L'aggravation des conditions d'exercice du métier d'architecte...
C’est en 2005 que le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) a, pour la première fois publié un observatoire de la profession, conduit à travers une enquête menée par l’Institut de sondage IFOP. Cet outil, riche d’enseignements a été pérennisé et depuis, tous les 3 ans, le CNOA a donc décidé de renouveler cette enquête. Après 2008 et 2011, en voici les résultats de la quatrième vague 2014.
Comme pour les années précédentes, cette étude a été réalisée en deux temps: une première phase quantitative auprès d’un échantillon représentatif de 814 architectes inscrits au Tableau de l’Ordre et en activité (selon la méthode des quotas: sexe, âge, mode d’exercice, région d’appartenance); une seconde phase qualitative, par entretiens individuels approfondis dont le CNOA a retranscris un certain nombre de verbatim.
L’enquête de 2014 se divise en trois parties : identification des pratiques professionnelles et de la situation économique, perception du métier et image de l’Ordre des architectes. S’agissant plus précisément de l’identification des pratiques professionnelles, le CNOA a choisi cette année d’insister sur trois aspects : les salariés, l’accueil des architectes diplômés d’État (ADE) dans les agences et la formation continue.
Le premier constat de l'enquête montre une situation de crise qui perdure qui a un fort impact sur les conditions d’intervention des architectes.
Si,comme l’indique IFOP, entre 2008 et 2013, le chiffre d’affaires annuel moyen variait légèrement, il restait néanmoins au-dessus du seuil de 270 000 euros annuels. En 2014, en revanche, il diminue fortement pour se situer à 261 000 euros annuels. C’est ainsi que près de 30 % des architectes déclarent appartenir à la tranche la plus faible, à savoir moins de 50 000 euros par an. De même le revenu moyen déclaré s’élève à 33 234 euros, soit une diminution nette par rapport à 2011 où il se situait à 34 299 euros.
Cette aggravation des conditions d’exercice de notre profession s’explique en partie par une contraction de la commande publique aggravée, on le sait, par un contexte électoral défavorable (de 47 % en 2008 à 42 % en 2014 pour les collectivités locales) et un fléchissement de la commande des promoteurs privés liée, comme nous avons pu tous le constater, à la forte dégradation ces dernières années, de la construction de logements (moins 14 points depuis 2008).
À l’inverse, les particuliers deviennent des donneurs d’ordre en constante augmentation : 64 % en 2014 contre 58 % en 2011. Cette catégorie de commanditaires concerne en particulier les architectes exerçant à titre individuel (76 %), les jeunes (74 % de moins de 40 ans), les femmes (74 %), soit ceux déclarant les revenus les plus limités.
Le chiffre d'affaires annuel moyen hors taxes de l'agence au cours des trois dernières années © Cnoa/Ifop
Un autre constat amer, celui d'une perte de confiance face à l’avenir du métier.
Dans ce contexte économique difficile, où le nombre de salariés dans les agences diminue (plus de deux agences sur trois en 2014 n’ont pas de salariés), la profession se déclare majoritairement pessimiste quant à l’avenir du métier.
La bonne image sociale dont les architectes bénéficient et dont la majorité de la profession se déclare satisfaite, ne suffit pas, en effet, à faire oublier la frustration que bon nombre d’architectes éprouvent à l’égard de la charge de travail et de responsabilités qui leur incombent dans un contexte de complexité administrative et normative croissante.
Néanmoins, une réjouissance importante, les architectes sont de plus en plus nombreux à entretenir leurs compétences, en particulier dans les domaines du développement durable et de la haute qualité environnementale, qui représentent un enjeu très important.
Enfin, l'enquête observe une forte attente vis-à-vis de l’Institution.
La crise que traverse la profession est profonde. Ses racines sont autant culturelles que sociales et économiques. Les conditions de son exercice, la nature et la diminution de la commande mettent en cause la viabilité économique de la profession.
La loi sur l’architecture et l’encadrement législatif de la création architecturale ne suffisent pas à garantir la qualité du cadre bâti. Les multiples dérogations à la loi, la place congrue réservée à notre exercice ne nous permettent plus d’être garants de l’intérêt public de l’architecture.
L’Ordre des architectes agit pour réaffirmer le rôle essentiel des architectes dans la fabrication de la ville pour un urbanisme rénové et écologique, dans la construction neuve et dans la réhabilitation vers une transition qui place la sobriété énergétique au cœur d’un nouveau mode de vie.
Le CNOA agit auprès des pouvoirs publics en faveur d’une réforme de l’enseignement initial pour qu’il soit mieux adapté aux évolutions de la commande et prévoie ainsi dans les programmes, l’enseignement spécifique à la réhabilitation ou aux nouveaux outils numériques. De même, en matière de formation continue, le CNOA s'efforce, avec les Conseils régionaux de l’Ordre, de développer une offre correspondant le mieux possible aux besoins.
Par ailleurs, il s'attache aussi à replacer l’architecture au centre de la construction du quotidien, en réclamant inlassablement l’abaissement du seuil de l'intervention et en travaillant à la mise au point de mesures incitatives favorisant, en dessous de ces seuils, le recours à l’architecte.
L’Institution s’efforce de faire davantage connaître le métier d'architecte auprès du public et des élus : auprès de tous les citoyens en apportant tout son soutien au travail mené par les Maisons de l’architecture et en développant des actions vers le grand public telles que les Journées Portes Ouvertes des agences d’architecture.
Le CNOA souhaite engager de manière plus profonde les réflexions autour de l'acte de bâtir et du rôle de l'architecte dans une société en pleine mutation avec les élus et tous les acteurs.
Le marché de la construction souffre, et avec lui tous ses acteurs. Cette aggravation des conditions d’exercice, notamment portée par la contraction de la commande publique, se répercute sous la forme d’un recul des chiffres d’affaires et des revenus des architectes. Cette restriction des ressources se manifeste concrètement par une suppression de postes, souvent des fonctions supports, qui inquiète les architectes. Le pessimisme général renforce l’attente d’un Ordre protecteur de la mauvaise conjoncture. De par son statut, le Conseil national de l’Ordre des architectes doit pouvoir apparaître en rempart crédible contre cette dégradation des conditions d’exercice comme un promoteur de l’architecture, ainsi que comme un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, et autres acteurs politico-économiques.
Néanmoins, pour répondre à cet appel, le CNOA met dès à présent en œuvre des moyens de renforcer la compétence des architectes, notamment à travers l’amélioration de leur formation. D’une part, l’accueil des jeunes diplômés au sein des entreprises est favorisé afin que ces débutants parviennent à maîtriser au mieux les codes du monde du travail, indispensables à leur vie future. D’autre part, la formation continue obligatoire, parfois source de discussions en interne, apparaît comme un bon moyen de former les architectes aux nouvelles exigences du métier, garantissant par là même la qualité de leurs réalisations tout au long de leur carrière, en adéquation avec les évolutions de la société.
Dure réalité pour les architectes ! - Le blog de habitat-durable
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