Retour sur 3 visions de la ‘’Ville ADAPTABLE’’ à travers la Communauté d’agglomération Roissy porte de France - Fosses / Le village: Part.2
Le blog, ayant présenté succinctement les lauréats de la 12ème session d’EUROPAN, a donc souhaité publier ces 21 visions prospectives, à travers les sept sites français.
Le thème de la ‘’Ville adaptable’’ correspond aux réflexions de notre société en perpétuel mouvement. Les questionnements sociétaux à l’échelle d’un territoire ramènent d’une manière plus singulière à réfléchir sur nos modes de vies, nos usages, nos quotidiens à travers les rythmes et respirations de la ville.
Cette partie est donc consacrée au site de la Communauté d’agglomération Roissy porte de France - Fosses / Le village.
Localisation :
Secteur Nord du bassin parisien, Fosses
Population :
Commune 10 000 hab. - Agglomération 86 131 hab.
Site de réflexion :
126 ha
Site de projet :
8,6 ha
Site proposé par :
Communauté d’agglomération Roissy Porte de France et Ville de Fosses, avec les partenaires suivants sur le projet : PNR-OPF, CC Pays de France, CG95, DRAC, JPGF
MAÎTRISE DU FONCIER :
Ville de Fosses et propriétaires privés
SUITES DONNÉES AU CONCOURS :
Étude urbaine pouvant aboutir à une maîtrise d’œuvre urbaine, à une maîtrise d’œuvre d’espaces publics, ou à une maîtrise d’œuvres architecturales en relation avec les partenaires
COMMENT LE SITE RÉPOND AU THÈME DE LA VILLE ADAPTABLE
Dans le périmètre d’aménagement du grand territoire de Roissy, le site proposé est au cœur du bourg rural d’origine de Fosses. À son architecture authentique et villageoise correspond un caractère de frange urbaine en limite du territoire agricole. Partie de la ville quelque peu figée et isolée, sa nécessaire revitalisation ne devra pas en dénaturer les qualités spécifiques. Le projet questionne diverses échelles. À l’échelle du territoire, il s’agit de mesurer l’exemplarité d’une intervention urbaine en lisière du paysage naturel et agricole ; de l’imaginer comme partie prenante d’un parcours régional en réseau reliant différentes communes. À l’échelle de la ville, il s’agit de réfléchir à l’établissement d’une dynamique susceptible de donner une nouvelle identité au village. À l’échelle du site, il s’agit de questionner les proximités et les échanges entre la nature contemporaine du projet et celle du centre historique avec son patrimoine archéologique.
CARACTÉRISTIQUES DU SITE
Membre de la Communauté d’agglomération Roissy Porte de France, la ville de Fosses se situe aux confins de la ceinture urbanisée de la métropole parisienne, dans le périmètre d’aménagement du Grand Roissy et la sphère d’influence directe de la plateforme aéroportuaire de Paris/CDG.
Sa localisation, sa géographie particulière et sa forme urbaine étirée en font une porte et une articulation entre ville et campagne. Au cœur du Bourg ancien, à l’écart de la ville récente, le site du projet a un caractère aujourd’hui préservé qu’il conviendra de régénérer.
Limitée au sud par la voie principale longeant le cheminement de l’Ysieux, la propriété communale s’étend au nord sur la pente de la rue de la Mairie jusqu’au cimetière qui se déploie en lisière de la campagne. À l’ouest, un lotissement et des fermes anciennes, à l’est, des propriétés diverses constituent des limites foncières et d’interventions. Le long de la rue de la Prairie de Rocourt et de la Grande Rue, la présence de l’église qu’accompagne le
« Centre d’interprétation du patrimoine céramique de la vallée de l’Ysieux » et des fermes anciennes fonctionnent comme un appel pour le nouveau quartier de ville. Les terrains actuellement occupés par les différents services municipaux et les bâtiments institutionnels ont ainsi vocation à pouvoir se transformer.
L’occasion est ici donnée : - de concevoir un nouveau quartier d’habitat dans une configuration de quartier de ville affirmant le caractère spécifique d’un milieu urbain entre ville et campagne, - d’engendrer dialogue et harmonie dans la relation entre le déjà là et les apports d’un projet exemplaire, - de développer une réflexion sur la nature des liens et la spatialité des lieux que l’espace public produit, - de penser des réalisations qui supportent des transformations, à l’image des réhabilitations qui s’inscrivent dans le périmètre du projet, - de raisonner des pratiques et des aménagements de l’espace dans une temporalité adaptée aux évolutions, qui, pour favoriser le lien social, incitent à la mixité et à la mutualisation des usages, à l’accueil de populations diversifiées.
STRATEGIE DE LA VILLE
Quatre objectifs majeurs incarnant les priorités de la ville se dégagent pour aider à reconnaître et valoriser les richesses de ce territoire. On s’efforcera ainsi : 1- En écho au programme de rénovation urbaine en cours sur le centre ville et au pôle gare de Fosses, de s’appuyer sur le patrimoine historique et naturel du village pour développer un projet de requalification urbaine et de revitalisation économique pour créer une nouvelle polarité au cœur du centre ancien, seul secteur de la ville intégré au Parc national régional Oise Pays de France, 2- De faire du village de Fosses un pôle d’attractivité cultu- relle et écologique, à la croisée d’un parcours historique et naturel s’étendant sur toute la vallée de l’Ysieux : Centre d’interprétation de l’histoire potière, atelier d’artiste associé à un gîte d’étape avec des chambres d’hôtes, espace de promotion de la vallée et de son paysage, circulations douces... 3- De promouvoir le développement d’activités écono- miques durables, en tirant parti de la proximité du centre technique municipal (CTM) et des terres agricoles situées en lisière du site : commercialisation de produits issus de l’agriculture raisonnée, cité artisanale et d’activités adossée au CTM, etc. 4- De renforcer l’offre et la qualité du logement sur le terri- toire par l’impulsion de programmes novateurs et adaptés répondant aux besoins de populations diverses et aux différentes étapes de leur parcours résidentiel : logements sociaux et en accession destinés à de jeunes adultes et à des familles.
ADAPTABILITÉ : LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS À PRENDRE EN COMPTE
Plusieurs thèmes de travail contribuent à l’élaboration de réponses justifiées. - Un quartier traversé : il s’agit ici d’articuler le passage du centre urbain vers la campagne, de qualifier l’espace public en permettant continuités, accessibilités, porosités et traversées, tout en favorisant un lien par la campagne avec l’autre partie de la ville.
- Un quartier conçu dans la durée : pour prendre en compte le facteur temps, il s’agit de conjuguer sur le mode expérimental des phases successives de réalisation pour aménager l’espace public, comme pour édifier ou réhabiliter des bâtiments. De manière à définir des perspectives stables, il s’agit d’accepter des évolutions morphologiques, des mutations programmatiques, des activités provisoires, et même des réversibilités, de manière à penser de façon pertinente l’urbanité des lieux et la forme des espaces habités.
- Un quartier de développement d’activités et d’usages divers : les terrains du périmètre de projet sont actuellement occupés par de nombreux équipements et services municipaux et par de l’habitat. De possibles trans- formations, issues d’une approche nouvelle du rôle et de la gestion des services techniques par exemple, serviront de propositions conçues autour de la relation entre logements, travail, écoles, commerces, activité économique et touristique et, de manière plus générale, autour de la mutualisation des usages et de la mixité des programmes sur le site. La présence des lieux culturels et cultuels est ainsi une opportunité à saisir.
- Un quartier contemporain expérimental : à l’image d’une interface réflexive à inventer ici entre ville et nature, en adéquation avec un paysage durable, il s’agit d’expérimenter la morphologie d’une nouvelle polarité urbaine, à l’écoute du contexte existant, qui pose la question de la densité, de la porosité, et qui tisse des liens organiques entre logements, équipements, activités et culture. Une occasion unique est donc offerte ici de constituer une nouvelle polarité urbaine contemporaine, assurant une articulation entre ville et campagne qui réponde, en terme de qualité de vie, aux attentes de la population. À l’échelle stratégique, il s’agit d’élaborer des propositions formulées par un plan guide qui prenne en compte les possibles évolutions et transformations à terme, pour stratifier et croiser les thématiques développées en les inscrivant dans une analyse du contexte qui justifie le cheminement du projet. À l’échelle du site, il s’agit de proposer des dispositifs urbains et architecturaux qui mettent en forme, dans une temporalité réfléchie, des étapes concrètes de réalisation élaborées sur la base d’une programmation explicite.
Pour s’inscrire avec pertinence dans le contexte, il s’agit de favoriser des rapports sociaux solidaires, des échanges et des flux confortables, de mettre en valeur la richesse archéologique, historique et agricole, de modeler les pleins et les vides, le paysage d’un quartier équitable où on aura plaisir à circuler, habiter, travailler et se cultiver.
L’amateur... rend possible l’imprévisible. Lauréat
La commune de Fosses rencontre une problématique commune à de nombreux villages périurbains : quelle forme de développement et de densification prescrire face à l’étalement urbain qui ne cesse de progresser à un rythme accéléré et imprévisible ? La question de l’adaptabilité prend alors tout son sens.¶ L’Amateur a pour moteur « l’intérêt passionné » : il souhaite partager sa culture et ses connaissances pour une certaine qualité architecturale, en opposition à un consumérisme effréné qui tend à lisser les singularités. Pour sortir d’une passivité dictée par la société de consommation, notre démarche instaure une coproduction locale entre travailleurs et bénéficiaires. L’innovation de notre proposition réside dans l’immatériel, dans le regroupement.¶ Système basé sur la mise en relation d’acteurs et la volonté d’échanges, il a pour objectif de transformer ou de produire un patrimoine bâti, adapté et local. Il repose de ce fait sur un partage des compétences et des pouvoirs entre l’expert et le citoyen. Le système économique proposé utilise des statuts juridiques coopératifs immédiatement opératoires : la Société coopérative d’intérêt collectif SCIC et la Société coopérative et participative SCOP. Les rouages de cette mécanique ne sont pas dirigistes. Universel, le système peut s’adapter à diverses situations et à différents contextes territoriaux.¶ La matérialisation progressive des projets menés par la SCIC peut suivre différents scénarios imprévisibles. Micro maisons, microcollectifs, rénovations, transformations énergétiques du bâti existant permettent une densification qui répond non seulement aux attentes évaluées et quantifiées en nombre de logements mais intègrent progressivement cette demande dans le temps. La lecture sensible de l’arpenteur Amateur révèle alors les qualités « déjà là » : recenser les opportunités foncières et immobilières qui sont disponibles à proximité des services collectifs existants, plutôt que de s’emparer d’un site naturel circonscrit à un périmètre d’étude. Cette densification raisonnée valorise la réappropriation de l’existant et favorise les détournements : réinstaurer des micros centralités, générer de nouveaux réseaux de productions, de mobilités et d’emplois qui se matérialisent dans la maison du projet, le centre technique municipal, les ateliers relais de poterie, une ferme rénovée, de nouvelles fermes, le marché et une maison de retraite.¶ Le dessin est le médium qui autorise le dialogue et l’échange au sein des communautés d’Amateurs. Chaque opération projetée, bien que singulière, est rendue intelligible par un système de représentation universel : des notices de montage qui décrivent une qualité architecturale, des usages individués et un ensemble de prescriptions pour la mise en chantier. En ce sens, le dessin ne limite pas son champ d’action aux seuls interlocuteurs spécialistes, mais garantit la coproduction entre divers acteurs. Le système repose donc sur la volonté commune, alchimie fragile dont le catalyseur n’est autre que la force de conviction éminemment politique.
L’avis du jury
Projet cohérent, ambitieux sur le thème de la co-production, économe en ressources naturelles et foncières. Ce projet processus se focalise sur les leviers à actionner pour que la ville se transforme sur elle-même. Le partage économique et social des compétences et des pouvoirs entre l’expert et le citoyen, à l’image des réseaux de production 2.0, fonde le projet. Le projet développe spatialement un scénario de densification raisonné, permettant la réappropriation de l’existant. Le jury a jugé la méthode envisagée juste dans son dimensionnement et son principe. Le processus proposé a été estimé innovant mais aussi très sérieux, solide et bien construit, à même de servir de modèle pour des sites similaires. Le processus de projet répond pleinement aux enjeux de la thématique de la session notamment dans sa capacité à mettre en place un catalyseur sensible aux qualités existantes.
L’équipe :
Bolehoro
Représentant de l’équipe
Julien Boidot, architecte urbaniste FR
Associés
Mathieu Holdrinet, architecte urbaniste FR Arnaud Ledu, architecte urbaniste FR Émilien Robin, architecte urbaniste FR Coordonnées de l’équipe
L’amateur - Bolehoro 68, avenue du Général Michel Bizot 75012 Paris, France +33 (0)1 44 68 39 61 +33 (0)6 48 48 73 30 contact@lamateurfosses.fr
Julien Boidot, Mathieu Holdrinet, Arnaud Ledu et Émilien Robin se rencontrent à Paris en 2006. Ils regroupent leurs activités distinctes au sein du collectif BoLeHoRo en 2010. Bien plus qu’un simple outil de travail, une grande table en bois sur mesure leur offre un véritable lieu d’échange, d’émulation et de partage d’expérience. Elle permet la mise en commun de réflexions menées sur des sujets et des échelles variés, allant du petit équipement culturel communal au projet urbain à l’échelle territoriale. En 2011, l’équipe reçoit une mention honorable à l’Europan11 pour son projet intitulé « Prospectives ... pour une stratégie du disponible», proposé sur le site belge de Sambreville.¶ Avec Europan, les membres du collectif s’accordent un recul sur la pratique du métier et les conditions de commandes des marchés publics ou privés. Las, ils souhaitent s’éloigner d’une production architecturale contemporaine victime des effets de mode, tel un produit de consommation standardisé. Pour eux, l’architecte, aujourd’hui dépourvu de nombreuses prérogatives, jadis essentielles, est réduit à assumer de multiples responsabilités contractuelles. Il se réfugie dans le rôle de simple designer urbain, et livre une architecture « packaging », bien souvent fade, dénuée de sens, qui fabrique des paysages urbains génériques.¶ C’est en véritables Amateurs passionnés d’architecture et de construction qu’ils décident de saisir à « bras le corps » le sujet de cette deuxième session d’Europan. Dans un contexte où les territoires se transforment rapidement et où l’obsolescence des bâtiments guette dès leur livraison, ils réfléchissent à des solutions alternatives immédiatement opératoires. Par la force de proposition, ils ambitionnent de générer les opportunités de projets en redéfinissant les programmes qui leur sont soumis. En résistance, et persuadés d’une nécessaire remise en cause des conditions d’élaboration des projets, ils aspirent à prouver l’utilité sociale des architectes.
ENTRECROISEMENTS – Mentionné
Choix du site : L’emprise relativement réduite du site de Fosses (8,6 ha) ne l’empêche pas de receler un grand nombre des problématiques contemporaines en matière d’urbanisme : territoires de la dispersion ; agricultures (péri)urbaines ; gestion des ressources aquatiques (eaux pluviales et de ruissellement) et pédologiques (artificialisation, érosion) ; patrimoines très anciens ou plus récents ; rapport aux grands espaces et à la « nature ». C’est pourquoi nous considérons qu’il s’agit, peut-être paradoxalement, du site le plus stratégique parmi les trois territoires de la région Île-de-France proposés pour cette douzième session d’Europan – les deux autres étant d’une part à Paris intra-muros et d’autre part à Saclay, au sein d’un des « clusters » du Grand Paris. Ce sont en effet les territoires d’interface situés aux extrémités des métropoles qui connaissent la plus grande croissance et les plus grands bouleversements urbains, sociaux et paysagers.
Relation au thème : La présence d’un patrimoine plus que millénaire (l’activité potière) au cœur du site et du programme nous a conduits à reconsidérer la question du temps comme celle de l’espace.
Nous nous sommes inspirés du concept de « longue durée » créé par l’historien Fernand Braudel, qui distingue trois types de temporalités : la longue durée des structures géographiques, le moyen terme des conjonctures socio-économiques et la ponctualité des événements d’ordre politique.¶ En déclinant cette logique de différenciation des rythmes au projet urbain, il s’agit, par l’analyse territoriale, d’identifier les fondements territoriaux du projet, c’est-à-dire une structure (géographique, urbaine, paysagère) et des logiques d’organisation (de l’espace, des acteurs, du processus) suffisamment ancrées et partagées pour qu’elles puissent s’adapter aux conjonctures socio-économiques et politiques de l’aménagement. Les possibilités mises en évidence pourront, d’une part, être amendées et complétées par des propo- sitions ultérieures et, d’autre part, se déclencher à des moments différents (voire ne pas se déclencher) par des interventions permanentes ou temporaires sans perdre la cohérence d’ensemble.
Description du projet
Le projet entrecroise trois entrées thématiques (« adapter l’agriculture », « adapter le village » et « adapter son logement ») qui possèdent chacune leur propre mode de fabrication dans le temps : elles correspondent à des configurations d’espaces, des systèmes d’acteurs, des logiques de mise en œuvre et des temporalités variables. Chaque thématique est traitée selon un raccourci d’échelles entre l’analyse régionale et les traductions micro-locales. L’organisation d’ensemble est guidée par une insertion fine dans la topographie et le contexte paysager.¶ Par ailleurs, le projet s’interroge autant sur le « comment faire » que sur le « quoi faire ». La faisabilité des propositions en constitue un élément central (ce qui n’empêche pas une vraie radicalité), tout comme l’étude de moyens de mise en œuvre.
L’avis du jury
La mise en relation systématique des axes de stratégie métropolitaine avec la stratégie urbaine et son expression architecturale garantit une forte cohérence au projet. Le projet de renouvellement rural met en avant trois axes de recherche autour de l’agriculture urbaine de proximité, du renforcement du cœur de village et de la stimulation des initiatives individuelles. La complexité spatiale du projet (onze profils d’espaces publics et cinq typologies de logements dont plusieurs atypiques – maisons serres ou patio ou extension de type « bimby » correspond à l’envie d’entre- croiser progressivement des systèmes urbain et naturel. La programmation est recherchée, explicitée, et rayonne au-delà du site de projet. Ce projet a été jugé très complet. Le développement économique autour d’un maraîchage bio-intensif a été considéré comme une option tout à fait réaliste. Le processus de projet répond pleinement aux enjeux de la thématique de la session.
L’équipe :
Terau
Représentant de l’équipe
Morvan Rabin, urbaniste FR
Associés
Alline Correa Bouric, architecte urbaniste BR Vincent Prié, architecte urbaniste FR Collaborateur
Tangi Rabin, jardinier-botaniste FR
Coordonnées de l’équipe
terau@mailoo.org www.terau.fr
Parcours... croisés. Nous nous connaissons depuis notre dernière année d’études réalisée au sein de la même formation à l’Institut d’urbanisme de Paris. Nos parcours universitaires et praticiens respectifs se sont déroulés à la croisée de l’architecture, de l’urbanisme et du développement territorial, en expérimentant divers rôles de la fabrication des territoires (maîtrise d’œuvre, AMO, maîtrise d’ouvrage urbaine) dans des pays différents (France et Brésil).¶ Ils nous offrent des compétences croisées et un intérêt commun dans des disciplines complémentaires (géographie, développement territorial, environnement, architecture, paysage, espaces publics, économie de l’aménagement, etc.) qui nous permettent d’appréhender l’ensemble des échelles de projet, depuis le grand territoire jusqu’aux micro-aménagements d’espaces publics. Approche... territoriale : Notre approche se fonde sur l’intégration des structures et des dynamiques territoriales au projet considéré, quelles que soient sa nature et son échelle. Elle répond aux problématiques de la « ville-territoire » et au contexte de crise (sociale, environnementale, économique) qui impliquent de réfléchir à une transformation radicale du projet d’urbanisme, avec des méthodes et des outils plus ouverts et itératifs. Europan... affranchissant : La participation à Europan permet de dépasser les contraintes temporelles, économiques ou hiérarchiques qui s’exercent dans les structures (publiques ou privées) de réflexion et d’action sur le territoire. Elle amène à aborder le projet par des thématiques nouvelles et à conforter une approche personnelle, tout en restant dans un contexte cadré pouvant aboutir à des réalisations concrètes. Elle peut ainsi conduire à une commande publique, dont l’accès est très compliqué par le mode de sélection des appels d’offres qui se base en grande partie sur la capacité économique des opérateurs, leurs références et le prix des prestations. Suite...fertile ter.a.u | territoire.architecture.urbanisme
Par la grande porte – Mentionné
SITUATIONS HABITANTES : Intervenir sur une ville pour en projeter un développement soutenable ne peut se résoudre en un choix unique de « zoning ». L’urbanisme d’aujourd’hui doit prendre en compte le macro et le micro, soutenir les qualités propres de chacune des parties du tout, chercher les spécificités, et en faire des vecteurs identitaires remarquables et revendiqués. Il s’agit de penser un urbanisme de la réversibilité, d’y voir l’hétérogénéité formelle comme une force, tendre à la sobriété formelle, à la recherche de situations habitantes intenses, de situations cohabitantes réelles, fortes et revendiquées.
HÉRITAGE ET PAYSAGE : Nous ne proposons pas une solution de développement figée mais une stratégie à long terme, basée sur le paysage existant dont la structure constitue l’assise fondamentale du lieu, les données essentielles du projet. Ce paysage est pour nous l’illustration physique de la mémoire collective, celle qui participe à la permanence immatérielle d’un lieu ou d’un groupe : le patrimoine et, plus largement, l’héritage, pour reprendre le terme anglo-saxon.
Le paysage – l’existant – constitue une continuité dynamique spatiale et temporelle. Une échelle de temps lente, préhensible, comme référentiel de l’être humain – la dimension stable.
RELEVER ET RÉVÉLER : Relever les interpénétrations, les relations, les diversités, les multiplicités, les identités, les valeurs et les forces d’un lieu et les révéler, les exacerber, en faire le terreau commun. Il ne s’agira définitivement pas d’une refonte du lieu mais bel et bien de se fondre en lui.
PAR LA GRANDE PORTE : FOSSES et LE PNR : Pour le cas du Vieux-Fosses, nous devons révéler les vecteurs d’identités lui permettant d’exister en tant que village dynamique et attractif, puis vis-à-vis du Plateau de la cabine et enfin au sein du Parc naturel régional Oise - Pays de France, qui sera un vecteur d’existence très fort régionalement et nationalement. Le PNR va permettre à Fosses de trouver une place dans la voie d’un urbanisme contemporain tourné vers des valeurs culturelles locales et le rythme des saisons.
Il ne s’agira définitivement pas d’une refonte du lieu mais bel et bien de se fondre en lui
TROIS STRATES D’INTERVENTIONS : Nous proposons trois strates d’interventions et choisissons de commencer par celle de l’échelle la plus locale et opérationnelle pour ensuite aller vers une stratégie globale de positionnement vis-à-vis du PNR, une stratégie de grand territoire :
1 – Structurer et habiter le bourg : une intervention de proche en proche pour redonner une échelle habitante aux espaces publics, revaloriser les équipements existants ou projetés, tout en répondant à un demande de nouveaux logements dans le temps.
2– Ré-adopter la nature et ses métiers : utiliser le support agricole de la région pour introduire une ferme pédagogique et ludique comme lieu de sensibilisation à une production locale et aux saisons (en relation avec les jardins potagers alentour et les écoles).
3 – Fosses, portes sud du PNR : mettre la village de fosses dans un tissu de promenades, retrouver une connectivité depuis le RER et faire du village un point de départ du PNR.
L’avis du jury
Le projet part d’une restructuration fine et d’une densification forte du bourg par de l’habitat pour s’ouvrir ensuite sur les espaces naturels. Un maillage fin rend le tissu existant poreux et dessert de petites opérations de logements intermédiaires qui s’implantent autour d’un noyau d’équipements publics et culturels consolidé. La lisière est qualifiée et cherche à ré-adopter la nature et ses métiers : une ferme pédagogique et la maison du PNR s’articulent autour d’une place publique et s’ouvrent sur la prairie. À l’échelle territoriale, un renouvellement du partenariat entre Fosses et le Parc naturel régional a lieu et s’illustre par la création de plusieurs parcours en boucle qui font du site une porte du PNR. Le jury a apprécié la finesse de l’insertion paysagère. « Par la grande porte » est un beau projet, élégant, adapté aux paysages typiques de l’Île-de-France.
L’équipe :
BAU (Bureau d’aménités urbaines)
Représentant de l’équipe
Hans Lefevre, architecte FR
Associés
Matthieu Bergeret, architecte FR Flavien Bézy, urbaniste FR Paul Rolland, architecte FR Julien Rouger, architecte FR
Coordonnées de l’équipe
BAU (Bureau d’aménités urbaines) 10 cours de Gourgue 33000 Bordeaux, France +33 (0)9 54 31 98 44 contact@2pma.com www.2pma.com www.bezy-urbaniste.fr
Nous revendiquons une production plurielle du projet où les compétences de chacun ouvrent des horizons nouveaux. Ici, l’association architectes/urbanistes est sans hiérarchie ni « ordre d’intervention».¶ Nous avons répondu à Europan sous la forme d’un collectif nommé BAU (Bureau d’aménités urbaines) dont la naissance a eu lieu deux ans auparavant lors d’un deuxième prix àEuropan. Depuis, le collectif s’est illustré en remportant le premier prix du concours international Neuchâtel 2020, et en travaillant sur un projet de Zac en Seine-et-Marne.¶ Ce collectif est formé de l’Agence 2 :pm architectures (composée de Matthieu Bergeret, Hans Lefevre et Paul Rolland) et de l’Agence Flavien Bézy Urbaniste, basées entre Bordeaux et Paris. Sur ce projet d’Europan, se sont associés Julien Rougeret le Studio POIVRE en conseil graphique.¶ Europan constitue pour nous l’occasion parfaite de concilier le réalisme d’une commande concrète et la possibilité d’explorer de nouvelles formes urbaines et architecturales.¶ L’adaptabilité aux rythmes urbains est pour nous une question centrale dans l’acte de faire la ville. En effet, nous visons une stratégie de petite couture, d’adaptation qui constitue le terreau identitaire d’un lieu. Il s’agit d’oublier définitivement le grand geste urbain, l’idée étant de se pencher sur le contextuel, sur la greffe au territoire.¶ Il n’y a pas eu croisement mais synergie. L’adaptabilité et les rythmes urbains sont le squelette d’un renouveau urbain. Il s’agit de penser des lieux, des ambiances, des usages nouveaux dans une fluidité fonctionnelle, identitaire et structurante avec le « déjà là».Nous avons ici pensé un urbanisme de la réversibilité où l’homogénéité est une force, pour lequel il faut tendre vers la sobriété formelle, vers la recherche de situations habitante.