S’isoler des nuisances sonores extérieures ...
Le bruit, ennemi public n°1, facteur de troubles environnantes, provoque des dégâts en matière de santé publique et forcément de qualité de vie.
Source d'environnement paisible, le confort acoustique reste une attente très forte des occupants d'un logement.
Selon une étude de l'observatoire de l'Acoustique dans l'Habitat, 54 % des français sont embarrassés par les nuisances sonores extérieures, 85 % sont troublés par celles provenant du propre logement.
L’ADEME vient d’éditer un guide pratique concernant la mise en œuvre de solutions et de pratiques pour diminuer les nuisances sonores dans les logements.
Transmis par l’air ou les structures d’un bâtiment, en provenance des activités extérieures, de nos voisins, de nous-même ou des équipements qui nous entourent, le bruit nous accompagne en permanence dans nos logements.
Les différentes nuances de bruits :
Bruits aériens extérieurs
Bruits de chocs
Bruits aériens intérieurs
Bruits d’équipements
Des solutions techniques existent pour traiter les différents types de bruit qui nuisent au confort acoustique, aussi bien en logement collectif qu’en maison individuelle.
Pour bien isoler acoustiquement un logement ou un bâtiment, il faut d’abord savoir comment se propage le bruit et quel rôle peuvent jouer les isolants acoustiques. Il importe aussi d’avoir une approche globale du problème car la transmission du bruit se fait par de multiples voies, et il s’infiltre par tous les passages qui lui sont proposés.
Par où passe le bruit ?
Le bruit peut se transmettre directement par les parois séparatives (mur, plancher, plafond, cloison, fenêtres). Il se transmet également de façon indirecte (ou latérale) par les parois non séparatives entre la source du bruit et l’endroit où on le perçoit. Les transmissions parasites profitent des imperfections localisées (boîtiers électriques...) et des défauts d’étanchéité à l’air (fissures dans les murs, absence de joints aux fenêtres, jonctions entre ouvrages...) : là où l’air passe, le bruit passe.
Tout d’abord les exigences réglementaires :
Pour les bâtiments construits avant 1970, il n’existait pas de réglementation acoustique.
Entre 1970 et 1995, les logements neufs étaient soumis à une réglementation acoustique fixant des valeurs minimales d’isolation acoustique d’un appartement à l’autre dans un même immeuble et des valeurs maximales de bruits de chocs ou de bruits d’équipements. Pour les bruits extérieurs au logement, les exigences étaient celles des textes réglementaires du 6 octobre 1978, mais elles ne correspondent plus aux normes actuelles de confort.
Entre 1996 et 1999, les normes acoustiques sont devenues plus sévères. Elles imposaient des exigences complémentaires : isolation minimum de 30 dB(A) contre les bruits extérieurs; absorption acoustique dans les circulations communes (couloirs, escaliers, hall...) ; niveau de bruit maximum des équipements intérieurs (bouches de VMC, chaudières individuelles...).
Depuis 2000, le niveau des exigences réglementaires reste identique à celui appliqué antérieurement. De très légères modifications (unités, indices ...) proviennent de la transposition des normes européennes.
En rénovation, aucune exigence n’est fixée. Il est cependant recommandé de se rapprocher des exigences de la réglementation acoustique en vigueur pour les logements neufs. Cependant, son respect ne garantit pas un bon confort acoustique, notamment pour les bruits d’impact.
Comportement et bon voisinage :
Certaines règles simples, parfois étayées par des textes législatifs (article R 623-2 du Code pénal pour le tapage nocturne, articles R 48-1 à 5 du Code de la Santé Publique pour les bruits de voisinage.), permettent de limiter les problèmes de bruits.
En immeuble
Les contraintes sont en général plus fortes qu’en habitat individuel car il est plus facile d’y gêner ses voisins (bruits de conversations, de pas, de portes, de télévision, de radio, d’appareils électro-ménagers, de bricolage...).
Dans la mesure du possible, il faut veiller à limiter les bruits excessifs, les siens propres, ceux des enfants et ceux des animaux domestiques, dans les appartements comme dans les parties communes. Il est également utile de s’équiper d’appareils électro-ménagers silencieux et de ne les faire fonctionner qu’en journée.
En maison
Les bruits de bricolage, d’entretien du jardin... peuvent s’avérer gênants, il convient donc de pratiquer ces activités à des horaires acceptables par tous, ce qui peut d’ailleurs faire l’objet de consignes municipales.
événements exceptionnels
Mêmes des événements exceptionnels et peu fréquents (fêtes...) ne donnent pas de droit particulier à faire du bruit tard le soir. Les organisateurs doivent prendre des précautions pour ne pas importuner leurs voisins, les prévenir et respecter un horaire convenable pour la fin de soirée.
Principes :
Connaître les règles de transmission du bruit vous permettra de mieux comprendre les différentes techniques d’isolation acoustique qui peuvent vous être proposées.
La loi de masse
Plus c’est lourd, mieux ça isole. Autrement dit, à épaisseur égale, une cloison en béton isolera mieux qu’une cloison en carreaux de plâtre, car à volume égal, le béton est plus lourd que le plâtre.
Le principe «masse-ressort-masse»
Il consiste à utiliser des parois doubles, comme des plaques de plâtre ou des cloisons en briques désolidarisées séparées par un espace rempli avec une laine minérale, qui absorbe et dissipe l’énergie.
Parois doubles :
En rénovation, cette solution permet un traitement efficace sans surcharger les structures et une épaisseur d’isolant moins importante.
Le principe d’étanchéité
Là où l’air passe, le bruit passe : sous les portes, par les conduits de cheminée, par les entrées d’air, par les coffres de volets roulants et aussi par les défauts d’étanchéité des parois. Une bonne isolation acoustique suppose une bonne étanchéité à l’air. Cependant, le renouvellement de l’air du logement est indispensable. Il faut donc laisser passer l’air en limitant le passage du bruit. Des solutions existent pour y parvenir.
La complémentarité de l’isolation acoustique et de l’isolation thermique
Les décibels et les calories passent là où l’air passe : une bonne étanchéité à l’air sera donc favorable sur les plans thermique et acoustique.
Il est possible de mener de front isolation thermique et isolation acoustique, car certains produits sont performants dans les deux cas. Pour une bonne isolation thermique, il convient de privilégier les matériaux ayant une résistance thermique élevée ; pour une bonne isolation acoustique, d’éviter les matériaux légers et rigides.
Pour éviter des dépenses excessives, il est important de s’orienter vers des solutions qui traitent les deux problèmes, au lieu de se cantonner à des produits purement acoustiques ou purement thermiques.
Dans la suite du guide, vous trouverez, signalées pour chaque mode de traitement du bruit, des solutions efficaces également pour l’amélioration thermique des logements.
Réaliser l’isolation acoustique dans de bonnes conditions :
Pour être efficace, l’isolation acoustique, tout comme l’isolation thermique, doit être réalisée sur des parois en bon état.
Avant de l’entreprendre, il faut contrôler l’état des murs et des plafonds. En particulier, s’ils sont humides, il faut en trouver la cause (infiltration, fuite d’eau, remontée capillaire...) et traiter le problème.
Certains produits isolants ne conviennent qu’à des parois planes et verticales (ou horizontales...) dont la surface est correcte. Certains choix d’isolation pour les fenêtres nécessitent des menuiseries d’une épaisseur suffisante et en bon état.
Attention aux produits isolants destinés aux planchers : ils peuvent vous obliger à surélever les seuils de portes ou à changer celles-ci. Les produits d’isolation acoustique pour les plafonds réduisent la hauteur de votre pièce, parfois de façon sensible pour certains d’entre eux: tenez-en compte si vos pièces ne sont pas hautes de plafond.
Enfin, certains produits d’isolation acoustique peuvent être lourds, il faut veiller à la capacité des éléments du bâti à supporter ce surpoids.
Bruits extérieurs
Les bruits gênants venant de l’extérieur sont en général des bruits provenant de la circulation (automobile, ferroviaire, aérienne) et de la fréquentation humaine dans la rue. Les points faibles de l’isolation acoustique sont alors en premier lieu les fenêtres, et, dans une moindre mesure, les entrées d’air des systèmes de ventilation et les toitures.
Isoler les fenêtres
*Comment intervenir?
Améliorer l’étanchéité de la fenêtre
C’est une solution rapide et peu coûteuse qui atténue le passage du bruit en traitant les défauts d’étanchéité (passages d’air) et convient à une isolation de façade courante. Elle peut diminuer de 5 dB le bruit perçu dans le logement.
Pour être efficaces, les joints d’étanchéité doivent être posés sur des menuiseries en bon état, bien planes :
- les joints en mousse sont faciles à poser mais peu efficaces sur le plan acoustique et peu durables (2 ans ou moins);
- les joints en résine durcissable sont plus durables et plus efficaces ;
- les joints à lèvre métallique exigent un réel savoir-faire pour la pose. Ce sont les plus efficaces.
Isoler les coffres de volets roulants
Ce sont des points faibles acoustiques. La plupart des coffres sont situés à l’intérieur des logements. Vous pouvez améliorer leur isolation acoustique en réalisant les travaux suivants :
- la pose de joints silicone entre la plaque de fermeture et le plafond ;
- la pose d’absorbants et d’isolants acoustiques à l’intérieur du coffre ;
- le renforcement du coffre par adjonction de plaques en bois ou en plâtre.
Si vous remplacez des coffres de volets roulants, ils doivent présenter un indice d’isolation acoustique de 12 à 14dB supérieur à l’objectif d’isolation acoustique final.
Remplacer le vitrage ou la fenêtre entière
Pour protéger du bruit, il faut qu’un double vitrage soit asymétrique : les lames de verre encadrant la lame d’air intercalaire doivent être d’épaisseurs différentes.
Pour une isolation de façade performante (d’environ 35 dB)
Elle s’obtient de deux manières différentes :
- en remplaçant le simple vitrage par un double vitrage asymétrique (type 10-6-4* par exemple). Ce remplacement est possible si l’épaisseur de la menuiserie le permet. La pose de joints est indispensable pour garantir l’étanchéité de la fenêtre (voir p. 9). Ce vitrage est plus lourd et nécessite parfois le renforcement de la structure de la fenêtre. Attention, le survitrage (vitrage supplémentaire qui se pose sur le châssis d’une fenêtre équipée de simple vitrage) est mal adapté à l’isolation acoustique;
- en remplaçant la fenêtre par une nouvelle fenêtre posée sur le dormant existant.
Cette solution est envisageable si l’état de votre dormant le permet. Optez alors pour un vitrage 10-10-4 **. Il est parfois nécessaire de changer le dormant s’il est en mauvais état. Dans ce cas, vous pourrez choisir un ensemble (dormant + ouvrant). Remplacer un simple vitrage par un double vitrage de ce type peut procurer une atténuation de 30 à 40dB.
* vitre 10 mm, lame d’air 6 mm, vitre 4 mm ** vitre 10 mm, lame d’air 10 mm, vitre 4 mm
Pour une isolation de façade très performante (d’environ 40 dB)
Pour obtenir ce niveau de performance, il est nécessaire de faire appel à un acousticien. Cette isolation s’obtient de deux manières différentes :
- en remplaçant la fenêtre par une nouvelle fenêtre équipée d’un double vitrage haute performance de type « feuilleté acoustique ». Le nouveau dormant doit alors être soigneusement calfeutré, par exemple par des mastics adaptés (il vaut mieux éviter le colmatage par des mousses) ;
- en ajoutant à la fenêtre existante une deuxième fenêtre, posée à l’extérieur ou à l’intérieur. La distance entre les deux fenêtres doit être d’au moins 12 cm.
Cette technique est la plus sûre pour obtenir de bons résultats, encore faut-il que l’architecture du bâtiment ou la configuration des pièces permette sa mise en œuvre.
Vitrage isolant acoustique et double fenêtre
Précaution utile !
Si vous choisissez d’installer une nouvelle ou une deuxième fenêtre à l’extérieur et que cela entraîne une modification d’aspect de la façade, assurez-vous auprès de la copropriété et de la mairie que vous êtes dans votre droit, notamment dans le cas d’un bâtiment classé monument historique.
Si le logement est équipé d’une VMC, toutes les fenêtres des pièces de vie (séjour, chambres...) doivent être équipées d’entrées d’air acoustiques (voir page 13) dotées d’un indice d’affaiblissement acoustique pondéré Dnew(Ctr) * de 6 dB supérieur à l’objectif final d’isolation acoustique.
Les coffres de volets roulants doivent également être traités acoustiquement.
* indice caractéristique des qualités acoustiques des entrées d’air et exprimé en dB. Il est remplacé par Dnew(C) dans les zones proches des aéroports, où le bruit des avions est plus important que le bruit des voitures. Plus l’indice est élevé, meilleure est l’isolation acoustique offerte par l’entrée d’air.
*Quels produits ?
Concilier isolation acoustique et thermique
Un simple vitrage, s’il est épais (plus de 8 mm), peut être efficace pour l’isolation acoustique. D’un point de vue thermique, cette solution n’est pas acceptable car trop peu performante. Dans un double vitrage, l’épaisseur de la lame d’air influe sur tout sur les performances thermiques, peu sur l’isolation sonore. C’est la différence de masse entre les deux verres de part et d’autre de la lame d’air qui améliore sensiblement les performances acoustiques (différences d’épaisseur ou de nature des verres). Les doubles vitrages à isolation renforcée (VIR) dont l’une des vitres est en verre feuilleté constituent de très bonnes solutions thermo-acoustiques.
Des indices pour l’isolation acoustique
Pour les bruits aériens, l’indice d’affaiblissement acoustique Rw(C ;Ctr) caractérise la capacité d’isolement acoustique d’un produit (que ce soit une paroi, une fenêtre, une porte...) où le terme correctif (C pour les bruits aériens, Ctr pour les bruits routiers) est soustrait du terme R pour obtenir l’indice pondéré du produit. Il est exprimé en dB. Plus il est élevé, plus le produit est efficace. Pour les bruits de chocs sur planchers, l’indice d’amélioration de l’isolation ΔLw caractérise l’amélioration acoustique entre plancher nu et plancher isolé. Plus il est élevé, plus le produit est efficace.
Choisissez des produits dotés de la résistance thermique R et de l’indice d’affaiblissement acoustique Rw les plus grands possible. Un triple vitrage, très performant au plan thermique, n’apporte pas de protection acoustique supplémentaire.
Les précautions à prendre pour la pose
La mise en œuvre de ces travaux doit être faite par des profes- sionnels qualifiés, porteurs de la mention «Reconnu Grenelle Environnement» ou disposant de la certification «pose portes et fenêtres» de l’UFME (Union des fabricants de menuiseries extérieures). En réalisant soi-même des travaux, des problèmes liés à la mise en œuvre peuvent être générés comme la dégra- dation du bâti en cas de condensation entre mur et isolant.
Les certifications à connaître
Choisissez des produits certifiés, c’est une présomption de bonne qualité :
- la certification Cekal atteste de la performance acoustique et thermique du vitrage. Elle définit six niveaux de performances croissantes, de AR1 à AR6 ;
- le label Acotherm est décerné aux fenêtres offrant de bonnes qualités acoustiques et thermiques. Il définit quatre niveaux AC1 àAC4;
- la marque NF certifie la perméabilité à l’air, l’étanchéité à l’eau et la résistance au vent des menuiseries bois (NF Fenêtres Bois) et aluminium ou PVC (NF CSTBat).
Le cas des portes extérieures
Une porte massive équipée d’un joint périphérique et d’une barre de seuil procure une bonne isolation acoustique. Le label Acotherm garantit la performance des blocs portes extérieurs.
*La nécessité d’une bonne ventilation
Une ventilation correcte (système de ventilation naturelle ou mécanique) renouvelant l’air en permanence est essentielle pour votre santé, l’hygiène de vie et la pérennité des parois du bâtiment. C’est la raison pour laquelle il faut veiller à installer des entrées d’air efficaces.
Généralement, elles sont placées dans les traverses hautes des fenêtres (dans l’ouvrant ou le dormant selon les possibilités) des pièces principales du logement, séjour et chambres. Choisissez des entrées d’air « acoustiques » : elles sont conçues pour laisser passer l’air en limitant le passage du bruit. Elles sont caractérisées par un « indice d’affaiblissement acoustique pondéré » Dnew(Ctr) (voir p.11).
Ne supprimez jamais la ventilation. Bien au contraire, veillez à ce qu’elle persiste avec le renforcement acoustique.
Isoler la toiture
Pour les maisons individuelles en situation bruyante (passage d’avions, trafic routier ou ferroviaire importants), il faut envisager l’isolation acoustique de la toiture si on aménage les combles (l’isolation acoustique des combles perdus n’est pas utile).
Une solution technique pour les combles aménagés
On utilise des complexes d’isolation associant isolant souple et parement dense, qui sont efficaces également pour l’isolation thermique. Plus l’isolant est épais, plus l’isolation est performante. L’isolant souple peut être une laine minérale, de la laine de bois ou de chanvre, de la ouate de cellulose... Les parement denses peuvent être des plaques de plâtre, de gypse-cellulose, de fibre de bois haute densité...
Isolation de combles aménagés
Le professionnel chargé des travaux s’assurera au préalable que la charpente peut supporter l’isolation supplémentaire (certaines plaques de parement dense, comme les plaques de gypse-cellulose, sont lourdes). Il veillera également à la continuité parfaite de l’isolation.
Attention !
Si vous améliorez l’isolation contre les bruits aériens extérieurs, les bruits intérieurs du bâtiment (ascenseur, vide-ordures, voisinage, etc.) que vous n’entendiez pas jusqu’alors peuvent devenir gênants.