Quantcast
Channel: Le blog de l'habitat durable
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

Rompre l’isolement des campus et brasser les profils

$
0
0
Rompre l’isolement des campus et brasser les profils

Rompre l’isolement des campus et brasser les profils

Dans un contexte d’incertitude ambiante (économique, sociale, environnementale), et d’autonomisation des établissements d’enseignement supérieur, Campus Responsables publie une étude prospective sur les tendances et pistes d’évolution pour faire des campus des lieux de formation mais aussi des lieux de vie durables et résilients à l’horizon 2030.

Cette étude a été nourrie à la fois des interviews menées en France et à l’international auprès de très nombreux experts, prospectivistes et acteurs- phares de l’enseignement supérieur, mais aussi des meilleures études et recherches publiées récemment dans le monde, et naturellement des expériences les plus innovantes menées par les campus français et internationaux.

L’objectif : ouvrir des pistes pour inspirer tout l’écosystème de l’enseignement supérieur français (gestionnaires de campus mais aussi enseignants, étudiants, fournisseurs et prestataires, partenaires...) dans la conception et la mise en œuvre des solutions durables anticipant les enjeux-clefs de demain.

Résilience climatique, développement durable, internationalisation, diversité, technologies du digital, économie de la connaissance : tout comme ces tendances ont transformé les entreprises dans les deux dernières décennies, elles s’apprêtent désormais à transformer l’enseignement, et notamment l’enseignement supérieur, dans les vingt prochaines années.

C’est à partir de ce postulat que nous avons voulu réaliser cette étude sur les campus durables de demain - pour identifier les tendances structurantes et facteurs d’évolution que peuvent, ou doivent, anticiper dès aujourd’hui les établissements de l’enseignement supérieur pour ne pas les subir demain... et si possible en faire des opportunités d’innovation et de différenciation. Le tout, illustré par

des bonnes pratiques déjà existantes sur les campus.

Le sujet est large mais passionnant puisqu’il touche d’abord à la mission éducative même : ce secteur, dont la mission est de former des jeunes, doit forcément se réinventer à présent qu’arrive une génération de «digital natives » connectés depuis leur naissance et en permanence aux technologies qui bouleversent le savoir et la façon d’y accéder. Après avoir révolutionné le monde de la presse, de la musique ou de la vidéo, Internet et le digital s’attaquent désormais à d’autres domaines, comme la santé... ou justement l’éducation. Le vingt-et-unième siècle est, résolument, le siècle de la connaissance, qui demandera aux jeunes d’être en capacité d’innover, de se dépasser pour résoudre des problèmes inédits - et pas juste de mémoriser les solutions de problèmes déjà résolus. Fin de l’école de l’imitation, début de l’école de l’innovation. La demande en compétences et en talents se modifie peu à peu : les entreprises recherchent de plus en plus de collaborateurs que Tom Friedman qualifie de « créateurs créatifs » bien formés, imaginatifs, collaboratifs, ayant confiance en eux, capables de faire preuve de responsabilité et de leadership. Car ils auront de plus en plus besoin de créer des emplois et pas uniquement de les « remplir ».

Dans les campus, ces tendances forcent l’émergence d’une nouvelle approche de l’enseignement, qui ne peut plus se réduire à la transmission du savoir : l’enseignement présentiel évolue progressivement pour se transformer en séquences de recherche et d’échanges collectifs, aidées par un enseignant qui facilite le processus de questionnement, la capacité à distinguer un contenu pertinent, à avoir un regard critique vis-à-vis de l’information, mais aussi encourage les étudiants à développer leurs capacités d’analyse, leur créativité pour trouver des solutions aux problèmes, leur passion pour telle ou telle discipline...

Une nouvelle approche de l’enseignement qui transforme aussi radicalement l’environnement physique des campus et l’aménagement des espaces : moins de grands amphithéâtres ou salles de conférences, et plus d’espaces variés, plus petits, permettant le travail individuel et en groupe, qui peuvent se trouver sur le campus, mais aussi être disséminés dans la ville voisine.

Dans le même esprit, la transversalité, qui abat les frontières entre les départements, les expertises et les disciplines pour encourager les échanges, les collaborations et les fertilisations croisées, devient clef pour apprendre aux étudiants à sortir du cadre : c’est la fin des classes spécialisées dont chacune avait son bâtiment et l’avènement des espaces de circulation, facilitant les mouvements libres, la sérendipité de l’invention et l’hybridation des savoirs. À quand des campus «plaçant le département de physique à côté de la philosophie, la linguistique en face des mathématiques, la chimie près de l’écologie », demande ainsi Michel Serres dans « Petite Poucette » ?

Enfin, reflet de cette approche hybride, la mutualisation des espaces est également à l’ordre du jour – qu’il s’agisse des logements étudiants, ou du partage de certains bâtiments entre les campus et d’autres acteurs de leur environnement urbain (entreprises, acteurs culturels, etc), ce qui présente plusieurs intérêts : améliorer le taux d’occupation des bâtiments, en réduire l’empreinte environnementale (chauffage, lumière...) et économique (entretien, gardiennage), contribuer à bâtir des ponts entre le campus et la ville alentours, améliorer la mixité des usagers et des publics sur le campus pour en faire un vrai lieu de vie et générer un brassage fécond.

Le savoir étant désormais disponible à tous et en tout lieu, le contenu des cours cesse peu à peu d'être le principal facteur déterminant et différenciant pour un campus. De manière croissante, l’accent est mis sur ce que le campus construit et propose autour du contenu, qui redonne du sens à l’existence physique d’un campus et représente de gros gisements d'innovation pour les campus de demain :

• La qualité des enseignants

• La qualité des approches pédagogiques et du coaching

• La « flexibilité » des contenus et des infrastructures d’accueil

• La facilitation du dialogue et la collaboration entre les disciplines, entre les étudiants (y compris au niveau international) et entre étudiants et professeurs

• Les ponts construits avec le monde du travail

• L’ouverture sur les attentes de la société (pédagogie par projets, expériences hors-cursus...)

• La qualité de vie sur le campus et sa connexion avec la ville

• Les équipements de travail mis à disposition (numérique, laboratoires, espaces de travail...)

Parmi les autres tendances structurantes qui transforment les campus, on note aussi l’explosion du modèle scolaire traditionnel et l’évolution vers l’apprentissage tout au long de la vie (l’économie et la technologie changent trop rapidement pour qu’un investissement initial dans une formation de quelques années paye tout au long de la vie), l’augmentation des coûts de l’enseignement supérieur (qui oblige les établissements à trouver de nouvelles sources de financement), ou encore l’internationalisation, qui est un autre facteur majeur de changement : elle renforce la diversité dans tous les pays et dans les grandes villes en particulier. Elle impacte aussi directement l’enseignement supérieur car un nombre croissant de jeunes ont désormais la possibilité de choisir où ils veulent faire leurs études, et arbitrent pour cela entre des établissements et campus situés à différents endroits du monde. Le secteur de l’éducation, qui était fondamentalement national, devient international, de sorte que les écoles et universités sont de plus en plus en concurrence pour se différencier en proposant une formation qui booste l’employabilité.

Naturellement ces éléments se combinent et sont liés aux enjeux du développement durable, qui transforment en profondeur le contenu-même des enseignements (puisque la transition écologique concerne tous les métiers, et pas juste les « métiers verts »), les bâtiments et la gestion des espaces (pour s’adapter au changement climatique et minimiser l’impact environnemental), mais aussi les façons de travailler (avec la montée des approches collaboratives)...

L’étude se conclut sur les pistes les plus prometteuses d’actions pour les campus, nourries de bonnes pratiques internationales, autour de neuf idées- clefs :

• Rompre l’isolement des campus et brasser les profils

• Ouvrir le campus sur le monde professionnel

• Re-créer une vie sur le campus

• Ouvrir le campus sur la ville

• Relever le défi de la mutualisation et des nouveaux usages des campus

• Renforcer la résilience climatique des campus

• Faire du campus un lieu intégrant les TIC et privilégiant le travail collaboratif

• Développer des outils pédagogiques numériques adaptés à l’enseignement supérieur

• Assurer la formation nécessaire à la transition écologique, sociétale et numérique

La métaphore consistant à voir ce changement comme une avalanche qui se prépare a un intérêt : elle nous rappelle que, si la bonne stratégie est encore incertaine, elle ne saurait en aucun cas consister à se tenir debout, sur le chemin, sans rien faire. C’est bien tout ce qui rend les années à venir résolument passionnantes pour les acteurs de l’enseignement supérieur.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

Trending Articles