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Quels trésors se cachent au Musée des Confluences à Lyon ?

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Quels trésors se cachent au Musée des Confluences à Lyon ?

Quels trésors se cachent au Musée des Confluences à Lyon ?

Après avoir publié un article sur l’ouverture du musée des Confluences après dix ans de travaux, dont l’une des réflexions portait notamment sur la mise en valeur des collections et comment le musée parviendra-t-il à faire de ce lieu un véritable espace émotif plus qu’un miroir urbain, objet scintillant regardé plus que visité…

Alors regards sur les collections du Musée….

Issus de collections faites de curiosités infinies et constituées depuis le XVIIe siècle, les trésors du musée sont mis en récits, répondant à nos interrogations existentielles et sociales par-delà des classifications par disciplines. Le musée des Confluences éveille notre curiosité et, par l’émotion et l’émerveillement, nous invite au savoir.

Le parcours permanent, déployé sur 3 000 m2, propose de raconter le grand récit de l’humanité en quatre expositions distinctes qui décrivent et présentent la question des origines et du destin de l’humanité, la diversité des cultures et des civilisations mais aussi la place de l’Homo sapiens dans la chaîne du vivant. Confiées à des scénographies spécifiques, chacune offre une expérience de visite en lien étroit avec le propos tenu. Météorites, ammonites, oiseaux de Cochinchine, microscope de Huygens, mandibule d’Homo sapiens, Spoutnik, sculptures sénoufo, armures de Samouraï : la mise en scène de ces trésors, principalement issus des collections du musée, aide à comprendre sans imposer de vérités, ouvre à la connaissance sans exclure de nouvelles problématiques.

Sur plus de 3000 m2, le parcours permanent propose une lecture de l’aventure humaine à travers la présentation de plus de 3000 pièces de la collection.

Ce parcours raconte le grand récit de l’humanité en quatre expositions distinctes qui décrivent et présentent la question des origines et du destin de l’humanité, la diversité des cultures et des civilisations mais aussi la place de l’Homo sapiens dans la chaîne du vivant.

→ Origines, les récits du monde

→ Espèces, la maille du vivant

→ Sociétés, le théâtre des Hommes

→ Éternités, visions de l’au-delà

Image : Sculpture inuit sur le récit de « la Création du monde ». Début xxe, Manasie Akpaliapik, Canada (Artic Bay) | musée des Confluences, Lyon, 2001.16.1 | © Pierre- Olivier Deschamps, Agence VU’.

Amonite phymatoceras narbonense. 180 millions d’années (Jurassique), Isère, Saint Quentin Fallavier | musée des Confluences, Lyon, 20008186 | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

Amonite phymatoceras narbonense. 180 millions d’années (Jurassique), Isère, Saint Quentin Fallavier | musée des Confluences, Lyon, 20008186 | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

Cinq siècles de collections

Héritier du musée Guimet d’histoire naturelle de Lyon et surtout de la philosophie qui l’engendra, le musée des Confluences est aussi constitué de collections constituées et croisées depuis cinq siècles.

Son histoire commence au xviie siècle avec l’essor de l’esprit scientifique et de la curiosité encyclopédique, dans l’un des cabinets de curiosités les plus réputés de Lyon, celui des frères Balthasar de Monconys et Gaspard de Liergues. Il rassemblait des objets considérés comme rares ou étranges, collectés à la faveur de voyages et de rencontres : minéraux, animaux naturalisés, médailles, ouvrages et autres curiosités.

Puis vint le temps d’un Muséum dédié aux sciences naturelles. Enrichies par Jérôme-Jean Pestalozzi, médecin à l’Hôtel-Dieu, les collections sont cédées à la Ville de Lyon qui ouvre en 1777 un cabinet d’histoire naturelle à l’Hôtel de ville. Les pièces souffrent et déménagent pendant la période révolutionnaire jusqu’à la création du muséum en 1830. Installé au Palais Saint-Pierre, le muséum d’histoire naturelle de Lyon connaît un développe- ment sans précédent de ses collections sous l’impulsion notamment de ses différents directeurs dont Claude Jourdan (1830-1869) puis Louis Lortet (1869-1909).

Parallèlement durant cette époque qui fut celle de la géographie, discipline reine du xixe et des débuts du xxe siècle, Émile Guimet crée en 1879 le musée des religions, qui devra attendre sa seconde ouverture en 1914, rejoint par les collections du muséum d’Histoire naturelle de la Ville de Lyon pour trouver son public.

Enfin deux fonds ethnographiques étoffent le musée : en 1927 avec les collections du musée colonial de Lyon, puis en 1979, avec le dépôt exceptionnel des Œuvres Pontificales Missionaires : des collections anciennes apportées par les missions catholiques de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, fondée en 1822 par Pauline Jaricot, qui font du musée des Confluences l’un des plus riches en ce domaine.

Restaurées et enrichies

Alors que le musée Guimet d’histoire naturelle ne permet plus de conserver et de présenter ces collections remarquables, le projet du musée des Confluences propose de redéfinir l’approche des collections par un regard pluridisciplinaire, confié alors à Michel Côté. Les portes du bâtiment Guimet ferment en juillet 2007, et le chantier des collections s’ouvre : il vise à restaurer les quelques 3 000 objets sélectionnés pour les expositions permanentes, et préparer le déménagement des pièces en réserve dans l’ancien muséum. Enfin un inventaire exhaustif et minutieux est mené sur l’ensemble des collections, amenant parfois à de véritables enquêtes sur des pièces oubliées.

En parallèle, poursuivant cette histoire muséale faite de curiosités infinies et cohérente avec sa mission de transmission des savoirs, le musée lance une politique d’acquisition ambitieuse. Une fois le projet culturel défini, les pièces choisies visaient à compléter les mises en récits des expositions permanentes.

Parmi les grandes acquisitions Les instruments de mesure scientifique. Parmi eux, deux collections remarquables. Les 116 microscopes de la collection Giordano comptent de grands noms scientifiques tels que Christiaan Huygens, Charles Darwin, François Vincent Raspail ou Louis Joblot. Présentés dans l’exposition Espèces, la maille du vivant, 79 microscopes sont présentés dans une vitrine consacrée à la frontière « homme – animal » dans la culture occidentale : ils illustrent le développement de la pensée scientifique et la séparation radicale entre nature et culture.

Les arts des peuples primitifs.

L’acquisition d’œuvres réalisées par les peuples amérindiens, inuits et aborigènes permettent de croiser les regards avec notre vision occidentale et de proposer une approche symbolique des récits du monde : peintures contemporaines australiennes d’artistes de renom, tels que Dorothy Napangardi ou Abie Jangala ; une collection issue du Cercle Polaire avec Manasie Akpaliapik, Matiusie Iyaituk ou Barnabus Arnasungaaq ; coiffes étonnantes d’Amérique du sud qui évoquent les liens homme-animal.

Les pièces remarquables, compléments de collections. En paléontologie avec des spécimens spectaculaires présentés dans l’exposition Origines, les récits du monde, tels que le camarasaurus, immense dinosaure herbivore, ou le mosasaure, reptile marin géant. Dans la même logique, les sculptures Senoufo, liées à la société initiatique du poro en Côte d’Ivoire, sont des pièces majeures qui participent aux récits présentés dans Espèces, la maille du vivant.

Masque ype. xxe, Brésil | don du Docteur Aldo Lo Curto | musée des Confluences, Lyon | © Pierre- Olivier Deschamps, Agence VU’.

Masque ype. xxe, Brésil | don du Docteur Aldo Lo Curto | musée des Confluences, Lyon | © Pierre- Olivier Deschamps, Agence VU’.

→ Origines, les récits du monde

Cette exposition explore la question des origines de l’univers et de l’Homme; le visiteur remonte le temps, des Hommes jusqu’au Big Bang, au fil d’un parcours qui mêle deux approches d’explication du monde : l’une scientifique et l’autre symbolique. Ainsi, les regards des sociétés inuit, aborigène, chinoise et du monde indianisé croisent celui de l’histoire scientifique. Tous ces regards partagent sur la planète les mêmes interrogations sur l’origine du monde, son commencement, notre relation à l’univers et notre place en celui-ci.

Quelques clés de l’exposition

Les hominidés. Trois hominidés ont été reconstitués pour Confluences par Elisabeth Daynes, sculptrice et plasticienne, aux côtés d’un anthropologue médico-légal, depuis leurs restes osseux fossiles. Ces trois femmes sont les représentantes de trois lignées humaines qui coexistaient, il y a 25 000 ans : néanderthalienne, sapiens et florès. En début et fin d’exposition, elles nous questionnent sur notre place dans cette histoire de quatorze milliards d’années.

Sedna. Figure mythique à l’origine du peuple inuit, la déesse Sedna, tombée de la barque, est sacrifiée par son père qui pour sauver sa propre vie lui tranche les doigts. De ses phalanges sectionnées naissent les mammifères marins. Sculpture en stéatite de Georges Arluk réalisée en 2007, Canada (Nunavut, Arviat).

Le camarasaurus. Apparu il y a 155 millions d’années, ce dinosaure habitué des plaines du Wyoming est l’un des plus grands herbivores qui ait peuplé la terre.

Haut de 4,5 mètres, son squelette fossilisé est complet à 80 %, ce qui en fait un spécimen rare et unique dans les musées d’Europe. Il témoigne aux côtés des ptérosaures de l’adaptation des espèces, sorties des eaux.

Mammouth de Choulans. Retrouvé Montée de Choulans à Lyon, et vif encore dans les souvenirs des visiteurs de l’ancien musée Guimet de Lyon, ce mammouth vivait il y a 300 000 ans alors que les glaciers alpins recouvraient la région. Les ammonites sont présentées à ses côtés : disparues lors des extinctions massives il y a 65 millions d’années, elles ont été retrouvées au nord de la région qui était alors une lagune tropicale bordée de petits îlots coralliens. Ces espèces témoignent du rôle du climat dans les paramètres externes de l’évolution de la vie.

Fer rubané. Datée de 2,1 milliards d’années, cette roche est marquée par la production d’oxygène par les bactéries, restées piégées au fond des océans et transformées en oxyde de fer.

La Goutte d’eau. Cette installation immersive symbolise à mi-parcours l’apparition de l’eau, condition essentielle à l’apparition de la vie. Les murs perlent et scintillent au son d’une eau profonde, primitive.

Maquette de Spoutnik 2. En mesurant le temps et l’espace, l’Homme découvre un univers plus vaste et plus complexe : les évolutions de nos représentations scientifiques participent aussi à celles de notre société. Le parcours nous amène à retrouver les outils d’observation des astres, avec en premier lieu le cadran solaire, ou encore

Spoutnik 2, premier engin à transporter un être vivant hors de notre atmosphère, la chienne Laïka.

Panthéon chinois. Les instruments de mesures scientifiques sont présentés en regard des divinités qui participent aux récits des origines en Inde, en Australie, en Asie... Ainsi le majestueux panthéon chinois et ses quelques 30 divinités, issues de la collection Johannes Jacobus Maria de Groot, représentent l’organisation divine du monde : une bureaucratie céleste composée de ministres, de gouverneurs et d’officiers.

Big Bang. Au cœur de l’exposition, l’installation audiovisuelle irradie l’espace de sa lumière et de son chant originel. L’ensemble des audiovisuels du parcours ont été conçus pour compléter ou expliciter le discours, au service des récits et de la valorisation des collections, tels des contenus augmentés.

Scénographie agence Klapisch-Claisse, 656 m2

Marianne Klapisch et Mitia Claisse conçoivent des scénographies qui révèlent des messages, des sensations et des émotions. Par leur travail, ils aiment raconter des histoires qui marquent les esprits. Rendre vivante une thématique, magnifier une collection et transmettre un savoir sont les trois objectifs fondamentaux qui guident leur démarche.

Parmi leurs réalisations —

Musée Galliera, 2007 — Gallierock, rétrospective de 40 années de création du couturier

Jean Charles de Castelbajac

Musée Maillol, 2010 —

C’est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst

Palais de la Découverte, 2013 —

Radioactivité, de Homer à Oppenheimer

Musée de l’Armée, 2013 —

Indochine. Des territoires et des hommes, 1856-1956

Cité de la musique, 2005 —

MPB, Musique Populaire Brésillienne

Muséum National d’Histoire Naturelle, 2004 — Piranhas enivrés, des poissons et des hommes en Guyane

Comité scientifique

Roland Bacon — astrophysicien

Élisabeth de Fontenay — philosophe et essayiste

Pierre Gibert — exégète critique et historien des cultures

Pascal Picq — paléoanthropologue

Pierre Thomas — géologue

Statuette IV. Ma Mingwang Général de l’armée céleste, sous les ordres de No-Tcha | musée des Confluences, Lyon | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

Statuette IV. Ma Mingwang Général de l’armée céleste, sous les ordres de No-Tcha | musée des Confluences, Lyon | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

→ Espèces, la maille du vivant

L’articulation entre ce qu’on a appelé l’humanité et l’animalité est une préoccupation universelle. L’exposition interroge la façon dont les êtres humains se représentent le monde, s’y intègrent et contribuent à le modifier.

Les êtres vivants, humains et non humains, tissent dans le monde un réseau de liens variés, une maille où tout se tient et se répond. Le parcours est naturellement structuré par cette maille, constituée de 27 km de cordes. Cette scénographie, toute en métaphore, rend ainsi tangible les liens asymétriques qui unissent les différentes espèces du monde.

L’exposition permet de prendre du recul sur la place de l’Homme parmi les milliers d’espèces du monde vivant, et d’identifier quelles sont ses caractéristiques. Parmi celles-ci, sa capacité à agir sur son écosystème.

Quelques clés de l’exposition

Momies animales. Concevoir les rapports à la nature sous l’angle des qualités partagées, d’une coexistence harmonieuse, est une pensée présente dans de nombreuses civilisations, inuit, aborigène, amérindienne, que le visiteur découvre en préambule du parcours. En Égypte antique, les momies animales, collection remarquable de Confluences, deuxième au monde après le Caire, jouaient l’intermédiaire entre les hommes et les dieux : l’animal soit représentant l’essence de la divinité, soit étant offert en ex-voto. Momies de bélier, de crocodile, de perche, d’ibis, de faucon, de chat... Plus d’une vingtaine sont à découvrir aux côtés du Sphinx mi-homme, mi-animal, gardien du temple.

Microscope : l’observation. La séparation nature-culture est issue d’une pensée occidentale anthropocentrique qui émerge au xviie siècle. Dans ce rapport au monde, la nature devient objet d’observation scientifique et le naturaliste acquiert des outils spécifiques à ses nouveaux champs d’études, tels que des loupes aux 1001 formes, ou des microscopes simples, à compas, aquatiques, botaniques ou encore de dissection.

La diversité des espèces. De ces études, l’Homme créée une classification, dans laquelle il se situe. L’Homo sapiens est un mammifère parmi les 5 400 autres : boeuf musqué, ornithorynque, tatou, oryx, girafe, tigre... Ils sont 38 ainsi présentés avant de découvrir une famille plus nombreuse, celle des oiseaux.

Sur les 10 000 espèces aux formes, couleurs et ornementations incroyables, 70 ont été rassemblées dans un tableau enchanteur au sein de ce parcours du monde vivant.

Ce chemin nous conduit ensuite à une composition d’une grande finesse de mollusques, présents dans toutes les mers et les océans, puis à une myriade d’insectes, le plus vaste ensemble animal, dont la diversité du papillon au scarabée dépasse l’imagination : plusieurs millions seraient encore à découvrir.

Buisson du vivant. L’évolution de la vie est loin d’être linéaire. À l’image d’un buisson qui se développe dans toutes les directions, ses innombrables ramifications parties d’un point d’origine commun, s’arrêtent ou se diversifient au cours du temps. L’Homme n’est qu’une infime et très récente brindille du buisson. Ce propos est matérialisé par une sculpture blanche mise en lumière.

Gazelles. Certaines espèces ont une grande ressemblance, de par leur adaptation environnementale, sans pourtant être, génétiquement, issues des mêmes ancêtres : c’est ce que nous montrent les 17 antilopes présentées, qu’elles vivent dans le désert, la savane ou la forêt.

Dans cette maille, le parcours se poursuit par une sélection de caractéristiques de l’Homme, être vivant à la vie sociale d’une grande complexité, disposant de capacités cognitives formidables, mû par des émotions innées ou acquises, conscient et intervenant sur son propre corps.

Dessins préhistoriques. Sa capacité d’abstraction se révèle dans ses gravures de mammouth sur galet et se poursuivent dans l’invention de l’écriture.

Masques nô. La gamme infinie de sentiments est mise en scène par l’acteur de théâtre nô (époque Edo, 1603-1868) qui fait varier les expressions de son masque en fonction de l’inclinaison de sa tête.

Table de radiologie. En allant plus loin dans la conscience de son corps, l’Homme repousse ses limites. Il développe des savoirs et des technologies pour observer, réparer, modifier son corps, comme en témoigne l’invention de la radiographie à la fin du xixe siècle ou celle récente de prothèses robotisées.

Mammifère disparu : la rhytine de Steller. L’être humain est aussi l’espèce capable d’impacts décisifs sur l’ensemble de son environnement. Les espèces menacées par l’Homme ont parfois totalement disparues : telles cette rhytine de Steller découverte en 1741 dans le détroit de Behring, paisible mammifère marin disparu en à peine 27 ans de chasse. Ne subsistent que de rares squelettes, dont celui présenté à Confluences, aux côtés du Dodo, du loup de Tasmanie ou du pigeon migrateur.

Mammifère protégé : le lamentin.

L’Homme peut aussi mettre en place une culture cohérente et respecteuse de son environnement comme l’illustrent les chasses rituelles et limitées des populations du détroit de Torres au nord de l’Australie. Ici, les dernières populations de Dugong se maintiennent. Ces bronzes gravés des légendes de chasses rituelles ont été réalisés par l’artiste Dennis Nona.

Scénographie agence Zen + dCo. 937 m2

Architecte de formation, Zette Cazalas participe à l’effervescence des expo- sitions temporaires des années 80 avec la conception de nombreuses muséo- graphies dont « Paris-Rome- Athènes » à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (1983) ou « Un canal, des canaux » à la Conciergerie (1986).

En 1993, elle remporte son premier concours inter- national avec le projet muséo- graphique du musée Basque et de l’histoire de Bayonne (livré en 2001). Son activité se développe dès lors

dans la commande publique et elle crée son agence Zen + dCo en 1995 à Paris. Avec Jesus Pacheco, architecte dplg qui a rejoint l’atelier

en 1998, ils réalisent notamment la muséographie du musée Masséna à Nice (livraison 2006) et celle du musée national de

la porcelaine Adrien Dubouché à Limoges (livraison 2012), ou plus récemment au musée de l’Homme à Paris (2014).

Comité scientifique

Martine Bungener — économiste et sociologue

Marc Jeannerod (1935-2011) — neurophysiologiste

François Kourilsky (1934-2014) — biologiste

Guillaume Lecointre — zoologiste et systématicien

Christian Lévêque — hydrobiologiste

Claire Salomon Bayet — philosophe

Tigre de Sibérie. Asie | musée des Confluences, Lyon, DMG11586 | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

Tigre de Sibérie. Asie | musée des Confluences, Lyon, DMG11586 | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

→ Sociétés, le théâtre des Hommes

L’être humain est un migrant qui se rassemble, s’arrête pour un temps et forme sociétés, cultures et civilisations, tour à tour construites et fragilisées entre l’ordre établi et l’émergence d’imprévus, de désordres. L’exposition interroge ces modes de fonctionnements, à partir de trois constantes que sont l’organisation, l’échange et la création.

Le visiteur déambule entre des pièces issues de cultures et d’époques qui n’auraient jamais pu se rencontrer, mais dont le rapprochement fait sens et éveille la curiosité.

La libre circulation laisse place à un temps d’interprétation et d’appropriation permettant à tout un chacun de construire sa visite.

La scénographie crée un paysage insolite, déployé comme un éventail, un théâtre d’objets où chacun est porteur d’ingéniosité, symbole et témoin d’une culture.

Quelques clés de l’exposition

L’entrée de la salle est conçue tel un point focal dans lequel s’entrelace une composition multi-écrans de vidéos d’activités humaines. Elles mettent en mouvement et colorent la salle, comme un flux calme et infatigable. Sur une maille très fine ondule un jeu linguistique de verbes qui font écho et ouvrent des perspectives sur la lecture de la collection.

Organiser

Organiser la vie en communauté demande une structuration du territoire : représenter et cartographier un espace, c’est déjà se l’approprier. Le cercle répétiteur, instrument de cartographie occidentale depuis la fin du xviiie siècle, fut indispensable à la conquête du monde. En Australie, depuis le xxe siècle, la peinture aborigène représente un espace à la fois physique, spirituel et politique. Ce lien à la terre, nié par les colonisations pendant deux siècles, explique que ces toiles constituent un acte de propriété mais aussi un manifeste politique.

Le contrôle de la vie collective prend différentes formes, présentées ici. Durant la période Edo (1603-1868), le Japon vit replié sur lui-même sous le régime du bakafu, gouvernement militaire, avec une discipline et une hiérarchie codifiées par des rituels d’apparat. Outrepassant leurs fonctions guerrières, les sabres, les armures, les casques et les bannières sont si beaux et raffinés qu’ils exercent sur le peuple une fascination propre à maintenir l’ordre. Ils sont aujourd’hui les symboles aujourd’hui du Japon éternel, figé dans le temps.

Échanger :

Indispensable à la vie sociale, l’échange se bâtit dans la confiance, se modifie dans l’affrontement et s’enrichit par la transmission des savoirs et des techniques.

Chaque culture présente une identité authentique qui se construit aussi par l’appropriation de codes qui l’ont influencée. Ainsi cette statue Baoulé casquée de Côte d’Ivoire : à l’iconographie traditionnelle, le sculpteur intègre le casque colonial occidental pour signifier le rôle puissant, prestigieux du personnage qui le porte.

Les échanges sont régis par des règles d’équivalence entre les biens. En Océanie, la thésaurisation et la redistribution des monnaies permettent d’acheter son rang social. Ainsi sur l’île de Malaita, les monnaies sont mesurées lors de cérémonies avant d’accéder au rang supérieur.

Dans les sciences et techniques, l’échange des savoirs oscille entre secrets et partages. La coopération à l’échelle internationale a permis en 1930 la création de l’accélérateur à particules et la compréhension de la matière, ouvrant la voie au nucléaire ou à la radiothérapie.

Créer :

L’être humain se définit comme Faber et Sapiens. Entre enthousiasme et stagnation, élans et terreurs, il adapte et fait évoluer son environnement en innovant. Dans la vie quotidienne, des ustensiles de cuisine aux objets de communication, les innovations répondent à des besoins. Elles peuvent également les créer et alimenter un cycle de consommation. L’arrivée de l’électricité et des moteurs a ainsi révolutionné les modes de préparation culinaires, de même que l’installation de réseaux de télécommunication a démultiplié les échanges écrits ou vocaux, avec des objets innovants, démocratisés à très grande échelle.

Il n’y a pas de création ex nihilo : d’un besoin fondamental, se vêtir, se protéger, se distinguer, se développent des filières créatives, commerciales et industrielles. Héritier des soieries lyonnaises du xvie siècle, Brochier technologies a adapté le tissage jacquard à de nouveaux matériaux comme la fibre optique, créant ainsi des tissus lumineux. Cette innovation désormais brevetée, utilisée pour la première fois dans un défilé haute couture d’Olivier Lapidus en 2000, a permis de réaliser ce modèle unique de robe de mariée. Conçue d’emblée comme un objet de collection pour le musée des Confluences, elle est dessinée par Mongi Guibane.

Scénographie agence Du & Ma 812 m2

Dédiée à la scénographie d’exposition, l’agence Du & Ma intervient dans tous les champs muséogra- phiques. Les projets développés s’appliquent essentiellement au secteur public culturel en maîtrise d’œuvre pour la conception d’expo- sitions permanentes ou temporaires. La pratique de l’agence consiste

à développer une écriture sobre et rigoureuse afin d’incarner chaque sujet.

Quelques réalisations —

Lascaux international exhibition — élue Touring Exhibition of the Year 2013 au Field Museum de Chicago et actuellement présentée au Musée du Cinquantenaire, Bruxelles.

Matisse, Cézanne, Picasso. L’Aventure des Stein — Galeries Nationales du Grand Palais – Réunion des Musées Nationaux, Paris, 2011

Objectifs Terre — Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris, 2009

Elles@centrepompidou — Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou, Paris 2009

Comité scientifique

Alban Bensa — anthropologue

Jean-Pierre Dupuy — philosophe des sciences

Olivier Faron — historien

Frédéric Kletz — chercheur en management des organisations

Denise Pumain — géographe

Victor Sanchez — ingénieur en sciences physiques

Claudine Schmidt-Lainé — ingénieur et mathématicienne

Thierry Valentin — anthropologue

Machine à chiffrer. 1950, États-Unis, dépôt des collections d’Universcience, Paris | musée des Confluences, Lyon | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

Machine à chiffrer. 1950, États-Unis, dépôt des collections d’Universcience, Paris | musée des Confluences, Lyon | © Pierre-Olivier Deschamps, Agence VU’.

→ Éternités, visions de l’au-delà

L’exposition aborde la question de l’au-delà au regard de civilisations et d’époques différentes: Amérindiennes, Africaines, d’Égypte antique, du Pérou ancien, de la culture de l’âge de fer (Koban)... D’autres contextes culturels qui mettent ainsi en perspective nos propres questionnements.

À la perméabilité du monde des vivants et de l’au-delà répond la transparence de la scénographie, constituée de moucharabiehs: ils sont perforés selon la position des étoiles, des galaxies scintillantes et lointaines, symboles des mondes de l’au-delà.

Les rites funéraires expriment en partie le désir de dépasser cette inconcevable fin, ils rendent acceptable la séparation des vivants et des morts, donnent un autre horizon à leur disparition. Le cérémonial, les gestes, les paroles, en apaisant et en attribuant une nouvelle place à chacun, contribuent à rétablir un ordre social bouleversé.

Quelques clés de parcours

Bouclier amérindien. Les sociétés humaines distinguent le visible et l’invisible, mais des échanges entre les deux mondes sont signifiés. Les esprits protecteurs ou néfastes agissent sur le monde des vivants. Parmi d’autres pièces témoignant de ces passages, ce bouclier amérindien dont la couverture de plumes dissimule le dessin d’un être surnaturel aux caractéristiques de l’ours, animal protecteur qui aide à communiquer avec les esprits.

Rapport contemporain à la mort.

Dans la société contemporaine, l’allongement de la vie, les conditions matérielles et économiques nouvelles modifient notre rapport à la mort. Sous un dôme lumineux apaisant, des cocons invitent à s’interroger sur

la perte de repères et le renouveau de nos rituels funéraires.

Masque Vuvi. Les personnes exceptionnelles accèdent au statut d’ancêtres et deviennent les intermédiaires entre esprits et vivants, les intercesseurs. Au Congo,

le port du masque Vuvi, entré dans nos collections en 1932, participait d’une mise en transe qui annoncait l’arrivée de l’esprit à travers le danseur.

Momie de Taubasthis. En Égypte antique la mort est un passage vers la vie éternelle. Entouré de rituels très élaborés, le corps du défunt est momifié, entouré d’amulettes, d’offrandes, d’un mobilier funéraire, de serviteurs... ils sont présentés ici autour de Taubasthis, fille de Psébos.

Avant les pharaons : les hommes barbus. Rarissimes car issus de la culture égyptienne préhistorique (époque prédynastique Nagada, 3 800 –3 100 avant J.C), ces statues, retrouvées dans des sanctuaires ou des tombes, sont probablement une représentation du pouvoir masculin qui annonce la période dynastique, au cours de laquelle la barbe sera l’un des symboles du pouvoir pharaonique. Il témoigne de pratiques funéraires anciennes et d’une sédentari- sation préparant à l’avènement du régime des pharaons.

Tisserande Ychsma. Au Pérou, les sociétés précolombiennes vénèrent les défunts, ancêtres protecteurs du monde des vivants. Les tombes sont directement creusées dans le sol, le corps recroquevillé dans un fardo de tissus. Momifiée naturellement, la défunte tient son matériel à tisser, accompagnée d’offrandes, de céramiques et d’objets du quotidien.

Nécropole de Koban. Dans les montagnes du nord-Caucase, les rites d’inhumation des populations d’Europe centrale de la fin de la préhistoire nous échappent encore. La sépulture de la défunte est présentée en miroir telle que lors de sa découverte, en terre, dans sa position funéraire recroquevillée sur le côté. La sépulture est entourée des céramiques et du mobilier de bronze témoins de l’habileté des artisans de cette région.

Bouddha couché en parinirvana.

Chez les bouddhistes, la mort inévitable est une étape dans un cycle sans fin de renaissances, jusqu’à l’Extinction ultime qui clôt ce cycle immuable pour atteindre le Nirvana. Ce bouddha Khmer du xviie siècle qui présente d’exceptionnelles traces de peintures rouges et de dorures au visage, est allongé dans une attitude de total abandon et dégage une émotion de bien-être étonnante.

Les vanités. Après avoir traversé époques et civilisations, l’exposition nous offre le regard de nos cultures à fondement biblique (judaïsme, christianisme et islam). Dans notre histoire de l’art, la vanité est une critique allégorique de l’égo face à une mort inéluctable. Le musée des Confluences a acquis cette œuvre L’éternité parfois s’éveille de Jean-Philippe Aubanel, réalisée en mars 2014 qui illustre ce propos à la fin du parcours.

Intimité

Exposer des momies et des restes humains invite à l’introspection et impose une posture de recueillement. Dans la pénombre, des mobiliers funéraires révèlent avec respect l’intimité des sépultures.

Scénographie agence Klapisch-Claisse 383 m2

Éternités, visions de l’au-delà fut initialement conçu dans un parcours commun avec Origines, les récits du monde. Pour cette raison ces expositions permanentes ont toutes deux été encadrées par le même comité scientifique et scénographiées par l’agence Klapisch-Claisse.

Masque. Début xxe, Gabon, population Vuvi | don de Maurice Halley Seb | musée des Confluences, Lyon | © Pierre- Olivier Deschamps, Agence VU’.

Masque. Début xxe, Gabon, population Vuvi | don de Maurice Halley Seb | musée des Confluences, Lyon | © Pierre- Olivier Deschamps, Agence VU’.

Informations pratiques

www. museedesconfluences.fr

Adresse

86 quai Perrache CS 30180 69285 Lyon cedex 02 France

Téléphone

+33 (0)4 28 38 11 90

Horaires

du mardi au vendredi de 11 h à 19 h Samedi, dimanche et jours fériés

de 10 h à 19 h Jeudi nocturne jusqu’à 22 h

Fermeture

le lundi, les 25 décembre, 1er janvier, 1er mai et 1er novembre

Accès

Train Gare Perrache

Tramway T1, arrêt

musée des Confluences Bus C7, C10, 15, 63, 88

Voiture

parking événements musée des Confluences, parking Tony Garnier, payants Plus station Vélo’V,

taxi, dépose-bus, places pmr

Billetterie et réservations

Achat des billets sur place, aux guichets situés dans le Cristal du musée, niveau 0.

Mardi, mercredi et vendredi de 11h à 18h15 jeudi de 11h à 21h15 Samedi et dimanche de 10h à 18h15

Modes de règlement acceptés : espèces (euros), cartes bancaires, chèques bancaires et postaux.

Achat des billets en ligne www. museedesconfluences.fr

Tarifs individuels

Billet unique, valable à la journée, pour la visite de l’ensemble des expositions : parcours permanent et expositions temporaires.

Tarif plein 9 € tarif jeune 18-25 ans 5 € tarif réduit 6 € (pour tous à partir de 17 h)

Gratuité, sur présentation d’un justificatif en cours de validité : jeunes de moins de 18 ans, lycéens, étudiants et apprentis de moins de 26 ans, demandeurs d’emploi (justificatif de moins de 6 mois), bénéficiaires du rsa et de minima sociaux, guides conférencier national, détenteurs de la Lyon City Card.

Guide numérique 1 € (gratuit pour les collégiens)

Pass annuel

Le pass donne un accès illimité aux espaces d’expositions, pendant une année, à partir de la date d’achat. Il est nominatif.

Pass adulte plein tarif 30 € Pass jeune 18-25 ans 15 €

Tableaux chambres des merveilles. Musée des Confluences, Lyon, France | © Quentin Lafont, musée des Confluences, Lyon, France.

Tableaux chambres des merveilles. Musée des Confluences, Lyon, France | © Quentin Lafont, musée des Confluences, Lyon, France.


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