La mission BIM pour un boom dans le bâtiment ?
Bertrand Delcambre a remis le 02 décembre dernier à Sylvia Pinel son rapport sur « la mission numérique du bâtiment »
Bertrand Delcambre, ambassadeur du numérique dans le bâtiment, a remis à Sylvia Pinel, ministre du Logement, de l’Egalité des territoires et de la Ruralité, son rapport sur le numérique dans le bâtiment, dans le cadre de la mission qui lui a été confiée en juin dernier.
Il définit les perspectives de gains liés à l’usage du numérique dans le bâtiment, en matière :
• d’économies pour les travaux de construction, d’entretien, de maintenance et d’exploitation des bâtiments ;
• de productivités liées à une meilleure maîtrise de l’information ;
• et de création d’emploi.
« Je tiens à saluer le travail exemplaire mené par Bertrand Delcambre, qui fait des propositions efficaces et pragmatiques afin de favoriserl’utilisation des outils numériques par les acteurs du secteur du bâtiment. Elles permettent de répondre aux besoins d’équipement, de gestion et de formation des entreprises, notamment des petites structures, pour accompagner la montée en compétence de la filière sur le numérique. Ces propositions visent également à développer et à élargir la gamme des outils numériques, et notamment les logiciels, pour qu'ils soient mieux adaptés aux besoins des PME, TPE et entreprises artisanales», a déclaré Sylvia Pinel ce matin.
Un plan d’action, issu des préconisations de ce rapport, sera annoncé par Sylvia Pinel très prochainement pour assurer la transition numérique de la filière bâtiment.
En synthèse du rapport, la mission « Numérique et Bâtiment » s’inscrit dans le cadre du Plan de relance de la construction, lancé en mai dernier par la Ministre de l’égalité des territoires, du logement et de la ruralité.
Les outils numériques sont porteurs d’innovation pour le secteur et constituent des pistes concrètes pour répondre aux objectifs du Plan : construire et rénover plus de logements de meilleure qualité, notamment environnementale, et à moindre coût.
Le rapport constate que les outils numériques sont déjà largement présents dans les métiers de la construction. En conception par exemple, les architectes travaillent depuis longtemps avec des logiciels de représentation 3D, les bureaux d’ingénierie ont des applications métiers de plus en plus puissantes pour intégrer un nombre croissant de paramètres dans les phases de conception technique. Les artisans eux-mêmes sont équipés d’ordinateurs et de smartphones, et échangent des informations dématérialisées avec leurs partenaires. Les gestionnaires de patrimoine ont des logiciels adaptés à leur besoin d’exploitation, d’entretien et de maintenance.
Le rapport poursuit et observe que la maquette numérique est l’innovation numérique majeure dans le secteur car elle a un impact potentiel sur tous les métiers. Elle est un véritable avatar virtuel attaché à l’ouvrage, qui contient à la fois ses propriétés géométriques et des renseignements sur la nature de tous les objets utilisés (composition, propriétés, etc.). Cet outil est en passe de modifier profondément l’ensemble des processus de construction.
Le BIM (« Building Information Modeling ») s’impose comme la méthode de travail basée sur la collaboration autour d'une maquette numérique ; cette maquette s’enrichit des apports des différents intervenants sur l’ouvrage, de la conception à la construction, et de la réception à la fin de vie. Elle permet ainsi à toutes les parties prenantes de mieux représenter, anticiper et optimiser les choix, tout au long de la vie de l’ouvrage.
Il rajoute également que les grandes structures (Entreprises, Architectes, Ingénieries, Industriels) utilisent de plus en plus ce nouvel outil, qui est progressivement imposé à l’international pour les projets d’envergure. En revanche, les plus petites l’utilisent peu, à l’exception de quelques pionniers qui sont convaincus de sa pertinence y compris pour des projets courants. Les retours de ces premières expérimentations sont tous très favorables et tous les acteurs qui l’ont essayé ne peuvent envisager de revenir en arrière.
Le rapport explique aussi que de l’avis de tous les experts, ces outils laissent entrevoir des gains potentiels très significatifs, tant en matière de productivité (réduction des délais, diminution des coûts) que d’amélioration de la qualité des projets. Ces gains sont escomptés aussi bien pour la construction neuve que pour la rénovation des bâtiments et la gestion patrimoniale sur la durée de vie de l’ouvrage.
Le rapport fait mention qu’à l’international, les initiatives visant à développer le BIM sont de plus en plus nombreuses ; des partenaires européens affichent des stratégies très offensives ; l’Union européenne a modifié récemment les directives relatives aux marchés publics pour encourager les Etats membres à recourir aux outils numériques. Ce contexte est favorable pour accélérer également sa diffusion en France.
Enfin, le rapport précise que l’État doit agir sans tarder pour éviter de prendre du retard par rapport aux concurrents, et pour faire en sorte que les entreprises françaises en bénéficient dans la compétition internationale.
Et de préciser qu’en fixant le cap et en montrant la voie, l’État peut mobiliser et entraîner l’ensemble des acteurs dans une voie de progrès majeure pour le monde du bâtiment. L’État peut espérer un effet de levier sur les investissements et la création d’emplois à haute valeur ajoutée. Son action pourrait s’organiser selon 2 perspectives : (i) installer un cadre de concertation et de gouvernance permanent avec les différentes parties prenantes publiques et privées et (ii) mettre en place une série d’actions structurantes à forte visibilité destinées à produire un premier effet d’entraînement, selon les 4 axes principaux suivants :
1. Convaincre et donner envie à tous les acteurs, et notamment aux maîtres d’ouvrage
L’objectif est de donner envie aux professionnels, notamment à toutes les petites structures TPE/PME, d’utiliser ces outils et méthodes. Les actions consisteront à (i) promouvoir, sous forme de concours et d’appels à projets, des expériences et démonstrations, (ii) mettre en évidence de la façon la plus précise possible tous les gains apportés et les écueils à éviter, (iii) rassembler et élaborer un corpus de documents de référence (notamment pour guider la maîtrise d’ouvrage) et des « kits pédagogiques » de vulgarisation. La création d’un portail national du numérique et l’animation de réseaux d’acteurs permettraient de porter l’essentiel de ces actions.
2. Répondre aux besoins d’équipement et de montée en compétences numériques des acteurs, notamment des TPE/PME
Sans les ressources en équipements et compétences, les acteurs de la filière, notamment les TPE/PME, ne pourront pas profiter des gains de la diffusion des outils numériques. Les actions pour lever ces freins consisteront à (i) encourager et démultiplier les formules de formation continue, telles que le mastère spécialisé BIM de l’ENPC et de l’ESTP, (ii) développer toute une panoplie d’outils de formation en ligne pour toucher le plus grand nombre sans avoir besoin de déplacer les artisans, (iii) promouvoir les programmes d’apprentissage de ces outils dans les formations initiales du monde du bâtiment et (iv) soutenir les initiatives de plate-formes collectives qui mutualisent l’accès aux ressources matérielles et logicielles.
3. Développer des outils adaptés à la taille de tous les projets
Tous les intervenants du projet n’ont pas besoin de maîtriser l’intégralité des informations contenues dans la maquette numérique, et tous les projets n’ont pas besoin d’une maquette extrêmement détaillée. L’objectif est de développer des outils adaptés à la taille des projets et aux différents métiers, (i) en élaborant des cahiers des charges appropriés aux différents métiers (de la conception à l’exploitation) pour stimuler l’offre des éditeurs de logiciels, (ii) en créant des « kits BIM » adaptés aux projets de taille modeste, (iii) en stimulant de nouvelles techniques de relevé des bâtiments existants rapides et peu coûteuses pour travailler sur les problématiques de réhabilitation et d’exploitation.
4. Installer la confiance dans l’Écosystème du Numérique Français
Pour que le BIM puisse effectivement servir à mieux gérer les interfaces et à partager une information de meilleure qualité, il faut assurer l’interopérabilité entre les logiciels et définir des formats de données utilisables par tous. Dans cette perspective, il est proposé (i) d’organiser et soutenir la représentation de la France (des intérêts de sa filière construction) au sein des instances de normalisation aux niveaux européen et international (CEN et ISO), (ii) mettre en place un dispositif de signes de confiance adapté aux outils, aux acteurs et aux projets, (iii) élaborer des bibliothèques de composants et de systèmes constructifs génériques, et les mettre à disposition de la filière.
Pour la mise en œuvre de ce plan d’actions, l’État doit jouer un rôle de pilote, en s’appuyant sur les organisations professionnelles qui représentent l'ensemble des acteurs de la construction et qui couvrent toutes les phases du cycle de vie d'un projet (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d'œuvre, industriels, entreprises, exploitants).
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