Un recul du trait de côte dépassant 10 m sur la façade aquitaine suite aux conditions climatiques de cet hiver
Présentée dans le cadre des missions de l’Observatoire de la Côte Aquitaine, projet inscrit le Contrat de Projet État-Région (CPER) et le Programme Opérationnel FEDER 2007-2013, financé par l’État, la Région Aquitaine, les Conseils généraux de la Gironde, des Landes, des Pyrénées Atlantiques, le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA), le BRGM et l’ONF, l’expertise sur l’observation post-tempêtes sur le littoral aquitain de décembre 2013 à janvier 2014, révèle que d’une manière générale l’ensemble de la côte sableuse aquitaine a été fortement érodée à l’issue de ces dépressions (recul du trait de côte dépassant 10 m sur de nombreux sites).
Comme suite aux tempêtes survenues entre décembre 2013 et janvier 2014, un diagnostic des impacts sur le littoral aquitain a été établi à partir des observations réalisées par le BRGM et l’ONF relatives aux phénomènes d’érosion côtière (y compris mouvements de terrain) et de submersion marine. Ces informations ont été recensées de manière à produire une évaluation rapide des impacts en attendant une analyse plus détaillée des processus de la tempête et des dégâts occasionnés. L’évaluation des érosions et submersions marines survenues après janvier 2014 fera l’objet d’un rapport ultérieur (ex. : dégâts occasionnés lors des fortes vagues et forts coefficients de marée les 01-02/02/2014).
Deux périodes de forte agitation ont été relevées durant le début d’hiver 2013-2014 :
- La période du 23 au 27 décembre 2013 correspond à une dépression qui a généré des vents d’orientation Sud/Sud-Ouest atteignant 100 km/h en Aquitaine ainsi que des hauteurs significatives de houle atteignant 6,5 m au Cap-Ferret. Les dommages observés sur le littoral à l’issue de cette dépression survenue en période de faibles coefficients de marée (44 le 26/12/2013), sont faibles.
- La période du 3 au 7 Janvier 2014 correspond à une dépression majeure « Hercules » qui a généré des houles de hauteurs significatives oscillant entre 6 et 7 m et atteignant 9 m dans la nuit du 6 au 7 janvier. Des dommages majeurs ont été observés sur le littoral à la suite de cette seconde dépression survenue en période de forts coefficients de marée (108 le 03/01/2014) et à l’issue d’une succession d’évènements extrêmes.
Alors que les fortes vagues survenues du 23 au 27 décembre ont engendré peu de dommages (faibles coefficients de marée : 44 le 26/12/2013), celles du 03 au 07 janvier ont généré d’importants phénomènes d’érosion sur l’ensemble de la côte sableuse ainsi que de faibles submersions localisées dans les zones basses (pourtour du Bassin d’Arcachon, courants landais, plages de la côte basque), en raison de forts coefficients de marée (maximum de 108 le 03/01/2014).
D’une manière générale, l’ensemble de la côte sableuse aquitaine a été fortement érodée à l’issue de ces dépressions (recul du trait de côte dépassant 10 m sur de nombreux sites). Les plages se sont fortement abaissées et aplanies, limitant ainsi leur résistance aux assauts de l’océan. Cette fragilité est renforcée par la disparition temporaire des barres sableuses intertidales. Des submersions marines de faibles emprises se sont également produites. Par conséquent, les prochaines périodes de grands coefficients risquent d’être érosives et doivent être surveillées, surtout si aucune période de beau temps n’a eu lieu entre temps pour permettre un rechargement naturel des plages.
La dune littorale non boisée (y compris la lisière forestière) est à la fois un élément fort du patrimoine écologique et un ouvrage de défense contre les risques (érosions éolienne et marine). Les plages et les dunes ont été plus déstabilisées que lors du passage de la tempête Xynthia en février 2010 et Klaus en janvier 2009. Le cordon dunaire a encore joué correctement son rôle d’amortissement de l’érosion marine, et parfois de digue lorsque le cordon dunaire est étroit et précède des terres basses (cas peu fréquent en Aquitaine). Ces tempêtes consécutives ont affaibli l’ensemble de la côte sableuse au niveau de la plage et de la dune littorale et ont notablement réduit la capacité de protection ultérieure, notamment dans le secteur du Médoc en Gironde.
Les observations, non exhaustives sur l’ensemble de l’Aquitaine, montrent des dommages sur les ouvrages et les installations variables selon les secteurs géographiques :
- Accès à la mer et installations proches du front de mer (Club de surf au Sud de Soulac-sur- Mer, promenades en bois de Lacanau-Océan, escaliers d’accès de plage de Montalivet, Lacanau, Ondres et Biarritz, etc.).
- Certains ouvrages de défense contre la mer en enrochements ou maçonnés ont également subi des dommages : affaissements et basculements de blocs sur la majorité des ouvrages (musoir de la Corniche de la Dune du Pilat, perrés des prés salés Est à La-Teste-de-Buch, perrés du courant de Mimizan, digues de Vieux-Boucau, débouché de l’Uhabia et du sentier du littoral de Parlementia à Bidart, etc.), endommagement de parapets et de garde-corps sur la côte basque (Port-Vieux, Côte des Basques à Biarritz, jetée des Alcyons à Guéthary, Boulevard de la Mer à Hendaye), destruction de l’ouvrage géotextile longitudinal sur la Plage de la Pointe à Capbreton.
- De nombreux bâtiments sur la côte des Pyrénées-Atlantiques ont été impactés car proches de la mer : destruction des baies vitrées du casino de Biarritz, local des Ours Blancs au Port-Vieux de Biarritz, des postes de secours des plages du Centre et de l’Uhabia à Bidart, des restaurants de la jetée des Alcyons à Guéthary.