La Gestion Des Eaux Pluviales, produits et matériaux. Engazonnement et Plantations
Cette 13ème et dernière partie est consacrée à la gestion des eaux pluviales axée sur l’engazonnement et plantations utilisés dans la mise en œuvre de techniques alternatives.
L’un des avantages majeurs des techniques alternatives est de permettre (pour la majorité d’entre elles) un aménagement paysager.
Ainsi, les bassins de rétention et d’infiltration, les tranchées, les fossés et les noues peuvent être engazonnés et pourvus de plantations. Ce qui leur donne un aspect visuel très agréable et très intéressant surtout en zones urbaines et périurbaines.
De plus, outre l’aspect visuel, intervient aussi l’aspect environnemental car, comme cela a été exposé dans la partie « Les techniques alternatives, actrices de la dépollution des eaux pluviales », la présence de végétation dans les techniques alternatives accroît considérablement leur pouvoir de dépollution.
Mise en œuvre : Les travaux d’engazonnement et de plantations doivent se faire conformément au Bulletin
Officiel fascicule 35.
Il conviendra en particulier de :
• mettre en place un substrat permettant d’installer les plantes aquatiques ou amphibies pourvues d’un système racinaire,
• choisir la période de plantation en fonction de la période de remise en eau des ouvrages, fonction elle-même de la période de retour des intempéries,
• respecter la position des végétaux de l’extérieur vers l’intérieur de l’ouvrage : arbres et arbustes, plantes hélophytes, hydrophytes,
• choisir pour les berges une végétation à base d’espèces naturelles hélophytes telles que celles présentes dans les étangs naturels voisins,
• choisir des espèces adaptées à la profondeur en eau et à la nature des sols,
• éviter les plantes envahissantes telles que la jussie ou l’élodée,
• prévoir une implantation permettant l’accès et la circulation des engins d’entretien.
Lors de la conception d’un bassin en eau, il est fortement conseillé de réaliser des berges en profil emboîté, profil comparable à des marches d’escalier ( « Les différentes plantes d’un bassin. »).
Suivant la profondeur de la marche, c’est-à-dire suivant la hauteur d’eau, différentes espèces de plantes se développeront. Ceci permet suivant les conditions et leur affinité avec l’eau, une colonisation naturelle qui aboutira à des berges « hiérarchisées » et donc à un bassin sain sur le long terme.
Aménagement végétal :
Gazons :
Les gazons doivent résister à l’eau et à l’arrachement. On pourra utiliser entre autres :
• l’herbe des Bermudes,
• le pueraire hirsute,
• le pâturin des prés,
• le brome inerme.
Arbres et arbustes :
Le choix d’une essence d’arbre ou d’arbuste résulte d’une adéquation entre sa valeur paysagère, ses besoins hydriques et ses caractéristiques physiques (stabilisation des berges).
Ils doivent :
• permettre une bonne intégration paysagère de l’ouvrage au sein de l’opération,
• pouvoir s’adapter à la présence plus ou moins abondante d’eau en fonction de leur position dans le bassin et de la fréquence d’inondabilité.
• assurer la stabilité des berges et talus. Le choix se porte sur des essences dont le système racinaire est pivotant, fasciculé ou charnu. (cf. ci-après II.C.1. Les systèmes racinaires)
Il est déconseillé de planter des arbres de hautes tiges sur les talus d’une digue de hauteur importante pour ne pas risquer une déstabilisation en période de vent important.
Il est conseillé de limiter la présence d’arbres à feuilles caduques, pour limiter l’entretien courant (feuilles pouvant obstruer l’exutoire).
Plantes :
Les plantes adaptées au milieu aquatique sont les plantes hélophytes et hydrophytes.
Les systèmes racinaires :
Les plantes utilisées doivent avoir un système racinaire permettant une stabilisation du sol, c’est-à-dire les systèmes racinaires pivotant, fasciculé et charnu.
a. Le système racinaire pivotant :
Il est composé d’une racine principale de forme conique prédominant par sa taille et servant de pivot, sur laquelle viennent se ramifier des racines secondaires très nombreuses et beaucoup plus petites. Les plantes pourvues de ce système racinaire s’enfoncent très profondément dans le sol et permettent ainsi :
• de fixer les berges en réduisant l’érosion,
• de protéger les bassins de l’ensablement,
• de stabiliser de façon pérenne les digues.
b. Le système racinaire fasciculé :
Il est composé de nombreuses racines de même importance disposées en faisceau. Elles ne dérivent pas d’une racine principale et possèdent une origine commune.
c. Le système racinaire charnu :
Il est composé de racines tubéreuses c’est-à-dire renflées comme des tubercules.
Les plantes aquatiques :
a. Les plantes hélophytes :
Plantes des lieux humides dont les racines se développent dans un substrat gorgé d’eau (marécages) alors que leur système reproducteur et végétatif (tige et fleurs) reste hors de l’eau.
Suivant les sujets, les racines ont besoin de plus ou moins de profondeur d’eau, certaines sont presque des plantes de berge car elles supportent de rester un certain temps, assez court tout de même, dans une terre marécageuse humide.
On peut citer comme exemple les Massettes (Typha) ou les Scirpes lacustres qui sont des hélophytes hautes, et les Butomes (Butomus umbellatus), les Rubaniers, les Iris ou les Scirpes des marais qui sont des hélophytes basses.
b. Les plantes hydrophytes :
Elles sont entièrement submergées et adaptées à la profondeur de l’eau dans laquelle elles vivent, à sa teneur en éléments nutritifs et à la vitesse d'écoulement de l’eau.
On distingue trois familles de plantes hydrophytes :
• les plantes flottantes, qui flottent librement à la surface de l’eau sans être enracinées, comme les
Lentilles d’eau (Lemna), les Laitues d’eau, les Jacinthes d’eau ou les Grenouillettes,
• les plantes à feuilles flottantes, qui s’enracinent sur le fond de l’eau et forment des feuilles et des fleurs qui s’épanouissent à la surface, comme par exemple les Nénuphars (Nymphaea,
Nuphar lutea), les Nymphéas, les Lotus ou les Renoncules aquatiques,
• les plantes submergées (immergées), qui vivent entièrement sous l’eau et dont seules les fleurs atteignent la surface, comme chez l’Elodée du Canada (Elodea), la Vallisnérie (Vallisneria) ou l’Urticulaire commune.
Le schéma ci-après est une représentation d’un aménagement possible intégrant les différentes familles citées.
Importance des plantes aquatiques :
Toutes les plantes que nous venons de décrire sont très importantes dans le milieu naturel aquatique, elles garantissent sa bonne santé en oxygénant le milieu et en épurant l’eau et les sols.
Le tableau regroupe des informations à prendre en compte pour recréer l’écosystème d’un étang naturel.
Tableau : Rôle et importance des plantes aquatiques.
TYPE DE PLANTES AQUATIQUES |
IMPORTANCE |
RÔLE |
Plantes submergées |
Essentielles |
Oxygènent et épurent l’eau |
Plantes à feuilles flottantes |
Essentielles |
Ombragent et épurent l’eau |
Plantes flottantes |
Non essentielles |
Ombragent et épurent l’eau |
Plantes des lieux humides |
Non essentielles |
Leurs racines épurent l’eau |
L’aménagement végétal d’un ouvrage d’assainissement pluvial ne doit pas se faire dans ce sens là, mais en considérant les plantes qui permettront de dépolluer au mieux l’eau stockée et les sols, et qui permettront également de rendre l’ouvrage stable et sûr.
D’une manière générale, la famille de végétaux la mieux adaptée à la dépollution des eaux pluviales est la famille des macrophytes, comprenant les roseaux, les joncs, les massettes ou encore les nénuphars