L’Union européenne s’enlise dans les sables bitumineux canadiens
Grâce à une très faible majorité, l'Union Européenne (UE) a voté une loi pourtant controversée sur la qualité des carburants, qui ne pénalisera pas l’importation de pétrole issu de sables bitumineux canadiens. Que dire de cette Union Européenne, loin des réalités, et profondément ancrée dans les affres du lobbying qui vient d'abandonner la pure réflexion sur la qualification des sables bitumineux comme carburants hautement polluants.
Grâce à ce vote, l'UE s'enlise dans les sables bitumineux canadiens qui ont décimé la province d'Alberta dont les gisements couvrent quelques 140.000 km2 de forêt boréale, de tourbières et de zone humides peuplés représentant 21 % du territoire de l'Alberta. Sous cette immense forêt et toundra se cache la deuxième plus grande réserve pétrolière du monde.
En effet, le 17 décembre, la directive sur la qualité des carburants a été adoptée par le Parlement européen avec 337 votes contre et 325 pour, insuffisant pour obtenir la majorité qualifiée afin de rejeter le projet de loi.
Le pétrole issu des sables bitumineux s’est vu attribuer la même valeur d’émission de CO2 que le pétrole conventionnel ou le diesel. Ce qui signifie que ses émissions réelles de gaz à e#et de serre, qui sont plus élevées, ne seront pas prises en compte.
Le projet demande seulement aux raffineurs d’indiquer une moyenne de la quantité de matière première exploitée. Ils ne seront pas obligés de distinguer les sables bitumineux du reste de la production.
Mais la loi adoptée forcera les compagnies pétrolières à déclarer l’origine et le nom de leur pétrole brut. Ceci pourrait représenter une première étape pour un système plus strict après 2020, aux yeux de certaines ONG de transport et environnementales. Et pourtant, selon une étude commandée par la Commission européenne, les sables bitumineux rejettent 23 % de carbone de plus que les carburants classiques. La directive est importante pour promouvoir des carburants plus propres, et fait partie de la stratégie de l’UE pour réduire ses émissions de carbone de 20 % d’ici 2020. Les transports sont responsables de 31 % des émissions totales de CO2 de l’UE.
La décision de revoir les ambitions de la directive à la baisse et le vote du 17 décembre permettent au Canada d’acheminer du pétrole bitumineux vers l’Europe.
D’aucuns considèrent depuis longtemps que l’affaiblissement du projet de loi n’est pas étranger aux négociations sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’UE (la CETA), et son équivalent entre l’UE et les États-Unis, à savoir le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI).
Actuellement, les États-Unis sont le seul pays à raffiner et à exporter le pétrole bitumineux canadien vers l’Europe en le mélangeant avec du pétrole de production nationale dans ses barils destinés à l’exportation.
« Malgré ce qui est dit, le pétrole bitumineux n’a rien à voir avec la sécurité énergétique de l’Europe, mais a pour but principal d’apaiser le gouvernement canadien dans le cadre de l’accord commercial entre l’UE et le Canada », explique le porte-parole de Green climate change, Bas Eickout.
« Nous ne devrions pas élaborer les lois européennes en fonction du gouvernement canadien. L’Europe n’a pas besoin de ce carburant hautement polluant, et nous ne devrions pas encourager sa production. Si l’UE prend au sérieux la lutte contre le changement climatique, elle doit être alors cohérente dans ses politiques », poursuit-il.
Colin Roche, membre des Amis de la terre, considère pour sa part que « c’est un signal clair montrant l'insatisfaction du Parlement [européen] vis-à-vis [de la volte-face] de la Commission qui s’est inclinée face aux pressions exercées par les industries pétrolières, les États-Unis et le Canada ».
« Une législation faible ne signi"e pas ‘une meilleure réglementation’. La Commission doit maintenant prendre des décisions fortes a"n de maintenir les [produits] nocifs pour le climat hors d’Europe » continue-t-il.
« Le lobby féroce du Canada et des grandes industries pétrolières a poussé la Commission à revoir à la baisse sa loi sur les carburants polluants. Mais aujourd’hui, le Parlement s’est dressé contre [ce projet] et a déclaré qu’il fallait en faire plus sur les carburants polluants après 2020 », commente Nusa Urbancic de Transport & Environnement.
« La nouvelle Commission devrait écouter les représentants des citoyens et éviter que les compagnies pétrolières remettent en cause leur futur avec l’exploitation des carburants non conventionnels et polluants, qui représentent une bombe à retardement pour le climat et dont l’extraction est particulièrement coûteuse », selon elle.
L’eurodéputée libérale Catherine Bearder a demandé à la Commission d’étendre la directive au-delà de 2020 « en prenant en compte la nature hautement polluante des sables bitumineux ».
Le directeur général de BusinessEurope, Markus J. Beyrer a ainsi déclaré que « dans le cadre de la CETA, l’UE et le Canada ont donné leur accord pour libéraliser le commerce, dont l’énergie. Le Canada travaille sur de nouvelles solutions technologiques en vue de réduire l’impact environnemental causé par l’exploitation des sables bitumineux. En mettant sur la liste noire l’importation des pétroles bitumineux en provenance du Canada, une telle décision pourrait imposer des restrictions commerciales avec un pays démocratique, "able et stable et qui est en outre un partenaire important de l’UE ».
Parce que le miroir du pétrole ne montre qu’une réalité déformée, l’autochtone dépourvu de sa liberté de jouir des bienfaisances que la nature lui a procuré ne peut que constater les effets des reflets ‘’magiques’’ aux conséquences néfastes sur les communautés environnantes, à la faune et la flore. L'eau déversée dans les lacs artificiels contient plus de 250 matières toxiques et l'impact sur l'environnement n'est pas connue, les conséquences sur le risque de pollution des sédiments et des écosystèmes est certaine puisque aucun suivi géologique n'est suivi.
La région est l'une des plus pollués du Canada, avec un taux record de cancer, de pluies acides, d'eaux souterraines et superficielles polluées.
Alors l’UE soutient-elle les principes de l’avilissement des droits de l’homme en bafouant ainsi la diversité et la richesse des civilisations et des cultures autochtones amérindiennes dont l’essence même est étroitement liée à la terre, aux ressources du territoire qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis depuis des millénaires.
Les Sables bitumineux de l'Athabasca - Le blog de l'habitat durable
Les Sables bitumineux de l'Athabasca Sur les rives de la rivière de l'Athabasca, qui s'écoule sur près de 1530 km et se déverse dans le lac du même nom, une rivière souillée par l'exploitati...
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