L’effacement du barrage de Fatou pour rétablir la continuité écologique
Ayant présenté une lettre d’information sur l’effacement total ou partiel des obstacles transversaux permettant de rétablir la dynamique fluviale et la continuité écologique, l’EPTB Loire a rendu la continuité écologique en effaçant le barrage de Fatou sur la Beaume. Cet intervention suit deux objectifs, le premier étant la continuité écologique et le deuxième est d’assurer la sécurité publique.
En effet, l’effacement du seuil de six mètres réalisé par l’EPTB Loire, pour des raisons de sécurité publique a permis de retrouver des conditions morphologiques naturelles (apparition de substrats grossiers…). Une végétation spontanée s’est rapidement développée sur le site. Un an après les travaux, la diversité spécifique du peuplement piscicole d’origine - truite, chabot, loche franche – a été rétablie. La reconquête piscicole est donc rapide et efficace. Trois ans après l’effacement, les analyses des suivis montrent que les densités de truite fario et de chabot ont augmenté, les juvéniles étant davantage présents.
La Beaume est un affluent de la Loire de 10 kilomètres de long. À la limite des communes de Solignac-sur-Loire et du Brignon, 2,7 kilomètres avant la confluence avec la Loire, le cours d’eau forme une chute d’eau naturelle de 27 mètres de hauteur. La qualité écologique du cours d’eau est assez bonne et le peuplement piscicole est com- posé de la truite, du vairon et du chabot. L’écrevisse à pieds blancs est également présente, le site étant classé au titre de Natura 2000 « rivières à écrevisses à pattes blanches ».
En 1907, un barrage de type poids en pierre maçonnées, d’une hauteur de chute de 6,10 mètres est construit sur la Beaume. Ce barrage est destiné à la production d’énergie hydroélectrique de l’usine de Fatou. Son exploitation s’arrête dans les années soixante. Situé à 400 mètres de sa confluence avec la Loire, il bloque la continuité écologique. Les sédiments accumulés derrière le barrage sont estimés à 6 000 m3.
■ Les opportunités d’intervention
L’établissement public territorial de bassin (EPTB) Loire est devenu propriétaire de cet ouvrage au cours de l’année 1985 dans le cadre des acquisitions foncières du programme de Serre de la Fare. Pour des raisons de sécurité liées au mauvais état de l’ouvrage, il est décidé de procéder à l’effacement de ce dernier.
■ Les travaux et aménagements
Les travaux consistent à araser totalement le barrage et le bâtiment d’usine. L’opération s’est déroulée en quatre phases :
• durant l’étiage de juillet 2007 la retenue est vidangée. La Beaume est dérivée le long de la retenue jusqu’à l’aval du barrage. La vidange s’effectue ainsi
progressivement. Un bassin de décantation est mis en place à l’aval du barrage afin de limiter l’apport de vases. Des pêches de sauvetages sont réalisées en amont et en aval du site, avant et après la vidange de la retenue ;
• le site est curé une fois les sédiments de la retenue devenus suffisamment secs. Après vérification de l’absence de toxicité, les sédiments sont stockés une année à l’amont de la retenue pour assèchement ;
• les éléments mobiles du barrage ainsi que les struc- tures fixes sont démontées. L’usine est détruite ;
• les berges sont remises en état. Elles sont confor- tées à certains endroits à l’aide des matériaux issus du barrage. Des graviers sont apportés dans le lit
mineur du cours d’eau.
Un an après la fin des travaux, temps nécessaire au ressuyage des terrains de fond de retenue et des sédiments extraits, la zone de stockage des sédiments est ensemencée avec des espèces typiques de ces milieux, permettant de reprendre l’exploitation agricole.
■ La démarche règlementaire Dossier d’autorisation au titre de la loi sur l’eau.
■ La gestion Aucune mesure de gestion particulière n’a été prise.
■ Le suivi
Des pêches d’inventaire sont réalisées avant les tra- vaux. Pendant les travaux, les paramètres physico-chimiques de la qualité de l’eau sont suivis à l’amont de la retenue et à l’aval immédiat du barrage. Les populations piscicoles sont suivies après les travaux, à travers des pêches électriques en 2008 et en 2010 ainsi que par le dénombrement des frayères de truites en 2007 et 2008. La fédération départementale pour la pêche a en charge ces suivis.
■ Le bilan et les perspectives
Au droit de l’implantation du barrage, la ligne d’eau naturelle est rétablie. Le long de la Beaume, la végétation a rapidement repris son développement naturel sans que des plantations soient nécessaires. Dans l’emprise de l’ancienne retenue, des écoulements rapides sont retrouvés, des faciès courants apparaissent. Un substrat plus grossier est mis au jour.
Dès 2008, soit un an après les travaux, on constate le rétablissement de la diversité spécifique du peuplement piscicole d’origine (truite, chabot, loche franche). La reconquête piscicole est donc rapide et efficace.
Trois ans après l’effacement, les analyses des suivis montrent que les densités de truite et de chabot ont nettement augmenté. De plus, la structure démographique de la population de truite semble avoir évolué : les juvéniles sont plus abondants et semblent mieux représentés en termes de classe d’âge.