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L’autoconsommation énergétique, une solution triplement gagnante…

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L’autoconsommation énergétique, une solution triplement gagnante…

L’autoconsommation énergétique, une solution triplement gagnante…

Ayant relaté les craintes des professionnels sur la concertation organisée par le ministère de l'Ecologie quant à l’avenir à moyen et long terme de la filière photovoltaïque et plus précisément, sur les perspectives de l’autoproduction et autoconsommation, l’Ademe, en mai dernier, a fait paraître dans un rapport les avantages de recourir à ce type de modèle énergétique tout en proposant les mécanismes juridiques, freins actuels à sa mise en œuvre. A ce titre, une étude menée par la branche solaire du syndicat des énergies renouvelables (SER) révèle la possibilité de mettre en œuvre cette mesure.

Cette mesure figurera t-elle dans la loi d’orientation sur la transition énergétique ? Rien n’est moins sur (… )car restent à trouver les leviers juridiques, tarifaires.

L’autoconsommation énergétique est le fait, pour un producteur d’énergie, de consommer le produit de sa propre activité. Elle peut donc concerner les particuliers, comme des entreprises ou des quartiers.

La montée en puissance du photovoltaïque et ses particularités, le fait notamment de reposer largement sur un modèle déconcentré permet d’envisager un autre cadre pour cette énergie. En effet, au lieu de voir la production décentralisée systématiquement injectée dans les réseaux, elle peut être en partie consommée directement sur place, seul le surplus étant injectée.

« Sur une maison, c’est 20 à 40 % des besoins », précise l’étude du SER, qui propose aussi une simulation sur un centre commercial (où pics de production et de consommation coïncident) et une commune méridionale de 7 000 habitants. Dans ce dernier cas, « il peut être envisagé d’installer près de 2 500 kWc sans que l’électricité produite ait besoin d’être évacuée en dehors de la commune. » L’autoconsommation est donc envisageable pas uniquement à l’échelle du bâtiment, mais à celle du quartier, voir de l’agglomération, en échangeant les kilowatteurs solaires d’un bâtiment à un autre.

‘’Cela pourrait permettre une évolution vers un financement non subventionné du photovoltaïque devenu compétitif et de réduire la pression sur les réseaux, à la fois en termes d’investissement et de conditions d’exploitation’’ a affirmé Bruno Lechevin le 28 mai lors de son intervention au Colloque du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) sur le sujet. ‘’De ce point de vue, l’autoconsommation peut représenter à relativement court terme un moyen de faciliter l’intégration du photovoltaïque sans mettre à mal les réseaux actuels, sous réserve bien entendu de trouver les bonnes incitations tarifaires et sans remettre l’équilibre de l’économie générale du système.’’

Autoconsommer signifie donc actuellement « abaisser drastiquement la rentabilité de l’installation photovoltaïque ». Une solution pourrait être d’attribuer un bonus à l’électricité autoconsommée. Toutefois, le prix des systèmes photovoltaïques baisse continûment avec une accélération ces dernières années, grâce à la réduction des coûts de production des divers composants, aux économies d’échelle, au retour d’expérience, et à l’innovation. A l’inverse, les coûts de production de l’électricité provenant des filières conventionnelles augmentent de manière régulière. Dans ce contexte, le coût de production de l’électricité photovoltaïque devrait être comparable au prix de gros de l’électricité autour de 2030 et devrait être inférieur au prix de vente entre 2015 et 2020 selon les marchés. Dès lors, le modèle économique de l’autoconsommation pourra progressivement se mettre en place naturellement. Pour la collectivité, un soutien bien dimensionné à l’autoconsommation représente une économie plutôt qu’une dépense supplémentaire.

‘’Pour inciter les consommateurs-producteurs à autoconsommer, une idée pourrait être de réduire le tarif d’achat à l’injection tout en dimensionnant un bonus à l’autoconsommation de façon suffisante pour que la rentabilité de l’installation reste correcte pour le producteur indique Bruno Lechevin. Cette rentabilité pour le producteur étant en partie basée sur l’électricité non achetée sur le réseau, il en résulte que le coût pour la collectivité, financé par le consommateur par la Contribution au Service Public de l'Electricité (CSPE), est diminué par rapport à une situation de revente totale.’’

L’étude du SER propose deux mécanismes. Le premier s’agissant d’une prime au kWh autoconsommé, qui constituerait, pour le producteur, une recette s’ajoutant à l’économie réalisée en n’achetant pas l’électricité au réseau, reprenant le concept étudié par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) dans un avis du 20 décembre 2012.

Toutefois, si, la CRE estime que la production non instantanément consommée soit vendue « au prix du marché », Soler précise un « tarif spécifique ». Le deuxième dispositif du SER s’inscrit dans le « net metering », une caisse de dépôt dans laquelle le consommateur-producteur verserait ou puiserait des « crédits » au fil des bilans entre production et consommation effectués sur son site à chaque fin de période de facturation.

L’autoconsommation est donc une solution triplement gagnante, notamment dans les DOM si on mettait en œuvre les incitations tarifaires correctement dimensionnées :

- gagnant pour le producteur, qui sans des dispositions permettant l’autoconsommation, n’aurait plus d’intérêt à investir dans son installation photovoltaïques, en raison de déconnexions trop fréquentes liées à un afflux temporaire d’électricité solaire ;

- gagnant pour le gestionnaire de réseau, qui voit facilitée sa tâche d’équilibre du réseau et de maintien des plans de tension ;

- gagnant pour la collectivité, qui limite les dépenses de CSPE sur 2 volets :

* la mesure coûte moins cher que le tarif d’achat photovoltaïque actuel

* la mesure diminue la consommation d’électricité, et donc les charges de péréquation dans les DOM

Demain, des modèles rapprochant production et consommation s’envisageront naturellement à l’échelle d’un bâtiment voire d’un groupe de bâtiments : ainsi par exemple, des bâtiments BEPOS (bâtiment à énergie positive) pourront fournir leur production excédentaire d’énergie à des bâtiments plus anciens, moins efficaces et ne disposant pas des surfaces nécessaires à l’implantation de panneaux photovoltaïques. Mais c’est également à l’échelle des territoires que des systèmes innovants à fort ancrage local pourront être imaginés : de l’îlot au quartier, voire à la commune ou à la communauté de communes.

L’ensemble de ces développements ne vise pas la quête absolue de l’autonomie mais une meilleure intégration dans l’infrastructure locale du réseau associant production photovoltaïque, gestion intelligente de la demande et stockage.

Si l’autoconsommation est une bonne idée, c’est me semble-t-il aussi une belle idée car apte à susciter l’adhésion voire l’enthousiasme de nos concitoyens à une époque où, dans d’autres secteurs, les circuits courts, la production et consommation locale sont de plus en plus plébiscités conclut Bruno Lechevin.


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