Retour sur 3 visions de la ‘’Ville ADAPTABLE’’ à travers Vichy Val d’Allier / MONTPERTUIS : Part.8
Le blog, ayant présenté succinctement les lauréats de la 12ème session d’EUROPAN, a donc souhaité publier ces 21 visions prospectives, à travers les sept sites français.
Le thème de la ‘’Ville adaptable’’ correspond aux réflexions de notre société en perpétuel mouvement. Les questionnements sociétaux à l’échelle d’un territoire ramènent d’une manière plus singulière à réfléchir sur nos modes de vies, nos usages, nos quotidiens à travers les rythmes et respirations de la ville.
Cette partie, la dernière de cette 12 session, est donc consacrée au site de Vichy Val d’Allier / MONTPERTUIS.
Localisation :
Communes de Bellerive-sur-Allier et Charmeil
Population :
Agglomération 80 000 hab.
Site de réflexion :
400 ha
Site de projet :
128 ha
Site proposé par :
Communauté d’agglomération Vichy Val d’Allier
MAÎTRISE DU FONCIER :
Société Manurhin Défense – GIAT Industries
SUITES DONNÉES AU CONCOURS :
Étude de stratégie urbaine et paysagère, études de faisabilité de premiers périmètres d’intervention selon les projets sélectionnés, préfiguration d’un lieu d’accueil permanent ou temporaire dans le cadre de la réouverture du site. Maîtrise d’œuvre d’espaces publics et paysagers et maîtrise d’œuvre architecturale à initier avec des partenaires
COMMENT LE SITE RÉPOND AU THÈME DE LA VILLE ADAPTABLE
Le site croise des problématiques de reconversion d’un site industriel, d’adaptation de ce site à de nouvelles activités économiques et de mutation d’un territoire longtemps fermé à la population. La dimension du site de projet (plus de 100 ha) implique de construire une stratégie de transformation souple dans le processus, modulable dans l’espace et adaptable dans le temps, pouvant s’inscrire dans différentes temporalités de réalisation. La dimension du site de projet (plus de 100 ha) appelle des orientations urbaines et paysagères susceptibles de maintenir une certaine autonomie entre différentes parties du site en termes d’accessibilité et de programmation. L’adaptation et la réutilisation d’un atelier industriel remarquable devra permettre de tester les possibilités architecturales offertes par ce bâtiment et les types d’occupations et d’usages pouvant y prendre place, à court ou à long terme.
STRATÉGIE DE VICHY VAL D’ALLIER
L’agglomération Vichy Val d’Allier concilie des activités économiques liées au bien être, à la détente et aux loisirs, et des filières industrielles dynamiques : cosmétique, agroalimentaire, biomédical, électronique et mécanique. Le site Montpertuis Palazol est occupé depuis 1937 par la société Manurhin Défense, filiale de GIAT industries, spécialisée dans la fabrication de produits pyrotechniques (armes et munitions). Fermé en 2006, le site fait l’objet de travaux de mise en sécurité pyrotechnique qui s’achèvera en 2015. Sa reconversion constitue un enjeu majeur pour le développement économique de l’agglomération au cœur de la plaque métropolitaine Clermont-Ferrand Riom Vichy. VVA envisage la réouverture à la population et l’introduction de nouveaux usages pour un lieu remarquable de la rive gauche de l’agglomération, qui bénéficiera d’une nouvelle accessibilité routière.
CARACTÉRISTIQUES DU SITE
À cinq minutes du centre-ville de Vichy et à proximité d’un plateau d’économie sportive, le site de projet (128 ha) est inclus dans un périmètre de protection classé SEVESO II (400 ha, site stratégique). Du fait de la dange- rosité de l’activité, l’interdiction de construire dans ce périmètre a limité l’urbanisation de la rive gauche de l’Allier. La mise en sécurité pyrotechnique en cours comprend des travaux d’excavation pour neutraliser les traces d’explosifs présents en de nombreux endroits.
Le site comprend 160 bâtiments construits à différentes époques. La plupart seront appelés à être démolis, du fait de leur faible potentiel de reconversion et des coûts de remise en état. Ce plateau faiblement vallonné s’inscrit dans un environnement entièrement boisé, en surplomb de la vallée de l’Allier. Il occupe une place dans la mémoire collective des habitants et des personnes qui y ont travaillé au cours des années.
ADAPTABILITÉ : LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS À PRENDRE EN COMPTE
Adaptabilité de l’existant : considérer l’héritage bâti et paysager d’un site industriel fermé à la population et protégé par le secret depuis plus de 70 ans. Adaptabilité d’un paysage singulier : imaginer une évolution qui concilie la réoccupation des lieux avec la valorisation de la nature, de l’eau et du végétal. Adaptabilité économique : penser un mode de développement souple pouvant s’adapter aux besoins d’acteurs économiques divers.¶ Adaptabilité programmatique : définir une stratégie de mutation et un processus évolutif capable de s’adapter à plusieurs types d’utilisation dans l’espace et dans le temps. ¶ Adaptabilité à de nouveaux usages : penser des modalités d’ouverture à la population et l’introduction d’usages nouveaux, compatibles avec la vocation économique et industrielle du site.
L’objectif de Vichy Val d’Allier est de maintenir la vocation productive et économique du site en l’adaptant à de nouvelles activités. Il s’agit d’inventer un campus industriel de nouvelle génération qui mêle différents types d’implantations économiques (de 200 à 10 000 m2) et plusieurs types de programmes, y compris du logement spécifique et des services, générés par des activités elles-mêmes.
Ces activités ne peuvent être aujourd’hui complètement identifiées d’où la nécessité de concevoir un processus de mutation progressif et adaptable. Enfin l’ouverture du site à la population et sur l’agglomération est l’occasion de penser le devenir de la rive gauche dans les dynamiques locales et métropolitaines, dans ses composantes urbaines et paysagères, en préservant notamment les espaces actuellement non urbanisés.
Franges pionnières - Lauréat
Différents facteurs nous ont amenés à choisir le site de Vichy Val d’Allier :
• les échelles spatiales et temporelles convoquées laissant entrevoir des enjeux urbains et paysagers forts
• la singularité du site, liée à la fois à son fonctionnement passé en vase clos et aux formes atypiques héritées de l’activité de fabrication de munitions
• l’occasion d’explorer une thématique qui nous interpelle : l’architecture et le paysage d’un parc d’activité contemporain.
Notre réponse à la thématique de la ville adaptable passe par l’adoption d’une stratégie d’investissement volontaire et progressive à la mesure du site de Montpertuis Palazol, qui débute et s’organise à partir de ses franges.
¶ Elle s’appuie sur la définition d’un canevas d’infrastructures paysagères amené à se déployer et à se complexifier dans le temps. Sa mise en forme, qui repose sur les figures et situations héritées, vise à créer les conditions spatiales et fonction- nelles nécessaires à l’installation de nouvelles activités. Nous avons défini un paysage immanent, capable de compenser l’aléatoire programmatique.
¶ Notre réponse s’adapte également à l’échelle temporelle du projet en déclinant trois temps. Chaque étape poursuit un objectif (ouvrir, investir, déployer et hybrider) et présente une forme d’autonomie, ainsi la dernière étape propose-t-elle une vision à long terme sans pour autant limiter la valeur intrinsèque des précédentes.
Étape 1 - Ouvrir, définir les contours
Le premier acte vise à ouvrir le site à la population et à l’accueillir au sein du parc du Champ de Tir, lieu repère associé à un parcours de découverte du patrimoine. Dans un même temps, nous amorçons la mise en forme de l’armature des infrastructures paysagères sur la totalité du site.
Étape 2 - Investir
Le deuxième acte consiste à définir des gabarits de parcelles d’activités en fonction des lieux et de leurs caractéristiques.
¶ Ainsi, sur Palazol, des unités de production de grande envergure prennent place en lisière de la forêt et surplombent le coteau agricole, formant avec la voie digue un nouvel horizon. À l’inverse, sur la frange est, de petits modules composent avec la pépinière un paysage mouvant visible depuis la route départementale. Sur Montpertuis enfin, l’ensemble des murs, dont la qualité structurelle s’oppose à leur démolition, deviennent supports à de nouvelles constructions.
Étape 3 - Déployer et hybrider
Cette étape permet de définir l’optimum du site. Tout d’abord, en évaluant ses capacités à produire de manière autonome une part de ses besoins énergétiques et à valoriser les déchets produits. Ensuite, en veillant à préserver ses qualités morphologiques (ouverture, densité de boisement, distance entre unités...).
¶ De plus, cette étape vise à accueillir une plus grande diversité programmatique (logements associés aux unités de production, enseignement, hôtellerie...) mise au service de la vocation économique première.
¶ À l’échelle territoriale, ce projet permet d’affirmer la coexistence d’entités contrastées (bois, espace agricole, plaine de l’Allier) par un travail sur leurs franges à l’échelle du site.
L’avis du jury
Le projet propose d’installer une armature ou infrastructure paysagère capable de composer avec l’aléatoire programmatique et d’accéder à un certain équilibre et autonomie. Le projet lie les trois entités paysagères du site par ses franges en les valorisant comme des interfaces d’activités. Sur la base d’une trame hydraulique forte marquée par des bassins de lagunage, d’une topographie exacerbée, d’une trame boisée évolutive, d’un respect de l’existant et sur une logique de mutation énergétique paysagère, l’équipe réussit à installer un projet mutable et parfaitement adapté
à une temporalité incertaine. Le jury a souligné le caractère fortement adaptable de la proposition tant au niveau du paysage qu’au niveau des bâtiments. Il a apprécié les qualités paysagères d’intégration développées dans ce site très singulier.
L’équipe :
La complémentarité de nos compétences associée à notre complicité dans la manière d’aborder la conception de projet nous a amenés à faire équipe ensemble. Suite à notre rencontre lors de nos études d’architecture et de paysage à l’ENSAP Lille, nous nous sommes retrouvés à Nantes où nous avons créé nos ateliers respectifs.
Au-delà des liens d’estime et d’amitié qui nous unissent, nous partageons un engagement à chaque échelle, en faveur d’une logique de site associé à une prise en charge attentive des demandes implicites ou explicites. Nous pensons que les enjeux portés par un territoire nécessitent de convoquer des compétences croisées en urbanisme, architecture et paysage.
Se situer au frottement de ces disciplines permet d’initier de nouveaux rapports entre nos objets de travail. Par ailleurs, nous plaçons le dessin au centre de notre pratique, convaincus que c’est par l’expérience de la mise en forme que l’on interroge le mieux un site et le programme associé . À cela s’ajoutent une curiosité et un enthousiasme que nous cherchons à partager avec l’ensemble des acteurs d’un projet.¶ Anne-Laure Marchal est architecte urbaniste diplômée de ENSAP Lille en 2009 (DEA et HMONP) et de l’Institut d’Urbanisme de Lille en 2010 (master). Après trois années d’expérience du projet urbain au sein de l’agence Forma 6, elle crée avec Sébastien Deldique l’atelier d’architecture et d’urbanisme BINTJ à Nantes, en octobre 2013.¶ Sébastien Deldique est concepteur en architecture. Après une formation de plasticien à l’école de Beaux Arts de Mons (Belgique) il s’oriente vers l’architecture et se forme à la pratique en intégrant l’agence De Alzua + à Lille puis l’agence Berranger Vincent à Nantes.¶ Léa Hommage et Mathieu Delmas sont paysagistes DPLG diplômés de l’ENSAP Lille en 2010 et 2011 après avoir respectivement étudié la géographie (deug à l’Université de Nantes 44) et les travaux paysagers (BTSA à TECOMAH) ainsi que l’urbanisme (master1 à Geoarchitecture). lls fondent à Nantes l’atelier de paysage LA FORME ET L’USAGE en 2012.
LALUBINTJ
Représentante de l’équipe
Anne-Laure Marchal, architecte urbaniste FR
Associés
Sébastien Deldique, plasticien FR Mathieu Delmas, paysagiste FR Léa Hommage, paysagiste FR
Coordonnées de l’équipe
Lalubintj 62 rue Félibien 44000 Nantes, France +33 (0)6 64 44 52 47 lalubintj@gmail.com http ://bintj.fr/ http ://laformeetlusage.com/
Archipel de clairières : articuler des usages - composer des entités paysagères – Mentionné
Le site de Montpertuis-Palazol a été consacré pendant plus de soixante ans aux activités militaires et industrielles. Il constitue désormais une friche de près de 125 ha, en périphérie de la conurbation Vichy/Bellerive-sur-Allier. Nous proposons de faire de Montpertuis un quartier à part entière, avec une mixité habitation/ activités et une complémentarité avec les quartiers et le territoire environnant.
¶ Les objectifs : l’ouverture d’un lieu interdit, la revitalisation économique d’une friche, l’attractivité d’un lieu périphérique.
1 axe : un phasage évolutif pour une mixité logements/ équipements/activités et une complémentarité avec le territoire.
¶ Plutôt que d’imposer une planification contraignante, le phasage proposé s’appuie sur des temps forts, dont la venue est souhaitée sans échéance impérative.
¶ Cinq grandes étapes sont envisagées.
La plus simple, mais qui pose néanmoins les bases à long terme du projet : l’ouverture du site au public (phase 0). Puis, l’installation d’une annexe du CFA vers Montpertuis (phase 1) et l’installation de fonctions culturelles et sportives vers Palazol (phase 2) permet- tront d’attirer des professionnels et des visiteurs.
Progressivement, les activités puis les habitants viendront s’installer (phases 2 et 3), rendant nécessaire la création d’équipements publics ouverts à la population (phase 3). La fonction résidentielle, d’abord présente sous des formes intermédiaires et mixtes, est envisagée avec une marge d’évolution importante à moyen et à long termes.
¶ La souplesse du phasage permettra, au sein du site, d’équilibrer les différents usages et d’adapter les équipements aux besoins réellement ressentis, et, vis-à-vis de l’extérieur, d’orienter les usages et les équipements en complémentarité avec ceux des quartiers et du territoire environnants. Le site se révèle tr ès adaptable de ce point de vue : il permet à la fois de réactiver des formes architecturales présentes (champ de tir, merlons et bâtiment 53) et d’investir le système paysager de clairières et de lisières. Les lisières cadrent les noyaux villageois ou les grands espaces libres tandis que les clairières surprennent le visiteur par les grandes respirations et la lisibilité d’espace qu’elles offrent. Le rapport plein-vide, masse-dispersion invite à y être expérimenté. Lisières habitées, clairière cultivée, investie, paysagée sont autant de thèmes dont notre projet se saisit.
2 axe : la construction d’une nouvelle identité. Depuis la fermeture de l’usine Manurhin, le site de Monpertuis a besoin d’une nouvelle identité. La filière bois que nous envisageons comme moteur économique offre un cadre très adéquat avec notre programme : il s’agit d’une ressource locale, parlante pour tous, qui balaye en filière complète des activités variées (formation, conception, production, recherche) et de nombreuses branches (papier, emballage, construction...). À terme, Montpertuis-Palazol, composante d’un système territorial, sera un lieu vécu et habité, avec ses propres cycles et rythmes urbains.
L’avis du jury
Les deux entités du site, Montpertuis et Palazol sont valorisées comme deux bourgs qui prolongent le chapelet initié par les lieux-dits constitutifs du territoire. L’ensemble constitue un archipel de clairières activé par des équipements publics autour desquels pourront s’implanter d’autres programmes. Les sites historiques deviennent les supports de développement d’activités spécifiques pour devenir des pôles et des germes de nouvelles dynamiques. Un thème programmatique autour de la filière bois est valorisé comme une identité fédératrice : recherche et formation. Le jury a apprécié le développement d’un « paysage dans le paysage » et le caractère adaptable de la proposition. Il a souligné les qualités d’insertion urbaine et paysagère développées. Le jury a jugé que ce projet interrogeait avec richesse la mémoire militaire du site sans passéisme, remettant ce dernier dans un nouveau cycle de fonctionnement.
L’équipe :
Lcaucarre
Représentante de l’équipe
Céline Frattesi-Bros, architecte FR
Associés
César Canet, architecte FR Laura Chavy, architecte FR Laetitia Paradis, architecte FR
Coordonnées de l’équipe
+33 (0)6 01 74 60 10 lcaucarre@gmail.com www.lcaucarre.com
Laetitia Paradis (Architecte DEHMONP), Laura Chavy (Architecte DEHMONP) et Céline Frattesi-Bros (Architecte DE) sont diplômées de l’ENSA Paris-Belleville. Elles ont soutenu leurs mémoires et projets de diplôme en même temps et, depuis, chacune façonne son parcours professionnel tout en songeant à l’opportunité des concours, à l’occasion de poursuivre leur collaboration. Après avoir partagé une première expérience professionnelle au sein de l’agence Shigeru Ban Architects, Laetitia et Laura travaillent désormais dans des agences parisiennes. Céline a, quant à elle, décidé de poursuivre ses études et finalise son master en urbanisme.¶ César Canet (Architecte DEHMONP) est diplômé de l’ENSA Paris La Villette après un master en design objet à l’ENSAD. Il travaille actuellement à l’AUA - Paul Chemetov, agence dans laquelle il a rencontré Céline. L’équipe se forme essentiellement à son initiative, suggérant à Céline l’idée de participer au concours Europan. Céline s’est alors naturellement tournée vers ses deux camarades.¶ Tous architectes, nous avons pu asseoir le projet sur notre compatibilité dans le travail.
Dans le même temps, les sensibilités et spécialités de chacun, acquises au cours des parcours professionnels, universitaires, et personnels, ont engendré une bonne capacité de travail en complémentarité. Participer à ce concours et voir le projet récompensé a contribué à renforcer l’équipe et l’encourage d’avantage à poursuivre cette collaboration.
Arboripôle5 une réappropriation éco-responsable - Cité
Rares sont les sites industriels qui, plutôt que d’avoir à défricher une forêt pour s’y installer, peuvent envisager une cohabitation réciproquement profitable. Cependant, le site de Montpertuis-Palazol, en aménageant un urbanisme éco-responsable lié à une économie circulaire, peut prétendre à l’excellence environnementale d’ici vingt ans. En partant d’une critique théorique du développement durable, la ville adaptable est pensée comme une nouvelle forme d’éthique de la politique urbaine.
¶ À la lecture du palimpseste laissé par l’activité du site, Montpertuis-Palazol est reconstruit sur lui-même avec l’apport d’un fil conducteur structurant. Le réseau viaire, sous forme d’un ruban sinusoïdal, développe une trame adaptable, allant d’une forte densité bâtie en entrée de site vers une trame bâtie clairsemée, afin de préserver la forêt.
¶ Afin de répondre aux besoins industriels de demain, sans compromettre son adaptabilité, l’Arboripôle5 se fixe un objectif intemporel de fonctionnement éco-responsable. Néanmoins, considérant qu’il n’y a pas qu’un seul chemin pour y arriver, il offre une diversité programmatique — agriculture, industrie, recherche, tourisme et accueil — regroupée autour de cinq quartiers pouvant interagir les uns avec les autres. Chaque quartier possède un « phare » : repères de grandes hauteurs inscrits dans le paysage, connectés physiquement et métaphoriquement par le ruban, ils guident et éclairent l’avenir du site tout en liant les différents secteurs de l’Arboripôle5. Permettant de contempler la canopée forestière et de prendre conscience du projet dans son ensemble, chacun d’eux est lié à un programme faisant écho au quartier dont il est l’emblème. La reconversion du bâtiment 53 est une traduction en langage architectural de la transformation urbaine que connaîtra le site. Sa structure existante est conservée comme couche historique et abritera un musée dédié à la mémoire du site. Au niveau 1, une forêt de poteaux évoque le paysage en dégageant une série de terrasses couvertes. Son étage supérieur sera quant à lui tourné vers l’avenir du site, et proposera des espaces d’expositions et de réunions.
¶ L’Arboripôle5 propose un phasage progressif et raisonné, permettant au territoire de : « s’ouvrir » au public d’ici 1 à 2 ans (inventaire, rubanisation des cheminements piétons, animations temporaires...), d’accroître sa visibilité d’ici 3 ans (consultation scientifique, appel à projets, implantation de jardins de Cocagne...), d’activer pleinement sa programmation en 5 ans (installation d’entreprises pionnières, planification d’une économie circulaire...) et de pouvoir la pérenniser ou la réadapter durant les 10 années suivantes (l’agroforesterie pourrait donner ses rendements maximum, des serres adaptables, prenant la forme de structures génériques capables d’accueillir toute sorte d’activités temporaires, garantissent la réactivité programmatique du site).
¶ À terme, ce site pourrait être une référence européenne d’urbanisme éco-responsable et un bassin d’emploi majeur pour la métropole Clermont-Ferrand Riom Vichy.
L’avis du jury
Ce projet ambitieux vise l’excellence environnementale en vingt ans par un urbanisme écoresponsable lié à une charte et une économie circulaire. Tout en recherchant une diversité programmatique, il valorise un liant programmatique structuré autour de la recherche, de l’enseignement et de la formation. S’appuyant sur le réseau existant, une infrastructure en boucle relie et dessert cinq quartiers d’activités. Chaque pôle est symbolisé par un bâtiment, ou structure phare, producteur d’énergie, élément à la fois emblématique et fonctionnel. La trame paysagère est respectée en fonction d’une gestion liée à la recherche. La trame bâtie est réinvestie ou renouvelée, et parfois adaptable avec l’exemple de serres modulables. Le jury a apprécié la prise en compte des qualités du site et jugé intéressante la proposition de reconversion proposée. Le jury a souligné les qualités d’adaptabilité de la proposition à différents scénarios économiques.
L’équipe :
UM [prononcé oum] est un collectif composé de Mathilde Busca, Nils Le Bot, Laurent Naud et de Lucille Thiery. Quatre amis architectes, quatre parcours scolaires supérieurs divers, quatre post-diplômes éclectiques.
¶ Diplômés d’état et habilités à la maîtrise d’œuvre en leurs noms propres, soudés par une complicité intellectuelle, et désireux de développer une certaine forme d’éthique architecturale, urbaine et conceptuelle, les quatre complices ont acquis de solides expériences, elles aussi diverses, couvrant le temps du process du projet [de l’esquisse au chantier], toutes ses échelles [transport, paysage, logement...] et les métiers variés de la maîtrise d’œuvre. Ces dernières années, le collectif n’a pas hésité à endosser les casquettes de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, du chargé de communication ou du responsable de chantier. Pour UM, les domaines de l’architecture sont des champs complexes qui doivent se pratiquer en interaction constante avec les différents acteurs.
¶ Cette première collaboration a pour motivation l’idée que, face au cynisme et à l’uniformisation, la conception des villes se doit d’être plus qualitative et responsable, notamment après que le durable a fait la preuve de son inaptitude à répondre aux enjeux qu’il s’était fixé. Pour éviter les discours convenus sur la biodiversité et les questions d’environnement, et asseoir les réflexions et analyses critiques surdesbases solides, l’équipe s’est appuyée sur les compétences d’une ingénieure écologue et d’un biologiste.
¶ La participation à Europan12 fut l’occasion d’une recherche méthodologique autour de l’éco-responsabilité, dans les domaines [entre autres] de l’architecture et de l’urbanisme comme levier fondamental de la transformation de notre société.
Um Collectif
Représentant de l’équipe
Nils Le Bot, architecte urbaniste FR
Associés
Mathilde Busca, architecte FR Laurent Naud, architecte FR Lucille Thiery, architecte FR
Collaborateurs
Laura Albaric, ingénieure-écologue FR Ehoarn Bidault, biologiste FR
Coordonnées de l’équipe
umcollectif@gmail.com www.umcollectif.fr