Dans l'industrie, la consommation d'énergie baisse mais la facture augmente…
Le service Enquêtes thématiques et études transversales de l’Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee) a publié récemment les données sur La consommation d'énergie dans l'industrie de 2005 à 2012 issues de l'enquête annuelle sur les consommations d'énergie dans l'industrie (EACEI).
D’une manière générale, dans l'industrie, la consommation d'énergie hors carburants a baissé de 18 % entre 2005 et 2012, soit un peu plus fortement que la production. Néanmoins, la facture énergétique a fortement augmenté (+ 27 % en euros courants), sous l'effet de la hausse des prix de l'énergie. En 2012, la consommation d'énergie brute s'établit à 34,2 millions de tonnes d'équivalent pétrole, et la facture énergétique à 15,3 milliards d'euros. L'électricité et le gaz sont les énergies les plus consommées, à part égale.
Une consommation d’énergie qui baisse…
En 2012, la consommation d'énergie brute (consommation d'énergie brute est obtenue en sommant les consommations en combustibles et en électricité, ainsi que les achats de vapeur) hors carburants de l'industrie (hors artisanat commercial et industrie de l'énergie) s'élève à 34,2 millions de tonnes d'équivalent pétrole (tep qui représente la quantité d'énergie contenue dans une tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules), et la consommation d'énergie nette (consommation d'énergie nette est égale à la consommation brute diminuée des quantités de combustibles ayant servi à produire de l'électricité et diminuée de la quantité de vapeur vendue par des établissements industriels) à 32,7 millions de tep. Le secteur le plus énergivore est celui de l'industrie chimique, suivi de celui de la métallurgie ; cependant, alors que le premier consomme beaucoup de gaz, le second est plutôt utilisateur de combustibles minéraux solides : houille, lignite ou coke de houille.
Depuis 2005, la consommation d'énergie brute dans l'industrie a diminué de 18 %, avec une forte baisse en 2009. Ce recul reflète la baisse de la production, mais aussi un effort de réduction de la consommation d'énergie de la part des industriels.
Évolution de la consommation d'énergie et de la facture :
Consommation brute d'énergie (en millions de tep1)
2005 : 41,7
2010 : 35,8
2011 : 34,7
2012 : 34,2
Consommation nette d'énergie (en millions de tep1)
2005 : 39,4
2010 : 34,0
2011 : 33,2
2012 : 32,7
Facture énergétique2 (en millions d'euros courants)
2005 : 12 092
2010 : 13 847
2011 : 14 864
2012 : 15 300
1. tep : tonnes d'équivalent pétrole.
2. À partir de 2012, la facture énergétique comprend la facture de bois acheté (un peu plus de 60 millions d'euros en 2012).
Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération, établissements de 20 salariés ou plus.
… mais la facture augmente…
En 2012, la facture énergétique du secteur industriel s'établit à 15,3 milliards d'euros. Depuis 2005, elle a crû de 27 % malgré le recul de la consommation. Cette hausse traduit celle des prix de l'énergie, encore plus forte que l'augmentation générale des prix : même déflatée par le prix du produit intérieur brut (PIB), la facture énergétique de l'industrie augmente de 13 % sur la même période.
Les prix des différents combustibles minéraux solides ont en effet bondi, notamment ces trois dernières années. Ainsi, le prix de la houille, qui représente, en 2012, 90 % des quantités achetées, est passé de 90 euros la tonne en 2005 à environ 170 euros en 2012 (soit 280 euros par tep). Parallèlement, le prix moyen des produits pétroliers a doublé sur la période, conséquence directe de la hausse du prix du pétrole : il atteint 580 euros par tep en 2012. Les prix de la vapeur et du gaz de réseau ont également fortement augmenté, malgré une légère baisse en 2009 et 2010 ; celui de la vapeur atteint 29 euros la tonne en 2012 (soit 400 euros par tep) et celui du gaz naturel 31 euros le MWh (soit également 400 euros par tep). Seul le prix de l'électricité poursuit une hausse tendancielle plus modérée, atteignant en moyenne, pour un industriel, un peu plus de 60 euros le MWh (soit 730 euros par tep). Le prix de l'électricité en France reste un des plus faibles d'Europe.
Gagner en compétitivité par la réduction du coût de l’énergie…
… et l'électricité et le gaz utilisés à parts égales.
Entre 2005 et 2012, les grandes tendances de consommation d'énergie ont peu varié. À égalité, l'électricité et le gaz restent les deux énergies les plus consommées et représentent à elles deux près de 70 % de la consommation d'énergie (hors usage en tant que matière première). La part des énergies non marchandes (bois, liqueur noire, autres produits pétroliers, combustibles renouvelables ou non) est stable à 12 %. En revanche, la part des produits pétroliers ne cesse de diminuer : en 2012, ils représentent moins de 7 % de la consommation d'énergie dans l'industrie (hors usage en tant que matière première), soit trois points de moins qu'en 2005. Enfin, la part des combustibles minéraux solides atteint près de 7 % en 2012, dépassant alors la part des achats de vapeur pour la deuxième année consécutive.
Parallèlement, l'industrie produit elle-même de l'électricité ; en 2012, cette autoproduction représente 6 % de la consommation totale d'électricité, soit environ 6 500 GWh. Cette autoproduction est très majoritairement d'origine thermique : seulement 14 % est d'origine hydraulique, photovoltaïque ou éolienne. 60 % de l'autoproduction est consommée en interne, 40 % est revendue au réseau.