Forte évolution démographique dans l’espace rural entre 1999 et 2009
Le service de l’Observation et des statistiques du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) a fait paraître une étude qui recoupe les sources mobilisées des millésimes 1999 et 2009 des recensements de la population, de Filocom (fichier fiscal décrivant le logement et ses occupants) ainsi que les données de la base Sitadel (base des permis de construire pour l’estimation des logements achevés).
Elle montre qu’après deux siècles d’exode rural, le mouvement entre villes et campagnes s’est inversé à partir des années 1970. Ainsi, jusqu’à la fin des années 1990, la population des campagnes a augmenté légèrement plus vite que celle des villes. Le phénomène s’est fortement amplifié au cours de la dernière décennie : entre 1999 et 2009, le taux d’évolution de la population au sein des espaces ruraux a été deux fois plus élevé qu’au sein des espaces urbains (11,6 % contre 4,9 %). Cet accroissement démographique est essentiellement lié à l’arrivée de nouveaux habitants. Son impact sur l’habitat est variable suivant les territoires. Les dynamiques combinées de la population et du parc de logements, observées entre 1999 et 2009, permettent de classer les communes en cinq groupes distincts.
L’étude fait apparaître que sur la période 1999-2009, cinq groupes d’espaces ruraux se sont distingués par des dynamiques de population et de parc de logements différents.
Selon l’éloignement de la commune et sa localisation, l‘arrivée de nouveaux habitants n’a pas nécessairement entraîné de nouvelles constructions. Le parc de logements existants, vacants ou anciennement occupés en tant que résidences secondaires, a pu en effet être partiellement converti en résidences principales.
Ainsi, l’enquête révèle une forte évolution démographique dans l’espace rural entre 1999 et 2009 :
Au 1er janvier 2011, la France métropolitaine compte 36 568 communes parmi lesquelles 80,2 % composent l’espace rural dans le découpage par unités urbaines de 2010 (définitions). Cet espace est relativement stable depuis le zonage établi en 1999 : 95,5 % des communes rurales de 1999 sont restées dans l’espace rural défini en 2010. Les 1 369 communes rurales restantes sont devenues des petites unités urbaines, généralement de moins de 5 000 habitants, essentiellement en raison de leur absorption par les espaces urbains adjacents. Au sein de cet espace rural resté rural, l’évolution démographique a été la plus forte : la population y a augmenté de 11,6 % entre 1999 et 2009 alors qu’elle a progressé sur la même période de 4,9 % dans les espaces urbains restés urbains et de 6,7 % sur l’ensemble du territoire métropolitain. Contrairement au phénomène observé dans les espaces urbains, ce fort accroissement démographique est avant tout porté par un afflux extérieur de population : le solde migratoire apparent (définitions) participe à hauteur de 9,6 points à la croissance démographique tandis que le solde naturel contribue positivement, mais de façon plus faible (+ 2,0 points). Ainsi, les caractéristiques des ménages résidant dans les communes rurales ont fortement évolué entre 1999 et 2009, entraînant des conséquences sur l’habitat : de nouvelles constructions sont apparues (26 logements par an et par hectare) et les modes d’occupation du parc de logements ont également évolué (réaffectation en résidences principales de résidences secondaires ou de logements vacants).
L’étude publie aussi que certains espaces ruraux encore dynamisés par les espaces urbains proches :
Le premier groupe (voir carte) est constitué de communes rurales situées principalement en couronne de l’Île-de-France, en Haute-Normandie ainsi que dans les régions du Nord et de l’Est de la France telles que la Picardie, la Lorraine, la Champagne-Ardenne et le Nord-Pas-de-Calais couvrant ainsi 4,7 % de la population française et 9,9 % du territoire. Ces espaces ruraux sont proches des pôles urbains : 68,3 % de ces communes appartiennent désormais à l’espace périurbain défini selon le zonage en aires urbaines de 2010 (définitions) et la ville centre la plus proche se situe à 9,3 km. Ces communes très attractives jusque dans les années 1990 (graphique 1) ont donné lieu à un nombre important de nouveaux logements, principalement des maisons individuelles isolées : la moitié des ménages ont emménagé entre 1970 et 1999 et 41,3 % des résidences principales ont été construites entre 1949 et 1989, alors que, dans l’ensemble des communes rurales, cette période de construction représente 32,5 % du parc des résidences principales.
Depuis 1990, l’évolution de la population au sein de ce groupe, moins dynamique qu’auparavant, s’explique surtout par un nombre de naissances toujours supérieur au nombre de décès, le solde migratoire étant quant à lui devenu très faible (graphique 1). Ainsi, la dynamique démographique est nettement inférieure à celle observée dans les autres espaces ruraux (+ 4,1 % contre + 11,6 % entre 1999 et 2009). La population y est vieillissante : plus de la moitié des personnes de référence (définitions) des ménages est âgée de 40 à 64 ans contre 48,1 % pour l’ensemble des communes rurales. Un ménage sur trois est un couple avec des enfants. Les enfants âgés de 11 ans et plus sont surreprésentés et la part des jeunes de 18-24 ans est particulièrement élevée (14,5 % contre 12,6 % des enfants des couples sur l’espace rural).
Pourtant, la dynamique de construction se poursuit, tirée par les enfants ayant grandi dans ces espaces ruraux et qui quittent peu à peu le foyer parental. Entre 1999 et 2009, 29 logements par hectare ont été construits en moyenne par an. En 2009, la densité résidentielle y est relativement élevée : 25 logements au km2.
Les terres rurales des littoraux atlantique et méditerranéen : espaces attractifs récents
Les communes du deuxième groupe (carte) présentent des caractéristiques semblables à celles du premier groupe en termes de proximité aux espaces urbains et de densité résidentielle. Elles se situent principalement à l’arrière des espaces urbains du littoral atlantique et méditerranéen mais aussi le long des espaces frontaliers de l’Est et dans le sillon rhodanien. Elles abritent 9,1 % de la population française sur 20,6 % du territoire métropolitain.
Ces espaces connaissent une forte évolution démographique : + 22,2 % entre 1999 et 2009, soit le double de la croissance de l’ensemble des communes rurales. En effet, au solde naturel nettement excédentaire s’ajoute une arrivée massive de population.
Les migrants (méthodologie) sont principalement issus du même département (64,4 % des arrivants) et arrivent plus souvent d’une ville. Ce sont le plus souvent des couples avec enfants.
En conséquence, les ménages sont plus jeunes que dans l’ensemble des communes rurales : en 2009, 24,3 % des personnes de référence sont âgées de 25 à 39 ans contre 21,4 % pour l’ensemble. Plus d’un enfant sur deux, au sein des couples avec enfants, ont 10 ans ou moins.
L’arrivée de ces nouveaux ménages s’est traduite par une forte dynamique de construction neuve : 55 logements par hectare en moyenne par an contre 26 logements par hectare en moyenne par an sur l’ensemble des zones rurales (tableau 2). Ces communes laissent davantage de place aux logements de type collectif : 13,0 % contre 8,7 % en moyenne sur les communes rurales. Cette particularité se poursuit au sein des constructions neuves : 15,5 % des constructions d’après 1999 sont de type collectif contre 13,5 % en moyenne sur les communes rurales.
L’étude montre aussi que les espaces à dominante touristique représentent un nouveau mode d’occupation du parc :
La croissance de la population dans le troisième groupe de communes (carte) est forte, proche de celle du deuxième groupe (+ 20,1 %) et s’explique plus encore par l’arrivée de nouveaux habitants (19,0 points de croissance). Les migrants s’installent dans des communes situées essentiellement en région Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, et plus éloignées des espaces urbains que celles des deux premiers groupes. Seulement 1,4 % de la population française habite au sein de ces communes couvrant 8,6 % du territoire. Les ménages viennent plus souvent d’un autre département et sont plus âgés qu’au sein des deux premiers groupes : plus d’une personne de référence migrante sur cinq est retraitée ou inactive. En revanche, ces ménages s’installent aussi bien dans des constructions nouvelles que dans le parc existant. Ainsi, 15,2 % des résidences principales de 2009 sont issues de logements vacants ou occupés comme résidence secondaire en 1999, soit une part supérieure de 5,7 points par rapport
à la moyenne d’ensemble. La dynamique de construction est inférieure à la moyenne des communes rurales : 16,1 logements par hectare ont été construits en moyenne par an dans ces communes faiblement densifiées en logements (12 logements au km2 en 2009). Les nouvelles constructions peuvent être destinées à plusieurs modes d’occupation dont l’habitat secondaire, particulièrement présent : 25,9 % des logements contre 18,0 % sur l’ensemble des communes rurales.
Ainsi, le parc de résidences principales majoritairement ancien se compose d’une part assez élevée d’habitat construit après les années 2000.
Enfin, l’étude conclue qu’un espace rural est en cours de dynamisation :
Les communes du quatrième groupe (carte) sont plus éloignées des pôles urbains : presque le tiers d’entre elles sont isolées et hors influence des pôles d’après le découpage en aires urbaines de 2010 contre seulement 10 % des communes des deux premiers groupes. Elles se situent principalement en région Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Bretagne intérieure et Centre de la France représentant 5,3 % de la population française et 22,1 % du territoire.
Bien que le phénomène soit de moindre ampleur que dans les communes du troisième groupe, de nouveaux arrivants s’y installent. Il s’agit plus souvent de ménages venant de la région francilienne et retraités. Ainsi en 2009, 33,1 % des personnes de référence des ménages de ces communes ont au moins 65 ans contre 28,5 % sur l’ensemble de l’espace rural.
L’impact sur l’habitat est double : 12,3 % des résidences principales de 2009 n’existaient pas en 1999 mais 11,6 % sont d’anciennes résidences secondaires ou logements vacants.
Abritant des ménages plus âgés, les communes du cinquième groupe (carte) sont les plus éloignées des villes : 14,7 km les séparent de la ville centre la plus proche et plus de quatre sur dix sont isolées. Elles se situent essentiellement en région Bourgogne, Champagne- Ardenne et Picardie (département de l’Aisne en particulier) couvrant 2,1 % de la population française et 16,7 % du territoire.
Négative depuis 1968, l’évolution de la population dans ces espaces est tout juste positive entre 1999 et 2009 (+ 0,8 %), grâce à l’arrivée de nouveaux habitants venus de l’Île-de-France et de l’étranger. La dynamique de construction y est toutefois quasiment nulle et la part de logements vacants y est relativement plus élevée que dans l’ensemble des espaces ruraux (9,4 % des logements, + 2,3 points par rapport à la moyenne).
En conséquence, le parc de logements n’est pas renouvelé : plus de sept résidences principales sur dix datent d’avant 1949 et les situations d’inconfort sanitaire sont plus fréquentes (6,0 % des logements ne disposent ni de douche ni de baignoire contre 3,0 % en moyenne sur les communes rurales).