Plus de 19 000 emplois (ETP) pourraient être ainsi potentiellement mobilisés pour assurer le déploiement de la fibre dans le bâti
C’est au travers d’un Appui Technique prospectif qu’une étude menée par les cabinets Ambroise Bouteille et IDATE, initié par l’Etat avec le concours de la plateforme Objectif fibre (filière fibre optique regroupant la FFIE, la FIEEC, la FFTélécoms et le SERCE) et de l’OPCA de la construction – Constructys (branche professionnelle du BTP) – relatif aux besoins potentiels en matière de formation, emplois et compétences, a permis pour la première fois, de quantifier et de qualifier l’impact du chantier de la fibre optique. Cette étude a notamment permis de développer plusieurs indicateurs estimant le nombre d’emplois à mobiliser et les enjeux en termes de volume de formation pour permettre la montée en compétences de la main d’œuvre associée au déploiement et la maintenance des réseaux FttH dans le secteur de l’installation.
Estimé à plus de 20 milliards d’euros, le déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH) est l’un des grands chantiers de ces dix prochaines années, créateur de valeur, de croissance, d’emplois, d’innovations industrielles et de services pour la Nation toute entière.
Compte tenu des enjeux, le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, en conformité avec la volonté des professionnels, a décidé de mobiliser, à la fin de l’année 2012, le dispositif des Appuis Techniques Prospectifs afin de conduire une étude prospective contribuant à la mise en place d’un diagnostic et d’un plan d’actions commun aux acteurs impliqués dans le déploiement de la fibre optique.
Cet Appui Technique Prospectif avait notamment pour objectif d’éclairer l’Etat et les professionnels de la filière sur les besoins en main d’œuvre dans le cadre du déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné, ainsi que sur la nature et l’ampleur de l’adaptation nécessaire de l’appareil de formation, mais aussi de disposer d’un outil de dialogue entre l’ensemble des parties prenantes de ce grand chantier : les acteurs impliqués dans le déploiement de la fibre optique, les acteurs de l’emploi, de l’intégration et de la formation, les jeunes et les demandeurs d’emploi, et enfin d’élaborer un plan d’actions pour permettre aux professionnels de la filière de répondre aux enjeux du déploiement de la fibre optique qui auront été identifiés (besoins en recrutement, information et professionnalisation des acteurs...) et territorialisés.
Outre les professionnels impliqués dans le déploiement de la fibre optique (équipementiers, installateurs et opérateurs) et les acteurs de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP et OPCA de la construction), cet ATP a associé les organisations syndicales des salariés du BTP ainsi que des intervenants qualifiés comme la Mission France Très Haut Débit, la DGCIS et des collectivités territoriales.
Sur la base du Plan France Très Haut Débit qui ambitionne de couvrir 100% des foyers français en Très Haut Débit d’ici à 2022 dont 80% à partir de la fibre optique, 19 250 emplois (équivalents temps plein) pourraient être ainsi potentiellement mobilisés pour assurer le déploiement de la fibre dans le bâti (immeubles et maisons individuelles).
Les recrutements annuels (externes et internes), nécessaires à la dotation à terme des plus de 19 000 emplois (équivalents temps plein), culminent à près de 6 000 personnes en 2019. Il ne s'agit pas uniquement de collaborateurs issus de recrutements externes mais également de collaborateurs issus de la mobilité interne (cas des grandes entreprises) ou de la polycompétence (cas des petites entreprises affectant une part du temps de leurs techniciens « cœur de métier » sur la fibre optique).
La montée en compétences de la main d’œuvre attendue nécessite également un important effort de formation : celui-ci doit se traduire, pour faire face aux différents types de profil, à la mise en place d’une filière de formation spécialisée sur la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH) et à la réalisation de plusieurs milliers de formations d’ici 2022. Pour la seule année 2019, un besoin prévisionnel de 4 450 formations est ainsi identifié.
Outre le potentiel du chantier de la fibre en termes d’emplois et de formation, cette étude formule un certain nombre de préconisations d’actions permettant d’amplifier le processus actuel de mobilisation des installateurs, d’aider les entreprises à doter les postes d’installateurs de fibre optique dans le bâti et de poursuivre le travail de structuration d’une offre globale de formation pour être en mesure de faire face aux besoins de main d’œuvre des entreprises.
C’est dans cet esprit que l’Etat, l’OPCA de la construction – Constructys et la filière de la fibre optique regroupée au sein de la plateforme Objectif fibre travaillent d’ores et déjà à l’engagement d’une Action de Développement de l’Emploi et des Compétences (ADEC – volet opérationnel de l’ATP) destinée à assurer une mobilisation durable de la filière de l’installation électrique sur les enjeux de la fibre optique.
Les partenaires de l’Appui Technique Prospectif (ATP) ont retenu le scénario dit « nominal » correspondant aux ambitions de déploiement affichées par le plan France Très Haut Débit : 100% des foyers français couverts en Très Haut Débit d’ici 2022 dont 80% en fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH).
Le périmètre de référence est constitué :
o des résidences principales, au nombre de 28,5 millions en 2012 et estimées à 30,9 millions à l'horizon 2022,
o des locaux professionnels (commerces, artisans, petites entreprises...) estimés stables à 3 millions à l'horizon 2022,
soit un total de 33,9 millions d'unités à l'horizon 2022 (80% à couvrir en fibre optique).
o Les opérateurs privés sont réputés couvrir, au cours de la période considérée, l'ensemble des zones très denses et des zones moins denses dites « AMII » pour lesquelles des engagements ont été pris : 57% de la population française,
o Les 23% restants seront couverts à partir des investissements réalisés par les collectivités territoriales sous la forme de Réseaux d’Initiative Publique (RIP).
Ces hypothèses se sont traduites par :
o un objectif de 27,1 millions d’unités raccordables en FttH à fin 2022,
o un objectif de 60% de pénétration des offres FttH en fin de période.
Sur la base des indicateurs développés et des enseignements de cet Appui Technique Prospectif, un plan d’actions a été élaboré autour de trois axes prioritaires :
Volet 1 : amplifier le processus actuel de mobilisation des installateurs
- Promouvoir les indicateurs existants auprès de la profession des installateurs afin de convaincre de la montée en charge du chantier de la fibre et de permettre aux installateurs de s’organiser avec anticipation,
- Poursuivre les actions de communication déjà entreprises pour convaincre plus largement,
- Promouvoir les actions de la Plateforme Objectif fibre dans les domaines des bonnes pratiques, de la formation et de la normalisation.
Volet 2 : aider les entreprises à pourvoir les postes d’installateurs de fibre optique dans le bâti
- Engager une campagne d’attractivité des métiers liés au déploiement de la fibre dans le bâti,
- Mobiliser le service public de l’emploi pour favoriser l’orientation des demandeurs d’emploi vers ces nouveaux métiers,
- Concevoir, puis mettre à disposition des TPE / PME une panoplie d’outils RH pour les aider à doter les nouveaux postes.
Volet 3 : poursuivre le travail de structuration d’une offre globale de formation pour être en mesure de faire face aux besoins de main d’œuvre des entreprises
- Construire des parcours de formation adaptés aux différents profils susceptibles d’être mobilisés sur ce chantier,
- Susciter une offre de formation adaptée à la filière,
- Informer les installateurs de cette offre et les convaincre de l’intérêt d’y recourir.
Ce plan d’actions opérationnel devrait s’inscrire dans le cadre de l’engagement – par l’Etat avec le concours de l’OPCA de la construction et de la filière de la fibre optique - d’une Action de Développement de l’Emploi et des Compétences (ADEC – volet opérationnel de l’ATP) destinées à assurer une mobilisation durable de la filière de l’installation électrique sur les enjeux de la fibre optique.