Xynthia, quatre ans plus tard et les insuffisances des politiques publiques
Malgré des progrès sensibles réalisés sur la prévision, la vigilance et l’alerte , la mise en place de plans nationaux, posant le cadre d’une stratégie globale se déclinant en plusieurs axes : maîtrise de l’urbanisation, amélioration des systèmes de surveillance, de prévision, de vigilance et d’alerte, renforcement de la fiabilité des systèmes de protection, renforcement de la culture du risque, n’a visiblement pas renforcé la prise de conscience des pouvoirs publiques.
L’association FNE, France Nature Environnement, dénonce un bilan passablement insuffisant. Xynthia a frappé la France durant la nuit du 27 au 28 février 2010 causant la mort de 47 personnes en France et plus de deux milliards d’euros de dégâts. La concomitance de cette tempête avec une marée haute de vives-eaux (coefficient de 102) s’est traduite par une surcote de 1,5 mètre sur le littoral, causant la montée des eaux et la submersion des digues. L’eau de mer passée par-dessus les digues est ensuite restée piégée dans les terres, aggravant les conséquences des inondations. Quatre ans plus tard, la prise de conscience des insuffisances des politiques publiques alors mises en évidence, doit se renforcer, alors même que l’aléa augmente avec le dérèglement climatique.
Pour FNE, Beaucoup de responsables locaux ont surtout retenu l’ouverture de moyens pour renforcer à grand coup de millions les digues et les protections, y compris là où la mer reviendra inéluctablement… Mais là où l’on surélève les digues, ce qui pourrait se trouver renforcé en fait, c’est la tentation de construire derrière, en instillant un faux sentiment de sécurité des habitants.
Elle rajoute que la concertation sur les plans de prévention des risques littoraux est certes indispensable, mais ces documents, appelés à encadrer fortement l’urbanisation future, n’avancent pas, étant pris dans un va-et-vient d’expertises et de contre expertises
dans lequel les services de l’Etat se font enliser.
Par ailleurs, FNE estime que nous devons renoncer à construire en zone à risque et faire respecter la loi, en particulier la loi littoral, qui ne protège pas que le milieu, mais aussi, par ricochet, les populations aussi ! Il est urgent de structurer une culture du risque, avec, pourquoi pas, des exercices et des conseils délivrés dès l’école primaire dans les secteurs
exposés.
FNE fait remarquer que parce que les scientifiques annoncent une élévation du niveau marin global entre 50 cm et 1m d’ici 2100 et que les effets du changement climatique multiplieront les évènements extrêmes, l’Etat ne peut plus répondre au coup par coup et doit conduire une véritable stratégie d’adaptation du littoral aux changements climatiques avec une gouvernance associant correctement tous les acteurs. Pour FNE, à trop vouloir attendre, nous en paierons les pots cassés ! En effet, l’impact du changement climatique sur le littoral finira par coûter plusieurs milliards d’euros par an si aucune adaptation à long terme n’est mise en place (2,38 milliards d’euros de dégâts pour Xynthia). Des mesures courageuses s’imposent !
Enfin, FNE observe que quand certains élus parlent de repli stratégique pour les hommes et pour les biens, cela fait encore sourire ou bondir de nombreux politiques. Dans certaines zones, le repli stratégique n’est pourtant, pas folie mais simple évidence, à la hauteur des enjeux identifiés. C’est une vraie question de société rassemblant citoyens, décideurs et acteurs économiques qui engage la solidarité nationale. Il faut commencer à préparer les populations concernées.
Pour FNE le changement climatique constitue sa priorité et souhaite s’assurer que, dans le cadre des négociations de la COP 2015, l’adaptation des territoires littoraux au changement climatique soit mise à l’agenda.
Bruno Genty, président de FNE précise « Entre les mains des décideurs politiques des communes côtières, la gestion du littoral est une bombe à retardement. Stop aux tabous ! La France doit prendre à bras le corps ce dossier et prendre des actions concrètes pour éviter à nouveau les conséquences de tempête comme Xynthia. Il y a urgence ! »