Singularité d’un projet particulier, le Grand Carcouët va voir prochainement ses locataires…
Doublement relayé sur le Blog de l’Habitat Durable, Le Grand Carcouêt constitue un programme innovant notamment en expérimentant le BEPOS (Bâtiment à Energie positive).
A l’occasion des 100 ans de Nantes Habitat, maître d’ouvrage, le projet Grand Carcouët vise à tester de nouvelles techniques. Avec l’inauguration récente du programme proposant 30 logements à énergie positive,, au bord du val de Chézine, l’atout innovant correspond à la mise en œuvre d’un suivi pendant deux ans des consommations et accompagnement des locataires pour s'approcher de la performance exigée. Tous les écarts de consommation autres que ceux dus à l'usage des locataires, devront être justifiés. Des pénalités seront prévues si les performances ne sont pas atteintes (barèmes de pénalités selon les écarts)
Au cœur d’un paysage qui associe clairières aux lisières denses et masses boisées singulières, deux bâtiments bardé de bois et très vitré, sont reliés par une galerie « emballée » par une toile, sorte de rue intérieure. Mais on peut aussi accéder directement aux logements du rez-de-chaussée, ou par des coursives en bois.
L’architecte (François Lannou, agence In Situ) a voulu que les parcours d’accès soient diversifiés. Tout comme les logements, qui ont des formes variables. Mais le principe général pourrait se résumer par : « du soleil pour tous, une vue pour tous, à tous les étages. »
Les logements, du T2 au T6, bénéficient d’ouvertures généreuses au Sud et de loggias, espaces modulables captant la chaleur du soleil.
Le procédé constructif associe une structure béton habillée de murs à ossature bois. Grâce à une enveloppe thermiquement performante et l’apport des systèmes héliopac (pompe à chaleur eau/eau et capteurs solaires basse température) et powerpipe (récupération de calories sur descentes d’EU), les bâtiments, labellisés BBC Effinergie, obtiennent des performances énergétiques inférieures de 10% aux obligations du label. L’ajout de panneaux photovoltaïques en toiture permet à ce programme d’être classé Bepos (bâtiment à énergie positive).
C’est le groupement Quille Construction et le cabinet d’architectes In Situ qui ont remporté le marché. Il était demandé au groupement de s’engager à la fois sur le délai de livraison de l’ouvrage avec comme délai maximum 24 mois à l’issue de la notification du marché, mais également sur le montant total de l’opération avec comme enveloppe maximale 5,5 M€ HT. De ce fait et au regard des propositions faites par les différents groupements, le projet lauréat s’est engagé sur un niveau de performance thermique BEPOS (soit avec un Cep (consommation d’énergie primaire) de – 0.9 kWh/m2shon/an). Afin de garantir ce niveau de performance et faciliter l’usage de ce bâtiment pour les habitants et optimiser son entretien et sa maintenance, le lauréat a comme mission de suivre et analyser les consommations réelles et accompagner les locataires et les équipes de maintenance-exploitation de Nantes Habitat pendant deux ans à compter de la date de réception. De son côté, l’Office accompagnera également les locataires du Grand Carcouët en leur expliquant le fonctionnement et l’usage du bâtiment (aération, chauffage, tri sélectif...).
La conception technique a été poussée très loin, pour obtenir une performance énergétique qui permet aux locataires de réduire fortement leurs dépenses de chauffage et d’eau chaude.
Les bâtiments sont compacts, de manière à éviter les déperditions. Ils sont isolés par l’extérieur.
L’eau est chauffée par des capteurs solaires associés à une pompe à chaleur. Un système de récupération de la chaleur sur les « eaux grises » permet, en plus, de réduire encore la facture d’eau chaude sanitaire.
Enfin, 375 m2 de panneaux photovoltaïques permettent de produire autant d’énergie solaire sur le toit que ce que consomment les usagers.
Un projet collectif et social
Les premiers locataires arriveront à partir du 20 janvier. Nantes Habitat a prévu de suivre les consommations d’énergie pendant deux ans et d’accompagner les locataires sur le fonctionnement du bâtiment et ses usages : aération, chauffage, parties communes, tri sélectif...
Jusqu’au 21 février, des permanences de Nantes Habitat et de l’équipe de quartier se tiendront sur place, pour créer de la convivialité et des échanges, distribuer des sacs de tri, répondre aux questions sur les spécificités du bâtiment...
Une crémaillère collective aura lieu fin février et des réunions de bilan et d’échanges courant 2014.
Le collectif La Luna interviendra au printemps prochain, pour imaginer des actions collectives et artistiques dans le sens du vivre ensemble.
Un espace a été prévu sur le site pour l’aménagement d’un jardin collectif. Par ailleurs, un local pourrait accueillir une laverie collective.
Véritable programme dont la singularité réside sur le marché particulier de conception / réalisation. C’est un marché particulier puisque, bien qu’il s’agisse d’un marché de travaux, il inclut également les prestations intellectuelles de conception. Au moment de la désignation, l’équipe lauréate s’engage à la fois sur une image architecturale, mais également sur un programme de travaux, le pilotage et le suivi de chantier, le respect des délais et des coûts, et, en l’occurrence pour ce marché, un niveau de perfor- mance thermique. Sont donc retenus, à la fois un architecte et des BET, mais également une ou plusieurs entreprises en charge de la réalisation des travaux. Il s’agit en quelque sorte, pour le Maître d’ouvrage, d’une opération clef en main. Néanmoins, cela nécessite que la commande du maître d’ouvrage soit suffi- samment explicite et détaillée, mais surtout ferme et définitive. En effet, à la différence des concours « classiques », il est exclu que les orientations définies dans le programme soient revues par le Maître d’ouvrage. Néanmoins, le marché est découpé par phase, avec en l’occurrence :
√ phase 1 : mise au point de l’Avant Projet (APS/APD),
√ phase 2 : permis de démolir et de construire (PD et PC),
√ phase 3 : projet (PRO), études d’exécution (EXE),
√ phase 4 : suivi des travaux (DET, VISA et AOR),
√ phase 5 : réalisation des travaux (y compris mise en service),
√ phase 6 : pilotage et optimisation de la performance énergétique sur 2 ans ainsi que l’accompagnement des futurs locataires et du personnel de maintenance de l’Office.
Paroles d’In Situ : Notre réponse à l’obligation de performance technique
Le projet du Grand Carcouët prolonge nos réflexions sur le logement où les qualités et le confort d’habiter portent les enjeux de durabilité. Notre réponse à l’obligation performance (technique, thermique, économique) s’enrichit d’une réflexion partant du cœur du logement pour en redéfinir les usages vers plus de « disponible » tant au fil des variations de ses habitants qu’au fil des saisons. Un espace complémentaire permet d’accueillir les usages que le logement collectif a perdus avec la réduction de sa surface : atelier, rangement, coin musique à l’écart, chambre complémentaire pour une famille recomposée, buanderie... et les usages à venir : pôle multimédia, bureau de télétravail...
Le logement s’organise autour d’un espace intermédiaire non chauffé, mais garantissant une température de confort toute l’année comprise entre 17 et 27 °C. Celui-ci fusionne l’accès du logement, sa loggia et un espace buanderie. Il offre modularité, fluidité, apport thermique et ventilation : il devient jardin d’hiver confortable en hiver et balcon ouvert sur le paysage à l’abri des regards en été. Traversantes pour les duplex, les loggias offrent un cadrage sur le paysage dès l’entrée dans le logement.
Par leurs surfaces généreuses et leur température proche de celle du logement, les loggias deviennent les prolongements naturels de celui-ci. Leur intégration dans le volume isolé, nous permet de travailler une limite logement/loggia plus souple : larges panneaux coulissants, châssis vitré, meubles-rangements. Le projet s’inscrit dans un paysage d’une extrême qualité associant clairière aux lisières denses et masses boisées singulières. Les itinéraires vers les logements tissent ici au contact un rapport quotidien et varié au paysage. Il s’agit de cadrages, de suspensions, de vues et de proximité avec le paysage : on passe sous les arbres, on longe les arbres, on les traverse...
Les bâtiments s’infléchissent pour conserver des percées visuelles vers les arbres singuliers. Côté accès, les bâtiments sont à l’échelle de l’école existante (R+2). En cœur d’îlot, ils vont chercher le soleil et les vues sur le Vallon de la Chézine (R+4). Les logements se caractérisent par des modes d’accès variés (accès direct au rez-de-chaussée, coursives filtrées, galerie emballée) offrant à chacun des parcours singuliers.