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LA JEUNE CRÉATION AU BAL – STANDARDS&POORS - SYLVAIN COUZINET-JACQUES – Part I

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LA JEUNE CRÉATION AU BAL – STANDARDS&POORS - SYLVAIN COUZINET-JACQUES – Part I

LA JEUNE CRÉATION AU BAL – STANDARDS&POORS - SYLVAIN COUZINET-JACQUES – Part I

Une exposition du 13 décembre 2013 au 5 janvier 2014 en deux parties…

Dans le cadre de son exposition ‘’La Jeune Création au Bal’’, Le Bal présente le Prix des écoles d’art SFR Jeunes Talents, en consacrant le travail de deux artistes. Le 1er lauréat 2012 du Prix des écoles d’art SFR Jeunes Talents / Le Bal est Sylvain Couzinet-Jacques diplômé de l’école Nationale Supérieure de la Photographie. Le 2ème, lauréat 2013 du Prix SFR Jeunes Talents est Samuel Gratacap

PARTIE I - PRIX 2012 DES ÉCOLES D’ART SFR JEUNES TALENTS / LE BAL

À L’OCCASION DE LA QUATRIÈME ÉDITION DU PRIX DES ÉCOLES D’ART SFR JEUNES TALENTS / LE BAL 2012, LE JURY, COMPOSÉ DE XAVIER BARRAL (XAVIER BARRAL ÉDITIONS), BERNARD UTUDJIAN (GALERIE POLARIS), ANTOINE D’AGATA, ORIANE BONIFASSI (SFR JEUNES TALENTS) ET FANNIE ESCOULEN (LE BAL), A DISTINGUÉ LE TRAVAIL DE SYLVAIN COUZINET-JACQUES, DIPLÔMÉ DE L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE LA PHOTOGRAPHIE D’ARLES EN 2012.

Par leur soutien actif à la création contemporaine, LE BAL et SFR, à travers son programme Jeunes Talents, encouragent les jeunes photographes à poursuivre et développer leurs recherches. Dans cette perspective, ils ont créé en 2009 le Prix des Ecoles d’Ar SFR Jeunes Talents / LE BAL. Ce prix, destiné aux étudiants en école d’art (tous niveaux) ainsi qu’aux anciens étudiants diplômés depuis moins de trois ans, est dôté d’une borse de 5000 euros dans le but d’accompagner le lauréat dans la réalisation ou la poursuite d’un travail de création d’une oeuvre photographique documentaire.

Pour la première édition du prix, la jeune photographe Marie Sommer a été récompensée pour son travail Teufelsberg. En 2010, Lolita Bourdet a été lauréate pour sa série René et Jean et en 2011, Dorothée Davoise avec son travail L’autre Grèce. En 2009, 2010 et 2011, le travail des lauréats a été publié par LE BAL en partenariat avec les éditions Filigranes.

Depuis 7 ans, SFR propose un programme pluridisciplinaire d’accompagnement à trois communautés : musiciens, photographes et entrepreneurs. Le programme SFR Jeunes Talents constitue un tremplin pour chacun d’entre eux. Il vise à faire valoir une idée, un projet, une vocation pour les aider à franchir les étapes clés de leur parcours. SFR conseille les Jeunes Talents, leur permet d’accéder à un réseau de professionnels et d’experts dans chaque domaine. Il leur donne également accès aux plus grandes scènes et expositions.

STANDARDS&POORS - SYLVAIN COUZINET-JACQUES

« STANDARDS&POORS SE PARTAGE ENTRE LA TRANSCRIPTION D’UNE RÉALITÉ VIOLENTE ET LE RÉ-ENCHAN- TEMENT POÉTIQUE COMME RÉSISTANCE. ENTRE LA PHOTOGRAPHIE COMME DOCUMENT ET SA DISSOLUTION POSSIBLE ET NÉCESSAIRE.» SYLVAIN COUZINET-JACQUES

Pendant plusieurs mois, Sylvain Couzinet-Jacques a parcouru l’Espagne en crise. Standards&Poors évoque quatre espaces désertiques. Des opérations immobilières pharaoniques sont sur le point d’y voir le jour. Ces projets de casinos, de golfs ou d’hôtels 5 étoiles évalués à plusieurs dizaines de milliards d’euros paraissent démesurés tant l’Espagne est parsemée de constructions inachevées, jusqu’à l’aéroport de Castellon ou la ville fantôme de Valdeluz. Il y a EUROVEGAS à Madrid, BARCELONA WORLD à Tarragone, FERRARI PARK à Valence, PARAMOUNT PARK à Murcie. Ces projets incarnent le nouvel Eldorado des promoteurs et des investisseurs, stupéfiantes projections, à l’heure où les stigmates d’une spéculation immobilière frénétique marquent encore le paysage.

Standards&Poors explore au plus près les capacités documentaires de l’image photographique et leur inscription au sein d’un dispositif politique. L’installation est composée de deux ensembles de photographies et d’une installation lumineuse. La première pièce photographique documente les quatre territoires sujets aux gigantesques projets. Ce sont des polaroids, des tirages argentiques réalisés avec des procédés expérimentaux ; la lumière les fragilise. Les territoires ainsi documentés composent les points cardinaux de l’exposition. Les photographies de la seconde pièce photographique sont protégées des rayonnements lumineux par des verres anti-UV réalisés spécifiquement. Le verre des images rappelle le fumé des lunettes de soleil. L’installation lumineuse est constituée de lampes UV utilisées pour l’archéologie, le bronzage artificiel, l’authentification d’oeuvres d’art ou de billets de banques. Elle irradie les oeuvres. L’ensemble des photographies de l’installation est ainsi exposées à la lumière destructrice des UV.

Alors, les photographies qui documentent les lieux de spéculation immobilière sont inéluctablement amenées à disparaître tandis que les autres, présentées sous des verres sunglasses, sont résistantes.

Né en 1983, Sylvain Couzinet-Jacques est diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille en 2009 et de l’École Nationale supérieure de la Photographie d’Arles en 2012. Son travail a été exposé notamment aux Rencontres d’Arles en 2012, à Paris Photo et à la Galerie du Jour Agnès B., au Salon de Montrouge et au festival Kyotographie à Kyoto en 2013.

Photo 1 : Lolita Bourdet, René et Jean, lauréate 2010 / Marie Sommer, Teufelsberg, lauréate 2009 Dorothée Davoise, L’autre Grèce, lauréate 2011 / Sylvain Couzinet-Jacques, Standards&Poors, lauréat 2012

© Sylvain Couzinet–Jacques, Valencia, 2013

© Sylvain Couzinet–Jacques, Valencia, 2013

STANDARDS&POORS PAR LÉA BISMUTH

APRÈS LA CRISE

Que reste-t-il ? Cette simple question, avec si peu de mots, ouvre un monde. Que faire une fois que ça a eu lieu ? Que faire après ? Sylvain Couzinet-Jacques marche, décrit des zones sur une carte qu’il se doit d’arpenter. La crise est passée par là, ruinant l’Espagne pour mieux l’abandonner, comme un cyclone ingrat. Mais, à la différence des champs de bataille, la guerre économique a lieu sur d’autres territoires, avec d’autres conséquences. Ici, pas de destruction par le feu. Aucune tombe sur laquelle prier. Seulement un arrêt, une coupe dans le temps, sorte de glaciation de l’image. Pause. La crise bancaire, financière et immobilière qu’a vécu l’Espagne n’est donc pas une guerre. Elle n’en porte pas les mêmes stigmates, tranchées ou murs bombardés. Rien de tout cela.

A la place, partout des panneaux « A vendre ». Des chantiers qu’un beau matin, on a décidé de négliger, les laissant à leur sort. L’hyper-spéculation qui a mené le pays à sa perte a laissé des traces, des noms enchanteurs de pacotilles : Eurovegas ou Ferrari Park. Ça fleure bon l’Amérique, le Black Jack, les voitures de sport et les starlettes à paillettes. De ce rêve grotesque, il ne reste plus qu’un peu de poussière sous le soleil brûlant. Et Sylvain Couzinet-Jacques perdu là, dans ces zones d’attente, ces secteurs certes cartographiés, bien existants, mais désormais sans utilité. Ces chantiers avortés gênent même un peu. N’y-a-t-il rien de pire que lorsque, justement, on ne peut ni arrêter ni continuer ? On laisse en suspens, on oublie, on essaie de ne pas y penser, on déserte et surtout on ne se retourne pas. Sylvain Couzinet-Jacques prend des polaroïds. Tout est calme là-bas, mais il n’y a pas de banc où s’asseoir, pas de café où se reposer. Seuls les palmiers assoiffés regardent ce triste paysage : des grillages, des terrains vagues, des routes hyper modernes et goudronnées qui s’arrêtent brutalement sur le vide. Que faire ? Faire table rase, mais avec quelle détermination et pour aller où ?

NOCIVITÉ ET DISPARITION

C’est à partir de ce blocage que la photographie intervient, sous la forme de polaroïds détruits par la chaleur, fondus, aux couleurs évanouies, nous renvoyant l’image d’un monde vu avec des lunettes post-apocalyptiques. Les images sont détériorées, parce qu’il ne peut pas en être autrement. Cependant, ces images abîmées n’ont pas la petite aura facile des images faussement vieillies : elles ont la force des rescapées, des films retrouvés dans une valise cinquante ans après leur prise de vue, des lucioles dans la nuit des déserts. Bientôt, elles s’éteindront. Et c’est sur ce point que l’exposition se construit, puisque les images, dans la quasi-obscurité, finiront par disparaître car des lampes UV brûlent ce qu’il reste de chair. Cette disparation est un processus, un acte, dont l’issue est inévitable. La lumière est ici nocive, elle atteint de ses rayons, sans esquive possible. Coup de soleil. Brûlure. Danger.

La lumière noire est utilisée dans les boîtes de nuit où les corps se relâchent et s’amusent, dans les instituts où les corps brunissent pour être plus beaux et paraître plus minces, dans les banques et les casinos pour contrôler les vrais et les faux billets. Cette lumière violette est bien celle du capitalisme qui clive, sépare les riches des pauvres, le vrai du faux, les danses préconçues des night-clubs des rituels ancestraux. De cette lumière, il faut se protéger. Le risque est l’aveuglement, la rétine anéantie. Certaines photographies seront « immunisées » par des filtres. Ces images hors d’atteinte sont bien celles qui se sortent de la crise ; ce sont les banquiers qui se cachent, qui se terrent pour qu’on les oublie ; ce sont les évadés fiscaux, condamnés à se créer leur propre prison à l’air libre dans certains paradis.

L’INDICIALITÉ EN QUESTION

L’installation photographique Standards & Poors est à mettre en relation avec la série Outstanding Nominals dans laquelle Couzinet-Jacques reprend des images d’émeutiers à capuches, aux visages absents, invisibles, non détectables. Là aussi, il leur fait subir un traitement, travaillant au corps leur nature indicielle, leur résonnance d’actualité. Les images sont trouvées sur internet et certaines zones sont agrandies. Elles sont ainsi altérées, pixellisées, floutées. Il obtient des sortes de suaires numériques qui n’ont plus rien de christiques. En effet, si ces « suaires » sont l’empreinte de quelque chose — pour reprendre la théorie bazinienne de l’ontologie de l’image photographique comme trace, comme le Christ laisse la marque de son visage sur le voile de Véronique — c’est bien la trace de la réalité virtuelle de l’image contemporaine dont ils témoignent : les photographies ont été prises à la volée, avec des téléphones portables ou des caméras de surveillance, pour se propager dans un flux internet qui n’a ni début ni fin, et pas vraiment d’idéologie. Sylvain Couzinet-Jacques affronte l’image photographique de plein fouet, il se frotte à sa résistance. Et c’est « au présent » qu’il opère.

Léa Bismuth est critique d’art (membre de l’AICA) et écrit notamment dans art press depuis 2006. Elle est aussi commissaire d’exposition indépendante (Bruissements, Nouvelles Vagues du Palais de Tokyo 2013).

Ferrari Park, 2013 © Sylvain Couzinet–Jacques	4	11

Ferrari Park, 2013 © Sylvain Couzinet–Jacques 4 11

SAMUEL GRATACAP LAURÉAT DU PRIX 2013

EN 2013, LE BAL ET SFR JEUNES TALENTS ONT CHOISI D’OUVRIR LEUR PRIX À LA JEUNE CRÉATION EUROPÉENNE. INITIALEMENT DESTINÉ AUX ÉTUDIANTS ET ANCIENS ÉTUDIANTS DES ÉCOLES D’ART FRANÇAISES, LE PRIX EST DORÉNAVANT OUVERT À TOUT PHOTOGRAPHE DE MOINS DE TRENTE ANS RÉSIDANT EN EUROPE. LA DOTATION DU PRIX PASSE DE 5000 EUROS€À 10000 EUROS, CE QUI EN FAIT L’UN DES PRIX LES MIEUX DOTÉ POUR LES JEUNES PHOTOGRAPHES.

L’objectif du Prix reste le même : accompagner un lauréat dans la réalisation d’un projet de création d’une oeuvre photographique documentaire pendant un an et lui dédier une exposition au BAL, l’année suivante. Pour cette nouvelle formule, un jury prestigieux composé de Pascal Beausse, responsable des collections photographiques du CNAP; Valérie Jouve, artiste; Oriane Bonifassi, responsable SFR Jeunes Talents; Diane Dufour, directrice du BAL; Fannie Escoulen, directrice adjointe du BAL, a décerné le prix à Samuel Gratacap.

Depuis 2007, Samuel Gratacap mène une réflexion sur la représentation des enjeux géopolitiques nord-sud, sud-sud, et des espaces transitoires sur la carte des routes migratoires en Méditerranée. Son travail d’investigation et d’immersion s’articule autour de l’image photographiée et filmée. Il a déjà concrétisé plusieurs projets dans des zones de transit, notamment dans le centre de rétention administrative de Marseille (2007-2008), sur l’île de Lampedusa (2010), et vit depuis deux ans entre la France et la Tunisie.

Il a suivi sa formation artistique à l’école des beaux-arts de Bordeaux, puis à l’école supérieure des beaux-arts de Marseille où il s’est orienté vers la photographie et la vidéo. Il fut assistant pour le collectif Stalker (2004-2008) puis des artistes Bouchra Khalili (Mapping journeys - 2008) et Antoine d’Agata (Odysseia - 2013).

« Le projet SFR-LE BAL sera l’occasion d’achever, par l’écriture d’un texte, un travail documentaire au long-cours réalisé dans le camp de réfugiés de Choucha (Tunisie - 2012-2013 /projet financé par le CNAP / Fonds d’aide à la photographie documentaire contemporaine) puis de partir pour la Libye. Ce dernier choix s’ est précisé suite à la récupération d’une vidéo amateur réalisée au portable (voir visuel) qui nous montre le naufrage d’un Zodiac dans la région de Tripoli. En partant de cette vidéo je souhaiterais questionner ma propre pratique de l’image, explorer des techniques de prises de vues et de sons “amateur” tel que le téléphone portable et me mettre ainsi en situation d’urgence et d’instantanéité face à des histoires naufragées. Mon objectif sera de collecter et produire un matériel “images/sons”, capté en Tunisie et en Libye, en lien avec le déplacement et l’enfermement des migrants et demandeurs d’asile d’origine sub-saharienne de ce côté de la Méditerranée. » Samuel Gratacap

© Samuel Gratacap

© Samuel Gratacap


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