50% des rivières dans les bassins Rhône-Méditerranée et Corse sont en bon état
Etat des rivières 2014 : au milieu du gué. L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a publié le 10 septembre dernier son rapport sur la qualité des cours d’eau et des nappes souterraines. Il a été réalisé à partir de 3 millions de données individuelles annuelles mesurées dans les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Le bon état des eaux est une notion juridique définie pour l’Europe entière par la directive cadre sur l’eau de 2000. Elle correspond aux conditions permettant le bon fonctionnement des processus écologiques, la présence et le maintien de la faune et de la flore aquatiques.
• Tendance Les poissons reviennent dans l’axe rhodanien
2013, année pluvieuse, a joué en faveur des poissons en diluant les pollutions et en rafraichissant l’eau. Depuis quelques années, les poissons reviennent dans l’axe rhodanien, à commencer par les poissons migrateurs : en 3 ans, les jeunes anguilles (civelles) ont été multipliées par 6 dans l’étang du Vaccarès en Camargue ; une centaine d’aloses ont été vues dans le Gardon (premier affluent aval du Rhône) et ce pour la première fois depuis la pose de 4 passes à poissons en 2012. Plus au nord, à Lyon, 17 espèces de poissons ont à nouveau franchi le Rhône grâce à une rivière artificielle créée en 2013 pour contourner le barrage de Jons. Partout la baisse des pollutions profite aux poissons.
• Focus Les pesticides ne refluent plus
Après un succès –historique– remporté sur les pollutions organiques urbaines dans les années 2000, l’état de nos rivières butte maintenant sur les pesticides. Ils sont la première cause de déclassement de nos cours d’eau, juste devant les déformations du lit de nos rivières et loin devant les autres pollutions. On retrouve 150 pesticides différents dans les rivières et leur nombre ne faiblit pas. C’est le cas en particulier pour les plus fortes concentrations qui se retrouvent dans les zones de grandes cultures comme le bassin de la Saône et les zones de viticulture et de maraîchage en Bourgogne dans le Mâconnais et le Languedoc- Roussillon.
Parmi les pesticides, ce sont les herbicides qui font porter le plus lourd tribut à la vie aquatique. Les invertébrés y sont très sensibles. Le glyphosate (Roundup) se retrouve dans 3⁄4 des rivières et figure en tête des ventes avec plus de 4 000 tonnes/an sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Il dépasse localement jusqu’à 200 fois la norme pour l’eau potable dans les cours d’eau.
Des pesticides interdits depuis 10 ans sont toujours là et se retrouvent dans un quart des analyses en rivières. Si leur concentration baisse bien globalement, on en retrouve encore 36 différents (comme les triazines), et leur concentration connait des ressauts en période d’épandage dans les zones viticoles du Languedoc-Roussillon, de Bourgogne et du Beaujolais, ce qui ne permet pas d’exclure une utilisation encore actuelle.
• Bilan Tout juste 50% des rivières enfin en bon état : l’agence de l’eau lance un label «rivière en bon état »
50% des rivières sont en bon ou très bon état. La Corse et les Alpes s’arrogent le plus grand nombre de rivières en bon état de France, tandis que les zones les plus dégradées sont le bassin versant de la Saône, la moyenne et basse vallée du Rhône, le Languedoc et le Roussillon. La France se situe dans la moyenne européenne.
En 4 ans, on constate une progression, avec 16% de gain de classe de qualité par les rivières. Ce gain est le fait surtout des rivières les plus abîmées qui sortent de leur mauvais état. Au total, c’est l’état moyen, juste en dessous du bon état, qui connaît la plus forte progression (+ 6 %).
L’agence de l’eau lance un nouveau label « rivière en bon état» qui récompensera les rivières arrivées à un bon état stable. Un tiers des cours d’eau y sont déjà parvenus. L’agence de l’eau ouvrira en octobre 2014 un appel à candidature et les premiers panneaux apparaîtront en avril 2015 sur nos routes ou aux abords des rivières (plage, sentier de randonnée, camping, base de loisirs...).
• Autres causes de déclassement Les prélèvements et la déformation du lit des rivières
> 40 % des rivières ont un régime hydrologique gravement perturbé dont plus de la moitié par les prélèvements. L’impact est fort sur les grandes zones agricoles du sud du bassin Rhône-Méditerranée ou sur la moyenne vallée de la Durance où la vie piscicole est affectée et les polluants concentrés. Les efforts faits n’ont encore eu d’autres effets que locaux. On notera les très bons résultats locaux des opérations pilote qui ont rétabli des débits minimaux à la vie : à l’aval de Lyon, le débit du vieux Rhône a été multiplié par 10 et les poissons d’eau vive (hotu, barbeau, vandoise) reprennent le dessus (à 45% des poissons contre 15% auparavant).
> 54 % des rivières, situées principalement dans les grandes zones agricoles (bassin versant de la Saône, Lauragais) et sur le pourtour méditerranéen, ont vu leur lit défiguré au point d’aggraver les crues et de détruire les habitats de poissons.
• En bref
Ø L’agence de l’eau lance un nouveau label « rivière en bon état » qui sera visible dès 2015 sur les routes et signalera les rivières enfin redevenues désirables ;
Ø Les poissons reviennent dans les rivières ;
Ø 50% des rivières sont en bon état ;
Ø Les pesticides ne refluent pas et sont la première cause de déclassement des cours d’eau ;
Ø 60% des rivières de Rhône-Méditerranée souffrent d’un lit défiguré. Avec 12% de cas de déformation, la Corse affiche le meilleur score national pour l’état de ses rivières.