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Un cri à la face du monde, mardi 25 novembre à 20h40 sur France 5

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Un cri à la face du monde, mardi 25 novembre à 20h40 sur France 5

Un cri à la face du monde, mardi 25 novembre à 20h40 sur France 5

CONGO, UN MEDECiN POUR SAUVER LES FEMMES

Récompensé par le prix Sakharov 2014, le chirurgien congolais Denis Mukwege opère depuis quinze ans, dans l’hôpital qu’il a fondé, des femmes victimes de sévices sexuels dans la province du Sud-Kivu. Ce film, qui lui donne la parole, ainsi qu’aux soignants et à leurs patientes, est un cri à la face du monde.

« Je me sens perdue. Tout mon entourage me déteste parce que j’ai été violée par des militaires en rentrant de l’école ; mes amies ne me parlent plus à cause de ça. [...] Tout me ramène aux souffrances qu’ils m’ont infligées. [...] Malheureusement, je suis restée en vie. Si j’avais pu mourir... » Des histoires comme celle d’Annie-Françoise, 17 ans, qui porte le fruit de son viol, le Dr Denis Mukwege en entend tous les jours. Cela fait près de vingt ans qu’en République démocratique du Congo, notamment à l’est du pays, dans la très riche province du Sud-Kivu, les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre pour terroriser la population et détruire le tissu social. Et quinze ans que ce médecin gynécologue soigne les séquelles physiques et psychiques des innombrables agressions subies par les femmes. En 1999, lorsqu’il décide de créer, dans un Congo alors en plein conflit, l’hôpital de Panzi à Bukavu, sa ville natale, c’est pour permettre aux futures mères d’accoucher en sécurité. Contre toute attente, la première patiente du

Dr Mukwege n’est pas une parturiente, mais une victime de viol. En à peine un an, le docteur voit le nombre de femmes ayant subi des violences sexuelles tripler. Pour faire face au drame, il ouvre un service spécialisé et avertit les organisations internationales. Depuis lors, Denis Mukwege n’a jamais cessé un combat qui lui a valu d’être la cible de plusieurs tentatives de meurtre, dont la dernière s’est soldée par l’assassinat de son ami et garde du corps. En quinze ans, le « médecin qui répare les femmes » a pris en charge plus de 40 000 de ses concitoyennes, mais aussi créé les Maisons Dorcas, des centres d’apprentissage où les survivantes s’initient à un métier, reprennent goût à la vie et apprennent à défendre leurs droits, y compris en justice.

Le documentaire sera suivi d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse en présence de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, et de deux autres invités.

Un cri à la face du monde, mardi 25 novembre à 20h40 sur France 5

Entretien avec la réalisatrice Angèle Diabang

Pourquoi avez-vous décidé de réaliser un documentaire sur le Dr Mukwege et son travail ?

Angèle Diabang : J’ai découvert le Dr Mukwege en lisant un article dans Le Monde qui m’a vraiment interpellée. Ce sujet m’a semblé prioritaire par rapport à ceux sur lesquels je travaillais alors. Il se trouve que, par chance, une de mes amies le connaît bien. Il a tout de suite accepté que je fasse un film sur lui et m’a proposé de me joindre à l’équipe de journalistes qui allaient le suivre lors de son retour au Congo, après plusieurs mois d’exil forcé en raison de menaces de mort.

Vous êtes donc partie seule ?

A. D. : Oui, la première fois, en janvier 2013. Dès l’arrivée, ç’a été émotionnellement très fort. A Kamuvu, des centaines de femmes attendaient le Dr Mukwege à sa sortie de l’avion ; les gens chantaient, l’acclamaient. Quand nous avons atteint l’hôpital de Panzi, c’était dix fois plus intense. C’était littéralement le retour du Messie. Pendant cette première journée, je n’ai eu le temps que de filmer son retour et de faire quelques repérages.

Comment avez-vous procédé pour amener les femmes à vous faire confiance ?

A. D. : J’ai visité l’hôpital le lendemain ; au départ, ça m’a déroutée parce qu’il ressemblait à tous ceux que je connaissais. Mais, plus loin, dans un îlot de verdure, je me suis retrouvée face à 100, 200, 300 femmes... Leur corps, la tension, leur regard, tout me disait que c’était bien d’elles qu’il s’agissait. Je ne savais pas trop quoi faire ; j’ai posé la caméra sur une table et attendu. On a échangé des sourires, mais c’était difficile de communiquer. J’ai alors décidé d’allumer la caméra et de tourner le viseur pour qu’elles puissent se voir, ce qui les a fait rire. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là à discuter à demi-mot et à rigoler. C’est comme ça que cela a commencé.

La plupart des femmes témoignent à visage découvert...

A. D. : J’ai entièrement respecté leurs souhaits. A l’exception de Barhakomewa, toutes les autres ont voulu témoigner à visage découvert pour que le monde entier se rende compte de ce qui se passe au Kivu. Pour elles, il était temps que chacun entende leur cri de détresse afin que nul ne puisse détourner la tête face à ce drame.

Votre condition de femme, et de femme africaine, vous a-t-elle aidée dans votre travail ?

A. D. : Le fait d’avoir eu une camerawoman, Marine Tadié, et que Betty, mon assistante congolaise, qui avait déjà travaillé avec plusieurs associations, soit aussi une femme a permis d’établir une complicité certaine. Aujourd’hui, ces femmes sont mes dadas, c’est-à-dire des sœurs, dont j’ai régulièrement des nouvelles. Il y a eu beaucoup de reportages sur ce drame, mais en général le journaliste vient, pose la caméra, filme et part. Moi, j’y ai passé plus de temps. Je ne dis pas que mon travail est meilleur, mais le rapport n’est pas le même.

Vous êtes retournée au Congo pour les besoins du tournage ?

A. D. : En 2013, j’étais repartie avec un 26 minutes : les interviews du docteur, son arrivée, des scènes de l’hôpital et trois personnages de femme. Cette année, j’y suis retournée plus longuement avec une chef opératrice et une équipe légère, et on a procédé de la même manière. On est allés plusieurs fois dans l’espace réservé aux femmes victimes de viol avec le matériel, mais sans les filmer, juste pour se poser, discuter ou faire des plans d’extérieurs. Du coup, quand j’abordais l’une d’entre elles, c’était assez facile. Elles étaient en confiance avec mon équipe.

Votre film se termine malgré tout sur une note d’espoir. Croyez-vous, comme le Dr Mukwege, que ces femmes sont l’avenir du Congo ?

A. D. : J’aurais pu faire un film sur un docteur superpuissant, mais ce qui me touche chez le Dr Mukwege, c’est qu’en plus de les réparer physiquement, il sait donner à ces femmes un rayonnement, une place, une certaine estime de soi... C’est un médecin qui a un véritable amour pour ses patientes, qu’il ne prend pas en pitié, mais qu’il écoute et respecte. Si elles ont réussi à survivre à un tel traumatisme et à envisager un avenir, elles peuvent tout faire. Denis Mukwege est un féministe qui n’hésite pas à mettre en avant les femmes, et notamment dans l’organigramme de l’hôpital qui en compte plus de 65 %. Pour moi aussi, la femme est l’espoir de l’Afrique.

Un cri à la face du monde, mardi 25 novembre à 20h40 sur France 5

Le Monde en face

Présentation

Marina Carrère d’Encausse Congo, un médecin pour sauver les femmes

Documentaire Format

52 min

Auteure-réalisatrice

Angèle Diabang

Une production

Roches Noires Productions / Karoninka Avec le soutien du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud, de la Région Basse-Normandie, en collaboration avec la Maison de l’image Basse-Normandie En partenariat et avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animée et de France Télévisions

Année

2014

Diffusion

Mardi 25 novembre 2014 à 20.40

Programme déconseillé aux moins de 10 ans


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