Association Exigences Ascenseurs, une nouvelle donne dans le rapport de force entre bailleurs et ascensoristes
Une nouvelle association a vu le jour très récemment, en octobre dernier, son nouveau président Jean-Luc Vidon, directeur général d’ICF Habitat La Sablière , élu fraichement le 26 novembre, entend agir collectivement pour modifier le rapport de force entre bailleurs et grandes entreprises en vue de changer la donne.
Ainsi , bailleurs et usagers sont unis pour un meilleur fonctionnement des ascenseurs en Île-de-France.
L’association AEA (Association Exigence Ascenseurs) a pour objet, à l’échelle de l’Île-de-France de mettre en place un référentiel destiné à améliorer la qualité de service des ascenseurs et la sécurité. Aujourd’hui, l’association, créée à l’initiative de bailleurs d’Île-de-France, compte 19 adhérents bailleurs, 4 adhérents usagers et représentants des locataires, 3 adhérents du secteur professionnel et 2 membres d’honneur. Les adhérents bailleurs gèrent 560 000 logements, soit 45% des logements sociaux d’Île-de-France, desservis par 15 000 ascenseurs.
Depuis de nombreuses années, les investissements massifs réalisés ne traitaient pas du sujet de la maintenance, source d’insatisfaction pour les locataires. Pour les bailleurs sociaux, Il y avait donc un enjeu majeur à s’attaquer à problème et à répondre ainsi à l’objectif d’amélioration de la qualité de service qui les guide.
Portés par une même ambition, les usagers et les bailleurs ont engagé une réflexion commune, sur les axes d’amélioration. Cela a abouti à la création d’un référentiel. Ce référentiel se structure autour de 5 axes ; la sécurité, l’information des usagers, la prévention et la formation, l’entretien de appareils et les dépannages.
Dès l’année prochaine, les démarches de référencement pourront débuter. D’ici un an, une partie des ascensoristes aura adapté son organisation et les premiers référencements seront engagés. Les bailleurs membres intégreront le référentiel à leur cahier des charges lors de leurs appels d’offres, plus du tiers des contrats sera remis en concurrence en 2014.
Cette initiative vise à rétablir une compétitivité respectueuse des utilisateurs et des conditions de travail des salariés en Île-de-France. Le référentiel est la traduction d’une démarche responsable, collective et innovante engagée par les bailleurs sociaux.
Depuis de nombreuses années, les propriétaires d’ascenseurs ont investi massivement pour effectuer les travaux de mises aux normes. La loi a défini 17 dispositifs de sécurité visant à réduire les principaux risques d’accidents (Loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003 « urbanisme et habitat »). Report d’un an, juillet 2014, pour les travaux de mise aux normes des ascenseurs.
Trois phases ont été fixées légalement pour échelonner les travaux d’amélioration de la sécurité à effectuer en 2010, 2014 et 2018. En France, plus de 400 000 ascenseurs sont concernés par ces travaux. Les propriétaires ont dépensé 2,8 milliards d’euros pour réaliser la première phase et 4,5 milliards d’euros pour la deuxième.
Ces travaux, près de 20 000 euros par appareil, représentent un effort financier important de la part des propriétaires d’ascenseurs.
Ces investissements concernent les travaux d’amélioration de la sécurité mais n’ont pas traité du sujet de la maintenance pour laquelle des problèmes persistent. Nombre d’usagers se plaignent des pannes récurrentes et de l’indisponibilité de leur ascenseur sur de longues durées.
Pour les bailleurs sociaux, il y avait donc un enjeu majeur à s’attaquer à ce sujet d’insatisfaction des locataires et à répondre ainsi à l’objectif d’amélioration de la qualité de service qui les guide. C’était aussi une demande des locataires. C’est pourquoi, à l’initiative du Maire de Paris, une réflexion a été engagée sur la création d’une structure inter-bailleurs relative à la maintenance des ascenseurs. C’est ainsi que le 18 octobre 2013, l’Association Exigence Ascenseurs (AEA), initiative innovante des bailleurs, a vu le jour. Elle a pour objet, à l’échelle de l’Île-de-France, de mettre en place un référentiel destiné à améliorer la qualité de service des ascenseurs et la sécurité. Les ascensoristes répondant aux exigences seront référencés par l’association. L’AORIF a bien entendu été étroitement associée à cette démarche et est membre adhérent de l’association.
La composition :
1er collège : 19 bailleurs sociaux présents en Île-de-France représentant 560 000 logements et 15 000 ascenseurs,
2e collège : des associations d’usagers et de locataires du parc social,
3e collège : des personnalités qualifiées.
LE RÉFÉRENTIEL
L’élaboration du référentiel
Portés par une même ambition, les usagers et les bailleurs ont engagé une réflexion commune sur les axes d’amélioration en matière de maintenance des ascenseurs. Ils ont été à la rencontre des professionnels du secteur. Ces différentes réunions de concertation ont abouti à la création d’un référentiel.
La situation des PME du secteur a fait l’objet d’une attention particulière lors de la définition des critères. Ils ont ainsi été conçus de manière à s’adapter à des structures de taille moyenne dans un secteur fortement marqué par la présence de quatre majors.
Les 5 axes
Les réunions de concertation ont permis de faire émerger cinq axes, avec pour objectif d’apporter des améliorations réelles du service en maîtrisant les impacts de coûts pour les bailleurs comme pour les locataires.
axe 1 : la sécurité
L’association demandera aux candidats d’être certifiés MASE (Manuel d’Amélioration de la Sécurité des Entreprises). Cette certification sécurité, santé et environnement existe depuis plus de dix ans et a obtenu des résultats probants dans
les domaines de l’industrie et des services. Au regard des résultats MASE, les entreprises certifiées ont diminué fortement la fréquence et la gravité des accidents du travail.
axe 2 : l’information des usagers
Le référentiel réaffirme la nécessité de communiquer auprès des usagers sur les différentes étapes d’intervention. L’ascensoriste devra signaler sa présence et informer sur les arrêts d’appareils : affichage au cours de l’intervention de maintenance préventive ou de dépannage, indication de la date de dernière maintenance, information lorsqu’un appareil est laissé à l’arrêt suite à une panne et actualisation de cette information lorsque l’arrêt se prolonge au-delà de 72 heures. La réalité de cette information sera contrôlée de façon inopinée.
axe 3 : la prévention et la formation
Une expérience minimale de deux ans sera exigée pour un technicien intervenant seul sur un ascenseur (un an si la personne justifie d’une formation diplômante). Il impose également à l’entreprise de définir les différentes catégories d’appareils qu’elle entretient et d’adapter la formation de ses techniciens aux catégories rencontrées. Cette disposition a aussi pour objet d’assurer des niveaux de qualification adaptés lors des interventions de nuit, de week-end ou lors des périodes de congés.
axe 4 : l’entretien des appareils
Une limite de 90 appareils est imposée par tournée de maintenance pour un technicien. Par ailleurs, en tenant compte des typologies d’appareils, la tournée doit être définie et adaptée en fonction des opérations de maintenance et de la durée minimale d’intervention requise.
axe 5 : les dépannages
Les pannes survenant les week-ends et jours fériés ainsi que les pannes récurrentes sont particulièrement pénalisantes pour les habitants. L’ascensoriste devra justifier d’une organisation capable de remettre en service les appareils les week-ends et les jours fériés. Cette organisation devra également être en mesure de détecter rapidement les pannes récurrentes et de les traiter.
Le référencement des ascensoristes
Le référencement se séquence en quatre étapes principales :
1re étape
L’ascensoriste qui souhaite bénéficier du référentiel AEA adresse une demande de candidature à l’association et s’engage à se mettre en conformité avec le cahier des charges.
2e étape
L’ascensoriste adapte son organisation et arrête des procédures.
3e étape
L’ascensoriste déclenche, à ses frais, un audit mené par un organisme de contrôle indépendant. Les résultats de l’audit sont présentés au comité de référencement d’AEA qui statue sur le référencement pour une période de 3 ans.
4e étape
En cas de référencement, un audit de suivi est déclenché au bout de 18 mois et des audits inopinés réalisés par l’association viennent contrôler le respect des engagements.