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Dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines

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Dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines

Dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines

Dans le Bulletin de Veille Scientifique de l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) de juillet 2014, une note traite de risque qui fait l’objet de beaucoup de réflexions, du monde de la recherche à celui des gestionnaires de risques : les contaminants multiples notamment les pesticides, celles des situations d’expositions complexes.

Les pesticides sont utilisés dans l’agriculture, l’industrie et les maisons pour combattre ou détruire des insectes, des champignons et de la vermine nuisibles. Ils figurent parmi les substances les plus préoccupantes pour l’environnement et pour l’homme.

Le Bulletin fait part d’études épidémiologiques récentes qui ont montré des associations entre une exposition précoce aux pesticides et la leucémie, certaines tumeurs, certaines morts fœtales, des malformations congénitales, le développement et le comportement de l’enfant. Les enfants constituent une population vulnérable méritant une attention particulière car ils présentent des caractéristiques spécifiques :

- prise journalière de nourriture, d’eau et inhalation d’air plus importante par rapport à leur masse corporelle que les adultes ;

- comportement main-bouche augmentant l’exposition aux pesticides présents dans l’eau, le sol et les poussières. Deux études récentes menées sur des jeunes enfants sont présentées. La première examine le lien entre le phénomène de dérive1 et la présence de résidus de pesticides dans différentes matrices environnementales au sein d’écoles maternelles et primaires en Afrique du Sud. Ce phénomène de dérive peut, en effet, être une source d’exposition importante aux pesticides. La seconde s’intéresse au lien entre l’alimentation de l’enfant (âgé entre deux et cinq ans) et l’exposition de ce dernier, documentée par la mesure de métabolites urinaires de pesticides.

En guise de conclusion sur ces deux études, le Bulletin explique qu’elles documentent les sources d’exposition environnementale et alimentaire de jeunes enfants aux résidus de pesticides. Le premier article a confirmé l’effet de la dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines. Le second a mis en évidence l’association entre la fréquence de consommation de certains aliments et le niveau d’exposition des enfants aux pesticides par l’utilisation de biomarqueurs urinaires. Le Bulletion fait remarquer que de nombreuses informations doivent être prises en compte dans l’examen des sources d’exposition aux pesticides.

Toutefois, l’ANSES mentionne que ces deux études présentent quelques limites qui apportent des incertitudes dans l’évaluation de l’exposition. D’une part, le premier article n’a pas inventorié les pesticides utilisés au sein même des écoles fréquentées par les enfants ni analysé tous les pesticides utilisés dans les fermes voisines. Pour évaluer le phénomène de dérive, l’analyse aurait dû porter sur tous les pesticides spécifiques aux vignobles. D’autre part, le second article a utilisé des données non comparables sur le plan temporel et la liste des pesticides dosés était non exhaustive.

Il ressort de cette note la difficulté de documenter les sources d’exposition aux pesticides de la façon la plus complète et spécifique possible. Cette complexité est notamment liée à la présence ubiquiste des pesticides dans l’environnement et au nombre élevé de molécules mises sur le marché.

Les intérêts apportés par ces deux études sont l’analyse de sources d’expositions de jeunes enfants aux pesticides via plusieurs matrices environnementales et l’étude de biomarqueurs urinaires d’exposition chez les jeunes enfants.

A la suite résumé des études analysée par l'ANSES.

Dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines
Surveillance environnementale de résidus de pesticides issus de fermes localisées à proximité d’écoles primaires et maternelles à l’ouest de la ville du Cap en Afrique du Sud

Dalvie MA, Sosan MB, Africa A, Cairncross E, London L. Environmental monitoring of pesticide residues from farms at a neighbouring primary and pre-school in the Western Cape in South Africa. Sci Total Environ 2014;466-467:1078-84.

Le bulletin observe que cette étude est intéressante, dans la mesure où elle documente l’exposition d’un environnement particulier de l’enfant, son école. Elle documente la présence de pesticides dans différentes matrices environnementales, identifie quels pesticides proviennent de l’industrie du vin et met en évidence le phénomène de dérive1, malgré les limites de l’échantillonnage liées aux coûts importants de l’analyse des pesticides.

Néanmoins, tous les pesticides utilisés dans les fermes avoisinant les écoles étudiées n’ont pu être analysés ainsi que ceux utilisés au sein même des écoles. Pour étudier le phénomène de dérive1 en provenance des vignobles, tous les pesticides spécifiques à ces cultures auraient dû être analysés en lien avec les données météorologiques et ce, sur une plus longue période car des mesures n’ont pu être prises pour toute la saison d’utilisation. Compte tenu du phénomène de dérive1 sur des distances pouvant atteindre 750 m, il aurait été pertinent de connaître l’environnement des écoles sur un rayon équivalent. Ceci aurait peut-être permis d’identifier d’autres fermes ou cultures, et éventuellement d’expliquer la présence de certains pesticides prés des écoles.

Dérive des pesticides pulvérisés au droit de fermes sur l’exposition des enfants des écoles voisines
Aliments contributeurs à l’exposition de jeunes enfants aux pesticides utilisés couramment en utilisant le biomonitoring urinaire

Morgan M, Jones P. Dietary predictors of young children’s exposure to current-use pesticides using urinary biomonitoring. Food Chem Toxicol 2013;62:131-41.

Le Bulletion précise que cette publication analyse le lien entre les habitudes alimentaires et des biomarqueurs urinaires5 d’exposition aux pesticides chez les jeunes enfants, étude rarement effectuée chez les enfants d’âge préscolaire, car notamment difficile à faire accepter et lourd à mettre en œuvre.

Les associations observées entre l’exposition et l’alimentation des enfants représentent probablement une sous-estimation des liens réels puisque toute étude présente quelques limites. Les données de fréquence de consommation couvrent une longue période (une année) alors que les biomarqueurs urinaires représentent l’exposition récente.

D’autre part, la documentation du poids ou du volume des aliments consommés aurait pu permettre une meilleure caractérisation des sources d’exposition. De plus, certains facteurs pouvant interférer dans l’exposition n’ont pas été pris en compte : la consommation de produits bio, d’eau du robinet, la profession des parents...

Enfin, les concentrations en pesticides dans les légumes n’ont pas été mesurées ou recherchées dans la littérature. Ces données auraient permis de vérifier le lien entre les niveaux d’imprégnation et les pesticides présents dans les légumes, les métabolites retrouvés dans les urines et la fréquence de consommation des aliments.

Par ailleurs, les métabolites TCP2 et 3-BPA3 ne sont pas spécifiques au chlorpyriphos et à la permethrine, respectivement et sont aussi des biomarqueurs urinaires d’autres pesticides. Bien que ces pesticides soient généralement la source de l’excrétion de ces métabolites, la présence de ces derniers dans les urines des enfants pourrait donc être liée à d’autres pesticides. Dans certains cas, l’exposition résidentielle à certains pesticides étudiés n’est pas à exclure. Par exemple, certains échantillons démontrant des concentrations élevées de TCP2 et de 2,4-D4 étaient associés à de telles utilisations. Aussi, elle pourrait également être liée à l’ingestion de terre contenant des pesticides. Cette voie d’exposition n’est pas négligeable. En effet, actuellement, il est considéré qu’un enfant ingère entre 100 et 150 mg de terre par jour.

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