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Gustave Doré (1832-1883) - L’imaginaire au pouvoir au Musée d’Orsay… et sur ARTE

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Gustave Doré (1832-1883) - L’imaginaire au pouvoir au Musée d’Orsay… et sur ARTE

Gustave Doré (1832-1883) - L’imaginaire au pouvoir au Musée d’Orsay… et sur ARTE

Du 18 février au 11 mai 2014 au Niveau 0 et 5 Espaces d'exposition temporaire

Cette exposition est réalisée par le musée d’Orsay et le musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.

A cette occasion ARTE diffusera un documentaire Gustave Doré, De l’illustrateur à l’artiste, le dimanche 23 février 2014 à 17h35 qui éclaire les multiples facettes de cet artiste à la fois peintre, dessinateur, caricaturiste, gymnasten alpiniste mais aussi violoniste…

Gustave Doré (1832-1883) fut sans doute l’un des plus prodigieux artistes du XIXe siècle. À quinze ans à peine, il entame une carrière de caricaturiste puis d’illustrateur professionnel – qui lui vaudra une célébrité internationale – avant d’embrasser, à l'exemple des figures universelles de la Renaissance, tous les domaines de la création : dessin, peinture, aquarelle, gravure, sculpture.

L’immense talent de Doré s’investit aussi dans les différents genres, de la satire à l’histoire, livrant tour à tour des tableaux gigantesques et des toiles plus intimes, des aquarelles flamboyantes, des lavis virtuoses, des plumes incisives, des gravures, des illustrations fantasques, ou encore des sculptures baroques, cocasses, monumentales, énigmatiques.

En tant qu’illustrateur, Doré s’est mesuré aux plus grands textes. Ses illustrations de la Bible, de Dante, Rabelais, La Fontaine, Perrault, Cervantès, Milton, Shakespeare, mais aussi de ses contemporains, comme Hugo, Balzac, Poe, Tennyson, font de lui un véritable passeur de la culture européenne. Son œuvre multiforme occupe ainsi une place cruciale dans l’imaginaire contemporain : Van Gogh, admiratif, s’inspira de certaines de ses œuvres, le cinéma (de Cecil B. DeMille à Terry Gilliam) fit son miel de ses images saisissantes, et il n’est pas jusqu’à la bande dessinée qui ne puisse lui réclamer ses actes de naissance.

Première rétrospective de l’œuvre de Doré depuis trente ans, l’exposition du musée d’Orsay lèvera le voile sur tous les aspects de son art.

Gustave Doré, exact contemporain d'Edouard Manet, a subi comme ce dernier le rejet de la critique de son temps. Mais alors que Manet est devenu le héros de la modernité, Doré est resté pour beaucoup le plus illustre des illustrateurs : certaines d'illustrations pour la Bible ou l'Enfer de Dante demeurent des images à jamais gravées dans la mémoire collective.
Connaissant de son vivant puis après sa mort une diffusion sans équivalent en Europe et aux Etats-Unis, il fut l'un des grands passeurs de la culture européenne, autant par l'illustration des grands classiques (Dante, Rabelais, Cervantès, La Fontaine, Milton…) que celle de ses contemporains (Balzac, Gautier, Poe, Coleridge, Tennyson…).
Doré semble n'avoir eu aucune limite créatrice : dessinateur, caricaturiste, illustrateur, aquarelliste, peintre, sculpteur… il s'affirme ainsi comme un artiste protéiforme qui investit les principaux genres et formats de son époque, de la satire à la religion, du croquis aux toiles monumentales.
Il occupe non seulement une place centrale dans la culture visuelle du XIXe siècle, mais encore, marque l'imaginaire du XXe et du début du XXIe, aussi bien pour la bande dessinée, dont il est considéré comme l'un des pères fondateurs, que pour le domaine cinématographique. Comme nul autre artiste de son siècle, Doré donne à voir au filtre de son "oeil visionnaire", toutes techniques confondues, le spectacle foisonnant et habité des mondes poétiques issu de son imaginaire, comme dans une perpétuelle quête de nouvelles frontières.

Photo 1 : Gustave Doré, « Au secours ! Au secours ! Voilà M. le marquis de Carabas qui se noie », frontispice pour Le Maître Chat ou Le Chat botté, publié dans Charles Perrault, Contes illustré par Gustave Doré, gravé par Adolphe François Pannemaker (1822-1900), Paris, Hetzel, 1862, in-fol. © Bibliothèque nationale de France

Gustave Doré (1832-1883) - L’imaginaire au pouvoir au Musée d’Orsay… et sur ARTE

Bohémiens, saltimbanques, diseurs de bonne aventure… apparaissent fréquemment dans l'oeuvre graphique, peint et sculpté de Doré. Celui-ci partage avec son contemporain Daumier un intérêt sincère pour le monde forain. Acrobate émérite, il se déguise occasionnellement en Pierrot lors de soirées costumées. Récits biographiques autant que caricatures présentent souvent l'artiste en exhibitionniste.
De toute évidence, Doré lui-même joue de cette image de saltimbanque, qui va le desservir. Son agilité, sa virtuosité, sa "facilité", sa polyvalence seront en effet jugées suspectes dans le monde de l'art des années 1860-1870. A travers l'iconographie des saltimbanques, Doré exprime sans doute le sentiment d'exclusion qu'il éprouve face au monde de la peinture officielle.

Doré vint tard à la sculpture, en 1877, exposant au Salon la Parque et l'Amour, sans trop d'illusions sur sa réception : "Je ne manquerai pas de critiques et d'attaques, car je crois qu'il y en a plus d'un que cela contrariera de me voir sculpteur, mais enfin, j'espère trouver aussi de bons défenseurs". Peintre devenu sculpteur autodidacte, il se lance dans cette discipline sans formation préalable mais acquiert sans peine une virtuosité qui égale celle déployée en peinture.
La redécouverte du plâtre original de la Parque et l'Amour permet de mesurer ses talents, réels, de sculpteur.
Cette passion des dernières années de sa vie aboutit à des oeuvres ingénieuses et brillantes, s'inscrivant dans une tradition formelle classique et un naturalisme nourri d'académisme, qui domine alors l'esthétique de la sculpture des années 1870. Doré en propose une variation souvent inspirée par une iconographie complexe, mise au service de l'étrangeté, ou d'un goût affirmé pour le déséquilibre de la composition.
L'oeuvre sculpté de Doré se partage entre des oeuvres allégoriques ambitieuses ou extravagantes, de grandes dimensions, et des bronzes de dimensions plus réduites, destinés à une édition de qualité, à peu d'exemplaires, dont la disparité d'inspiration dérouta nombre de ses contemporains : Doré n'eut pas la reconnaissance qu'il ambitionnait comme sculpteur.

Avant de devenir le plus illustre des illustrateurs, Doré débute dans le domaine de la caricature et de la presse périodique, comme nombre de jeunes artistes en quête de notoriété.
Le célèbre éditeur parisien, Charles Philipon, est son premier mentor. Daumier ou Cham deviennent ses collègues. Après une période d'essai, il est engagé par contrat en avril 1848.
Dans le domaine du livre, Doré acquiert une réputation grâce à l'illustration des oeuvres de Rabelais (1854) et des Contes drolatiques de Balzac (1855). Au même moment, il déclare se donner pour but de "faire dans un format uniforme et devant faire collection, tous les chefs-d'oeuvre de la littérature, soit épique, soit comique, soit tragique", en grand format.
Dans les années 1860, Doré acquiert une notoriété internationale grâce à l'illustration de la Sainte Bible et de l'Enfer de Dante. Il devient par ailleurs l'un des artistes les plus hispanophiles et les plus anglophiles de sa génération et connaît une fortune considérable au Royaume-Uni grâce à la "Doré Gallery" qu'il cofonde à Londres en 1867-1868. La Grande-Bretagne et l'Espagne, sous l'angle littéraire ou pittoresque, vont durablement inspirer Doré, autant pour l'illustration que pour la peinture.
Doré ne se limite pas à cette dernière et aborde tour à tour - parfois dans des dimensions exceptionnelles - l'eau-forte et l'aquarelle. Il expose régulièrement ses oeuvres à Paris, au Salon, et à Londres dans les locaux de la "Doré Gallery".
En plus de tableaux historiques, religieux ou scènes de genre, souvent inspirées de ses illustrations, Doré, passionné d'alpinisme, expose nombre de paysages vus lors de ses fréquents déplacements en Savoie, dans les Vosges, en Espagne, en Ecosse, et surtout en Suisse. Il devient ainsi en France l'un des principaux représentants du paysage de montagne au XIXe siècle, livrant des visions spectaculaires et lyriques.

Enfant, Gustave dessine des albums et des histoires qui prennent modèle, dans le répertoire de la fable animale, sur l'oeuvre de J.-J. Grandville (1803-1847) et du Genevois Rodolphe Töpffer (1799-1846), dont les albums ou "histoires en estampes" connaissent une grande fortune à Paris. Ces albums sont plagiés par la maison Aubert, pour laquelle Doré travaille à son arrivée dans la capitale, à l'automne 1847.
Si l'actualité politique est marquée par la Révolution de février 1848 et la fin de la monarchie de Juillet, le jeune artiste se fait prudemment l'écho de la vie parisienne dans le Journal pour rire, et renouvelle le genre du récit par l'image.
Dans la presse illustrée, tel le Musée français-anglais dirigé par Philipon, Doré expérimente divers sujets - scènes de genre, épisodes historiques et pages religieuses - qu'il développera en peinture. Au même moment, il se tourne vers l'illustration des auteurs contemporains. Il débute en se spécialisant dans la littérature excentrique, mais il aborde rapidement les classiques français, italiens, allemands, espagnols et surtout anglais.
Son oeuvre illustré a depuis lors connu une diffusion internationale, absolument sans équivalent dans l'histoire de l'art et l'édition des XIXe et XXe siècles.

L'illustration de l'oeuvre de Rabelais entrepris à deux reprises, en 1854 chez l'éditeur Bry et en 1873 chez Garnier, permet de suivre l'évolution des pratiques de l'édition illustrée au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le volume de 1854 fait partie d'une collection des "Chefs-d'oeuvre européens".
En guise de frontispice, Doré imagine Rabelais qui entrouvre les pages d'un livre monumental. On pourrait y voir une projection de la figure de l'illustrateur sur le point de redistribuer, en format monumental, les classiques de la littérature européenne.
Les deux in-folio formant la seconde édition de 1873 sont particulièrement ambitieux et comptent 61 hors-texte et 656 vignettes. Environ une centaine de sujets sont repris de l'édition de 1854, d'autres des Contes drolatiques de Balzac de 1855. Le contrat indique que Doré doit recevoir 800 francs l'unité, soit en tout 80 000 francs, somme alors considérable.
Il a la responsabilité de toute la partie iconographique et répartit les sujets auprès de ses graveurs, parmi lesquels Stéphane Pannemaker. Doré corrige les épreuves qui lui sont soumises, mais les matrices en bois et les stéréotypes métalliques qui en sont tirés pour faciliter les rééditions, restent la propriété des éditeurs.
Cette somptueuse édition des Oeuvres de Rabelais coûte deux cents francs pour l'édition standard, prix très élevé pour l'époque, le double des volumes usuels, et jusqu'à cinq cents francs pour l'édition de luxe sur papier de Chine. Parallèlement Doré exécute de grandes aquarelles qu'il expose et qui accompagnent l'édition.

Doré fut l'un des principaux peintres de paysages français de la seconde moitié du XIXe siècle. Il aborde ce genre, qui l'accompagnera tout au long de sa carrière, surtout depuis les années 1860, dans toutes ses facettes, pittoresque et sublime, méditative et dramatique.
Influencé tant par Alexandre Calame que par Gustave Courbet, Doré, voyageur sportif et infatigable, passionné d'alpinisme, parcourt la France maritime, vosgienne, savoyarde et pyrénéenne, mais aussi le Tyrol, et tout particulièrement la Suisse et l'Ecosse. C'est ici qu'en avril 1873, dans la région de Braemar, Balmoral et Ballater, il se met sérieusement à l'aquarelle dont il devient un brillant représentant au sein de la Société des aquarellistes français, de 1879 à 1882. Le paysage en général, et la montagne en particulier, sont imprégnés d'imagination littéraire : "Je suis revenu impressionné de ce beau pays si agreste et romanesque", écrit-il à une amie anglaise à la suite de son séjour en Ecosse.
A mesure que passent les années, Doré tend à réduire la présence humaine dans ses compositions, jusqu'à l'évacuer. Rien dans la nature ne semble échapper à cet oeil curieux, à cette main toujours prête à saisir un ciel sombre, un torrent tumulteux, la lumière suivant l'orage, affectionnant par ailleurs des vues nocturnes ou crépusculaires. Lyriques, ces visions d'une spectacularité rêveuse et contemplative demeurent pour certaines parmi les plus étonnantes représentations de paysages du milieu du siècle. Leurs constructions harmoniques ne sont pas sans évoquer celles d'un Caspar David Friedrich, que Doré rejoint dans une certaine religiosité face au spectacle de la nature.

Selon Ray Harrihausen (1920-2013), maître des effets spéciaux cinématographiques, "Gustave Doré aurait été un grand chef opérateur (…) il regarde les choses avec le point de vue de la caméra". L'oeuvre de Doré a marqué de manière indélébile l'imaginaire filmique depuis ses origines. Et le cinéma, en retour, a "gravé" Doré dans l'imaginaire du XXe siècle.
Peu de films sur la Bible, depuis Vie et Passion de Jésus Christ produit par Pathé en 1902, qui ne se réfèrent à ses illustrations, ni d'adaptation cinématographique de Dante ou encore de Don Quichotte qui ne l'aient pris comme modèle, de Georg Wilhelm Pabst et Orson Welles à Terry Gilliam.
Il n'est pas de films sur la vie londonienne et victorienne qui n'empruntent leurs décors aux visions de Londres, un pèlerinage, qu'il s'agisse de David Lean, de Roman Polanski ou de Tim Burton. Nombre de scènes oniriques, fantastiques, fantasmagoriques ont puisé dans l'oeuvre graphique de Doré, depuis le Voyage dans la lune de Georges Méliès en 1902.
Ses forêts "primitives", notamment celles d'Atala, ont servi aux différentes versions de King Kong, de 1933 au film de 2005 par Peter Jackson qui s'était déjà appuyé sur l'oeuvre de Doré dans Le Seigneur des anneaux (2001 et 2003). Il faudrait encore évoquer la dette de Jean Cocteau envers les illustrations des Contes de Perrault dans La Belle et la bête (1945), de George Lucas pour le personnage de Chewbacca dans la Guerre des Etoiles (1977), jusqu'à la saga d'Harry Potter.
Enfin, dans le domaine du dessin animé ou de l'animation, la dette de Walt Disney envers Doré est immense, comme celle des réalisateurs qui ont donné vie au chat de Shrek (depuis 2004). Directement inspiré du Chat botté, le dynamique félin choisi comme figure emblématique de cette exposition.

Informations pratiques

Horaires : tous les jours, sauf le lundi et le 1er mai, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45 Tarification : droit d'entrée au musée : tarif unique : 11 € ; tarif réduit : 8,50 € Accès : entrée par le parvis, 1, rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris Informations et standard : +33 (0)1 40 49 48 14 – www.musee-orsay.fr


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