ET SI L’AUTOROUTE A10 OUVRAIT LE(S) PASSAGE(S) URBAIN(S) ENTRE TOURS & SAINT-PIERRE DES CORPS ?
Ouvert le 20 janvier dernier, le concours "Et si l’autoroute A10 ouvrait le(s) passage(s) urbain(s) ?" est organisé par VINCI Autoroutes et la Communauté d’agglomération Tours(+) et piloté par l’Agence d’Urbanisme de Tours.
Concours international en deux phases ouvert à des équipes multidisciplinaires d’au moins deux personnes, âgées de moins de 40 ans, dont au moins une est qualifiée en conception urbaine (architecte, urbaniste, paysagiste...)
Organisé par la Communauté d’agglomération Tours(+) et VINCI Autoroutes et piloté par l’Agence d’Urbanisme de Tours
Agenda : 20 janvier 2015 : ouverture du concours ;
20 mars 2015 : clôture de la réception des candidatures ;
10 avril 2015 : annonce des sept équipes finalistes ;
28 mai-1 juin 2015 : workshop in situ ;
22 juin 2015 : rendus finaux ; 30 juin : résultats
Le concours passages est lancé pour obtenir des scénarios innovants qui redynamisent les connexions à l’échelle de l’agglomération tourangelle et entre Tours et Saint-Pierre-des-Corps tout en maintenant la fonctionnalité de l’autoroute A10. Cette dernière traverse l’agglomération de Tours, en accueillant un trafic national et local. Ces usages sont destinés à perdurer dans le temps, l’idée d’un contournement autoroutier ayant été abandonné.
La question est : quel type de passage peut-on créer pour mieux connecter les quartiers résidentiels des deux côtés et la zone commerciale et d’activités séparés par l’autoroute? Ce passage peut-il être en même temps un lieu urbain vivant, gérant les connexions entre mobilité rapide et mobilité douce, offrant un certain nombre d’usages et bien connecté à un environnement paysager et bâti?
L’objectif n’est pas de supprimer l’autoroute qui joue un rôle de réseau rapide à l’échelle métropolitaine, mais de profiter de son soulèvement au-dessus des voies ferrées perpendiculaires pour tisser un réseau parallèle, formant comme un “carrefour urbain” de liaisons douces permettant le passage entre les différentes parties et fonctions des deux villes qui l’environnent.
Seul franchissement de l’A10 entre les deux rivières au niveau du sol, ce passage créera une meilleure porosité entre les tissus urbains et des itinéraires alternatifs.
L'autoroute A10 est un axe de transport routier majeur qui relie le bassin parisien au grand Sud-Ouest de la France, puis le Pays Basque espagnol. L'agglomération tourangelle se situe entre Paris et Bordeaux. L'autoroute A10 traverse le cœur de l'agglomération, à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau de la cathédrale Saint-Gatien, berceau de la ville de Tours.
Tout d'abord, une voie d'eau...
Au XIXe siècle, le projet de canalisation du Cher entraine la création d'un canal de jonction entre la Loire et le Cher, afin de faciliter les circulations fluviales des personnes et des marchandises entre Nantes et Montluçon. La localisation de cette jonction est décidée à la frontière Est de la ville de Tours. Mais l'évolution économique rend rapidement inutile ce canal.
...Puis une période transitoire, sans réelle affectation de l'espace
C'est ainsi qu'au sortir de la seconde guerre mondiale, les autorités locales décident d'abandonner l'ouvrage en le comblant des décombres issus des bombardements, pour en faire un boulevard urbain. Après le comblement du canal et avant la création de l'autoroute, une période de transition s'instaure, avec notamment l'installation à l'emplacement de l'ancienne gare du canal, de la fête foraine.
Enfin, un tracé d'autoroute qui faisait débat
Dans les années 50, la motivation de Jean Royer, maire de Tours, était de détourner le trafic de la route nationale 10 qui traverse le cœur de la ville, et qui génère d'importantes nuisances. Le projet de l'autoroute A10 fait l'objet de réflexions variées pour traverser l'agglomération tourangelle. Une option est envisagée à l'Ouest de l'agglomération, à l'emplacement du boulevard périphérique actuel. Une autre option est étudiée à l'Est de l'agglomération, entre Saint-Pierre-des-Corps et la Ville-aux-Dames. Enfin, l'option retenue, malgré déjà des oppositions riveraines, est celle qui contourne le centre-ville de Tours, mais pas l'agglomération (cf. tracé rouge sur le plan ci- contre). Le projet autoroutier est donc inscrit au programme national autoroutier, étant aussi convenu que l'infrastructure supportera également des trafics internes à l'agglomération tourangelle.
Au final, une autoroute urbaine depuis 1971
En 1971, la première section de l'A10 est mise en service, puis en 1974, l'ensemble de l'autoroute, de Paris à Bordeaux est achevée. A cette époque, l'autoroute est vécue comme un élément de modernité qui favorise l'essor économique, bien que certaines gènes commencent à se faire sentir.
Le boulevard Georges Pompidou est créé en parallèle de l'A10, si bien que le "corridor A10" traverse l'agglomération par le biais de 10 voies de circulation (2x3 voies pour l'A10 et 2x2 voies pour le boulevard Georges Pompidou). Ce dernier a été réaménagé récemment, ne proposant plus qu'une voie de circulation routière par sens, et des espaces pour les piétons et les cyclistes plus confortables.
Une infrastructure longtemps considérée comme un corps étranger
Une autoroute mal intégrée
Dès le déclassement du canal comme voie navigable en 1955, les projets fleurissent pour utiliser cette large emprise qui marque la frontière entre les communes de Tours et Saint- Pierre-des-Corps. Les fêtes foraines des années 1960 y prennent place, la municipalité de Tours de l'époque souhaite en faire un boulevard urbain pour soulager la traversée de Tours par la RN10. Après de longs débats sur différentes possibilités de tracé, celui de l'autoroute est arrêté à la fin de 1960, la ville de Tours ayant obtenu des contreparties pour le financement de boulevards (Churchill et Wagner) permettant de réorganiser ses trafics internes. L'A10 est inaugurée en 1974. Ce bref retour historique démontre que dès l'origine, la question des mobilités internes de l'agglomération est centrale et intimement liée au projet autoroutier. De cette lecture rétrospective, on comprend également que l'A10 est d'abord perçue comme une décision nationale s'imposant au local.
Le contournement, une solution en pratique inefficace
Le développement continu de l'agglomération, la concentration des fonctions métropolitaines couplée à la diffusion de l'urbanisation ont très vite ouvert le débat d'un déplacement de l'autoroute, vécue comme un corps étranger coupant le cœur métropolitain. L'idée d'un contournement apparaît dès les années 80 (soit seulement une décennie après la mise en service de l’A10).
Cette volonté de déporter le trafic de transit en dehors du cœur aggloméré résiste cependant mal à l'épreuve des faits. D'une part, tous les comptages effectués ces dernières années confirment que l'autoroute, dans sa section urbaine, est très majoritairement une infrastructure de mobilité locale, de sorte qu'un contournement ne capterait que 20.000 des 80.000 véhicules qui empruntent cet axe. D'autre part, si le contournement autoroutier est une idée ancienne et partagée, celle-ci n'a jamais passé le cap de l'inscription dans un document de nature réglementaire ou programmatique. Ainsi, le SDAT en 1993 ne parvient pas à retenir un tracé fédérateur et doit se contenter de "flèches" évasives. Plus tard, le Schéma National des Infrastructures de Transports (SNIT), conduit par le gouvernement en 2007, ne le retient pas dans la liste des investissements prioritaires.
La découverte des opportunités offertes par l'autoroute, et la nécessité de "faire avec" Les études préalables à la définition du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) ont permis de partager à nouveau la réalité des usages de l'A10. À partir de ce constat, l'opportunité d'un contournement est enfin réévaluée. La relative innocuité de son impact sur les 80% de flux locaux étant avérée, le SCoT abandonne ainsi la perspective d'un contournement autoroutier. Il engage un processus qui d’une part acte le maintien du statut autoroutier, et d’autre part vise à rendre son aménagement, celui de ses abords et les services qu'elle propose plus conformes à ses usages et plus perméables aux tissus urbains qui la bordent. Il aura fallu abandonner le rêve d'un contournement pour envisager d'agir concrètement sur l'infrastructure, tout en maintenant son statut et ses caractéristiques d'autoroute.
La construction d'un regard partagé sur une infrastructure à "re-territorialiser"
L’abandon du projet de contournement autoroutier de l’agglomération tourangelle a pour conséquence directe la nécessité pour le territoire d'exploiter au mieux les opportunités qu’offre cette infrastructure. De ce postulat, les techniciens de l’ATU et de VINCI Autoroutes ont fait un diagnostic de l’A10 dans toute sa traversée de l’agglomération, du Nord de Saint-Radegonde à l’échangeur A10/RD37 de la Thibaudière au Sud. Onze séquences ont ainsi été identifiées, à partir des caractéristiques urbaines, paysagères et routières, du territoire traversé.
L’autoroute traverse en effet des secteurs très variés : quartiers à dominante résidentielle, des zones d’activités, des grands équipements, des coteaux boisés.
Les ouvrages d’arts et les points de vue sur le territoire ont été jusqu'à présent peu mis en valeur, même si le territoire traversé est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. L’infrastructure est perçue comme nuisante par certains riverains, et scinde l’agglomération en deux parties distinctes. Malgré cela, les habitants se sont appropriés les abords de l’autoroute et l’ensemble des franchissements, alors que ces espaces manquent à l’évidence de qualité et de confort pour les usagers, principalement pour les déplacements à échelle humaine (piétons et cycles).
Alors que son usage reste principalement local, les voitures et les poids lourds représentent l’essentiel des véhicules en circulation. Seulement quelques passages de cars départementaux s’effectuent quotidiennement sur l’autoroute, depuis septembre 2012. Cependant, des lignes du réseau Fil Bleu (réseau urbain) croisent l’autoroute en certains points. Il n’y a pas d’usage ni de gestion multimodale de l’A10, et la localisation des barrières de péage influe sur les circulations automobiles au sein de l’agglomération.
Et si l’autoroute A10 ouvrait le(s) passage(s) urbain(s) ? Règlement en 10 points
) Le concours « et si l’autoroute A10 ouvrait le(s) passage(s) urbain(s) ? » est un appel pour des projets d’idées aux échelles urbaine et architecturale sur le thème des passages. « L’urbanisme de zonage, la mono-fonctionnalité des grandes infrastructures ont contribué à créer de nouvelles frontières, parfois infranchissables, particulièrement pour les plus vulnérables (pié- tons, enfants, personnes âgées, pauvres, étrangers). Quels types de nouveaux passages comme raccourcis, espaces de transition peuvent-être créés pour faciliter l’accès à différents pôles ur- bains, alors même que les citadins demandent plus de qualité, plus d’attention aux besoins indi- viduels, un plus grand caractère de l’espace urbain, en particulier à pied, des accès à la ville plus rapides et plus commodes ». (Extrait de la brochure Passages, IVM, janvier 2014).
2) Le concours est destiné à des équipes d’au moins deux personnes, dont une au moins est qualifiée en conception urbaine (architecte, urbaniste, paysagiste...). Tous les membres de l’équipe doivent être âgés de moins de 40 ans à la date limite de dépôt des candidatures (20 mars 2015). La pluridisciplinarité au sein de l’équipe (urbanistes, paysagistes, chercheurs, ar- tistes, etc.) doit être recherchée.
3) La communauté d’agglomération Tours(s)plus et VINCI Autoroutes s’inscrivent dans le pro- gramme «Passages, Espaces de transition pour la ville du 21e siècle» piloté par l’IVM. Ils ont confié à l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU) le soin d’organiser le concours international.
4) Le concours est ouvert, public et international.
5) Le concours est lancé pour obtenir des scénarios innovants qui redynamisent les connexions au sein de l’agglomération tourentre Tours et St-Pierre-des-Corps tout en maintenant la fonction- nalité de l’autoroute A10. Cette autoroute traverse l’agglomération de Tours, en accueillant un trafic national et un trafic local. Ces usages sont destinés à perdurer dans le temps, l’idée d’un contournement autoroutier ayant été abandonnée.
L’aire de réflexion porte sur le corridor de l’autoroute A10 (formé par l’autoroute A10 et l’avenue Georges Pompidou) entre Tours & St-Pierre-des-Corps, sur une section située entre la rue des Ateliers et le Cher, tant sur l’autoroute, ses abords, que sur ses franchissements inférieurs et su- périeurs. Les équipes devront impérativement s’attacher à prendre en compte cette échelle, dans son contexte métropolitain et urbain, incluant les quartiers environnants, et les usages à favoriser, notamment en termes de mobilité alternative à la voiture individuelle : covoiturage, bus sur auto- route... Elles seront appelées à être force de proposition, y compris sur l’infrastructure elle-même. À l’intérieur de cet espace de plus d’un kilomètre de long, le second objectif est de retenir une proposition d’intervention qui sera approfondie ultérieurement. Par conséquent, outre la néces- saire réflexion à l’échelle globale, est également attendue une proposition précise de Passage(s). La proposition, que le lauréat pourra être appelé à développer, portera sur le secteur situé au croisement de l’autoroute et des voies ferrées, conformément au plan ci-dessous. Ce projet doit permettre d’enclencher un processus de reconquête urbaine de long terme, dans lequel l’en- semble des acteurs du site seront appelés à s’engager, sur la totalité de la traversée ur- baine de l’infrastructure.
6) Les informations sur le concours, les inscriptions, le téléchargement du dossier de site et l’envoi des dossiers de candidatures se font sur le site officiel du concours http://passagestours.atu37.org
7) Le concours est une procédure en deux étapes.
Phase 1 - pré-sélection : les équipes envoient un dossier de candidature A3 horizontal de 6 pages en anglais ou en français comprenant la présentation de la composition de l’équipe, une note d’intérêt et de compréhension du sujet, des références sur les Passages en milieu urbain en rela- tion avec la démarche et le point de vue qu’ils souhaitent développer. Une commission d’experts examine les candidatures et retient 7 équipes.
Phase 2 - workshop: les 7 équipes sélectionnées à l’issue de la première phase sont invitées à participer à un workshop in situ afin de développer leurs idées et leurs projets à partir du contexte et en interaction avec les acteurs locaux (villes, agglomération, experts, habitants, centres com- merciaux et d’activités).
A l’issue du workshop, chaque projet est présenté lors d’une séance de restitution au cours de laquelle les équipes s’attachent à faire comprendre les enjeux et modalités de leur proposition de passages. Pendant les trois semaines qui suivront l’atelier, les équipes mettent en forme leur projet et en- voient une version finale composée d’un livret explicatif (15 pages max.), de deux panneaux format A0 et d’un résumé (4000 signes max.) à l’adresse suivante : passagestours@atu37.org Un jury international composé de 9 membres se réunit pour analyser les 7 projets finaux et dési- gner le projet lauréat.
8) Chaque équipe retenue pour participer à l’atelier et ayant remis les rendus attendus reçoit une rémunération de 1.500€ TTC et ses frais de transport, repas et hébergement sont pris en charge par les organisateurs.
9) L’équipe lauréate du concours reçoit un prix de 10.000 € TTC, lui permettant de réaliser l’en- semble des missions de conception de son projet. La mise en œuvre de son projet sur le site identifié ne pourra, en 2016, excéder 100.000 € TTC.
10) Les projets des équipes sélectionnées seront publiés sur le site Internet du concours http:// passagestours.atu37.org et un temps de valorisation du concours est programmé à l’automne 2015 à Tours & St-Pierre-des-Corps. L’IVM présentera par ailleurs le processus et les résultats du concours lors de conférences internationales, sur le site www.passages-ivm.com et dans le cadre d’expositions et d’événements publics en 2015 et 2016.