Un nouvel éclat pour la Grande Arche
Le bail emphytéotique administratif (BEA) de réhabilitation des propriétés de l’Etat de la grande Arche de La Défense à été confié à la société Eiffage, lauréat de la consultation lancée en 2012. Les travaux débuteront en janvier 2015 et concerneront à la fois l’extérieur et l’intérieur de la paroi sud et du toit: façades, organisation fonctionnelle et aménagement des espaces collectifs et des bureaux.
La réhabilitation des propriétés de l’État dans l’Arche se fera via un bail emphytéotique administratif (BEA), signé le 30 septembre. Cette opération permet de confier au groupement le financement et la réalisation des travaux. En contrepartie, un bail civil de longue durée est signé entre l’État et le groupement pour une durée de 20 ans. Au delà de cette période, l’État recouvrera la pleine propriété du bâtiment.
D’un montant d’environ 200 millions d’euros, les travaux porteront principalement sur la remise à niveau complète des équipements techniques et fonctionnels, la rénovation des façades, l’amélioration de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, la réhabilitation du toit en prévision de la réouverture de l'accès au public. Une exigence particulière sera apportée à l’exemplarité en matière de développement durable, notamment du point de vue énergétique.
Au terme de cette opération, en janvier 2017, les services de l’administration centrale du ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et du ministère du Logement, de l’Egalite des territoires et de la Ruralité seront ainsi répartis sur deux immeubles à La Défense : la tour Séquoia et la paroi sud de l’Arche.
A partir des années 1960, les présidents de la République successifs G. Pompidou et V. Giscard d'Estaing entretiennent l'ambition de bâtir une œuvre architecturale monumentale sur l'axe prestigieux parisien : Louvre - Obélisque - Arc de triomphe. Après plusieurs projets non aboutis, c'est finalement sous la présidence de François Mitterrand que se concrétise ce projet, sous le nom de projet Tête Défense. En 1982, un concours international d'architecture est lancé. Ce grand concours comprend un règlement, un programme et des directives générales d'urbanisme insistant particulièrement sur la notion "d'axe" dans l'urbanisme parisien ainsi que sur le caractère grandiose et historique du projet mis en compétition. De plus, la vue lointaine devait offrir au regard une silhouette de "porte" marquant l'entrée dans le troisième millénaire.
Plus de 400 architectes du monde entier répondent à ce concours par des propositions variées... Lorsqu'il s'inscrit en 1982 pour participer à ce concours parisien, Otto Von Spreckelsen est âgé de 53 ans ; il enseigne l'architecture à l'Académie royale des Beaux-Arts de Copenhague. Parallèlement à cette activité professorale, il participe à quelques concours. Ainsi remporte-t-il, entre 1967 et 1971, des premiers prix pour des projets d'urbanisme et d'habitations. Entre 1970 et 1980, il construit un petit nombre d'édifices, dont trois églises dans la périphérie de Copenhague. Celles-ci sont des réalisations assez modestes, peu coûteuses et caractérisées par leur intégration dans le paysage. Son œuvre demeure cependant méconnue à l'étranger lorsqu'il participe à ce concours dont le règlement stipule l'anonymat des projets présentés par les concurrents. Spreckelsen présente l'esquisse d'une gigantesque arche qui attire l'attention du jury par sa simplicité et sa force. L'architecte danois choisit un compatriote, l'ingénieur Erik Reitzel, pour faire les études techniques. Celui-ci est également professeur à l'Académie royale des Beaux-Arts. Le 28 avril 1983, le jury présente au Président Mitterrand les deux premiers prix et deux autres projets remarqués. C'est finalement le projet d'Otto Von Spreckelsen qui est retenu... Le chantier durera quatre ans. Spreckelsen, décédé à 58 ans en 1987, ne verra jamais la réalisation de son œuvre.
La grande Arche est un cube évidé en son centre d'une fenêtre plus étroite. Ce vide, en résonance au Carrousel du Louvre et à l'Arc de Triomphe, laisse "passer" l'axe historique. Ce cube monumental, symbole de solidité et de pureté, garde cependant un caractère aérien et dynamique. Comme cela avait été voulu par Napoléon pour l'Arc de Triomphe, la Grande Arche prolonge la vision d'un alignement presque parfait des plus grands monuments de Paris : Le Musée du Louvre, la Pyramide du Louvre, L'Arc de Triomphe du Carrousel, le Jardin des Tuileries, la Place de la Concorde et l'Obélisque de Louxor, l'Avenue des Champs Elysées, l'Arc de Triomphe... La Grande Arche de la Défense, version "XXème siècle" des autres arcs, est davantage le symbole de l'avancée humaine et de ses idéaux plutôt que celui de victoires militaires.
De 1983 à 1985, Otto Von Spreckelsen peaufine son projet. Erik Reitzel, de son côté, analyse les solutions constructibles envisageables. Le problème des fondations est résolu par un décalage d'environ 6° par rapport à 'l'axe", qui permet d'éviter de construire sur le réseau des voies SNCF et automobiles. Ce pivotement du bâtiment renvoie également à celui du Louvre dont l'axe de symétrie diffère lui aussi de quelques degrés par rapport à celui qui passe sous l'Arc de Triomphe.
Le chantier durera 4 ans et emploiera 2000 ouvriers. Le poids total de l'édifice est de 300 000 tonnes. Une construction sur vérins hydrauliques lui permet de ne pas s'enfoncer. Ce cube évidé est surmonté d'un toit en terrasse de plus d'un hectare reposant sur douze piliers supportant chacun plus de trois fois le poids de la Tour Eiffel. Le vide central pourrait contenir la Cathédrale Notre Dame de Paris. Le béton constitue le matériau essentiel de cet édifice recouvert de plaques de marbre et de plaques de verre de 50 cm d'épaisseur, capables de résister à de forts coups de vent. Le vide central est habité par un "nuage", œuvre de Paul Andreu et de l'ingénieur Peter Rice.
Ce monument gigantesque a été inauguré en 1989 à l'occasion du bicentenaire de la Révolution. Il abrite aujourd'hui le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du développement durable et de la Mer, la Fondation Internationale des Droits de l'Homme, le Musée de l'Informatique, divers espaces culturels et événementiels, deux écoles supérieures, un restaurant gastronomique... Aujourd'hui, de nombreux immeubles de grande hauteur côtoient la Grande Arche, constituant le plus grand quartier d'affaires européen par sa quantité de bureaux (3 millions de m2). Le quartier de La Défense tient son nom de la statue : la Défense de Paris, œuvre en bronze de Louis-Ernest Barrias, célébrant les soldats ayant défendu Paris lors de la guerre franco-allemande de 1870.
Auteur : Architecte : Johann Otto von Spreckelsen Ingénieur concepteur : Erik Reitzel
Titre : La Grande Arche de la Défense
Date : 1983 - 1989
Technique : Béton, granit gris, plaques de marbre, plaques de verre
Dimensions : Hauteur : 110 m / longueur : 108 m / largeur : 112 m
Lieu : Commune de Puteaux, région parisienne
Nature : Architecture
Sujet : Cube évidé (arche)
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