L’archange Saint Michel reconquiert le sommet de la Sainte-Chapelle
Soutenu par le mécénat exceptionnel des Fondations VELUX, le Centre des monuments nationaux (CMN) poursuit sa vaste campagne de restauration de la Sainte-Chapelle du Palais de la Cité à Paris. Maître d’ouvrage, le CMN consacre des moyens importants à la restauration des verrières de la Sainte-Chapelle, initiée il y a quatre ans et qui s’achèvera fin 2014. Depuis 2008, les sept verrières de vitraux situées sur la façade nord de ce joyau gothique ainsi que les maçonneries qui les entourent et les surmontent et enfin l’archange sont successivement restaurés. La grande rose va également faire l’objet d’une restauration l’année prochaine, toujours dans le cadre du mécénat des Fondations VELUX. Assurant la conservation de ce monument majeur pour le public, le CMN repose ainsi aujourd’hui l’archange saint Michel restauré au sommet du chevet de la Sainte-Chapelle. Cette opération spectaculaire, qui exige de bonnes conditions météorologiques, se déroule en plusieurs étapes : transport de l’archange des ateliers de restauration Tollis jusqu’à la Sainte-Chapelle la veille, installation de la grue dans la nuit, mise en place du mât sur lequel viendra se poser l’archange entre 8h et 10h et enfin repose de l’archange proprement dite entre 10h et midi.
Cet ange du chevet a été imaginé par Jean-Baptiste Lassus, architecte de la restauration du monument en 1850, lorsqu’il présenta son projet de restitution des parties hautes de la Sainte-Chapelle. L’œuvre monumentale - 2.90m de haut, 1.20m d’envergure, 2.2 tonnes - coulée en plomb, a été réalisée par Victor-Adolphe Geoffroy-Dechaume en 1852.
Placé au sommet de la Sainte-Chapelle en 1855, l’archange a, depuis, subi des altérations dues aux changements de température, à la pollution, au ruissellement et à la stagnation des eaux de pluie, mais surtout au vent, la tempête du 17 décembre 2004 ayant particulièrement endommagé sa stabilité. La dépose de la statue en 2005 nécessita notamment de couper le mât de fer dans lequel elle était enchâssée. Exposée ensuite entre les contreforts du chevet, puis devant le porche d’entrée de la chapelle basse, elle a rejoint les ateliers Tollis en juin dernier pour être restaurée et enfin reprendre sa place aujourd’hui.
Cette restauration a bénéficié du soutien des Fondations VELUX.
La restauration
- La structure interne
La structure interne de l’ange a d’abord été inspectée. L’investigation a montré des désordres mineurs causés par des phénomènes de corrosion. L’association d’éléments en cuivre avec d’autres en alliages ferreux, en présence d’humidité, a par un phénomène électrolytique causé l’oxydation du fer. Mis à part les zones de corrosion, essentiellement situées sur les points de fixations, qui ont été vérifiés pour déterminer leur rôle mécanique, la stabilité structurelle de l’armature interne n’est pas en danger.
Toutefois, dans un but de prévention, des investigations analytiques complémentaires ont été menées par le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH) sur les différents matériaux. La stabilité de la structure de base est prépondérante puisqu’elle maintient le mât dans lequel est fixée la statue 12 m plus bas dans les combles du chevet. Le mât a été inspecté et se présente dans un parfait état de conservation.
- L’enveloppe extérieure en plomb.
La restauration de l’enveloppe consiste en un traitement des surfaces, ce qui implique auparavant d’en déterminer les différents états et les pathologies, d’identifier les vestiges des décors et les traces de corrosion. On observe également des traces de décors anciens, peints ou dorés, qu’il convient d’inventorier à titre documentaire.
Des liserés blancs marquent les contours des ailes, le drapé du vêtement et le dos du dragon-bête. La largeur du trait peut varier suivant la situation ou l’utilisation comme préparation pour la dorure. Des rehauts d’or auraient marqué les orfrois de la robe de l’ange et la croix : les vestiges de dorures sur l’ange sont infimes. La persistance de surfaces peintes en noir, issues de deux périodes historiques distinctes et vraisemblablement à base de Plombagine, se manifeste sous deux formes : L’une intégrée au décor, dans une alternance noir/or ; et l’autre recouvrant l’ensemble des surfaces. Ceci correspond stylistiquement avec les décors de la flèche. Différents procédés de nettoyage ont été testés : de type chimique, avec différents produits, dosages ou temps de poses, ou mécaniques comme la micro abrasion avec étape préalable de consolidation pour les rehauts de blanc ou d’or.
Les choix de restauration ont été difficiles, entre la conservation des rehauts et décor noir existant encore ou l’homogénéisation des différents aspects de surface en ne conservant que les rehauts. Finalement, il a été décidé de procéder au relevé des décors conservés suivi de leur consolidation, puis d’un nettoyage de surface (alternant, suivant le cas, produit tensio-actif et micro abrasion) et un traitement en harmonisation des teintes en gris foncé sur l’ensemble de l’ange.
La Sainte-Chapelle
Chef d'œuvre de l’architecture gothique, la Sainte-Chapelle fut édifiée par Louis IX, futur Saint Louis, pour abriter les reliques de la passion du Christ.
A l’époque médiévale, la ferveur chrétienne attribuait une très grande valeur aux reliques dont la possession conférait un prestige considérable. En 1239, au terme de deux années de négociation, Louis IX rachète la couronne d’épines à Beaudouin II de Courtenay, empereur latin de Byzance. D’autres reliques furent acquises en 1241, Louis IX décide alors d’édifier un monument digne de ce trésor. La chapelle fut achevée en 1248. Son maître d’œuvre, parfois désigné comme Pierre de Montreuil, architecte de Notre-Dame et de Saint-Denis, n’a jamais été identifié avec certitude.
L’édifice, conçu comme une chapelle palatine, comprend un niveau supérieur, réservé aux chanoines, au souverain et à sa famille, communiquant par une galerie avec les appartements royaux, et une chapelle basse servant au personnel du palais. Sa flèche, reconstituée au XIXe siècle, d’après le modèle du XVe siècle, s’élève à soixante quinze mètres au-dessus du sol. L’architecture, robuste et puissante dans la chapelle basse, soutient la légèreté et l’élégance du gothique rayonnant de la chapelle haute. Conformément au modèle architectural des Saintes Chapelles, l’édifice à vaisseau unique de quatre travées se termine par un chevet à sept pans. La chapelle basse, aux colonnes ornées de lys de France et de tours de Castille, sert de soubassement à l’étage supérieur. La chapelle haute, lieu d’exposition des reliques, est conçue comme une châsse monumentale, délicatement peinte et ouvragée. Un ensemble de vitraux exceptionnels constitue l’exemple le plus complet de l’art du vitrail du XIIIe siècle. Les deux tiers des verrières sont d’origine. Outre les peintures murales, fidèlement restituées au XIXe siècle, la chapelle haute est ornée d’un décor sculpté remarquable par sa finesse et sa variété. Plus de cent motifs végétaux différents animent les colonnettes, tandis que les douze statues d’apôtres illustrent deux styles de la sculpture parisienne du XIIIe siècle. Sévèrement endommagée pendant la Révolution, la Sainte-Chapelle a fait l’objet, au XIXe siècle, d’une restauration exemplaire, dirigée par Duban, Lassus et Boeswillwald.
Enfin, au printemps 2008, a commencé une restauration exceptionnelle à la Sainte Chapelle, pour préserver en un temps record notamment l’ensemble de vitraux unique au monde qui la compose. La Sainte-Chapelle est en train de renaître grâce à l’excellence des savoir-faire français des maîtres verriers. Le Centre des monuments nationaux orchestre ce chantier gigantesque grâce au soutien des Fondations VELUX.
La Sainte-Chapelle est également ouverte au public par le Centre des monuments nationaux.