Quand l’UE tourne le dos à la transition énergétique …
Les dirigeants européens sont parvenus à un nouvel accord sur de nouveaux objectifs sur le climat et l’énergie à l’horizon 2030 dont les principales mesures sont que l’Union européenne devra réduire ses émissions d’au moins 40 %, et fournir au moins 27 % de son énergie à partir d’énergies renouvelables, et réduire la consommation d’énergie d’au moins 27 %.
Si ces mêmes dirigeants savourent ce qu’ils qualifient comme une mesure la plus ambitieuse au monde, à y regarder de plus près il n’y a pas de quoi se satisfaire d'un nouvel accord en trompe l’oeil car réduire de seulement 40 % les émissions européennes par rapport au niveau de 1990 est bien en-deçà de ce que préconise la communauté scientifique si l’on veut parvenir à limiter l’augmentation de la température du globe en dessous de 2 °C.
Bref, l’UE reste profondément attachée aux recours des énergies fossiles qui n’apportent rien de profitables si ce n’est qu’ils polluent et qu’ils professent une logique très loin de l’éthique au seul nom du profit à court terme. Une pauvre vision qui s’acharne à promouvoir un modèle archaïque conduisant à une impasse. Avec un tel objectif, le signal pour motiver les industriels vers la recherche et l’innovation sur des ressources d’énergies renouvelables s'éteint, et ainsi que celui sur les avantages économiques en termes d’emploi que ces investissements peuvent représenter.
En effet, C’est aussi irréaliste par rapport à l’objectif de réduction des émissions de l’Union européenne de 80 à 95 % en 2050 : en 15 ans ne sera réalisé que 40 % de l’effort.
Parmi les trois objectifs, seul celui de 40 % de réduction des émissions est contraignant et se traduira au niveau domestique. L’objectif de 27 % d’économies d’énergie ignore l’analyse de la Commission européenne qui montre l’impact positif sur l’emploi, l’économie et la sécurité énergétique qu’aurait un plus haut niveau d’ambition.
A ce sujet, un rapport des Amis de la Terre Europe révèle qu’un objectif faible de réduction de la consommation n’a qu’une influence marginale sur la réduction des importations d’énergies fossiles. Réduire la consommation est pourtant la clé pour éviter que l’Europe ne se tourne vers des choix dangereux comme le nucléaire ou les gaz de schiste au nom de l’impératif de la demande.
Quant à l’objectif d’énergies renouvelables de 27 %, il est également insuffisant. « Avec un tel objectif, c’est comme si l’on disait aux gouvernements européens : ’n’essayez pas de faire mieux que ce que vous faites déjà’ ! C’est une aberration : l’Europe pourrait aller beaucoup plus loin en matière d’énergies renouvelables si elle encourageait et valorisait la production d’énergie locale, décentralisée et maîtrisée, et les emplois, et non en se mettant à la solde des lobbies énergéticiens, comme c’est le cas aujourd’hui » regrette Florent Compain, Président des Amis de la Terre.
Sur les économies d’énergie. Le faible objectif décidé par les chefs d’État de l’UE sur les économies d’énergie (au moins 27%) se traduira pas un ralentissement des progrès dans ce domaine après 2020, par rapport aux tendances actuelles. En mettant un frein aux économies d’énergie, les gouvernements perdent une occasion unique d’améliorer la sécurité énergétique de l’Europe et de promouvoir des centaines de milliers de créations d’emplois.
L’opposition notable du Royaume-Uni à cet objectif, jusqu’à la dernière minute, montre que les enjeux de politique nationale viennent empoisonner l’ambition européenne (notamment, le rôle des partis eurosceptiques en Grande-Bretagne).
Sur les énergies renouvelables. L’objectif décidé par les dirigeants des Vingt-Huit sur les énergies renouvelables (27% en 2030) est un net recul. Il équivaut à un spectaculaire ralentissement du développement des énergies renouvelables en Europe. Les chefs d’État ont ignoré les appels des citoyens, des collectivités territoriales, et de nombreuses entreprises à viser plus loin.
En outre, l’objectif décidé n’est pas contraignant sur les Etats membres, et ne se traduira par aucune punition en cas de non respect. C’est la recette d’un échec annoncé, comme cela a été le cas pour l’objectif 2020 sur les économies d’énergie.
Si l’accord est positif pour quelqu’un, c’est bien pour les lobbies énergétiques et industriels, au détriment de l’accès à l’énergie et de conditions de vie décentes et pérennes pour les citoyens européens. Le processus de négociation du paquet énergie-climat avait en effet fait l’objet de fortes pressions des grands énergéticiens européens, notamment EDF et GDF qui ont tout intérêt à ce que le gaz de schiste et le charbon se développent en Europe.
Le faible niveau d’ambition européen est également de mauvais augure à la veille des négociations sur le climat pour l’accord de 2015. « L’Europe vient de prouver qu’elle ne sera pas leader sur l’exemplarité climatique en vue de 2015. Nos dirigeants n’ont pas tenu compte des initiatives citoyennes qui fleurissent sur les territoires pour mettre en place d’autres modes de consommation et de production, d’autres modèles énergétiques.. Ils renforcent le fossé existant entre leurs décisions et les attentes populaires. Mais les citoyens, eux, ne failliront pas en 2015 : ils seront là pour désigner les responsables des changements climatiques et promouvoir les alternatives réelles. » conclut Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
Conclusion, ce que l'Europe nous offre sur un plateau c'est l'acharnement à encourager un modèle économique qui ne cesse d'entrainer la France vers une impasse. Un modèle proposé qui suit une logique de maximisation du profit au nom de la croissance du PIB, il est temps alors de sortir de ce déclin en réordonnant certaines priorités et changer de paradigme ...
Conclusions sur le cadre d'action en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030
"Changer d'air, c'est salutaire !" - Le blog de habitat-durable
Changer d'air, c'est salutaire !& Le 13 décembre dernier, le blog avait publié l'épisode de pollution de l'air de grande envergure qui a traversé la France entrainant des mesures de restriction...
http://www.blog-habitat-durable.com/2013/12/changer-d%E2%80%99air-c%E2%80%99est-salutaire.html