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L’empreinte de Napoléon à Fontainebleau jusqu’au 30 juin 2014

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L’empreinte de Napoléon à Fontainebleau jusqu’au 30 juin 2014

L’empreinte de Napoléon à Fontainebleau jusqu’au 30 juin 2014

Le Château de Fontainebleau met en lumière cette année le passé napoléonien du domaine. C’est à travers une exposition jusqu’au 30 juin 2014 qu’une importante rétrospective à François Gérard portraitiste puis en célébrant tout au long du mois d’avril, en partenariat avec la Ville, le bicentenaire des Adieux de Napoléon Ier.

Attentif à inscrire son propre règne dans la continuité, Napoléon s’appliqua à faire siennes les résidences de ses prédécesseurs, et éprouva très vite une forte prédilection pour Fontainebleau. Chacun de ces séjours permit à Napoléon de mieux connaître le château, d’en goûter les beautés et d’en percevoir l’épaisseur historique.

Très vite, il a aimé cet ensemble unique, ce «lieu bien calculé et parfaitement convenable », devenu à ses yeux « ce qu’il y avait sans doute de plus commode, de plus heureusement situé en Europe ». Pour la « vraie demeure des rois, la maison des siècles », telle qu’il la désignait en août 1816 depuis Sainte-Hélène, l’Empereur souhaite dès 1804 un remeublement complet afin de redonner vie aux 40 appartements de maîtres et aux 200 logements de suite. Puis, avec l’aide de son Premier architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, et celle des architectes du palais, s’engage une remise en état et de nouveaux aménagements. Respectueux de l’architecture de ses prédécesseurs, Napoléon n’a pas souhaité une reconstruction totale afin de donner à l’édifice cette unité qui, de prime abord, pouvait cruellement manquer. À l’exception de la destruction de l’aile ouest (ou aile de Ferrare) destinée à dégager la cour du Cheval blanc devenue cour d’Honneur, l’effort s’est avant tout porté sur les aménagements intérieurs avec la création de l’appartement Intérieur de l’Empereur en 1805-1807, celle du Petit Appartement de l’Impératrice en 1807, la reconstruction de la galerie de Diane en 1810 et la création du Petit Appartement de l’Empereur en 1810-1811.

Les séjours de la cour impériale et les campagnes de travaux conduisent à la livraison de nouveaux ameublements. Pendant un peu plus de cinq ans, Jacob-Desmalter, Thomire, Marcion ou encore Rode sont sollicités afin de remeu- bler les appartements d’apparat et les appartements privés. Fontainebleau devient alors une magnifique vitrine du savoir-faire des artisans français.

Ce passé impérial demeure particulièrement présent au sein du château. Véritable conservatoire du mobilier Empire, superbe ensemble d’appar- tements historiques parfaitement restaurés dans les états connus par Napoléon Ier et sa famille, Fontainebleau s’est très légitimement imposé quand, en 1979, fut prise la décision de créer un musée dédié à l’Empereur. Une part importante de la donation des collections de la famille ipé- riale, faite à l’État français par le prince Napoléon, la princesse Alix son épouse, et la comtesse de Witt, sœur du prince, trouva au château l’écrin le plus approprié. D’autres chefs-d’œuvre : une partie du « Grand Vermeil », l’épée du Sacre, des habits d’apparat, le berceau du roi de Rome, pour n’en citer que quelques-uns, donnèrent alors encore plus de force à la présence impériale. François Ier semblait s’effacer devant Napoléon Ier.

Salle du Trône, François-Honoré- Georges Jacob- Desmalter (1770-1843), trône de Napoléon Ier, provenant du palais des Tuileries. Le reste des éléments (dais, enseignes, estrade) provenant du palais de Saint-Cloud, envoyé à Fontainebleau en 1808. © Sophie Lloyd château de Fontainebleau

Salle du Trône, François-Honoré- Georges Jacob- Desmalter (1770-1843), trône de Napoléon Ier, provenant du palais des Tuileries. Le reste des éléments (dais, enseignes, estrade) provenant du palais de Saint-Cloud, envoyé à Fontainebleau en 1808. © Sophie Lloyd château de Fontainebleau

Napoléon et Fontainebleau…

Le restaurateur du palais

Vidé de ses meubles et objets d’art, mis à l’encan ou renvoyés au Garde-Meuble à Paris pendant la tourmente révolutionnaire, le château de Fontainebleau a subi sensiblement le même sort que les autres résidences royales. Des emblèmes de l’Ancien Régime sont supprimés (fleurs de Lys bûchées, bronzes fondus, statues mises à bas). Les principaux dépeçages concernent à la fois les bâtiments (en particulier les huisseries des fenêtres) et les éléments de décor (les trumeaux et les cadres de miroirs). Le château connaît diverses affectations à partir de 1792. Tour à tour prison, magasin à blé ou caserne, il abrite en effet - à partir de 1796 - l’éphémère École centrale de Seine-et-Marne. En juin 1803, c’est l’École spéciale militaire qui s’installe dans les bâtiments autour de la cour du Cheval blanc. L’Empire est proclamé le 18 mai 1804 et Napoléon se rend à Fontainebleau dès les 28 et 29 juin pour inspecter l’École spéciale militaire. Accompagné de l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, il décide alors des premiers travaux d’aménagement destinés à faire du château de Fontainebleau sa seconde habitation de campagne - après Saint- Cloud - pour les jours d’automne.

Le remeublement des appartements

L’année 1804 est décisive pour la restauration et le réaménagement du château de Fontainebleau, d’autant que la nécessité d’y recevoir - fin novembre - le pape Pie VII en route pour Paris et les cérémonies du Sacre, agit comme un formidable accélérateur. La prévision de ce séjour entraîne la commande d’un très important ameublement. Mobilier, objets d’art, tableaux, tapis et tapisseries arrivent donc en grand nombre du Garde-Meuble impérial. Créations de l’Ancien Régime provenant des anciennes collections royales, de saisies d’émigrés ou bien commandes passées aux fournisseurs à la mode employés par le nouveau régime (Jacob-Desmalter, Marcion, Brion, Thomire, Rode, Galle, Biennais, les manufactures de Sèvres ou de soieries de Lyon), toutes concourent à offrir un ameublement digne de l’ancienne maison des Rois. Les saisies effectuées chez le général Moreau-outre le château de Grosbois, l’hôtel de la générale, passe pour l’une des trois plus luxueuses maisons de Paris - sont suivies de l’envoi à Fontainebleau des créations les plus raffinées du mobilier conçu sous le Consulat. Cette caractéristique - toujours perceptible - place la collection de mobilier du Consulat et des premières années de l’Empire conservée au château de Fontainebleau au premier rang dans le monde, tant en importance qu’en qualité. L’effervescence qui prévaut à l’automne 1804 transparaît dans le Journal de Fontaine. Il y rapporte que «quarante appartements de maîtres, deux cents logements de suite et des écuries pour quatre cents chevaux » ont été préparés en un temps record (19 jours). Le troisième appartement du château - le plus important après ceux de l’Empereur et l’Impératrice - est installé pour le Souverain Pontife. Il s’agit en réalité d’un appartement double déployé à la jonction de l’aile des Reines-mères (fin du XVIe siècle) et du Gros Pavillon de Gabriel (1750).Aujourd’hui, dans les onze pièces de cet appartement, désormais dit du Pape, seul le portrait de Pie VII par David rappelle le souvenir des deux séjours qu’il y effectua, en novembre 1804 et de juin 1812 à janvier 1814. Certes, on y voit toujours les aménagements antérieurs ou quelques meubles contemporains de l’Empire, mais ce grand décor éclectique vaut surtout pour son témoignage du goût de Napoléon III et d’Eugénie qui le firent remeubler dans les années 1860.

Les séjours de l’empereur à Fontainebleau

Si l’on excepte les visites et passages éclair au château de Fontainebleau, relais d’étape idéalement situé sur la route du Sud et de l’Italie, Napoléon n’y séjournera officiellement avec sa cour qu’à trois reprises. Renouant avec les usages de l’Ancien Régime, il y effectue des séjours d’automne, en 1807, 1809 et 1810. Au total, ces séjours représentent 126 jours, soient 55 jours à partir du 21 septembre 1807, 20 jours à partir du 26 octobre 1809 et 51 jours à partir du 25 septembre 1810. En 1807 et 1809, l’Empereur vient avec Joséphine. Au terme de ce deuxième séjour eut lieu la fameuse annonce du divorce dont les prémices étaient déjà perceptibles pendant toute sa durée, puisque l’on rapporte que la porte de communication entre les Petits Appartements de l’Empereur et de l’Impératrice demeurait close et que Napoléon s’affichait obstinément seul dans le salon de sa sœur Pauline. Le dernier séjour date de 1810 et se déroule avec la nouvelle impératrice Marie-Louise, épousée six mois plus tôt. Pour ce séjour-là, l’Empereur prend soin d’arriver avec huit jours d’avance afin de s’assurer que tout est prêt pour accueillir la petite-nièce de Marie-Antoinette. Le programme des divertissements est à peu près toujours le même, parties de chasse, représentations théâtrales, concerts, bals... Pourtant, il ne faut pas négliger la part importante réservée au travail dans l’emploi du temps du souverain.

Les deux séjours de Pie VII à Fontainebleau

Aucours de ses deux séjours passés à Fontainebleau, le pape Pie VII a eu l’occasion d’apprécier à la fois la beauté de l’ancien palais des rois et la qualité du site. Le premier séjour - du 25 au 28 novembre 1804 - est celui de l’étape sur la route du couronnement à Notre-Dame. La rencontre « surprise » entre le pape et Napoléon, qui l’accueille «fortuitement» alors qu’il était à la chasse est restée fameuse. La commande par Denon en 1806 à Jean-Louis Demarne etAlexandre-HyacintheDunouy, d’une Entrevue entre Sa Majesté l’Empereur et Sa Sainteté Pie VII dans la forêt de Fontainebleau (1808), aujourd’hui exposée dans la galerie des Fastes du château de Fontainebleau le prouve. L’oeuvre témoigne du caractère cavalier de cette rencontre au débotté, tout aussi feinte qu’elle a été adroitement mise en scène, a posteriori. Au cours de ce même séjour, alors que le château avait été remeublé à la hâte pour la visite du pontife, une démonstration d’artillerie lui est offerte, montrant la puissance du nouveau maître. Du 19 juin 1812 au 23 janvier 1814, dans les mêmes lieux, Pie VII est cette fois retenu en captivité. En effet, les rapports entre la France et le Saint- Siège se sont dégradés. En 1809, l’Empereur fait arrêter le Souverain Pontife et saisit ses États. Le pape est alors détenu à Savone, puis conduit à Fontainebleau afin de signer un éphémère «concordat de Fontainebleau» que lui extorque Napoléon (25 janvier – 24 mars 1813).

 Paris, musée Marmottan. Jean-Pierre-Xavier Bidault (1743-1813)) et Louis-Léopold. Boilly (1761-1845), Promenade de Napoléon et Marie-Louise sur l’étang des Carpes du château de Fontainebleau, 1810. © Droits Réservés.

Paris, musée Marmottan. Jean-Pierre-Xavier Bidault (1743-1813)) et Louis-Léopold. Boilly (1761-1845), Promenade de Napoléon et Marie-Louise sur l’étang des Carpes du château de Fontainebleau, 1810. © Droits Réservés.

Voir Napoléon aujourd’hui à fontainebleau

Aujourd’hui, le visiteur du château de Fontainebleau déambule à travers les longues enfilades des salons, galeries, chapelles, appartements presque tous montrés dans leur « dernier état historique connu » celui des années 1860. C’est en effet pour des raisons de cohérence évidentes que «la demeure des rois» - et des deux empereurs - est globalement présentée dans l'état qui était le sien à la chute du Second Empire. De fait, cet état passe sous silence les périodes suivantes, en particulier les aménagements voulus sous laTroisième République à l’occasion des séjours réguliers du président Sadi Carnot. Les Grands Appartements des souverains regardant du côté du jardin de Diane ainsi que l’appartement Intérieur de Napoléon Ier qui les prolonge ont, quant à eux, été restitués dans leur configuration du Premier Empire. Ce choix, mûri durant les années 1960 à 1990, permettait d’évoquer la geste impériale qui prend une fin tragique avec la scène des Adieux au pied de l’escalier en Fer-à-Cheval. C’est aussi l'état historique le plus documenté, pour lequel les soieries et les grandes tentures commandées à Lyon pouvaient être retissées à l’identique, dans le cadre de la loi-programme et des crédits attachés octroyés par André Malraux.

Les grands appartements des souverains

Au premier étage du palais, les appartements de parade de l’Ancien Régime conservent sous l’Empire cet usage lié à l’exercice public du pouvoir. Ainsi, le Grand Appartement de Marie-Antoinette est-il repris par Joséphine puis Marie-Louise. L’essentiel du décor date de la fin des années 1780, son programme néo-classique est donc encore au goût du jour et, moyennant quelques adaptations de l’ameublement, il sera conservé par les nouvelles souveraines. Le Grand Appartement du Roi, dont le décor date, pour l’essentiel, du règne de Louis XV connaît quelques modifications d’attribution de chacune de ses pièces : le Grand Cabinet devient salle du Conseil et, en 1808, la chambre du Roi est convertie en salle du Trône. C’est donc dans l’Appartement intérieur de Louis XVI, déployé dans l’enfilade de l’aile neuve construite en 1785-1786 au revers de la galerie François Ier que Napoléon Ier s’installe.

L’appartement intérieur de Napoléon Ier

Antichambre, salon des aides de camp, salle de bains, passage des bains, salon particulier (dit depuis de l’Abdication), cabinet de travail ou petite chambre à coucher et chambre de l’Empereur composent un appartement de sept pièces communiquant avec le cabinet du Conseil. À la facture néo-classique souhaitée pour Louis XVI s’adjoignent les compléments de décors décidés par Fontaine. Cet appartement communique, par des passages intérieurs, avec les Petits Appartements et les bureaux de l’Empereur, situés au rez-de-chaussée.

Appartement Intérieur, chambre de l’Empereur, © Sophie Lloyd

Appartement Intérieur, chambre de l’Empereur, © Sophie Lloyd

Les petits appartements

Déployés au rez-de-chaussée de l’aile de la galerie François Ier depuis le règne de Louis XV, les Petits Appartements occupent l’emplacement de l'ancien appartement des Bains de François 1er, créé dans les années 1530. L’extension progressive des cabinets particuliers du Bien-Aimé conduit sous l’Empire à l’installation de deux appartements distincts pour Napoléon et Joséphine. Ils s’étendent finalement dans trois corps de bâtiments, ouvrant à la fois sur le jardin de Diane et sur la cour de la Fontaine. Sous l’Ancien Régime, les Petits Appartements constituent les vrais espaces de vie des souverains.

Ils s’y tiennent dès que le cérémonial de la Cour le leur permet, c’est à dire en dehors du temps quotidien réservé à la représentation et aux différentes cérémonies (lever, coucher...) codifié par l’étiquette. À Fontainebleau, ces appartements revêtent une importance particulière dans la mesure où ils délimitent formellement l’espace privé dans lequel les souverains se retirent, alors même que le voyage de Fontainebleau constitue déjà une rupture avec la pompe monarchique telle qu’elle se déploie à Versailles. Les Petits Appartements remplissent la même fonction sous l’Empire, à ceci près que Napoléon Ier y installe également les bureaux de son secrétariat.

La cour des adieux

Basse-cour sous François Ier, la cour du Cheval-Blanc devient à partir du règne de Louis XV l’accès principal du château de Fontainebleau. Napoléon y entreprend la réalisation de travaux d’aménagement pourtant prévus dès le XVIIIe siècle. La volonté d’ouvrir sur la ville cette cour appelée à devenir une cour d’honneur aboutit à la destruction en 1808 de l’aile occidentale qui datait de la Renaissance. Un projet urbanistique prévoyait également la création d’une place monumentale desservie par un réseau d’avenues convergentes en patte d’oie. Seule, la grille, due à l’architecte Maximilien-Joseph Hurtault, au serrurier Mignon et au doreur Chaise, fut exécutée en 1810. Les célèbres Adieux à la garde, mis en scène au pied de l’escalier en Fer-à-Cheval le 20 avril 1814, lui valent désormais sa dernière appellation de cour des Adieux.

Le jardin anglais

Bien qu’il n'apprécie pas particulièrement les jardins à l’anglaise, Napoléon accepte l'aménagement par son architecte d’un jardin au midi de l’aile Louis XV, conforme à la mode du temps. C’est donc ce même Maximilien-Joseph Hurtault qui a la charge de concevoir l’ensemble des « petits jardins » dont celui qui a remplacé le fameux jardin des Pins de François Ier. Les travaux et les plantations sont réalisés entre 1810 et 1812. Les nombreuses essences d’arbres (cèdres deVirginie, épicéas, érables, platanes, peupliers d’Italie, tilleuls...) proviennent des pépinières des châteaux de Versailles, Saint-Cloud ou du château voisin de La Rochette.

Du point de vue des aménagements, hormis l’installation des quelques copies de statues antiques ( le Gladiateur Borghèse, le Gladiateur mourant, le Télémaque assis dans l’île d’Ogygie) et le creusement de la rivière, la construction des fabriques ne sera jamais réalisée.

Le pavillon de l’étang

Construction de 1662 par Louis LeVau, datant des aménagements du Grand Parterre commandés par Louis XIV, le pavillon à pans fut restauré et partiellement reconstruit par Napoléon en 1807 et 1810-1811. Son décor intérieur a été exécuté par Simon-Frédéric Moench.

 Escalier en Fer-à-Cheval, © RMN-GP / Château de Fontainebleau

Escalier en Fer-à-Cheval, © RMN-GP / Château de Fontainebleau

Le musée Napoléon Ier

Inauguré en 1986, ce musée a été aménagé sur deux niveaux à l’emplacement d’anciens appartements princiers situés dans l’aile Louis XV. Pour des raisons de sécurité les collections ont été rapatriées sur le seul premier étage. C’est donc une présentation condensée de ces inestimables meubles, tableaux, armes, objets d’art, d’orfèvrerie, céramiques, costumes, documents et souvenirs historiques – en attente d’un redéploiement actuellement à l’étude – que le visiteur découvre depuis cette date. Les collections – provenant en grande partie de la succession de la Famille impériale, le prince Napoléon descendant de Jérôme de Westphalie, frère cadet et dernier héritier de Napoléon Ier - permettent l’évocation de Napoléon empereur entre 1804 et 1815, de sa famille et en particulier de ses frères, souverains en Europe.

La réunion d’une importante galerie de portraits introduit au parcours qui présente successivement le sacre, les fastes de la table impériale, la fratrie et les cadeaux diplomatiques, une tente de campagne, la vie quotidienne d’un empereur-soldat, l’impératrice Marie-Louise puis l’héritier, le roi de Rome.

Corridor du premier étage de l'aile Louis XV. La galerie de portraits du musée Napoléon Ier. © Sophie Lloyd château de Fontainebleau

Corridor du premier étage de l'aile Louis XV. La galerie de portraits du musée Napoléon Ier. © Sophie Lloyd château de Fontainebleau

Le 4 et le 6 avril 1814, Napoléon abdiquait à Fontainebleau. Dans la nuit du 12 au 13 avril, il tentait de se suicider. Quelques jours après, le 20, l’Empereur faisait ses adieux à la garde au pied de l’escalier en fer à cheval. L’Histoire marquait une nouvelle fois la « maison des siècles » et mettait un terme à une époque de fastes impériaux.

Le château de Fontainebleau a souhaité rendre hommage à ces moments de gloire en présentant un choix exceptionnel d’effigies peintes par François Gérard, l’un des plus talentueux portraitistes de l’Empire. Sensible à sa propre image et à la nécessité de diffuser un sentiment de gloire, la cour impériale chercha à s’attacher les services d’un peintre qui lui rendrait hommage. Elle trouva en François Gérard un maître accompli. Formé dans l’atelier de David, attentif à la leçon de Van Dyck, de Rigaud et des grands peintres de l’Ancien Régime, marqué par les exemples britanniques, l’artiste s’illustra pendant près de quarante ans comme l’un des plus brillants portraitistes de son temps. Auteur d’une remarquable galerie de personnalités politiques, intellectuelles ou artistiques, il s’imposa par son sens de la psychologie, son amour des matières et le brillant de son métier. Jamais ses plus belles œuvres n’avaient pu, jusqu’à ce jour, être réunies. C’est aujourd’hui chose faite. L’exposition « Peintre des rois, roi des peintres », François Gérard (1770-1837) portraitiste est présentée du 29 mars au 30 juin.

En avril, le Château et la Ville de Fontainebleau proposeront des animations pour revivre l’abdication et les Adieux de l’Empereur. Ce Bicentenaire a l’ambition de réunir toutes les générations et de rassembler, autour de trois week-ends thématiques, néophytes et passionnés.

Point d’orgue de ces célébrations, le dimanche 20 avril, à 15h30, résonneront à nouveau dans la cour d’Honneur du château les mots de Napoléon Ier : « Soldats de ma vieille garde, je vous fais mes adieux [...] ».

 Musée Napoléon Ier, Manufacture d’armes de Boutet à Versailles, Martin-Evrard Nitot (1750-1809), joaillier, Jean-Baptiste-Claude Odiot (1753-1850), orfèvre, l’Epée du Sacre (1801-1802). En or, acier, jaspe sanguin et pierres d’imitation, elle était à l’origine ornée de diamants, dont le célèbre Régent. © Gérard Blot - RMN château de Fontainebleau

Musée Napoléon Ier, Manufacture d’armes de Boutet à Versailles, Martin-Evrard Nitot (1750-1809), joaillier, Jean-Baptiste-Claude Odiot (1753-1850), orfèvre, l’Epée du Sacre (1801-1802). En or, acier, jaspe sanguin et pierres d’imitation, elle était à l’origine ornée de diamants, dont le célèbre Régent. © Gérard Blot - RMN château de Fontainebleau

François Gérard (1770-1837) portraitiste « Peintre des Rois, Roi des Peintres », Exposition du 29 mars – 30 juin 2014

Célébré de son vivant, François Gérard a divisé la critique après son décès. Pour Baudelaire, en 1846, il n’avait laissé que la réputation d’un homme aimable et très spirituel.

Dix ans après, Henri Delaborde, observait qu’il n’y avait dans les portraits du début de la carrière rien de factice, mais non plus rien qui sente le hasard dans la composition et dans le style. Tout attestait chez le peintre une rare pénétration et une habileté singulière à choisir au moins la vérité. La main était prompte et sûre, le pinceau soigneux, mais exempt de sécheresse. Le sentiment se traduisait avec une aisance vraiment magistrale, et la délicatesse même des intentions semblait résulter d’une inspiration spontanée. Cependant les œuvres postérieures déclinaient une formule qui ne réussissait plus à séduire tant elle tombait dans la répétition.

En 1865, Charles Blanc ajoutait encore que le maître avait quelquefois, avec les années, usé avec peu de discrétion de l’art de la mise en scène, donnant plus d’importance au «côté extérieur» de la composition, et cela aux dépens du sentiment et de la vérité. Gérard semblait s’être avant tout préoccupé de faire jouer aux personnages qui posaient devant lui un rôle conforme à celui qu’ils tenaient dans le monde. Et pour mieux réussir, il ne s’était pas limité à l’expression de la physionomie, à la vérité du geste et à celle du costume, qui faisait aussi partie de la ressemblance, il avait également entouré ses modèles d’un luxe surabondant de détails et d’attributs.

Une telle opinion a longtemps prévalu. Elle conduisait encore Michel Florisoone à écrire en 1946 que Gérard avait inventé le portrait mondain et que celui-ci n’était qu’un arrangement de la ressemblance par la flatterie. Le maître avait introduit le vice pernicieux et subtil du mensonge dans le respect apparent de la vérité et de la fidélité au sein même de la trahison.

Aujourd’hui encore, si David, Prud’hon, Girodet, Gros et Ingres portraitistes continuent d’être adulés, François Gérard semble lui le grand oublié. En France, il n’a jamais eu droit ni à l’exposition ni à la monographie qui auraient permis de reconsidérer son travail.

L’exposition, qui réunit au château de Fontainebleu un peu plus de soixante-dix portraits, tant peints que dessinés, invite donc enfin à redécouvrir François Gérard et à juger de son talent ou de ses faiblesses.

Antoine Montfort (1802-1884), d’après HoraceVernet, Les Adieux de Napoléon à la garde impériale dans la cour du Cheval Blanc © RMN-GP (Château deVersailles) / Gérard Blot

Antoine Montfort (1802-1884), d’après HoraceVernet, Les Adieux de Napoléon à la garde impériale dans la cour du Cheval Blanc © RMN-GP (Château deVersailles) / Gérard Blot

L'image du peintre

François Gérard a accordé peu d’intérêt à sa propre image. On ne lui connaît en effet qu’un seul autoportrait, qui date du milieu des années 1820. Pour rare qu’elle soit lorsqu’elle est autographe, la représentation du peintre n’en est pas pour autant limitée à une seule effigie. Ses amis se sont employés à reproduire ses traits et à diffuser ainsi son portrait. En 1789, Girodet dessine l’image d’un jeune homme de vingt ans. À la même époque, Gros le représente avec le même caractère volontaire et la même élégance vestimentaire. Isabey le portraiture à trois reprises, en 1790, 1791 et 1800. Boilly le décrit sur la célèbre toile figurant en 1798 une réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey au Louvre (musée du Louvre). Puis, plus rien. Il faut attendre les années 1825-1835 pour que l’homme concède à nouveau son image. Il pose pour lui-même. Il laisse à d’autres le soin de le représenter. Thomas Lawrence peint son effigie à l’occasion de son séjour parisien en 1825. David d’Angers donne en 1830 son profil en bronze, puis son buste enplâtreetenmarbre.En1835,Marie-ÉléonoreGodefroy,l’élèveetlacollaboratrice, trace à son tour un des derniers portraits de son maître. Il servira à Isabey et à Dantan l’Aîné pour livrer des images posthumes du peintre.

De l’atelier de david à la reconnaissance publique

Gérard manifesta très jeune des dispositions pour le dessin. À Paris, en 1782, il fut admis parmi les élèves pensionnés par le roi, puis il entra dans l’atelier du sculpteur Pajou, avant de passer dans celui du peintre Brenet et, en 1786, dans celui de David. Le climat de compétition et d’émulation qui régnait au sein de l’atelier lui fut favorable. En 1789, il obtint la seconde place au concours du prix de Rome. L’année suivante, la mort de son père interrompit l’exécution du tableau qui devait lui permettre de concourir à nouveau. Gérard se rendit alors à Rome à l’automne 1790 pour quelques mois, en compagnie de sa famille. De retour à Paris dès 1791, il continua à bénéficier de la protection de David qui lui permit d’exposer au Salon. En 1795 et en 1796 le Bélisaire, le portrait de Mlle Brongniart et celui d’Isabey et de sa fille consacrèrent son talent. En 1798, le peintre exposait Psyché recevant le premier baiser d’amour, œuvre qui fut peu appréciée, alors que deux nouveaux portraits suscitaient encore l’admiration. Gérard dut comprendre alors qu’il ne parviendrait pas à vivre de ses tableaux d’histoire. Le succès de ces portraits le détermina à persévérer dans cette voie. Le don de sublimer la réalité sans perdre la ressemblance, la technique totalement maîtrisée, le faste des compositions, les dimensions souvent ambitieuses des toiles, le sens de la mode et de l’ornement consacrèrent l’artiste en rival de David.

Au service de la cour impériale

Fort de la réputation acquise au Salon, Gérard fut chargé de peindre probablement dès 1800, Laetizia Ramolino, la mère de Bonaparte. Au Salon de 1801, il exposait le portrait en pied de Joséphine en toilette d’intérieur. En février 1803, le Premier Consul posait pour une effigie en buste destinée à demeurer dans l’atelier afin de servir de modèle au visage des portraits futurs. Dans les mêmes années, Gérard répondait également aux commandes passées par Joachim Murat et son épouse Caroline. Aussi lorsque Napoléon devint empereur, l’artiste compta parmi les maîtres les plus régulièrement sollicités. Attentif à la ressemblance et à l’attitude qu’il voulait de la plus frappante vérité, exigeant quant à la pureté du dessin, à la justesse des tons, à la transcription illusionniste des matières, au fini de l’exécution, Gérard demeurait tout empreint de l’esprit du XVIIIe siècle. C’est en cela qu’il donna entière satisfaction car ses images officielles, s’inscrivant parfaitement dans la tradition, conféraient de la légitimité à la nouvelle famille régnante et à sa cour.

François Gérard (1770-1837) (atelier de), Napoléon Ier en costume de sacre © RMN-GP / Gérard Blot

François Gérard (1770-1837) (atelier de), Napoléon Ier en costume de sacre © RMN-GP / Gérard Blot

Portraiturer l’Europe

Portraitiste attitré de la famille impériale et peintre favori du grand monde, Gérard bénéficia d’une renommée qui franchit rapidement les frontières et lui permit d’être sollicité par de nombreux clients étrangers. La présence dans l’atelier, en une seule journée de 1814, de trois têtes couronnées, le tsar Alexandre Ier, le roi de Prusse Fréderic-Guillaume III et le roi de France Louis XVIII, devait encore renforcer une réputation déjà bien établie. À la fin de la carrière du maître,Alexandre von Humboldt s’en fit le témoin de manière toute amicale. Le 15 novembre 1832, il écrivait en effet de Potsdam : « Lorsqu’il s’agit de votre nom, l’intérêt a des échos du Rhin jusqu’au Tibre, et du Tibre jusqu’à la Newa». Le 9 février 1837, quelques jours après la mort de Gérard, Humboldt donnait à sa veuve une nouvelle preuve de cette célébrité légitimement acquise au-delà des frontières : « Je perds un ami qui supportait mes faiblesses, qui n’a jamais cessé un seul jour de me donner, absent ou présent, les marques les plus affectueuses de sa bienveillance. Cet attachement réciproque, la circonstance la plus glorieuse de ma longue carrière, était tellement connu, la croyance en était devenue si populaire, que, de Pétersbourg à Naples, on s’adressait à moi pour avoir quelques nouvelles des travaux de M. Gérard, comme on s’adresse à un parent, à un frère ».

La fabrique du portrait

Gérard eut recours au dessin pour tracer des portraits particulièrement aboutis qui constituent des œuvres en soi, mais aussi pour préparer ses toiles peintes à l’huile. On distingue ainsi différentes sortes de feuilles qui accompagnent l’élaboration du portrait peint: les études de têtes tracées d’après le modèle, les dessins rapidement griffonnés destinés à fixer l’attitude, et parfois des feuilles plus abouties parfois soumises à approbation.

Ces travaux graphiques achevés, le maître travaillait ensuite à l’huile. Ainsi que le relate son élève Mlle Godefroy, il « arrêtait ses compositions en établissant de sa main sur la toile le dessin et l’effet par une première ébauche ; ensuite venait l’aide matérielle, qui consistait à couvrir du ton convenable et convenu le morceau indiqué pour le travail de la matinée, et pendant ce travail, lui, toujours présent et s’occupant d’une autre partie du tableau, reprenait souvent dans la pâte fraîche et finissait de sa main le morceau, y laissant sa touche et tout ce qui y restait d’intellectuel. Ceci n’empêchait pas qu’il ne fît dans ces mêmes tableaux, entièrement [...] les choses les plus friandes et les plus délicates : d’abord toutes les chairs et absolument tous les fonds. On ne lui refusera pas d’avoir été un dessinateur tantôt grand, tantôt élégant, délicat et toujours vrai. Il ne se piquait point d’être un coloriste hardi, mais vrai et fin ».

Premier peintre, baron et officier de la légion d’honneur

Après s’être imposé en portraitiste officiel de Napoléon, de ses proches et de sa cour, Gérard aurait assurément pu connaître la disgrâce au retour des Bourbons sur le trône. Bien que célébré pour son talent, son affabilité, pour l’aide qu’il ne refusait jamais aux artistes les plus jeunes, pour son cercle d’amitiés embrassant le monde des arts et de l’esprit comme celui du pouvoir et de l’argent, le maître n’avait pas que des partisans. Dès 1814, la commande d’un grand portrait de Louis XVIII en costume royal, exposé au Salon la même année, démontrait qu’il avait su conservé la faveur des Bourbons. En 1817, Louis XVIII le nommait son premier peintre. S’ouvrait alors une nouvelle époque marquée par de nombreuses et prestigieuses commandes passées par la famille royale. En 1819, l’artiste recevait le titre de baron. En 1824, il était nommé officier de la Légion d’honneur. Avec l’accession de Louis-Philippe au trône, le maître renonça au titre de premier peintre du roi mais tout en plaçant une ultime fois son pinceau au service de la nouvelle tête couronnée. En 1831, à plus de soixante ans, il répondait favorablement à la commande d’un portrait monumental montrant Louis- Philippe, roi des Français, prêtant serment sur la Charte de 1830.

François Gérard (1770-1837), Joachim Murat (1767-1815) représenté en uniforme de hussard en costume de sacre, © RMN-GP / Franck Raux

François Gérard (1770-1837), Joachim Murat (1767-1815) représenté en uniforme de hussard en costume de sacre, © RMN-GP / Franck Raux

Informations pratiques

Renseignements et réservations

tél. 01 60 71 50 60/70 www.chateaudefontainebleau.fr

Château de Fontainebleau - Officiel

@CFontainebleau ____

Horaires d’ouverture

Le château est ouvert tous les jours sauf le mardi, le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre. D’octobre à mars : 9 h 30 – 17 h (dernier accès à 16 h 15).

D’avril à septembre: 9 h 30 – 18 h (dernier accès à 17 h 15). Achat des billets d'entrée au château à nos caisses ou sur www.resa77.fr

Les cours et jardins sont ouverts tous les jours. De novembre à février: 9 h – 17 h En mars, avril et octobre: 9 h – 18 h De mai à septembre : 9 h – 19 h

Le jardin de Diane et le jardin Anglais ferment respectivement 1⁄2 h et 1 heure avant les horaires indiqués. Le parc est ouvert tous les jours,24 h/24 h.

Accès

En voiture :

Depuis Paris, prendre l’A6 (porte d’Orléans ou porte d’Italie), sortie Fontainebleau. Prendre la direction de Fontainebleau puis suivre les indications « château ».

En train :

Prendre le train à Paris-Gare de Lyon (grandes lignes) en direction de Montargis, Montereau ou Laroche- Migennes, descendre à la station Fontainebleau-Avon, puis prendre le bus ligne 1 direction Les Lilas jusqu’à l’arrêt « château ».

Le dézonage du Pass Navigo permet de se rendre en train à Fontainebleau et d’y prendre le bus le week-end sans supplément pour les détenteurs d'un abonnement.

Le billet Mobilis :

Le billet Mobilis permet de voyager une journée dans les zones choisies (métro, RER ou bus à Paris, train aller-retour Paris-Fontainebleau, bus aller-retour entre la gare et le château).

En car ou en minibus :

Navette quotidienne (sauf le mardi) pour Fontainebleau etVaux-le-Vicomte. Navettes avec desserte régulière de Fontainebleau depuis Paris, au départ du 214, rue de Rivoli. www.parivision.comI

L’empreinte de Napoléon à Fontainebleau jusqu’au 30 juin 2014

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