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COP 20 un écart croissant entre la réalité climatique et les politiques gouvernementales

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COP 20 un écart croissant entre la réalité climatique et les politiques gouvernementales

COP 20 un écart croissant entre la réalité climatique et les politiques gouvernementales

Alors que la COP 20 vient de s’achever au terme de 13 jours de négociations, elle a été prolongée de 30 heures en raison de désaccord entre les pays du Nord et ceux du Sud concernant les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Même si les défis climatiques et énergétiques sont sans précédent, la division persistante Nord-Sud a bien failli avoir raison de l’accord signé in extremis qui fixe le format des futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). La conférence, qui devait se terminer le vendredi 12 décembre, a dû être prolongée de plus de 30 heures.

Un accord sans résolution, ni justice ni solidarité avec les communautés affectées par les impacts des changements climatiques.

Pour freiner la hausse des températures, les 195 délégations se sont engagées à limiter à 2°C la hausse de la température de la planète, ainsi qu'à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d'ici à 2050. La COP 20 invite donc « les parties prêtes à le faire » à soumettre d’ici à mars 2015 leurs propres plans nationaux de lutte contre le réchauffement climatique. Les engagements de réduction des émissions de GES doivent aller au-delà des actions déjà entreprises et peuvent comprendre des informations sur l’année de référence, la période d’engagement, un calendrier de mise en œuvre, la méthodologie de calcul retenue ou encore un plan d’action sectoriel.

Selon l’accord, ces engagements seront ensuite agrégés par le secrétariat de la Convention de l’ONU sur le changement climatique, qui préparera une synthèse pour le 1er novembre 2015, afin d’évaluer leurs effets combinés pour freiner la hausse des températures.

Une responsabilité commune mais différenciée dans le réchauffement… « Il sera difficile d’accepter des contributions sans mention des financements (dans les contributions des pays développés) », avait déclaré en séance samedi le représentant du Soudan, au nom du groupe Afrique. « Les contributions doivent tenir compte de l’adaptation » au changement climatique, avait également plaidé sur un ton très ferme le représentant de la Malaisie au nom d’un large groupe de pays.

Le Sud a réclamé aussi, sans succès, des précisions sur les canaux de financement qui doivent permettre d’arriver à 100 milliards de dollars d’aide en 2020. Faute d’avancées significatives sur ces points, ces pays ont obtenu que le degré de précision des informations à fournir pour les contributions soit assoupli. Le principe de « responsabilité commune mais différenciée » dans le réchauffement, auquel ils tiennent, a aussi été réaffirmé dans l’accord.

Avec constance et détermination, les pays les plus puissants de la planète essaient de restreindre la portée des principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciées. L’introduction d’une démarche volontaire et non contraignante pour définir les contributions de chacun des pays à la lutte contre les dérèglements climatiques fera primer l’échelon national sur la réalisation d’objectifs globaux. Non contraints au sein de l’ONU, et aiguillés par les intérêts des entreprises privées, les gouvernements s’activent par ailleurs pour libéraliser le commerce et l’investissement, encouragent la recherche et l’exploitation de nouvelles sources d’hydrocarbures et refusent de désarmer les marchés financiers, trois vecteurs majeurs de l’aggravation de la crise climatique.

À douze mois de la conférence de l’ONU sur le dérèglement climatique à Paris-Le Bourget, l’un des défis majeurs constituera cet écart croissant entre la réalité climatique pour une transition écologique et sociale et les politiques gouvernementales ouvertes aux lobbys extractivistes et productivistes.

Des lobbys puissants mettant en œuvre divers dispositifs grâce auxquels les grandes entreprises réussissent à faire passer leurs propres intérêts avant les droits des peuples et de la planète figurent les suivants :

• un lobbying agressif grâce à une pléthore d’entreprises associées ;

• des pressions pour faire supprimer les réglementations contraignantes, nationales et internationales, et les remplacer par des normes volontaires contrôlées par les entreprises elles-mêmes ;3

• le financement direct de partis politiques ;

• les chassés-croisés de personnel haut placé entre l’administration publique et le secteur privé et vice versa ;

• une forte présence au sein des délégations officielles aux pourparlers de la CCNUCC et dans tous les soi-disant groupes importants de la société civile, parmi lesquels figure le secteur des affaire

Tout ceci au nom de la financiérisation de la nature. Quand l’environnement est transformé en un produit financier ou commercial qui peut être échangé sur le marché, on appelle cela ‘financiérisation’ de la nature. Avec le soutien des banques, des spéculateurs et des grandes entreprises – qui voient les mécanismes du marché comme un moyen de s’enrichir tout en évitant des normes contraignantes – des biens qui appartiennent à tous, comme l’eau, le carbone, la biodiversité, les paysages et les fonctions de la terre, sont transformés en nouveaux titres de propriété qui peuvent être soumis à la spéculation, achetés et vendus pour gagner de l’argent.

Les grandes entreprises s’en servent pour ‘compenser’ les dégâts qu’elles causent à l’environnement : au lieu de modifier leur comportement, elles reçoivent l’autorisation de polluer. Par exemple, les marchés du carbone permettent à l’industrie de maquiller en vert leurs moyens de production polluants, et de gagner de l’argent grâce aux crédits de leur efficacité énergétique.

Un autre exemple en est la compensation de biodiversité, une solution fondée sur le marché et basée sur l’idée erronée que la biodiversité détruite à un endroit peut être ‘compensée’, tout simplement en la ‘remplaçant’ ailleurs.

La financiérisation de la nature veut dire que des ressources communes sont transférées à de grandes entreprises et au système financier, qui voient ainsi leur pouvoir accru, tandis que les communautés perdent leur souveraineté et le droit de vivre dans leurs propres territoires et de s’en servir.

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