Les moins de 25 ans ont 4 fois plus d’accidents de travail que les autres tranches d’âge.
Selon les dernières statistiques du ministère du Travail, les moins de 25 ans ont quatre fois plus d’accidents que les autres tranches d’âge. 84 accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés sont enregistrés chez les jeunes, contre 41 chez les plus âgés. Les accidents de trajet domicile-travail sont de 11,4 pour mille chez les jeunes face à 2,5 pour mille chez les plus de 25 ans.
« Les accidents arrivent souvent dans les trois mois qui suivent l’arrivée d’un jeune dans une entreprise, car il est alors totalement inexpérimenté », constate Gilles Mauduit, coordinateur prévention santé sécurité environnement au CFA de Rouen.
« La prise de risque fait partie de la culture des jeunes, qui ont tendance à se croire invulnérables », explique Arnaud Chaumont, responsable formation initiale à l’OPPBTP « ils ont surtout une méconnaissance des risques et de leurs conséquences. Un jeune n’a pas d’éléments de comparaison et a tendance à estimer que le risque fait partie du métier, sans possibilité de faire autrement.
Les risques les plus sous-estimés sont ceux à effet différé : troubles musculo-squelettiques (TMS), surdité, maladies professionnelles. Ils sont jeunes, en bonne santé, costauds, et se sentent très éloignés de ce qu’ils considèrent comme des « maladies de vieux ». Ils sont également victimes de dangers insidieux comme l’effondrement de tranchée avec ensevelissement, la mauvaise organisation de chantier, l’effondrement de matériaux dû à de mauvais stockages. »
L’influence des aînés
Les jeunes qui sont en apprentissage sur les chantiers côtoient des aînés qui ont leurs habitudes et n’ont pas toujours pris connaissance des dernières législations, ni des solutions qui existent pour éviter les risques.
Par exemple, un risque majeur est celui de la chute de hauteur (couverture, charpente). Les artisans ont souvent tendance à penser à mettre en place une protection individuelle, alors que les protections collectives (console ou échafaudage) sont plus protectrices.
Pour la 6e édition consécutive, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) organise la campagne nationale de sensibilisation 100 minutes pour la vie dans les CFA et les lycées professionnels, en partenariat avec le Comité de concertation et de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP), la Fondation BTP PLUS, PRO BTP et les Services interentreprises de santé au travail (SIST-BTP).
Gilles Mauduit, coordinateur prévention santé sécurité environnement au CFA de Rouen
« Les jeunes commencent leur formation au CFA avec une réelle méconnaissance des risques présents sur les chantiers. C’est pourquoi leur formation intègre un module spécifique « Prévention santé environnement » (PSE), un enseignement théorique de 10 heures complété d’exercices pratiques en ateliers. Ces cours sont dispensés sur les deux années, avec validation de la formation en fin de cursus.
Nous travaillons particulièrement avec les nouveaux arrivants. Ils se sentent souvent invincibles, mais sont surtout victimes de leur inexpérience : chutes, mauvaises manipulations de charge sont fréquentes pendant leur trois premiers mois en entreprise. C’est pourquoi les interventions que l’OPPBTP propose dans le cadre des 100 minutes pour la vie sont importantes. Elles confirment aux apprentis ce que nous leur expliquons, et ce avec un impact d’autant plus important que l’information ne provient pas de professeurs mais de professionnels. De plus, elles sont appréciées par les apprentis car toujours présentées de façon ludique. Bien que ponctuelle, la rencontre a un impact pérenne : nous y faisons souvent référence en cours de PSE, en atelier, en contrôle, etc. Les apprentis réutilisent alors ce qu’ils ont vu et compris lors des 100 minutes.
Quant à l’impact auprès des entreprises, il est indirect : grâce à sa formation, l’apprenti apporte aux petites entreprises et artisans, qui n’ont pas toujours connaissance des dernières informations, les solutions et produits qu’il a découverts sur les 100 minutes pour la vie ou à l’école. Il devient ainsi force de proposition »
Retour sur la dernière édition:
Du 13 janvier au 21 février 2014, des conseillers et des animateurs de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) se sont déplacés dans les CFA et lycées professionnels afin de sensibiliser environ 22 000 apprentis à la prévention des risques. Avec plus de 400 sessions de formations 100 minutes pour la vie les 67 conseillers en prévention et animateurs de l’OPPBTP ont pu mobiliser des apprentis à travers une centaine de CFA et lycées professionnels dans toute la France.
Apprentis et CFA témoignent:
« Sur la forme, c’est assez bien fait. Cela nous permet de bien nous rendre compte des choses car tout semble vraiment se passer en temps réel. On ne se rendait pas forcément compte de tous ces risques et de tout ce qui peut se passer sur un chantier. Après les 100 minutes, mon comportement en entreprise a été modifié ». Camille Charmetant, apprentie de 22 ans en première année de CAP maçonnerie au CFA BTP de Rueil-Malmaison.
« 100 minutes pour la vie est aussi un réel complément à la formation dispensée par les CFA et lycées professionnels : cette campagne de sensibilisation rentre vraiment au cœur de tous les risques professionnels, ce que les CFA ne peuvent pas forcément reproduire ». Mario Deflers, adjoint de direction au BTP-CFA Evreux.
« Les apprentis ont ressenti un très fort intérêt pour cette nouvelle version de la campagne 100 minutes pour la vie. L’avantage de faire une telle campagne de sensibilisation en début de formation (première année) permet de poser les bases de la prévention dès le démarrage et d’être un complément à nos séquences de formations. Pierre Gomez, Directeur du CFA BTP de Rueil-Malmaison et membre du groupe de travail et de réflexion pour la campagne 100 minutes pour la vie.