Sillia Energie et Urbasolar, deux acteurs phares pour la naissance du solaire photovoltaïque industriel français…
Arrêtée depuis plus de trois mois, la production de panneaux photovoltaïques de l’usine Bosch pourrait redémarrer en juin sur le site de Vénissieux (Rhône), avec 128 personnes. Des lignes de production ultra modernes reprises par Sillia Energie dont le projet se précise.
La venue, le 5 mars dernier du président de Sillia Energie, Bruno Cassin, a permis de donner les conditions d’une reprise des activités en juin prochain.
Une reprise suit l’offre proposée par un binôme original industriel/ développeur, Sillia énergie et Urbasolar.
Ainsi, avec les usines de Lannion (Côtes-d’Armor) et de Vénissieux, Sillia Energie disposerait à horizon 2015 d’une capacité totale de production de 200 à 230 MW crête. 60 MW pourraient être dédiés à du travail à façon, notamment pour le groupe taïwanais BenQ. Bruno Cassin compte également sur des commandes de l’allemand Juwi, du rennais Langa Solution, et de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), ainsi que sur les résultats du deuxième appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) portant sur 400 MW. Deux tiers des propositions déposées intègrent dans leur offre des panneaux produits par Sillia Energie. A cet effet, Bruno Cassin a lancé un message « aux opérateurs et aux développeurs afin qu'ils coopèrent avec nous dans une logique de gagnant-gagnant. On ne peut pas faire que réclamer sans jamais donner. Certains ont fait de très bonnes affaires en sacrifiant l'amont de la filière. Exit le gagnant-perdant ! A chacun de balayer devant sa porte. Il existe un vrai message derrière ce projet symbolique. Il y a de la place pour faire entrer la filière industrielle en résistance avec l'aval désormais. C'est la clé de l'avenir »
Le groupe Bosch, acteur clé pour une reprise sans faille. Pour faciliter la reprise et le redémarrage des activités de l’usine de Vénissieux, le groupe Bosch accepterait de la céder pour un euro symbolique et de verser 3,1 millions d’euros par an, pendant trois ans aux repreneurs. Associé à Urbasolar, Sillia Energie compte aussi sur le soutien de Bpifrance et d’autres banques pour étayer le fonds de roulement de la société. Au plan social, outre quatre-vingts départs en pré-retraite et une vingtaine de départs volontaires, cent vingt-huit salariés seraient repris et quatorze autres intégreraient l’usine mitoyenne de Bosch Rexroth à Vénissieux. Par ailleurs, rien n'aurait pu se faire non plus sans le fort soutien de l'Etat et notamment de Philippe Martin, ministre de l'Ecologie qui a confirmé le raccordement de 800 MW annuel de photovoltaïque en France et le lancement rapide d'un nouvel appel d'offres CRE (400 MW) dont deux tiers des propositions déposées intègrent dans leur offre des panneaux produits par Sillia Energie.. Sans ces objectifs affirmés, la reprise de l'usine n'aurait eu que peu de sens. Sans oublier la volonté du ministre du Redressement Productif pour lequel le site de Vénissieux représentait une image très importante et symbolique de la filière industrielle solaire française. « Et je n'oublie pas Urba Solar, partenaire historique de Sillia même avant cette opération avec Bosch, qui a confirmé l'amplification de son implication dans ce projet. Ils ont une vision stratégique et commerciale qui est susceptible de nous aider à travers une ambition moyen terme en France mais aussi à l'International » confie Bruno Cassin. L'ensemble des pièces réunis de ce puzzle, « dans le cadre d'un consensus national, j'ose le dire » clame Bruno Cassin, a rendu possible cette reprise.
Pour Marc Soubitez (CFDT), l’offre de Sillia Energie est "parfaitement crédible." Un point de vue partagé par une majorité de salariés qui s’interrogent toutefois comme Serge Truscello (CGT) sur les capacités financières du repreneur et sur la stabilité et la pérennité du marché photovoltaïque, soumis à la volatilité des prix. Mais pour le délégué syndical, le point positif de ce projet est qu’il est présenté par un industriel. "De toute façon, il n’y a pas d’autres propositions de reprise", observe-t-il.
Si la procédure judiciaire suit son cours, le redémarrage de l’usine de Vénissieux pourrait être effectif "début juin", avec trois équipes. Une quatrième pourrait être mise en place à terme. D’ores et déjà, un premier échantillon de panneau de soixante-douze cellules photovoltaïques a été assemblé à Vénissieux. Ce type de panneau permet de répondre aux besoins de grandes fermes solaires. Il devra être qualifié, homologué, avant d’être produit en série.
Photo : SIPA