Aux portes de l’Orient, Rhodes et son Colosse s'exposent... au Louvre
Offerte par le Musée du Louvre depuis le 14 novembre 2014, il ne vous reste plus qu'1 mois pour découvrir cette magnifique exposition puisqu'elle s'achèvera le 10 février prochain. Inscrite depuis 1998 sur la liste du Patrimoine mondial par l’Unesco, la ville médiévale de Rhodes qui contient dans ses antres l’une des sept merveilles du monde antique.
Située sur la pointe nord de l’île, la ville médiévale de Rhodes est un passionnant livre d’histoire à ciel ouvert. Sur les hauteurs du mont Smith, l’acropole de Rhodes abrite les ruines de l’ancienne cité hellénistique avec son temple dédié à Apollon, son théâtre et son stade imposant. Le port raconte quant à lui la légende du Colosse de Rhodes, la sixième des Sept Merveilles du monde antique : cette monumentale statue de bronze, haute d’une trentaine de mètres, gardait prétendument l’entrée du port. Au cœur de la cité, l'exploration de la ville médiévale se jalonne de ruelles pavées, de remparts et de tours, la vieille ville était le bastion des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui régnèrent sur Rhodes de 1309 à 1522.
Avec la présence des chevaliers de Saint-Jean à l’époque médiévale, l’île de Rhodes, la plus orientale des îles du Dodécanèse, fut dès l’Antiquité, un lieu privilégié d’échanges entre l’Égée et l’Orient. Les quelques 380 œuvres réunies à l’occasion de cette exposition, en provenance des musées de Rhodes, du British Museum, de Copenhague et du Louvre, font découvrir la richesse de l’archéologie rhodienne entre les XVe et Ve siècles avant J.-C. (de l’âge du bronze à la fin de l’époque archaïque) en présentant les joyaux d’une production très diversifiée en terre cuite, en or, en argent et en bronze, en faïence et en verre, en pierre, en os et en ivoire...
Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient évoque d’abord l’histoire des fouilles, menées par des archéologues français, britanniques, danois, italiens et grecs. Un important travail sur les archives a permis d’éclairer l’histoire méconnue des premières fouilles franco-britanniques au XIXe siècle, notamment la découverte du site de Camiros par l’artiste-photographe et archéologue Auguste Salzmann.
L’ensemble des œuvres présentées nous invitent à la découverte de la mixité culturelle de cette île du Dodécanèse, terre d’échanges en Méditerranée orientale, les fouilles ayant mis au jour des productions importées d’Egypte, du Levant ou d’un Orient plus lointain (Syrie, Phénicie, Jordanie, Phrygie, Iran, Arménie...) dont certaines vont jusqu'à associer des inscriptions grecques et phéniciennes.
Les recherches sur l'art et l'artisanat rhodiens ont permis de souligner l'importance des vases à parfum, en céramique, en verre et même, ce qui est rare, en faïence, un artisanat lié d'ordinaire à l'Égypte et au Levant. En raison de l'intensité des contacts avec la Méditerranée orientale, Rhodes a aussi créé une orfèvrerie orientalisante très originale, sans équivalent dans le monde grec.
Image : Rhyton conique - poulpe - Argile, h. 37,5 / d.max. 11 cm Découverte : Camiros/ production : Argolide Helladique récent (1380-1300 avant J.-C.) Acquisition Parent, 1879 (fouilles Salzmann) Paris, musée du Louvre, département des AGER © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
Le Colosse de Rhodes (érigé en -292 , détruit en -227) Louis de Caullery (Caullery, près de Cambrai, vers 1580 – Anvers, 1621) Début du XVIIe siècle H. 35 ; L. 46 cm Paris, musée du Louvre, département des Peintures MNR 727re
Parcours de l’exposition
Célèbre grâce au souvenir du Colosse, l’une des sept merveilles du monde antique et de la présence des chevaliers de Saint-Jean à l’époque médiévale, l’île de Rhodes fut, dès l’Antiquité, un lieu privilégié d’échanges entre la mer Égée et l’Orient. Les œuvres réunies à l’occasion de cette exposition font découvrir la richesse de l’archéologie rhodienne entre les XVe et Ve siècles avant J.-C. (de l’âge du bronze à la fin de l’époque archaïque). L’exposition, la première dans le monde à être exclusivement consacrée à Rhodes, répond à un triple objectif : elle évoque l’histoire précoce et continue des fouilles, auxquelles ont participé, depuis 1859, des archéologues français, anglais, danois, italiens et grecs Ce projet d’exposition est d’ailleurs né du désir de mieux comprendre l’historique des collections Salzmann, acquises par le Louvre en 1863 et en 1864. Artiste peintre, photographe, Auguste Salzmann est aussi une figure pionnière de l’archéologie rhodienne, qui identifia en 1859 la cité de Camiros, le premier site à avoir été mis au jour à Rhodes. Elle met en valeur la mixité culturelle de Rhodes, terre d’échanges en Méditerranée orientale ; elle est aussi l’occasion de redécouvrir la dimension orientalisante de l’art rhodien par l’intermédiaire de quelques-unes de ses productions les plus spectaculaires, en particulier son orfèvrerie, sans équivalent dans le monde grec et sa faïence, un artisanat lié à l’Égypte et au Levant.
Les fouilles franco-britanniques au XIXe siècle
La découverte de Camiros
La découverte du site de Camiros en 1859 fut l’œuvre d’Auguste Salzmann, un Alsacien, et d’Alfred Biliotti, vice- consul britannique à Rhodes. Ils conduisirent des fouilles pour leur propre compte, pour celui du British Museum (1863-1864) ou encore pour celui d’un mécène, Auguste Parent (1867- 1868). Biliotti, seul, découvrit également des nécropoles à Ialysos à partir de 1868 et poursuivit ses explorations dans l’île jusque dans les années 1880. Les fouilles franco-britanniques intervinrent à point nommé pour nourrir un débat sur le rôle de l’Orient dans l’évolution de l’art grec. Elles révélèrent une culture orientalisante, assimilée dans un premier temps à de l’art phénicien, encore largement inconnu. Parmi les découvertes les plus spectaculaires, citons les riches trésors d’orfèvrerie funéraire, ainsi que les premiers témoignages de la civilisation mycénienne, découverts dix années avant les fouilles de Schliemann à Mycènes.
Les trésors de Camiros
La tombe aux bijoux du Louvre contenait deux joyaux de l’orfèvrerie rhodienne. Longtemps tenus pour des bijoux de tempe, fixés à l’aide de crochets à des sortes de diadèmes, ils pourraient aussi être des pendentifs, d’autant que des remaniements antiques en partie haute ne permettent plus de connaître leur aspect initial. Ces interventions, qui avaient lieu dans les ateliers des orfèvres locaux, montrent que ces bijoux ont été portés avant d’être déposés dans la tombe. Cette dernière, comme l’indique un article de Salzmann publié en 1863, contenait de la céramique comparable à celle découverte dans le tombeau A, un contexte funéraire inédit et très diversifié, reconstitué à l’occasion de cette exposition.
La découverte du mycénien
Un des apports des premières fouilles de Rhodes fut la mise au jour, dix ans avant les fouilles de Schliemann à Mycènes, d’une céramique d’un type inconnu, comme le précise Biliotti dans un rapport sur ses fouilles d’Ialysos, daté du 16 juin 1868. Peu de temps auparavant, des chambres sépulcrales contenant une céramique identique furent trouvées à Camiros. C’est donc à Camiros et non à Ialysos, comme on le dit souvent, que furent exhumés à Rhodes les premiers exemplaires de céramique mycénienne. À cette date, les fouilles effectuées par Salzmann à Camiros étaient financées par un mécène passionné d’archéologie, Auguste Parent, qui se consacra, en 1867, à la fondation d’un musée archéologique régi par des principes très novateurs. Après la dislocation du musée parisien survenue en 1869, à la suite d’une faillite du mécène, les collections furent acquises très partiellement par le Louvre. Une des œuvres les plus impressionnantes de cette série est le rhyton au poulpe, représenté sur la bannière de l’exposition et la couverture du catalogue.
Les fouilles danoises (1902-1914)
Avec les fouilles danoises, l’archéologie rhodienne entre dans l’ère des publications scientifiques et de l’exploration systématique des cités. Les premières recherches se concentrèrent, entre 1902 et 1905, sur l’acropole de Lindos. Les archéologues Karl Frederik Kinch et Christian Blinkenberg, assistés par des architectes, dont les travaux firent date, dégagèrent en grande partie le sanctuaire d’Athéna et découvrirent, dans la cavité du rocher, deux dépôts votifs qui livrèrent un très grand nombre d’offrandes : statuettes en calcaire chypriote, objets en ivoire souvent égyptiens ou levantins, coquillages de la mer Rouge avec des décors gravés exotiques, œuvres en bronze ou en faïence, korés en marbre, etc. témoignent de la position stratégique de Lindos comme escale sur la route maritime entre l’Orient et l’Occident.
Les fouilles se sont ensuite portées sur différents points du territoire de Lindos, notamment sur le site de Vroulia, à la pointe sud de l’île et à Exochi.
Les fouilles italiennes (1912-1945)
En 1912, les troupes italiennes, se substituant à la domination de l’Empire ottoman occupèrent Rhodes et les îles du Dodécanèse. En dehors des restaurations effectuées dans la ville médiévale (1914-1918) et de l’installation du musée, en 1915, dans l’hôpital des Chevaliers, les archéologues italiens (Amedeo Maiuri, Giulio Jacopi, Luciano Laurenzi, Luigi Morricone...) ont conduit d’importants programmes de fouilles à Camiros et à Ialysos, entraînant des découvertes spectaculaires, comme les kouroi de Camiros ou le dépôt votif du sanctuaire d’Athéna à Ialysos, dont certaines pièces encore inédites sont présentées dans la vitrine centrale de la dernière salle. Les publications de ces fouilles furent décisives pour établir et affiner les chronologies, qui intégraient désormais, avec la découverte de la nécropole de Trianda, près de Ialysos, la période minoenne, encore inconnue sur l’île. En 1937, les Italiens reprirent les travaux à Lindos et firent subir aux monuments de l’acropole de pesantes restaurations visant à projeter la rhétorique fasciste dans la magnifique scénographie naturelle et architecturale du sanctuaire.
Les fouilles grecques aux XIXe et XXe siècles
Depuis 1947, le service archéologique grec a seul en charge la sauvegarde et l’investigation des antiquités à Rhodes. Le premier éphore du Dodécanèse, Ioannis Kondis, s’est concentré sur la cité de Rhodes, un des rares exemples de ville densément peuplée dont on puisse reconstituer avec certitude le plan hippodamien. Plus récemment, l’éphorie a défini des zones archéologiques protégées en vue d’explorations futures. L’essentiel des opérations consiste en des fouilles de sauvetage, destinées à protéger et à documenter des antiquités menacées par des constructions modernes. Celles effectuées à Ialysos et dans les environs de Lindos ont considérablement renouvelé le champ de nos connaissances, notamment pour les périodes hautes.
Nous présentons ici une sélection d’œuvres provenant des tombes mycéniennes de Pylona, ainsi qu’un contexte funéraire inédit de la nécropole d’Aghia Agathè, datant du XIe siècle avant J.-C. et étonnamment riche pour cette phase tardive de l’époque mycénienne.
Rhodes, terre d’échanges
Important carrefour des échanges en Méditerranée orientale, l’île de Rhodes a accueilli un nombre impressionnant d’importations égyptiennes et surtout orientales : la Syrie, la Phénicie, la Phrygie (au nord de l’actuelle Turquie), l’Ourartou (l’Arménie) et Chypre figurent parmi les régions bien représentées. Point d’orgue de l’exposition, une large vitrine centrale présente, dans une muséographie aérienne, une mosaïque de petits objets précieux, les orientalia et egyptiaca de Rhodes, qui inspirèrent parfois l’artisanat local et qui furent trouvés pour la plupart dans les trois sanctuaires d’Athéna à Camiros, Ialysos et Lindos. On trouve aussi des objets provenant des quatre coins du monde grec et du lointain Occident.
Egyptiaca et orientalia trouvés dans les sanctuaires d’Athéna à Rhodes Une culture mixte : la circulation des objets et des hommes Si l’hypothèse des premiers fouilleurs, convaincus de découvrir à Camiros une ville phénicienne, n’est plus admise depuis longtemps, de nombreux témoignages archéologiques renseignent sur la mixité culturelle de l’île. Quelques dossiers épigraphiques illustrent l’ampleur de ce phénomène. Le sphinx de Vroulia est une sculpture en calcaire chypriote, dédiée dans un sanctuaire grec et présentant sur l’aile une inscription en alphabet phénicien. Autre exemple, les fragments d’un même vase présentant une inscription grecque et une autre, phénicienne. Par ailleurs, l’importance des vases de style chypriote, syrien ou phénicien tournés dans une argile locale suggère que des Orientaux sont venus s’installer dans l’île au VIIIème siècle avant J.-C. Ils pourraient être à l’origine de l’essor, à Rhodes, des vases à parfum et des faïences.
Sept plaquettes doubles avec pendeloques - têtes de femmes en relief Alliage d’or et d’argent, h. moyenne des plaques 3 cm Production : Rhodes 2nde moitié du VIIe siècle avant J.-C. © The Trustees of the British Museum
L’art et l’artisanat rhodiens
L’orfèvrerie rhodienne
L’orfèvrerie compte parmi les créations les plus spectaculaires de l’artisanat rhodien. À l’époque archaïque, on assiste à l’apparition de bijoux d’un nouveau genre, constitués, pour l’essentiel, de plaquettes produites dans un alliage d’or et d’argent et décorées d’une imagerie orientalisante : les maîtresses des animaux et les centaures dominent, mais on rencontre aussi des sphinx, des griffons et des femmes-abeilles, ces dernières inspirées de Crète. Ces créations éclectiques, sans équivalent dans le monde grec, doivent beaucoup à Chypre, notamment la forme quadrangulaire des plaquettes et la technique d’exécution à l’aide d’un poinçon en relief frappé au revers. Les plus complexes de ces bijoux présentent des éléments en ronde bosse, et certaines surfaces sont embellies par le procédé de la granulation. La carte des diffusions et les restes d’une inscription sur la plaque au centaure semblent indiquer que l’atelier qui créait et réparait ces bijoux se situait à Camiros.
La faïence et le verre
La faïence n’est pas une technique grecque. Largement partagée entre l’Orient et l’Égypte depuis ses origines, elle n’est pas attestée dans le monde grec, en dehors de Rhodes, autrement que sous la forme d’importations. S’il est certain que des Grecs à Rhodes ont contribué à la production de faïences, comme le prouve l’adoption de formes typiquement grecques – l’œnochoé et l’aryballe rond –, certains objets sont difficiles à classer, tant l’iconographie est égyptisante ou proche des modèles orientaux, phéniciens, voire chypriotes. Quant au travail local du verre, il remonte au moins au XIIIème siècle avant J.-C., comme l’indique la découverte de rebuts dans l’habitat mycénien de Trianta (Ialysos). Un agglomérat de perles de verre découvert dans le dépôt votif du sanctuaire d’Athéna confirme la présence d’un atelier actif à la fin du VIIème siècle avant J.-C. La production chatoyante de verres moulés sur noyaux débute à la fin de l’archaïsme.
La céramique
L’activité des potiers rhodiens est attestée tout au long de la période, de l’époque mycénienne à l’époque archaïque. Des analyses archéométriques ont mis en évidence une forte teneur en magnésium. Cette signature rhodienne a permis de confirmer l’attribution des vases du style de Vroulia – vases présentant un décor floral caractéristique, incisé sur fond noir – à la production locale archaïque. En revanche, elle exclut d’autres séries, qui avaient été un temps tenues pour rhodiennes, comme celle des plats de Doride de l’Est, dont le plus bel exemplaire, le plat d’Euphorbe, est présenté dans la première salle.
Les analyses conduites sur les vases géométriques du musée du Louvre permettent de distinguer des sous- groupes : l’un d’eux semble provenir d’un atelier de Camiros.
Les terres cuites
L’artisanat rhodien de la terre cuite est mal connu. La présence, extraordinairement rare, d’un moule et d’un positif, trouvés à peu d’années d’intervalle lors des premières campagnes de fouilles franco-britanniques au XIXe siècle, prouve l’existence d’un artisanat local de qualité. Des analyses d’argile ont aussi permis d’attribuer à Rhodes un type de figurine daté du Ve siècle av. J.-C. Les productions du VIe siècle av. J.-C sont, elles, largement inconnues.
Les vases à reliefs
Produits de la fin du VIIIe au VIe siècle av. J.-C, les vases à reliefs rhodiens se distinguent par un goût pour l’effet décoratif qui laisse peu de place aux motifs figurés et par l’utilisation d’un très faible relief. Ce dernier pouvait être modelé (c’est le cas des cordées incisées, qui structurent la composition en zones et en métopes) ou estampé à la roulette. Trois roulettes différentes ont servi à l’exécution du décor sur le col et sur la moitié supérieure de la panse : spirales enchaînées en haut de l’épaule ; spirales en « v » présentées en frises verticales sur le col et en frises horizontales sur l’épaule et la panse ; losanges flanqués de cercles concentriques. Ces créations monumentales de l’artisanat rhodien, qui pouvaient dépasser deux mètres de haut, ont souvent été retrouvées à Rhodes, réutilisées pour l’inhumation des enfants et des adolescents. L’amphore du Louvre, d’une taille plus modeste, prouve qu’elles pouvaient être exportées dans le voisinage.
Stamnos du style de Fikellura - frise de perdrix sur l’épaule, puis bandes de demi-lunes et de fleurs de lotus, tresse sur le col Argile, h. 21 ; d. 16,9 cm Découverte : Ialysos, Marmaro, tombe 10/ production : Milet 550-530 av. J.-C. Fouilles italiennes, 1934 ©22e Éphorie des Antiquités, Rhodes / G.Kassiotis
Auguste Salzmann, une figure pionnière dans l’archéologie du XIXe siècle
L’inauguration au Louvre d’une exposition sur Rhodes reflète le souci d’articuler étroitement le programme des expositions aux recherches sur ses collections. Partagées entre quatre départements (les trois départements antiques et les Arts de l’Islam), les collections « rhodiennes » du musée du Louvre proviennent, pour l’essentiel, des fouilles conduites par Auguste Salzmann à Rhodes ou dans ses environs entre 1859 et 1868.
Artiste peintre, dont les œuvres ont pratiquement disparu, mais qui a exposé dans différents Salons entre 1847 et 1851 et dont une toile, Les Colonnes, suscita en 1847 l’enthousiasme de la jeunesse marseillaise ; dessinateur, notamment au cours du voyage en Algérie qu’il effectua en 1847-1848 avec son ami Eugène Fromentin, lequel croqua le portrait de son compagnon habillé en Turc ; photographe médaillé en 1855 pour ses vues sur Jérusalem, dont le talent est pleinement reconnu de nos jours ; poète qui s’est illustré dans le conte oriental et dont Théophile Gautier salue les dons littéraires ; architecte, qui entendait proposer une nouvelle restitution du mausolée d’Halicarnasse, une des sept merveilles du monde, et qui, fort de la réputation acquise à Jérusalem, en compagnie de son ami Charles Mauss, chargé en 1862 de la reconstruction de la coupole du Saint-Sépulcre, fut sollicité par les autorités égyptiennes pour un programme de restauration et de reconversion en musée de la mosquée du sultan Hassan au Caire, un chef-d'œuvre architectural du XIV siècle, Auguste Salzmann se définit surtout comme un archéologue déterminé à servir la science. Doté de compétences multiples rarement réunies en une seule personne, Auguste Salzmann se distingue aussi de ses contemporains par l’importance qu’il attache au contexte archéologique, ainsi qu’à la restauration des objets, pour lesquels il préconise dans une de ses lettres des méthodes de nettoyage qui forcent l’admiration.
Tombé dans l’oubli du fait de sa mort prématurée survenue avant la publication de ses travaux scientifiques, Salzmann est une figure passionnante et méconnue de l’archéologie du XIXe siècle. Tout en illustrant, de façon emblématique, le naufrage des sources, il montre tout ce que l’étude des archives peut apporter à la compréhension de son œuvre et des collections qu’il a mises au jour. Bien que ses journaux de fouilles, ses photographies et ses portefeuilles de dessins aient disparu, le dépouillement de trois fonds d’archives a permis de revenir sur la chronologie et la topographie des fouilles qu’il conduisit à Camiros, le premier site archéologique à avoir été exploré à Rhodes au XIXe siècle. Les informations recueillies dans la correspondance de Salzmann s’avérèrent vite trop importantes pour que l’on puisse leur rendre justice dans le seul catalogue de l’exposition. Le premier chapitre d’un livre consacré à la céramique du style des chèvres sauvages, un style révélé dans les fouilles de Camiros, se focalise sur Salzmann, son apport à l’archéologie et sur les collections rhodiennes du Louvre. Cet ouvrage accompagne une exposition dossier « de Rhodes à Milet », conçue en marge de l’exposition Rhodes, dont il fut le pourvoyeur.
Informations pratiques :
Adresse : Musée du Louvre, 75058 Paris - France
Téléphone : + 33 (0)1 40 20 53 17
Lieu: Espace Richelieu, aile Richelieu
Horaires: Tous les jours de 9h à 17h30, sauf le mardi. Nocturne les mercredis et vendredis jusqu’à 21h30.
Tarifs: Accès avec le billet d’entrée au musée : 12 €.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E., les enseignants titulaires du pass education, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels et Amis du Louvre, ainsi que le premier dimanche des mois de septembre à mars.
Renseignements : www.louvre.fr
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