Gaz de schiste : Ségolène Royal refuse un permis de recherche sur le territoire du Luberon et des Alpilles
La Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, a annoncé le 07 octobre dernier son refus d’autorisation dans le Luberon concernant une demande de permis de recherche d'hydrocarbures et de gaz de schiste par la société suédoise Tethys Oil AB, qui souhaitait réaliser des forages sur une zone de 870 km2 à cheval sur le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Un projet d’exploration qui a suscité de fortes émotions de la part des élus, des citoyens qui regroupent 77 communes.
La ministre venait d'annoncer le vendredi 03 octobre que la consultation pour le projet de "Permis de Calavon" (recherches d'hydrocarbures - gaz de schiste - dans le Parc naturel régional du Luberon) serait dans l’immédiat suspendue par une mesure conservatoire d'urgence.
Jean-Louis Joseph, Président duParc naturel régional du Luberon et Président de la fédération des Parcs naturels régionaux, déclare se réjouir de cette décision, "qui fait suite à un entretien qu'il a eu au cabinet de la ministre mercredi 1er octobre à Paris, ainsi qu'à l'émotion et aux vives réactions exprimées sur le territoire".
Le président du parc naturel faisait remarquer cependant que "suspension de la consultation ne veut pas dire annulation" : Jean-Louis Joseph aura l'occasion de rencontrer la ministre au Congrès des parcs naturels régionaux vendredi prochain à Troyes et sollicitera un nouveau rendez-vous au ministère prochainement afin que ce permis soit définitivement annulé pour ne pas entraîner des dégâts considérables et inutiles dans un territoire protégé.
" Monsieur le Président,
J'ai bien pris connaissance de vos préoccupations concernant la demande de permis de recherche d'hydrocarbures et de gaz sur le territoire du Luberon et des Alpilles déposée le 27 septembre 2010.
Conformément à la procédure, les services du ministère ont mis automatiquement en consultation un projet d'arrêté le 29 septembre 2014.
Au vu des premiers résultats et de cette consultation du public après examen attentif de l'avis du Parc naturel régional que je partage totalement, je suis en mesure de vous indiquer que le permis sera refusé.
En effet du point de vue de l'intérêt général, les risques de dégradation d'un espace naturel remarquable, sont incompatibles avec les forages envisagés et détruiraient beaucoup plus d'emplois qu'ils n'en créeraient – notamment dans le domaine touristique, artisanal et agricole.
En conséquence la consultation du public est devenue sans objet, mais le site reste ouvert pour que les citoyens puissent venir s'exprimer jusqu'au 11 octobre.
Je vous remercie de votre mobilisation, celle des élus, celle des associations, celle des citoyens, qui sont aussi partie prenante démocratique d'une décision respectueuse de chacun.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations les meilleures. "
Le permis d'exploration demandé par la société Tethys Oil AB portait, officiellement, sur du pétrole et du gaz conventionnels. Le ministère précisait que l'entreprise s'était engagée à ne pas recourir à la fracturation hydraulique, interdite par la loi du 11 juillet 2011 en raison des risques que présente cette technique pour l'environnement. Mais les opposants craignaient que le permis, s'il était accordé, n'ouvre la voie à la recherche de pétrole et de gaz de schiste.
« Selon un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières, 59 forages de recherche pétrolière ont été réalisés en Provence-Alpes-Côte d'Azur entre 1949 et 1988, sans résultats positifs », souligne Serge Marty, adjoint au directeur du parc. Sept de ces forages ont été effectués dans la région du Luberon elle-même, jusqu'à une profondeur de 5 042 mètres pour l'un d'entre eux. « Ces campagnes ont montré l'absence d'hydrocarbures conventionnels économiquement exploitables. Ce sont donc bien les hydrocarbures de schiste qui étaient visés à terme », estime M. Marty.
« Tant que je serai ministre de l'écologie, il n'y aura pas de gaz de schiste et pas d'investigation sur le gaz de schiste », avait réaffirmé, le 28 septembre, Mme Royal, en réaction à la prise de position de Nicolas Sarkozy en faveur de l'exploitation de ces hydrocarbures.