Converger vers une meilleure mesure de la consommation d'énergie plutôt que de déroger au 57,5 5 kWhep/m2.an
C'est dans le cadre d'un plan de relance flou de la construction que le gouvernement a prononcé le report de 3 ans de la dérogation accordée aux logements collectifs dans le cadre de la RT 2012. Ainsi les bâtiments de logements collectifs doivent respecter un niveau de 57,5 kWhep/m2.an jusqu'en 2018 au lieu de passer à 50 kWh/m2.an dès 2015, comme cela était prévu depuis le lancement de la RT 2012. La RT 2012 reste sournoise et indécise….
Alors que les volontés affichées pour consommer moins ont fait l’unanimité entre nos différents gouvernements, grenelle ou conférence…, l’application de la nouvelle réglementation thermique RT 2012 a ouvert de nouvelles perspectives, à la fois heureuse mais aussi malheureuse. La méthode calcul étant ainsi faite qu’elle laisse derrière elle de somptueux doutes quant à la précision des réels besoins énergétiques d’un bâtiment. La remise en cause de la méthode de calcul Th-BCE de la RT 2012 rejetée par le Conseil d’Etat
En effet, pour abaisser artificiellement le besoin de chauffage des logements, il existe certaines modulations permettant de sous-évaluer le besoin en énergie. Comment afficher des prétentions du standard passif pour un bâtiment, alors qu’en réalité il en est très loin. Si en semaine, tous les locaux d'habitations, même ceux occupés pendant la journée ne sont chauffés qu'à 16°C de 9h à 17h, une semaine d’inoccupation (vacances) est comptabilisée pour tous les logements. Mais tous ces logements ne sont pourtant pas inoccupés. Ainsi, un bâtiment peut annoncé avec la démarche RT2012 une performance de 15 kWh/m2.an et être évalué à 41 kWh/m2.an selon la démarche passive. Le bâtiment basse consommation « à la française » affiche donc des performances de niveau passif alors qu'il en est loin.
Le blog avait édité un article émanant du site lamaisonpassive.fr mentionnant le souhait d’instaurer une version réglementaire d’une méthode de calcul, celle du standard passif, la méthode PHPP auprès de l’Assemblée Nationale. Une étude de comparaison sur les méthodes de calcul RT 2012 et PHPP a été réalisée et a permis de mettre en évidence un écart final de 29% du fait des algorithmes de calculs différents en pointant la difficulté à localiser les écarts alors que les données de bases sont proches. Cette difficulté est liée au fait qu'au contraire de la méthode PHPP, les données sur lesquelles s’appuient les calculs RT 2012 sont conventionnelles, c’est-à-dire purement théoriques et, de l’avis général, peu précises.
Cette situation est à l’image du paysage politique français, flou, elle souffre d’un sévère manque de visibilité notamment sur le terme de basse consommation, un bâtiment possède le terme basse consommation parce qu’il est bien isolé ou parce qu’il bénéficie d’équipements énergétiques très performants ?
Et pourtant, afficher l’ambition pour limiter les consommations énergétiques passe par lever certains freins à l’innovation, en effet, comme l’amélioration significatifs des niveaux d’isolation par l’apport de nouveaux matériaux, comme l’encouragement à la création de nouvelles professions centrées sur l’étanchéité à l’air, la ventilation naturelle ou mécanique, infiltrométrie…
Si les réelles volontés pour abaisser les seuils de consommations énergétiques s’affichent, alors il est important de prendre en considération toutes les démarches pour y parvenir, d’avoir un sens pragmatique sur les leviers à actionner pour permettre d’encourager toutes sortes d’innovations sur les matériaux, les procédés constructifs, les vitrages, les systèmes de ventilation et avant tout la matière grise et l'énergie humaine au lieu d’une RT qui s'impose à tous et s'inscrit dans la continuité des labels précédents et des modes constructifs courants.
Alors si le 1er conseil devrait être adressé aux maîtres d’ouvrage qui souhaitent faire construire, il poserait la réflexion de la conception de l’enveloppe du bâti, les matériaux utilisés et l’isolation. Paramètre fondateur pour s’épargner des équipement énergétiques parfois lourds à mettre en œuvre et onéreux. Faire baisser le coût de la construction par le simple fait de relever le seuil du Cep max pour faire plaisir aux industrielles du tout électrique relève donc de l’illusion. Un seuil de 57,5 kWh/m² mêlant chauffage, eau chaude, éclairage et auxiliaires ne permet pas de savoir si bâtiment dispose d’une correcte isolation. D’ou l’importance de définir une enveloppe performante du bâti qui constitue le principal indicateur d’un bâtiment à basse consommation, et plus vous opterez pour un meilleur concept bien isolé moins seront les dépenses pour s’équiper en système de chauffage.
Inutile donc de préciser que la RT 2012 manque d’indicateurs précis sur le besoin en énergie finale sur le chauffage et le rafraîchissement.
Ainsi pour rester dans l’esprit RT 2012, il est préférable de se rapprocher du standard Passiv’haus à la manière du coefficient des 15 kWh/m² mis en place pour définir une enveloppe passive et suivre quelques conseils :
- prendre comme première exigence la surévaluation de l’épaisseur de l’isolation et du complexe d’isolation pour minimiser les ponts thermiques.
- pour la méthode de calcul RT 2012 prendre les critères les plus défavorables, occupation à l’année et pendant la journée,
- optimiser la conception bioclimatique, et cela commence par l’orientation du bâti, soleil au sud …
- prendre une marge d’erreur sur un grand nombre d’équipement, comme le cop des pompes à chaleur,
- favoriser les équipements qui permettent de convertir l'énergie à moyen-long terme
Par ailleurs, Effinergie+ entend poursuivre sa progression contrairement au report de la dérogation dans le cadre de la RT 2012 avec son label Effinergie+.
Effinergie continue sa mission, depuis sa création en 2006, de soutien aux acteurs qui vont de l'avant et d'éclairage pour la préparation des futures étapes réglementaires de la construction. Les premiers retours sur les bâtiments collectifs labellisés montrent que plus de la moitié anticipe déjà le niveau planifié pour le label effinergie+ en 2015. En même temps qu'un certain nombre d'acteurs a réclamé une pause, la conception et la construction de bâtiments BEPOS continuent à progresser préfigurant l’horizon 2020. Ainsi, le BEPOS-effinergie déjà expérimenté dans plusieurs Régions suscite un vif intérêt.
En effet, les progrès significatifs réalisés par les maîtres d’ouvrages, les concepteurs, les entreprises, les matériels et matériaux créent un contexte favorable au confortement de la sobriété énergétique des bâtiments, prérequis indispensable au BEPOS. Comme annoncé lors son lancement en janvier 2012, le niveau de consommation d’énergie du label effinergie+, pour les logements collectifs, va donc converger vers celui de la maison individuelle à 40kWhep/m2.an au 1er janvier 2015. Afin d'accompagner la filière du bâtiment et exploiter le retour d’expériences, l'Observatoire BBC (www.observatoirebbc.org) rassemble l’ensemble des opérations construites répondant au label effinergie+, les maîtres d'ouvrage et les maîtres d'œuvre peuvent donc y partager leur savoir-faire. Le Collectif effinergie est plus que jamais le lieu d’échange et d’information de tous les acteurs de la construction et de la rénovation recherchant l'ambition énergétique.
"Chauffer une maison passive à l'électricité est une ineptie" - Le blog de habitat-durable
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