Nouvelle jeunesse pour l’unité 1 de la centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe
Longtemps seule centrale française produisant de l’électricité par la géothermie, la centrale de Bouillante, située dans l’ouest de l’île de Basse-Terre en Guadeloupe, face à la mer des Caraïbes, à plus de 6 200 km de la métropole vient d’achever la rénovation de son unité 1.
Déjà en août 2013, la centrale avait commémoré son cinquantenaire d’exploitation géothermique.
Le potentiel géothermique de cette zone de Guadeloupe a en effet été exploré dès 1963. Quatre puits ont été forés au début des années 1970, l’un d’entre eux se révélant propice à l’exploitation d’eau chaude sous pression. En 1980, une première centrale pilote a été construite et équipée d’une turbine de 5 MW, puis été exploitée par EDF à partir de 1986. Au début des années 2000, une nouvelle unité (Bouillante 2) de 11 MW a été construite afin d’accroître la puissance installée du site. Avec une capacité de 15 MW, celle-ci a généré 51 GWh en 2012, un niveau de production trompeur qui aurait pu être presque deux fois plus important si le site n’avait pas été à l’arrêt la moitié de l’année, principalement en raison d'une grève de 4 mois et 20 jours sur le site. En situation normale, le site est censé générer 6 à 7% de la production électrique de la Guadeloupe. Cette production permet de satisfaire les besoins locaux en électricité de 12 000 à 15 000 personnes.
Si la centrale de Bouillante est unique en son genre en France, c’est avant tout grâce à sa situation idéale pour l’exploitation de la géothermie haute température : à proximité du volcan de la Soufrière et à l’endroit même d’une faille, qui laisse passer les eaux de pluie à travers la couche terrestre. L’infiltration d’eau permet de constituer des réservoirs d’eau à haute température à 1 500 m de profondeur en moyenne. Cette eau chaude est pompée jusqu’à la surface. Sous pression en profondeur, elle se détend au fur et à mesure de sa remontée et se transforme en partie en vapeur. Cette vapeur fait tourner des turbines qui entraînent à leur tour un alternateur.
L'unité historique de la centrale géothermique de Bouillante en Guadeloupe a été rénovée, moyennant un investissement de 4,4 millions d'euros. Elle a donc été inaugurée le 21 janvier dernier par Marcelle Pierrot, préfète de la région, Jean-Claude Malo, maire de Bouillante, Vincent Laflèche, président du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières placé sous la tutelle du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère de l'environnement et du Ministère du redressement productif. C'est le service géologique national français) et François Démarcq, directeur général délégué du BRGM et président de la société Géothermie Bouillante.
Le chantier de rénovation de la première unité de la centrale géothermique de Bouillante est achevé. Rotor et système de contrôle-commande entièrement neufs, renouvellements de tuyauteries et des installations électriques annexes, ces travaux réalisés pendant un an pour un montant de 4,4 millions d'euros offrent une nouvelle jeunesse à cette unité d'une capacité de 4 MW datant de 1985, dont la production annuelle pourra atteindre 30 GWh. Par ailleurs, depuis 2005, une deuxième unité d'une capacité de 10 MW peut fournir environ 75 GWh par an. Grâce aux travaux de rénovation entrepris, la centrale de Bouillante a ainsi un objectif de production de 100 GWh en 2014, soit une croissance de 25 % par rapport à 2013.
Avec 6 % environ de l'électricité consommée dans l'île, la centrale géothermique de Bouillante est un des principaux contributeurs à la production d'énergies renouvelables en Guadeloupe. Et l'électricité d'origine géothermique coûte environ deux fois moins cher que celle des centrales au fioul. La centrale de Bouillante permet ainsi, chaque année, une économie financière équivalente à son chiffre d'affaires pour la contribution au service public d'électricité (CSPE) payée par l'ensemble des consommateurs métropolitains et ultramarins. Soit un total cumulé, depuis 2005, d'environ 60 millions d'euros d'économie.
Le potentiel de la centrale pourrait encore être accru à l'avenir avec l'ouverture d'une troisième unité, actuellement à l'étude. Une phase de forages d'exploration est en préparation en bordure nord de la baie de Bouillante, suite aux travaux de recherche réalisés par le BRGM. Un développement qui pourrait se réaliser avec de nouveaux partenaires industriels et financiers.
Une centrale géothermique haute énergie exemplaire
La centrale de Bouillante est un cas unique en France de géothermie haute énergie, avec un réservoir naturel d'eau très chaude (250°C) qui permet de produire de l'électricité et qui est réalimenté en permanence. L'eau sous pression est puisée à des profondeurs proches de 1000 m. La vapeur qui en est tirée entraîne deux turbines reliées à des alternateurs qui transforment cette énergie en électricité.
En outre, le développement de nouvelles méthodes géologiques, géochimiques et géophysiques de caractérisation et de suivi du réservoir, et des travaux innovants de modélisation numérique du champ géothermique sont menés à Bouillante par les chercheurs du BRGM. Ils permettent d'améliorer les connaissances scientifiques et la compréhension du fonctionnement de ce champ, d'apporter des informations utiles à l'optimisation de sa gestion lors de l'exploitation et de bâtir un savoir-faire original pour valoriser d'autres ressources géothermiques en France et à l'export.
Des projets de centrales analogues pourraient voir le jour dans d'autres régions d'outre-mer comme la Martinique ou dans l'île voisine de La Dominique, afin de contribuer aux objectifs ambitieux fixés par les pouvoirs publics : parvenir à 50 % de l'électricité consommée outre-mer produite grâce aux énergies renouvelables d'ici 2020, puis à l'autonomie énergétique à l'horizon 2030.
La géothermie est en effet une énergie renouvelable indépendante des aléas climatiques, disponible 24h/24, et ses coûts de production sont particulièrement compétitifs. De plus, ses rejets de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques sont bien plus faibles que ceux liés à l'utilisation d'énergies fossiles. Avec des flux de chaleur élevés et des systèmes fracturés susceptibles d'engendrer des circulations d'eau très chaude proches de la surface, la plupart des territoires insulaires volcaniques de l'Outre-mer français se situent dans un environnement favorable à ce type de géothermie. Au-delà, le savoir-faire français pourrait s'exporter dans toute la Caraïbe.
Photo 1 : Vue de la centrale géothermique de Bouillante (©_EDF-Paul Véronique/Graphix)