LE CAPITALISME (5 & 6) SUR ARTE MARDI 28 OCTOBRE 2014 – 22h50
Dernière série de six épisodes d’un magistral film documentaire qui va révolutionner notre vision du monde économique.
Après les épisodes 1&2 et 3&4, la dernière série 5&6 s'ouvre sur une vision antagoniste de la pensée économique...
D’où vient le capitalisme ? D’une évolution naturelle de nos sociétés ou de théories élaborées au fil des changements politiques et technologiques ? Pour y répondre, des villages de chasseurs amazoniens aux derniers communistes chinois, en passant par les traders de la city, la série Capitalisme nous entraîne à travers plus de 22 pays dans une enquête rigoureuse qui ne craint pas de renverser
Les vieilles idoles et de mettre à mal les idées reçues. Plus d’une vingtaine d’intervenants de la pensée économique à la pointe de l’actualité nous éclairent pour ce voyage dans le monde de l’après-crise 2008, sur les traces des grands penseurs qui ont jalonné l’histoire du capitalisme.
Considéré aujourd’hui comme une évidence, le capitalisme n’a, de fait, pas toujours existé... Cette magistrale série documentaire, tournée dans vingt-deux pays, offre des clefs de compréhension du système capitaliste. Ce troisième et dernier volet se tourne sur l’affrontement Keynes/Hayek et une conclusion sur les pensées économiques.
Episode 5 / 22.45 Keynes/Hayek, un combat truqué ?
C’est l’affrontement qui a modelé la pensée économique de tout un siècle. L’économiste autrichien Friedrich Hayek contre son confrère britannique John Maynard Keynes. Chacun défend ses idées pour sortir le capitalisme de la sévère dépression des années 1930, la pire crise qu’il n’ait jamais connue ?
Pourquoi et comment ce débat qui semblait réglé dans les années 1930, ressurgit régulièrement depuis, et notamment après la crise économique de 2008.
Qui fait le capitalisme ? Pour les idéologues, ce sont les grands penseurs. Pour moi ce sont les marchands de Venise, les marchands de Bruges. Ce sont les acteurs qui inventent les institutions du capitalisme.
Robert Boyer, économiste
Episode 6 / 23.35 Karl Polanyi, le Facteur humain
Nous examinons rarement les anciennes économies afin de tirer des leçons pour la nôtre. Pourtant un historien économique aujourd’hui redécouvert l’a fait. Quel enseignement les études de Karl Polanyi sur Sumer et Babylone peuvent apporter à notre monde post-2008, où les pays endettés sont écrasés par un régime d’austérité imposé ? Et quand les élus des démocraties semblent impuissants face aux décisions anonymes assenées par les marchés financiers ? L’avertissement de Karl Polanyi sur le danger représenté par une société qui devient tributaire de l’économie, et non l’inverse, prend tout son sens dans notre xxIe siècle.
Entretien avec Ilan Ziv
Le réalisateur
Ilan ZIV est né en Israël en 1950 et est arrivé aux états-unis après avoir combattu lors de la guerre israélo-arabe de 1973. Ilan Ziv est diplômé de l’école de cinéma de l’université de new York. Il a réalisé une douzaine de documentaires abordant généralement les problèmes liés aux droits de l’homme et des enquêtes menées sur l’Histoire contemporaine.
Son film le plus récent, Exil – Enquête sur un mythe, une enquête sur les ramifications politiques du mythe de l’exil des Juifs, a été diffusé sur Arte et la BBC (2013).
Parmi ses autres films remarqués par la critique, on peut citer On the Edge of Peace (1994), Tango of Slaves (1994) et Bombes humaines (2002), 1967 – Six Jours en juin (2007).
Ses films ont été montrés dans des festivals internationaux. Il a reçu le prix europa, la nymphe d’argent et le prix du jury international de Monte- Carlo, un Cine-eagle aux états-unis et le prix du meilleur documentaire au Festival international du film de Haïfa.
Auteur de nombreux documentaires événements dont Six jours en juin, ilan ziv revient sur la série Capitalisme qu’il a écrite et réalisée. tournée dans vingt-deux pays, cette captivante épopée décrypte un système qui domine - en fait comme en
pensée - notre monde globalisé, en restituant les débats historiques.
Comment est née cette série ?
Ilan Ziv : C’est Bruno Nahon qui m’a proposé ce projet. À l’origine, il s’agissait de revisiter les grands penseurs du capitalisme et ses théories fondatrices. et l’idée – déchirer le voile qui le recouvre pour raconter un capitalisme inconnu dans ses réalités humaines et politiques – m’a immédiatement fasciné. J’appartiens à une génération qui a beaucoup débattu de ces questions – économiques, politiques et sociales – à la fin des années 1960, et ma formation intellectuelle en a été imprégnée. Mais récemment, notamment depuis la chute du communisme, et alors que le capitalisme n’a cessé de se complexifier, nous sommes tenus à l’écart de la compréhension critique du système, réduits à subir passivement une avalanche de chiffres incompréhensibles, sans pertinence pour appréhender le monde réel. Pour autant, la plupart des activités économiques de ces quarante dernières années nous ont été légitimées par des concepts et des termes issus des grands théoriciens : Adam smith, David ricardo, John Maynard Keynes ou Friedrich Hayek.
En quoi peuvent-ils nous aider à appréhender le monde contemporain ?
D’abord, n’étant pas économiste, je me suis plongé dans leurs livres pour découvrir que nombre de ces présumées références, citées par des experts économiques qui nous les assènent comme des vérités, avaient été sorties de leur contexte pour nous abuser à des fins politiques.
La révolution industrielle serait ainsi une application quasi physique des idées d’Adam smith. Mais le capitalisme est né plus de deux siècles avant, dans la violence et les luttes de pouvoir, avec la conquête du nouveau Monde, le commerce triangulaire et l’esclavage. Adam smith a observé les phénomènes en cours à son époque, il ne les a pas «inventés». on attribue à son livre, La richesse des nations, présentée comme la bible du libéralisme, des notions comme «la main invisible», devenue l’un des fondements de l’économie de marché, qui n’avaient absolument pas le sens qu’on veut bien leur donner. Autant d’interprétations erronées pour tromper le public. Idem avec ricardo et « l’avantage comparatif », détourné pour justifier la logique de marché de notre économie mondialisée.
Capitalisme se décline comme une passionnante épopée à travers le temps et l’espace...
Pour moi, il s’agissait aussi d’un extraordinaire voyage intellectuel. L’objectif était de réexaminer ces théories-clés à la lumière du monde contemporain, et de les rendre accessibles aux téléspectateurs sous une forme vivante et inédite. Cette enquête s’appuie ainsi sur un dialogue permanent entre l’histoire des idées et des civilisations et les réalités de nos vies et de nos sociétés, en compagnie d’économistes renommés, auxquels j’ai tenu à ajouter la voix indépendante et originale de ceux du courant hétérodoxe, dont Ha- Joon Chang, professeur à Cambridge, robert Boyer, et bien d’autres.
La série bouscule nombre d’idées reçues...
oui, car sous couvert de la «science» économie, on évacue un débat qui a toujours été politique. Les économistes voudraient que leur science soit exacte, arguant du prétexte qu’ils savent et nous pas. Mais ils mentent, parce qu’encore unefois, il ne s’agit en réalité que de luttes politiques. L’opacité du système – renforcée par un torrent d›informations superficielles et des clichés récurrents – cache des enjeux simples. si elle a bien sûr ses méthodes et ses lois, l’économie en tant que «science», séparée de l’étude des autres activités humaines, est la grande illusion des dernières décennies.
Que retenez-vous de cette immersion dans la mondialisation ? elle m’a rendu très humble... nous n’avons pas de feuille de route pour le futur. nous savons juste ce qui marche et ce qui ne peut plus continuer, parce que c’est destructeur. L’avenir nous appartient à condition que nous cherchions à comprendre. tout mérite d’être discuté, et l’économie ne doit pas être abandonnée à une minorité. C’est trop dangereux, car elle détermine nos vies et peut détruire nos sociétés. nous devons nous engager, et le savoir est le meilleur moyen de résister.
Propos recueillis par Sylvie Dauvillier
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