LE TROPHÉE BÂTIMENT SANTÉ 2014 RÉCOMPENSE L’ÉCOLE MATERNELLE JEAN CARRIÈRE DE NÎMES (30) « LES PLATANETTES »
Pour sa 4ème édition, le colloque LES DÉFIS BÂTIMENT & SANTÉ a attiré 420 visiteurs désireux d’échanger sur la thématique « la santé dans le bâtiment, de la crèche au lycée - Attention enfants ». Conférences et tables rondes ont rythmé les échanges entre professionnels du bâtiment, de la santé et du secteur de l’éducation le jeudi 22 mai 2014 au Centre des congrès de la Cité des Sciences de la Villette. Retour sur cette manifestation faisant la part belle aux enjeux d’avenir et aux préoccupations sanitaires, sociales et environnementales majeures...
En fin de journée, les conférences et tables rondes ont laissé place à la remise des Trophées Bâtiment Santé 2014 par Gilles Aymoz de l’ADEME et Julie Nicolas du MONITEUR. Suzanne Déoux (Association Bâtiment Plus), Souad Bouallala, Pierre Deroubaix (ADEME), Frédérique Vergne (Le Moniteur.fr), Bettina Horsch (Ecole d’Architecture de Nantes), Julien Haase (Agence d’architecture), Véronique Girard (Psychosociologie environnementale), Philippe Herbulot (CARDONNEL Ingénierie), Nathalie Leclercq (ASPA) et Juliette Larbre (LHVP) ont constitué un jury d’excellence afin d’élire le bâtiment qui a su concilier avec le plus de pertinence enjeux sanitaires et préoccupations énergétiques et environnementales pour l’accueil des enfants. Ce jeudi 22 mai 2014, parmi les six bâtiments candidats présélectionnés par le comité technique (membres du réseau Risques en Santé dans l’Environnement Bâti (RISEB) des diplômés d’ingénierie de santé dans le bâtiment) et sur les critères d’environnement lumineux, sonore et hygrothermique, de qualité de l’air intérieur et de l’eau, des enjeux humains et éducatifs, de la qualité d’accueil, de la maintenance, de l’entretien et de la sensibilisation des usagers, l’école maternelle Jean Carrière à Nîmes a été récompensée pour sa démarche résolument proactive et multicritères en matière de santé et de développement durable.
Démolir un ancien établissement scolaire en préfabriqué pour construire une école intégrant les objectifs du développement durable, en conservant les platanes, véritable charme de l’installation, et sans impacter la parcelle située en zone inondable, tels sont les défis relevés avec brio par cette école maternelle qui offre aujourd’hui un accueil de qualité dans un quartier défavorisé de la ville de Nîmes (Gard). Livrée en décembre 2011, l’école maternelle et centre de loisirs « Les Platanettes » à Nîmes dispose d’une capacité d’accueil de 150 enfants (budget de 3,1 millions d’euros HT pour 1 592 m2 SHON). Ses concepteurs (la ville de Nîmes comme maîtrise d’ouvrage et Tectoniques Architectes, Atelier GA, IGBAT, ENERGETEC, INDDIGO pour la maîtrise d’œuvre) ont su privilégier la qualité architecturale du bâtiment, doté d’une belle vue sur l’extérieur et d’une acoustique adaptée à l’enseignement. Un soin particulier a été porté aux choix des produits de construction et du mobilier, à l’aménagement des espaces extérieurs, à la sensibilisation du personnel ainsi qu’à l’entretien et à la maintenance des lieux. Une combinaison d’avantages en faveur du confort global des élèves et des enseignants : depuis 2011, les utilisateurs témoignent de la meilleure concentration des enfants au sein d’une ambiance apaisante, confortable et propice à l’acquisition de savoirs.
UNE MANIFESTATION DE GRAND INTERÊT EN FAVEUR DE LA SANTÉ DES ENFANTS : UN BILAN 2014 POSITIF !
En partenariat scientifique avec l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et le Centre International du Bâtiment (CIB), le colloque LES DÉFIS BATIMENT & SANTÉ créé et organisé par Suzanne Déoux (Association Bâtiment Santé Plus), Docteur en médecine, professeur associé honoraire à l’Université d’Angers (où elle a conçu le master RISEB), cofondatrice et Directrice Associée de Medieco Conseil & Formation, a rassemblé pas moins de 420 participants, soit une augmentation de 60 % par rapport à la première édition en 2011. Le colloque a réuni
une trentaine d’intervenants d’horizons variés - collectivités territoriales, acteurs et industriels du bâtiment, responsables et gestionnaires d'établissements publics, professionnels de santé et de l'éducation, laboratoires de mesures et de contrôle -, autant de partenaires publics et privés et 10 % d’étrangers (européens, américains, asiatiques, etc.) révélant une dimension internationale marquée et très enrichissante.
UN CARREFOUR DE SAVOIRS ET DE REGARDS SUR LE THÈME DE LA SANTÉ DANS LE BÂTI...
Dans le cadre de l’édition 2014 des DÉFIS BATIMENT & SANTÉ, ce public de professionnels a été appelé à s’interroger sur les enjeux de santé dans les cadres de vie accueillant les jeunes publics, à travers des sujets aujourd’hui fondamentaux tels que l'évaluation et la surveillance de la qualité de l'air intérieur pour l’avenir respiratoire des usagers, l'acoustique dans les lieux d'acquisition du savoir, la lumière, stimulante pour l’intellect, les champs électromagnétiques, l’entretien des toilettes scolaires… autant de thématiques à prendre en compte dans les projets de construction ou de rénovation des établissements accueillant des enfants (crèches, établissements scolaires et périscolaires...), pour une démarche durable et respectueuse de l’environnement et de la santé des hommes.
Animées par Denis Cheissoux, producteur et animateur de l’émission CO2 mon amour sur France Inter, présentations et tables rondes ont mis en exergue l’apport de la psychosociologie et ont permis de réaliser un focus international sur les environnements intérieurs des crèches et des écoles à travers des interventions sur les connaissances et les réglementions en vigueur au Canada, à Singapour et en Finlande. Par cette nouvelle ouverture internationale, le colloque a instauré des pistes de réflexion et des éléments de comparaison très instructifs pour chaque pays membre du Conseil International du Bâtiment :
- pour l’Université nationale de Singapour, Evelyn Teo, professeur associé au département Bâtiment, a présenté la quatrième version du label Green Mark et son application aux écoles ;
- pour le Conseil national de recherches Construction du Canada, Morad Atif, Gestionnaire principal, a évoqué les relations étroites entre ventilation, qualité de l’air intérieur et santé respiratoire, mais aussi la publication prochaine de normes d’émissions pour les produits bois et les techniques de réduction du radon dans les bâtiments (valeur réglementaire deux fois plus basse au Canada, 200 Bq/m3 au lieu de 400 Bq/m3 en France) ;
- Teemu Vehmasskoski, directeur l’Association finlandaise des ingénieurs civils, a exposé les facteurs de la mauvaise qualité quotidienne de l’air intérieur pour 10 à 14 % des finlandais, à savoir l’humidité et les moisissures. Ces phénomènes représentent un coût annuel pour le système de soins de 200 millions d’euros uniquement liés à l’exposition fongique. Une école sur cinq est confrontée au développement de moisissures. Le traitement de ce problème coûte trois fois plus cher que les actions préventives. En Finlande, le coût global pour la société de la mauvaise qualité de l’air est estimé à 3 milliards d’euros par an, une somme identique au budget national de chauffage.
Dans son introduction, José Caire, Directeur Villes et Territoires durables à l’ADEME, a souligné le « déséquilibre » actuel entre une amélioration de l’étanchéité des bâtiments et « un manque d’attention » accordée à la ventilation. Il a souhaité une « professionnalisation » des interventions des professionnels du bâtiment en matière de ventilation.
L’intervention de Patricia Blanc (Direction de la gestion et de la prévention des risques au Ministère
de l’Ecologie) a été particulièrement remarquée en raison de la publication attendue du prochain décret sur la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant des enfants et de l’élaboration actuelle du troisième Plan National santé environnement PNSE3.
Le plaidoyer du Dr. Marianne Lenoir, médecin de l’éducation nationale et docteur en sciences de l’éducation a mis en lumière la problématique des toilettes scolaires en France. L’Association française d’urologie rappelle qu’il est nécessaire d’uriner toutes les 3 heures. Selon les enquêtes de l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, plus d’un tiers des élèves ne fréquentent pas les toilettes, près de 10 % des filles ont déjà au collège une incontinence urinaire et 84,6 % des élèves ne vont jamais à la selle au collège, un phénomène provoquant chez ces jeunes publics des constipations chroniques et des douleurs abdominales. De nombreuses préconisations ont été faites afin que les toilettes soient pensées comme le lieu d'accueil le mieux conçu au sein d’un établissement.
Enfin, de nombreuses prises de parole pendant les conférences ou les tables rondes ont pleinement contribué à souligner l’importance d’autres facteurs à prendre en compte dans la recherche d’un bâtiment durable, sain et confortable dédié à l’éducation des enfants :
- l’importance de l’apport de lumière naturelle et des évolutions technologiques en matière d’éclairage artificiel a été démontrée par Laurent Escaffre, d’Ingélux ; le basculement technologique vers les LEDs s’accompagne d’une amélioration de la répartition spectrale pour limiter les risques photobiologiques rétiniens des fréquences bleues.
- L’impact du radon dans les établissements, expliqué par Bernard Collignan, de la Direction Santé Confort du CSTB, à travers les données de l’Autorité de sûreté nucléaire sur la mesure du radon dans 7 641 établissements d’enseignement. Il en résulte que dans 81 % de ces écoles, les teneurs en radon sont inférieures à la valeur réglementaire française de 400 Bq/m3. La concentration est supérieure à 1 000 Bq/m3 dans 5 % des établissements investigués, soit 352 bâtiments.
- Les produits et substances utilisés pour l’entretien, avec l’intervention de Corinne Mandin de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, et le constat suivant sur une étude menée sur 310 crèches et écoles : l’entretien fait appel à une quantité impressionnante de références commerciales (584) contenant un nombre élevé de substances chimiques différentes (164). Des données sanitaires (fiches de données de sécurité FDS) sont disponibles pour à peine un tiers d’entre elles ; 55 % sont classées irritantes et 34 % nocives.
Bernard Avallet et Pascal Laplaud d’UNICLIMA ont présenté une solution d’amélioration de la qualité de l’air des classes lors d’une réhabilitation légère des écoles grâce à la mise en œuvre d’une ventilation par déplacement, permettant de réduire les risques de transmission d’infections, de maîtriser la température des salles et d’améliorer les performances des enfants.
Bernard Sésolis, consultant énergie-environnement, a mené une réflexion sous forme de
conclusion : avec des compromis et des mix de solutions à adapter selon les projets, il est possible de concilier la qualité de l’air intérieur et les économies d’énergie.
Enfin, la table ronde sur la surveillance de la qualité de l’air dans les écoles et crèches a favorisé de riches interactions : face aux questions de la salle, Fabrice Candia, de la DGPR du Ministère de l’Ecologie, Gilles Aymoz, chef du Service de la qualité de l’air de l’ADEME, et les collectivités locales ont apporté de nombreuses réponses concrètes et pertinentes.
Les participants ont ainsi pu trouver lors du 4ème colloque DÉFIS BATIMENT & SANTÉ des réponses parfaitement adaptées à l’ensemble de leurs problématiques quotidiennes. Plus que satisfaits par la qualité des interventions, ils ont également été amenés à porter un autre regard sur ces thématiques sanitaires et environnementales grâce à l’apport des organismes professionnels, certificateurs et industriels impliqués dans ce colloque et présents au sein d’un espace d’exposition pour soutenir cette belle manifestation.
Convivialité et qualité des interventions : la recette gagnante des DÉFIS BATIMENT & SANTÉ
- 70 questions posées aux intervenants ont révélé le vif intérêt des participants.
- 100 % de participants ont apprécié la qualité des interventions (64 % de très satisfaits et 36 % de satisfaits).
- Une atmosphère chaleureuse appréciée par 99 % des participants.