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Garry Winogrand, l’un des maîtres de la photographie de rue américaine au Jeu de Paume à partir du 14 octobre 2014

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Garry Winogrand, l’un des maîtres de la photographie de rue américaine au Jeu de Paume à partir du 14 octobre 2014

Garry Winogrand, l’un des maîtres de la photographie de rue américaine au Jeu de Paume à partir du 14 octobre 2014

Le Jeu de Paume présente la première rétrospective, depuis vingt-cinq ans, du grand photographe américain garry Winogrand (1928-1984). chroniqueur de l’amérique de l’après-guerre, Winogrand est encore mal connu, tant il a laissé de travail à accomplir – au moment de sa mort prématurée – dans l’archivage, le développement et le tirage de ses photographies. il est cependant sans conteste l’un des maîtres de la photographie de rue américaine, au même titre que Walker evans, robert frank, lee friedlander ou William Klein.

Célèbre pour ses photographies de New York et de la vie aux États-Unis depuis les années 1950 jusqu’au début de la décennie 1980, Winogrand cherche à « découvrir à quoi ressemblent les choses une fois photographiées ». Organisée conjointement par le SFMOMA et la National Gallery of Art de Washington, l’exposition « Garry Winogrand » réunit les images les plus emblématiques de l’artiste et des tirages inédits puisés dans les archives, en grande partie inexplorées jusqu’ici, de la fin de sa vie afin d’offrir une vue d’ensemble rigoureuse de son parcours et, pour la première fois, d’embrasser la totalité de sa carrière.

Les photographies de l’exposition et celles du catalogue composent un portrait vivant de l’artiste, chroniqueur de l’Amérique de l’après-guerre à l’égal d’un Norman Mailer ou d’un Robert Rauschenberg qui, durant les décennies postérieures à la Seconde Guerre mondiale, témoignèrent inlassablement d’une Amérique ballottée entre optimisme et bouleversements.

Winogrand a beau être considéré, par beaucoup, comme l’un des plus grands photographes du XXe siècle, l’examen de son corpus pictural et de son influence sur la discipline demeure incomplet. Extrêmement prolifique, il a pourtant souvent différé la sélection et le tirage de ses images. À sa mort, survenue brutalement à l’âge de 56 ans, il a ainsi laissé derrière lui environ 6 500 bobines (soit quelque 250 000 images) qu’il n’a jamais vues ainsi que des planches-contacts des années antérieures, qui avaient été annotées mais jamais tirées. De sorte que près de la moitié des photographies de cette exposition n’ont jamais été montrées ni publiées à ce jour et que plus de cent n’avaient encore jamais été tirées.

« Il n’existe en photographie aucun ensemble, de taille ou de qualité comparables, qui soit à ce point resté à l’état de friche », déclare Rubinfien qui, dans les années 1970, fut l’un des plus jeunes dans le cercle d’amis de l’artiste. « Cette exposition est un premier pas vers une analyse d’ensemble du travail inachevé de Winogrand. Elle est aussi l’occasion de s’éloigner d’une présentation thématique au profit d’une approche plus libre, fidèle à l’esprit qui était au cœur de sa démarche, ce qui permet de renouveler le regard porté sur son œuvre, même de la part de ceux qui pensent le connaître. »

Photo 1 : Garry Winogrand Los Angeles, 1980-1983 Tirage gélatino-argentique The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, Université d’Arizona © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Garry Winogrand Central Park Zoo, New York [Zoo de Central Park, New York] 1967 Tirage gélatino-argentique Collection Randi et Bob Fisher © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross

Garry Winogrand Central Park Zoo, New York [Zoo de Central Park, New York] 1967 Tirage gélatino-argentique Collection Randi et Bob Fisher © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross

L’exposition est divisée en trois parties, chacune couvrant une grande variété de sujets chers à l’artiste.

❙ « Descendu du Bronx » présente des photographies prises en majorité à New York, depuis ses débuts en 1950 jusqu’en 1971 ;

❙ « C’est l’Amérique que j’étudie » rassemble des travaux réalisés à la même époque mais lors de voyages hors de New York ;

❙ et « Une fin incertaine » porte sur la période de maturité depuis son départ de New York en 1971 jusqu’à sa mort en 1984 avec des images du Texas et de Californie du Sud, ainsi que de Chicago, de Washington, de Miami et d’ailleurs. Cette troisième section comporte également un petit nombre d’images prises lors de ses retours à Manhattan et dans lesquelles s’exprime une tristesse absente, jusque-là, de son travail.

Winogrand était connu pour être un grand bavard, doté d’une personnalité exubérante et impétueuse, et les commentaires dont il émaillait ses projections et ses conférences étaient souvent pleins de verve et de drôlerie. Des extraits d’une vidéo réalisée en 1977 permettront aux visiteurs de se faire une idée du Winogrand vivant.

Garry Winogrand Park Avenue, New York, 1959 Tirage gélatino-argentique Collection National Gallery of Art, Washington, DC, Patrons’ Permanent Fund; image courtesy National Gallery of Art, Washington, DC © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Garry Winogrand Park Avenue, New York, 1959 Tirage gélatino-argentique Collection National Gallery of Art, Washington, DC, Patrons’ Permanent Fund; image courtesy National Gallery of Art, Washington, DC © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Un chroniqueur exalté de l’Amérique de l’après-guerre

Né dans le Bronx, Winogrand a bâti le pan le plus connu de son œuvre dans le Manhattan des années 1960. Par le contenu de ses photographies comme par son style, il devint l’une des grandes voix de cette décennie bouillonnante – au point que John Szarkowski, l’influent conservateur du Museum of Modern Art, l’avait consacré « photographe central de sa génération ».

Connu avant tout comme photographe de rue, Winogrand, que l’on associe souvent à ses illustres contemporains Diane Arbus et Lee Friedlander, a travaillé avec une énergie stupéfiante et un appétit insatiable puisque, durant sa courte vie, il aura exposé pas moins de 20 000 bobines. Il a photographié les grands hommes d’affaires, les femmes anonymes de la rue, les acteurs et sportifs célèbres, les hippies, les rodéos, les politiciens, les soldats, les animaux des zoos, les amateurs de voitures, les aéroports, les manifestants anti- guerre et les ouvriers du bâtiment qui leur tapaient dessus devant des policiers impassibles. La vie quotidienne de l’Amérique d’après-guerre − aussi riche d’horizons nouveaux que percluse d’angoisse, au bord du dérapage collectif − semblait se déployer pour lui en un flot continu.

Or, si Winogrand fut l’un des plus fins photographes de New York, il était aussi avide de voyages et, de ses pérégrinations à travers les États-Unis, il a rapporté de remarquables documents sur des lieux comme Los Angeles, San Francisco, Dallas, Houston, Chicago, l’Ohio, le Colorado et les grands espaces du sud-ouest. « On pourrait dire que j’étudie la photographie », observait-il, « et c’est vrai ; mais, en réalité, j’étudie l’Amérique. » Le vaste catalogue visuel que Winogrand a composé de la mouvance sociale de son pays a suscité des comparaisons avec Walt Whitman, qui répertoriait lui aussi le monde sous forme d’interminables listes de personnes, d’endroits et d’objets.

Souvent encombrées de vingt ou trente individus, les images de Winogrand fascinent aussi par leurs premiers plans spectaculaires et par les événements secondaires qui se déroulent à leurs marges. Même débordantes de personnages, même empreintes de franche gaieté − il raffolait des calembours visuels et était enclin à l’absurde −, ses images peuvent exprimer un sentiment de solitude et renvoyer à un registre plus sombre tapi sous le vernis du rêve américain. À ses débuts, certains détracteurs ont qualifié ses clichés d’« informes » et d’« aléatoires », mais, par la suite, ses admirateurs et la critique ont trouvé une poésie unique dans ses horizons penchés et son goût pour le hasard.

8« Artistiquement, Winogrand était un descendant de Walker Evans et de Robert Frank, mais avec des différences marquées par rapport à eux », explique Rubinfien. « Il admirait Les Américains de Frank tout en estimant que ce livre passait à côté de la grande affaire de son époque, c’est-à-dire, dans son esprit, l’émergence d’une prospérité et d’un isolement des banlieues. L’espoir et l’entrain de la classe moyenne américaine d’après-guerre occupent pour moitié le cœur sensible de l’œuvre de Winogrand. L’autre moitié, c’est le sentiment de déliquescence. C’est la tension entre ces deux pôles qui donne à son travail son originalité. »

Après un séjour dans l’armée comme prévisionniste météo, Winogrand travaille d’emblée comme photographe tout en étudiant la peinture à Columbia University grâce à une aide, la G.I. Bill, accordée aux militaires démobilisés (1948-1951). À cette époque, il étudie brièvement auprès d’Alexey Brodovitch à la New School for Social Research. Tout en poursuivant un travail personnel, il se met à fournir des images commerciales à plusieurs magazines tout public comme Life, Look, Sports Illustrated, Collier’s et Pageant, alors à l’apogée de leur puissance et de leur influence. Par la suite, sa carrière sera infléchie par le déclin de ces titres et par l’avènement d’une nouvelle culture photographique axée sur le monde de l’art.

« Winogrand arrive à un moment où la frontière entre photographie journalistique et artistique n’a jamais été aussi floue, mais c’est aussi une période où les photographes les plus en pointe abandonnent sciemment les valeurs journalistiques », souligne Sarah Greenough. « Le paysage social qu’il photographie − le bouleversement de la vie urbaine, le développement de la banlieue avec son repli croissant sur elle-même, le scepticisme de la jeunesse et la collusion entre la presse et les puissants − inquiètent nombre d’Américains. Cela dit, l’artiste a rarement avancé des arguments clairs pour expliquer ces évolutions, préférant l’évocation poétique au journalisme intelligible. »

Winogrand, qui multiplie alors les expositions dans des musées de renom, connaît la célébrité de son vivant. Pourtant, malgré cette reconnaissance, il est peut-être le plus mal compris de tous les photographes de son temps.

Garry Winogrand New York, vers 1955 Tirage gélatino-argentique The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, Université d’Arizona © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Garry Winogrand New York, vers 1955 Tirage gélatino-argentique The Garry Winogrand Archive, Center for Creative Photography, Université d’Arizona © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

Le volet ultime et « inachevé » de son œuvre enfin explorée

Winogrand se plaisait infiniment plus à capturer les images qu’à les tirer ou les sélectionner pour des livres et des expositions − tâches qu’il laissait souvent à d’autres. Vers la fin de sa vie, il disait vouloir reprendre toutes ses photographies et opérer un nouveau tri, mais l’occasion ne lui sera pas donnée de superviser la mise en forme de son fonds ni même d’examiner correctement la production de ses dernières années. À cause de sa méthode de travail et, au fil du temps, de son désintérêt pour le développement des pellicules, il en a laissé plus de 2 500 exposées mais pas développées et 4 100 qu’il avait traitées mais sans les regarder, soit un total estimé à 250 000 images que personne n’a pour ainsi dire jamais vues.

En outre, de son vivant, Winogrand n’a publié que cinq modestes ouvrages − The Animals (1969), Women Are Beautiful (1975), Garry Winogrand (1976), Public Relations (1977) et Stock Photographs (1980) − qui ne représentent qu’une parcelle de son travail et se cantonnent à des cadres thématiques qui ne révèlent rien de son immense stature.

« Si Winogrand ne fait l’objet que maintenant d’une vraie rétrospective comme celles déjà consacrées à des condisciples de sa génération dont Diane Arbus, Lee Friedlander et Robert Frank, c’est que, pour se faire une idée juste de l’ensemble de sa carrière, il faut d’abord régler les problèmes pratiques et éthiques posés par les abondantes archives laissées à sa mort », explique Erin O’Toole. « En l’absence d’instructions claires sur le sort à réserver à son œuvre après son départ, le traitement posthume de celle-ci fait en permanence débat et soulève des questions brûlantes sur le processus créatif et son rapport avec les spécificités du médium. »

« Certains considèrent qu’il ne faut pas toucher à ce que Winogrand a laissé derrière lui et que nul ne peut préjuger des intentions d’un artiste », ajoute Rubinfien. « Mais le volume de sa production, le fait qu’il ne l’ait pas entièrement examinée et la soudaineté de son décès créent une exception qui fait que, sans l’intervention d’une tierce personne, on ne pourra pas prendre la pleine mesure de l’œuvre de cet éminent photographe. » Désormais hébergé par le Center for Creative Photography de l’université d’Arizona à Tucson, l’œuvre « inachevé » de Winogrand avait été organisé, durant les années qui suivirent sa mort, par plusieurs confrères et amis en vue de sa première grande rétrospective muséale tenue en 1988 au Museum of Modern Art de New York (MoMA). Estimant que la qualité du travail de Winogrand s’était nettement dégradée au cours de ses quinze dernières années, le commissaire de l’exposition, John Szarkowski, n’y avait présenté qu’un petit groupe d’images de la fin de sa vie.

Près de trente ans se sont écoulés depuis la dernière tentative d’appréhender la carrière de Winogrand dans sa globalité. Bénéficiant de nouvelles recherches menées par les conservateurs pour ce projet, l’exposition actuelle propose un réexamen très attendu de l’œuvre du photographe.

Garry Winogrand New York World’s Fair [Exposition universelle de New York] 1964 Tirage gélatino-argentique San Francisco Museum of Modern Art Don de Dr. L. F. Peede, Jr. © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross

Garry Winogrand New York World’s Fair [Exposition universelle de New York] 1964 Tirage gélatino-argentique San Francisco Museum of Modern Art Don de Dr. L. F. Peede, Jr. © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross

INFORMATIONS PRATIQUES

❙ Jeu de Paume

Adresse

1, place de la Concorde – 75008 Paris 01 47 03 12 50 – www.jeudepaume.org

Horaires d’ouverture

Mardi (nocturne) : 11 h-21 h

Mercredi à dimanche : 11 h-19 h.

Fermeture le lundi

Tarifs

Plein tarif 10 € / Tarif réduit 7,5 €

Entrée gratuite : une vidéothèque éphémère, programmation Satellite ; mardis jeunes (le dernier mardi du mois de 11 h à 21 h pour les étudiants et les moins de 26 ans) ; les moins de 12 ans

Billetterie en ligne sur le site Internet du Jeu de Paume, avec la Fnac, Digitick et Ticketnet

Abonnement annuel et partenaires culturels

Accès gratuit et illimité aux expositions et à toutes les activités culturelles du Jeu de Paume

Abonnement annuel : plein tarif 30 € / tarif réduit 25 € / tarif jeune 20 €

Garry Winogrand Los Angeles, 1964 Tirage gélatino-argentique San Francisco Museum of Modern Art, don de Jeffrey Fraenkel © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross

Garry Winogrand Los Angeles, 1964 Tirage gélatino-argentique San Francisco Museum of Modern Art, don de Jeffrey Fraenkel © The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco Photo: Don Ross


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