équipements innovants…
Le Service de l’observation et des statistiques du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) a fait paraître dans le cadre d’une enquête ‘’Qualité énergétique mise en œuvre par les entreprises dans les bâtiments’’ ses conclusions sur la qualité de la construction mise en œuvre par les entreprises de construction de bâtiments principalement selon l'axe de l'amélioration des performances énergétiques des logements et des bâtiments non résidentiels. L’enquête décrit comment les entreprises du bâtiment mettent en œuvre la qualité dans la construction au travers de prestations qui améliorent l’isolation de l’enveloppe du bâti, l’efficience du bâtiment dans la production de l’énergie, que ce soit dans la construction neuve ou dans la rénovation des bâtiments.
Ainsi, l’étude montre qu’en 2011, certaines entreprises avient déjà commencé à anticiper la nouvelle réglementation en mettant en œuvre des prestations d’économie d’énergie ou d’eau dites « performantes » c’est-à-dire qui vont au-delà de ce qui est imposé par la réglementation thermique 2005. En 2012, le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a souhaité réaliser une enquête afin de caractériser ces entreprises et de mesurer l’anticipation de la nouvelle réglementation.
Elle y révèle que 270 000 entreprises sont concernées par l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Elles ont réalisé, en 2011, 30 % de leur chiffre d’affaires sur la production d’ouvrages de bâtiment (soit 33 milliards d’euros) en mettant en œuvre des prestations performantes. Leur segment d’activité plus que leur taille conditionne la réalisation de prestations performantes. Ainsi, le segment de la rénovation dans le logement représente près de la moitié du chiffre d’affaires généré par ces prestations (45 %), soit 15 milliards d’euros.
En revanche, plus les entreprises sont grandes, plus elles sont nombreuses à posséder les connaissances opérationnelles des dispositifs réglementaires et à détenir des labels et des certifications liés à l’amélioration de la performance thermique des bâtiments.
68 % des entreprises estiment que les coûts encore importants des équipements innovants pour l’acheteur final freinent leur développement.
Dans le détail de l’enquête, on peut observer que près de 270 000 entreprises ont, en 2011, les compétences techniques pour installer des produits ou réaliser des prestations permettant des économies d’énergie ou d’eau. Ces prestations sont réparties en deux grandes catégories, d’une part celles qui anticipent les critères de la réglementation thermique à venir (RT 2012), elles sont alors dites « performantes », et d’autre part celles qui respectent simplement la réglementation thermique en vigueur (RT 2005).
L’enquête note que ces entreprises ont généré, en 2011, un chiffre d’affaires sur ouvrages de bâtiment (CAB) de 111 milliards d’euros. En particulier, les entreprises ayant des compétences pour des prestations performantes ont déclaré un CAB de 33 milliards d’euros.
Par ailleurs, l’étude montre que le CAB relatif aux prestations performantes s’élève à près de 33 milliards d’euros, soit 30 % de l’activité sur ouvrages de bâtiment de l’ensemble des entreprises impliquées dans les prestations d’économie d’énergie ou d’eau (classiques ou performantes) ; cette part varie selon le type d’ouvrages ou de travaux considérés. Elle s’élève à 33 % quand on considère les ouvrages sur les logements contre 24 % pour les ouvrages sur les bâtiments non résidentiels (BNR).
Elle est également plus importante quand on considère les travaux de rénovation (32 %) contre 27 % pour la construction neuve.
L’enquête observe également que le segment de la rénovation des logements génère le plus de prestations performantes en termes de chiffre d’affaires. En effet, 45 % des prestations d’économies d’énergie performantes, soit 15 milliards d’euros, portent en 2011 sur des ouvrages de rénovation dans le logement.
L’enquête Qualité énergétique mise en œuvre par les entreprises dans les bâtiments a permis de déterminer précisément les types de prestations pour lesquelles les entreprises détiennent des compétences. Ces prestations, qu’elles soient classiques ou performantes, ont été regroupées en deux domaines : l’étanchéité du bâti et l’efficience de la production d’énergie.
Elle y révèle qu’au sein des prestations classiques, les compétences en isolation et plus particulièrement en isolation intérieure sont les plus souvent citées : 53 % des entreprises concernées par l’amélioration énergétique des bâtiments déclarent posséder les compétences techniques pour réaliser l’isolation des murs, des planchers ou des combles des bâtiments. 70 % d’entre elles ont effectivement réalisé ces prestations en 2011. Viennent ensuite les poses de fenêtres (40 %), de systèmes de ventilation (35 %), de système de régulation de chauffage (33 %) et l’isolation extérieure (33 %).
Au sein des prestations performantes, les compétences en isolation sont plus fréquentes que les compétences relatives à l’amélioration de l’efficience de la production d’énergie (chauffage et circulation d’air). Comme pour les prestations classiques, les prestations performantes en isolation intérieure sont les plus souvent citées : 37 % des entreprises interrogées déclarent posséder les compétences techniques pour réaliser une isolation intérieure performante des bâtiments. 73 % ont effectivement réalisé ces prestations en 2011.
Viennent ensuite l’installation de fenêtres performantes (32 %), l’isolation extérieure (24 %), l’installation de systèmes de ventilation mécanique à double flux (19 %) et la pose de chaudière à condensation (19 %).
De plus, l’étude s’est porté sur les compétences techniques et fait remarquer que la part des entreprises qui ont des compétences améliorant l’efficience de la production d’énergie augmente avec leur taille. Cette relation n’est pas vérifiée pour tous les types de prestations performantes. Notamment, pour les prestations liées à l’étanchéité du bâti, la taille n’intervient plus lorsque les entreprises dépassent le seuil des 10 salariés.
Toutefois, les entreprises de petite taille étant plus nombreuses, elles participent plus que celles de plus de 50 salariés en termes de CAB, à la mise en œuvre de prestations performantes. Parmi les entreprises ayant des compétences « performantes », celles de 10 à 49 salariés représentent le chiffre d’affaires le plus important (33 % de l’ensemble). Les entreprises de 0 à 2 salariés ainsi que celles comptant 3 à 9 salariés en représentent chacune 23 % et les plus grosses (de 50 salariés et plus) pèsent seulement pour 21 %.
D’un point de vue « chiffre d’affaires », la taille n’est donc pas un critère discriminant de la performance de l’entreprise en termes de mise en œuvre de prestations conduisant à des économies d’énergie ou d’eau.
De même, l’étude observe que pour accompagner la mise en place de ces prestations à économies d’énergie ou d’eau, les entreprises ont acquis d’une part, des connaissances en réglementation thermique, en labels et en certifications de bâtiments et d’autre part, des qualifications, des marques ou des appellations pour valoriser leurs compétences techniques et professionnelles vis-à-vis de leurs clients et de leurs fournisseurs.
En ce qui concerne la RT 2005, 35 % des 270 000 entreprises qui ont, en 2011, les compétences techniques pour réaliser des prestations permettant des économies d’énergie ou d’eau ont une connaissance générale du dispositif, c’est-à-dire qu’elles ont connaissance de son existence et d’une partie de son contenu sans le mettre pour autant en œuvre. 21 % en ont une connaissance opérationnelle, c’est-à-dire qu’elles se sont appropriées le dispositif et savent le mettre en œuvre de manière concrète en suivant les normes et les prescriptions qui lui sont associées. 13 % n’ont aucune connaissance.
Plus les entreprises sont grandes, plus elles sont nombreuses à posséder des connaissances opérationnelles non seulement de la RT 2005 mais également des autres dispositifs : réglementation thermique dans l’existant, labels HPE, THPE et BBC3 et certifications de bâtiments.
Pour les entreprises les plus averties, c’est-à-dire celles de 50 salariés et plus, 54 % ont des connaissances opérationnelles de la RT 2005, contre 18 % pour les entreprises de 0 à 2 salariés.
D’ailleurs, l’enquête montre également que les entreprises de 50 salariés et plus détiennent également par rapport aux entreprises de moins de 50 salariés la plus grande part de qualifications, de certifications ou de labels professionnels. En particulier, elles sont 83 % à détenir une qualification Qualibat, Qualifelec, Professionnel Gaz, Qualisol, QualiPV, Quali’Eau et QualiPAC contre 71 % pour les entreprises de 10 à 49 salariés, 33 % pour les entreprises de 3 à 9 salariés et 12 % pour les entreprises de 0 à 2 salariés.
Seule la marque Éco Artisans® est logiquement plus représentée auprès des entreprises de moins de 50 salariés avec 2 % des entreprises de0à2salariéset4%desentreprisesde3à9salariésoude10à 49 salariés contre seulement 1 % pour les entreprises de 50 salariés et plus. Car les entreprises artisanales sont, pour 94 % d’entre elles, des entreprises de moins de 20 salariés.
Les qualifications Qualibat, Qualifelec, Professionnel Gaz, Qualisol, QualiPV, Quali’Eau et QualiPAC sont les qualifications les plus couramment détenues par les entreprises et ce, quelle que soit leur taille. Viennent ensuite la qualification « installateur agréé » pour les entreprises de 0 à 49 salariés et les normes ISO 9001 et 14001 pour les entreprises de 50 salariés et plus.
Les certifications relatives à la performance énergétique, c’est-à- dire la charte « Bâtir avec l’environnement » et le label « Pros de la performance énergétique » ou la certification « Offre globale rénovation énergétique » et la qualification avec « Mention économie d’énergie » ne concernent que les entreprises de plus de 3 salariés et sont encore peu courantes avec 1 % à peine des entreprises agréées.
Ensuite, l’enquête mentionne que pour tous types de prestations performantes, c’est le segment d’activitédes entreprises qui conditionne plus systématiquement la réalisation de prestations « performantes » que la taille.
Au sein de chaque groupe de taille d’entreprise, le chiffre d’affaires sur ouvrages de bâtiment généré par la mise en œuvre de prestations performantes est, en proportion, quasiment stable autour de 30 % (de 27 % pour les entreprises de 50 salariés et plus à 31 % pour les entreprises de 0 à 2 salariés).
Cette proportion varie de manière plus significative en fonction du type d’ouvrages (logement/BNR) et du type de travaux (neuf/ rénovation) considérés. Ainsi, le chiffre d’affaires sur ouvrages de bâtiment des prestations performantes est, en proportion, plus important lorsqu’elles effectuent des travaux de rénovation de
logements (36 %) que lorsqu’elles effectuent toutes autres sortes de travaux (29 % pour les travaux de construction neuve en logements, 25 % pour les travaux de construction neuve en bâtiments non résidentiels et 23 % pour les travaux de rénovation en bâtiments non résidentiels).
Cette prédominance du segment de la rénovation des logements sur tous les autres segments d’activité se vérifie quasiment pour toutes les tailles d’entreprises, à l’exception des entreprises de 3 à 9 salariés pour lesquelles le CAB des prestations performantes est, en proportion, légèrement plus élevé lorsque les travaux concernent la construction neuve de logements (33 %) que lorsqu’ils concernent la rénovation de logements (32 %).
Point important de l’enquête, 45 % du CAb généré par la mise en œuvre de prestations performantes dans le secteur de la rénovation de logements.
L’enquête observe que pour les entreprises de moins de 50 salariés, la part de CAB consacré à des prestations performantes est liée au CAB total de ces entreprises par type de travaux et par type d’ouvrages : plus le chiffre d’affaires sur ouvrages de bâtiment par segment d’activité est élevé, plus la part de ce chiffre d’affaires relative à la réalisation de prestations performantes est importante.
En revanche, pour les entreprises de 50 salariés et plus, la part de CAB des prestations performantes est dissociée de l’importance du segment d’activité : dans la construction neuve de bâtiments non résidentiels, 25 % du CAB provient de la réalisation de prestations performantes alors que ce segment d’activité représente 10 milliards d’euros, soit 39 % de l’activité des entreprises de 50 salariés et plus. Inversement, dans la rénovation de logements, 40 % du CAB sont générés par des prestations performantes alors que ce segment d’activité ne représente que 4 milliards d’euros, soit 14 % de l’activité des entreprises de 50 salariés et plus.
Elle note aussi que la part du CAB engendré par la réalisation de prestations performantes est d’autant plus importante que l’activité des entreprises s’exerce sur les ouvrages de logements et/ou dans le domaine de la rénovation de logements et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise. 45 % du CAB généré par les prestations performantes, soit 15 milliards d’euros, le sont dans le segment de la rénovation des logements. La moindre représentation de ce segment d’activité au sein des entreprises de 50 salariés et plus explique la moindre implication des grosses entreprises dans l’acquisition de compétence ou la réalisation en propre de prestations performantes.
D’une manière générale, l’étude explique que pour des prestations comparables, les compétences pour des prestations classiques sont plus fréquentes que les compétences pour des prestations performantes. Ainsi, pour l’isolation intérieure, 53 % des entreprises détiennent une compétence « classique » contre 37 % une compétence « performante ».
Les entreprises détenant des compétences techniques pour réaliser
des prestations permettant des économies d’énergie ou d’eau ont donc une marge de manœuvre assez large pour développer leurs compétences et élargir leur offre à des prestations plus performantes. Pour autant, les entreprises ayant répondu à l’enquête sont peu nombreuses à indiquer qu’elles souhaitent acquérir de nouvelles compétences pour 2013.
Enfin, l’étude précise que 68 % des entreprises déclarent que les coûts encore importants des équipements innovants font obstacle à leur développement.
68 % des entreprises déplorent les coûts encore importants des équipements innovants pour les acheteurs finaux qui sont les principaux freins à la mise en œuvre de prestations performantes (tableau 6). Viennent ensuite les réglementations techniques trop complexes et qui évoluent trop vite (55 %), le manque d’information sur les aides financières associées aux prestations (53 %), l’absence d’une demande exprimée par la clientèle (48 %) et le marché déjà contrôlé par des concurrents (45 %).
En revanche, les entreprises ne souffrent pas d’un manque de compétences. Pour 77 % d’entre elles, le manque de qualification du personnel n’est pas un obstacle au développement de leur offre de prestations performantes en économies d’énergie. 68 % d’entre elles ne sont pas rebutées par la complexité des techniques mises en œuvre et 65 %, par une méconnaissance des produits.