Parce que la France c'est 1% du marché solaire mondial que Solairedirect jette l’éponge…
A travers un communiqué de Tecsol, Bureau d’études indépendant en énergie solaire, on apprend que la société Solairedirect qui compte deux cent cinquante salariés s’apprêterait à lancer un plan de sauvegarde dans lequel elle devrait se séparer de soixante personnes en France pour s'adapter aux évolutions de ce marché. Situation paradoxale puisque la société connaît depuis 2009 une forte croissance, notamment Outre-Atlantique avec l’inauguration d’un premier parc solaire au Chili et de conclure une série de contrats de vente d'électricité et de développement/construction d'importants projets aux Etats-Unis, ainsi qu’en Asie (Inde et Philippines).
Ces licenciements concerneraient les activités de développement et de construction de fermes solaires, essentiellement basées à Aix en Provence mais aussi à Paris. Les autres métiers en France (ingénierie, développement d’offres, financement), ne devraient pas être touchées. Alors que dans le même temps, les activités internationales progressent fortement et permettent à Solairdirect de se développer : la société a entrepris de recruter une cinquantaine de personnes pour accompagner son développement au Chili, en Inde, et surtout en Afrique du Sud où l’effectif sera porté de 110 à 150 salariés. Au total, l’effectif de Solaire Direct dans le monde devrait rester stable, autour de 250 personnes.
Une situation qui résume à elle seule le paradoxe entre un marché solaire mondial en pleine croissance et celui de la France paralysé par l’industrie nucléaire.
« C’est un véritable déchirement, mais la politique menée en France conduit à un effondrement des installations de parcs solaires dans l’Hexagone », explique Thierry Lepercq, fondateur de Solaire Direct. De fait, à peine 500 mégawatts ont été raccordés sur les douze derniers mois, selon l’Observatoire de l’Energie solaire publié vendredi, soit le niveau le plus bas depuis 2009.
« Les tarifs sont trop bas et les appels d’offres insuffisants : le gouvernement a clairement décidé de mettre le solaire en veilleuse. Un paradoxe alors qu’il s’apprête à investir des milliards de subventions dans l’éolien en mer ! », poursuit Thierry Lepercq.
Et pourtant, le solaire devient compétitif en France, et l’est déjà dans de nombreuses régions du monde : « Nous produisons à un prix proche de 100 euros le mégawattheure, soit moins que le nouveau nucléaire ». Mais davantage que le nucléaire déjà installé.
"Avec des coûts compris entre 50 et 100 €/MWh suivant les zones,l'électricité solaire photovoltaïque s'impose aujourd'hui partout dans le monde comme une source d'énergie ultra compétitive. Solairedirect, avec son modèle industriel intégré d'ingénieriste/énergéticien et ses offres de services innovantes est en pointe pour saisir les opportunités considérables qui s'ouvrent aujourd'hui partout dans le monde. « Nous sommes en train de vivre un véritable basculement vers l'international. Solairedirect est en train de réaliser sa transition géographique » poursuit son président en écho à d'autres transitions moins prolifiques. Solairedirect vient ainsi de signer un contrat de vente d'électricité (PPA) avec une grande compagnie d'électricité américaine pour le site d'Adera (Californie), d'une puissance de 25 MW, avec un prix inférieur à 60 €/MWh garanti sur 25 ans. Le lancement de la construction est prévu pour le deuxième trimestre 2014. En Inde, Solairedirect a conclu avec l'Etat du Pendjab un contrat portant sur la vente d'électricité sur 25 ans au prix fixe de 7,99 Rs/kWh (95 €/MWh) pour une puissance de 20 MW. Le démarrage de construction sur les projets concernés est prévu au premier trimestre 2014. Enfin aux Philippines, Solairedirect vient de créer avec GAAD, important acteur de l'électricité dans le pays, une joint-venture en vue du développement de plus de 100 MW de projets solaires au cours des trois prochaines années.
Le débat français ne mène nulle part
Mais la compétitivité, c'est aussi en France, où Solairedirect vient d'inaugurer à Istres (Bouches-du Rhône) un parc solaire de 8 MW. Entre 2012 et 2014, Solairedirect aura installé 100 MW sur le sol français à un prix compris entre 100 à 120 le MWh. « Nous sommes même en train de réaliser une centrale à 84 euros le MWh, une démonstration éclatante sur fond de tarif d'achat à un niveau très inférieur à celui constaté sur les nouvelles centrales nucléaires, et inférieur de plus de 60% à celui de l'éolien offshore que la France continue de soutenir. Je pense que nos gouvernants ont perdu la tête quand on voit le refus de la Grande-Bretagne de poursuivre dans l'éolien off-shore trop dispendieux » déplore Thierry Lepercq qui prend acte de manière désolée pour la France. « La France est un inamovible cimetière nucléaire. Le débat français ne mène nulle part. La France c'est aujourd'hui 1% du marché solaire mondial. Demain, 0,5%. Nous sommes réalistes sur le rapport de force dans l'Hexagone. Mais nous ne quittons pas la France, nous restons pleinement engagés au service du développement de l'énergie solaire en France, notamment dans le cadre de nos multiples partenariats avec de nombreux territoires. Nous continuons à nous battre et nous ferons un jour la preuve que le solaire compétitif a véritablement un avenir en France » s'obstine Thierry Lepercq. Dans cette perspective, l'entreprise se positionne en pointe sur les prochains appels d'offres de la CRE dans le cadre de partenariats-clés avec plusieurs industriels français. Elle travaille activement à de nouvelles offres d'électricité solaire compétitive dans le cadre de l'autoconsommation au niveau de la boucle locale électrique.
Un redimensionnement de l'activité sur le marché français
Reste que, suite aux mesures prises depuis fin 2012 mettant un terme à l'essentiel des dispositifs de tarifs d'achats solaires prévalant en France, Solairedirect est contraint de redimensionner son activité sur ce marché en procédant notamment à une réduction significative des effectifs qui lui sont consacrés. « C'est déchirant. Nous regrettons vivement les conséquences industrielles et humaines des mesures ainsi prises. Soixante personnes au savoir-faire très franco-français devraient quitter le groupe dans les prochains mois, des gens talentueux aux compétences exceptionnelles. Un gâchis scandaleux ! Nous allons les accompagner, les aider à monter leur entreprise » déclare Thierry Lepercq. Après ces départs, Solairedirect comptera encore une centaine de collaborateurs en France.
Les effectifs du Groupe devraient néanmoins rester stables autour de deux cent cinquante personnes dans les prochains mois grâce aux développements à l'international. Solairedirect va en effet créer trois pôles de compétence dans le monde. Au Chili, le centre sera consacré à la recherche sur les solutions hybrides solaire/gaz ou diesel. En Inde, un pôle sera dédié à l'ingénierie axé sur le Balance Of System (BOS). Enfin l'Afrique du Sud conserve sa vocation de pôle industriel du groupe, un œil sur l'amont de la chaîne de valeurs, dont la capacité de production passera de 40 à 100 MW dans les prochaines semaines. On le voit, Solairedirect repense son organisation pour s'adapter au boom mondial de l'électricité solaire compétitive. Dans trois ans, Solairedirect prévoit même de réaliser 1 GW de projets par an. Pendant ce temps, la France perd des emplois et joue dans le solaire la partition de la « belle endormie » pour faire référence à un autre prix Nobel, Kawabata, un écrivain issu d'un pays le Japon qui a mis les bouchées doubles en matière de solaire dans le trauma post Fukushima."