2 mesures pour la gestion du risque d’érosion et de submersion marines
Phénomène de plus en plus inquiétant, l’érosion côtière s’aggrave avec les activités humaines en corrélation des effets du changement climatique amplifiés par les tempêtes. Une situation impactant la sécurité des personnes et des biens.
Par ailleurs, les évènements climatiques exceptionnels, associés à des coefficients de marée importants, peuvent entrainer l’inondation du littoral par submersion marine.
Parce qu’environ un quart des côtes françaises métropolitaines recule, alors que seulement un dixième gagne des terres en mer par sédimentation, l’Etat a annoncé deux décision pour la gestion du risque d’érosion et de submersion marines
Ces proportions ont peu varié depuis vingt ans et toutes les côtes françaises sont concernées. La mobilité des côtes est un phénomène naturel qui se produit sous l’influence des vagues, du vent, des courants, du gel, de la pluie et de la nature des côtes. Elle peut cependant être modifiée par les activités humaines. Les ports et les différents ouvrages du front de mer perturbent les courants et les transports de sédiments. Par ailleurs, les nombreux barrages édifiés sur les cours d’eau limitent les apports de sables et graviers d’origine tellurique.
Selon sa nature, le littoral évolue différemment : l’érosion est plus fréquente en zone sableuse qu’en zone rocheuse.
La part du littoral naturel en recul est très variable sur le littoral métropolitain. Elle est faible (<10%) en Corse et en Ille-et-Vilaine. Elle est par contre très forte (>70%) dans le Pas-de-Calais, en Seine-Maritime, dans le Calvados et dans le Gard.
Les zones urbanisées (tissu urbain, zones industrielles et commerciales, ports et voies de communication) représentent 23% des terres situées à moins de 50m des côtes en recul, soit près de 10 000 ha.
Les experts s’attendent à une hausse du niveau de la mer. Cette hausse sera vraisemblablement accompagnée de tempêtes plus fortes et plus fréquentes. Par ailleurs, l’élévation du niveau de la mer va augmenter les risques de submersion des zones littorales basses et pourrait fragiliser de nombreuses digues et ainsi submerger les polders arrière littoraux.
Les phénomènes d’érosion observés actuellement sur le trait de côte métropolitain vont se renforcer dans les décennies à venir, sous l’influence du réchauffement de la basse atmosphère terrestre. Une meilleure compréhension des phénomènes à l’oeuvre, leur anticipation le plus en amont possible et une gestion souple des milieux naturels afin de leur permettre d’accompagner les changements sont les éléments d’une nouvelle culture de la gestion du trait de côte.
L’Etat et les collectivités locales du littoral doivent, au-delà des choix d’urbanisme et d’aménagement adaptés et cohérents, prévoir sur le long terme les conséquences des choix relatifs à la protection du littoral et de ses usages, et son adaptation aux phénomènes naturels.
A cet effet, le ministère de l’Ecologie a donc annoncé deux mesures pour mieux adapter l’action de l’Etat.
La première vise la mise en œuvre d’une méthode pour construire des indicateurs nationaux homogènes déterminée en 2014, afin d’identifier les secteurs où l’érosion est forte, nécessitant d’être intégrés en priorité dans les politiques publiques et ainsi hiérarchiser l’engagement de finances publiques en matière de travaux et d’aménagements. Pour suivre l’évolution du trait de côte, il sera produit d’ici la fin de l’année une première cartographie à l’échelle nationale de l’aléa d’érosion côtière, afin de permettre une bonne connaissance des aléas et du fonctionnement des écosystèmes côtiers dans leur état actuel, avec une prévision de leur évolution à 10, 40 et 90 ans.
La deuxième concerne l’amélioration de la prévention des risques littoraux en favorisant la cohérence et la coordination entre lutte contre l’érosion et prévention de la submersion. Pour cela, un programme particulier dédié au littoral proposant une gestion intégrée des risques littoraux (inondations, submersions marines et estuariennes, érosion…) est défini. Un certain nombre d’actions communes ont été identifiées pour faire avancer les objectifs suivants :
- mieux intégrer les risques naturels dans une dynamique de recomposition spatiale des territoires littoraux : il est nécessaire de planifier maintenant et de préparer les acteurs à la mise en oeuvre de la relocalisation à long terme des activités et des biens exposés aux risques littoraux, en fonction des enjeux et de l’importance de l’érosion
- n’envisager les opérations de protection artificialisant fortement le trait de côte que dans des secteurs à très forte densité ou d’intérêt stratégique national et les concevoir de façon à permettre à plus long terme un déplacement des activités et des biens
- assurer une prise en compte conjointe des aléas submersion et érosion dans les plans de prévention des risques littoraux
- restaurer le fonctionnement des écosystèmes littoraux (zones humides, cordons dunaires, mangroves, récifs coralliens...) pour leur rôle en faveur de la protection du littoral car ils constituent des espaces de dissipation de l’énergie de la mer et contribuent à limiter l’impact de l’érosion côtière sur les activités et les biens.