Sur la Route du Rhum, un trimaran aux couleurs des Architectes de l’urgence
Le skipper Gilles Buekenhout, sera au départ de la Route du Rhum le 2 novembre prochain, sur son bateau Nootka, qui arborera gratuitement le nom de la fondation Architectes de l’urgence, afin de permettre à cette ONG de communiquer sur ses actions dans le monde.
Les Architectes de l’urgence lancent donc un appel à la générosité publique, pour permettre que chaque mille parcouru par Gilles Buekenhout puisse, au‐delà de l’exploit sportif, donner lieu à des dons pour financer des projets en Haïti, notamment des orphelinats et écoles.
Situé non loin de l’arrivée à Pointe‐à‐Pitre, Haïti se relève progressivement des dégâts majeurs causés par le séisme de 2010. Les projets de reconstruction mis en œuvre par les Architectes de l’urgence restent donc vitaux pour aider les populations à retrouver des conditions de vie décentes.
Pour toute information sur les actions de la fondation, ou faire un don et suivre la progression de Gilles Buekenhout lors de la course : www.archi‐urgent.com.
Interview de Gilles Buekenhout ‐ Skipper
Quel est votre parcours ?
Je porte une double casquette. En effet, je suis architecte de par mon diplôme et mon activité professionnelle principale, mais je suis aussi amateur passionné de voile, qui essaie de réaliser des rêves nautiques qui frôlent la navigation des professionnels.
Architecte Je suis diplômé d’une école Belge de Bruxelles, depuis 1986. Après avoir travaillé 2 ans au Maroc pour la coopération, j’ai intégré un bureau d’architectes de Bruxelles pendant 7 ans. Mais ma passion de la voile m’a poussé à me rapprocher de la mer et j’ai déménagé en 1996 en France, en Loire Atlantique, à Pornichet. Après avoir tenu 4 ans un commerce de voile sur le port de Pornichet, j’ai recréé en parallèle avec mon épouse (également architecte) mon propre cabinet d’architecture en 2000. L’agence s’est développée jusqu’à aujourd’hui, avec l’ajout de 2 salariées et la construction de nos bureaux en 2006. Le bouche à oreille fonctionne bien et nous accueillons des projets de plus en plus intéressants.
Marin Depuis mon jeune âge, j’ai pratiqué la voile sous toutes ses formes : planche à voile, dériveur, cabinier... Puis acquisition d’un voilier de voyage, suivi d’un voilier de régate, et enfin en 2008, Nootka, le trimaran légendaire de 50 pieds (Multi50), conçu et skippé notamment par Mike Birch : une sorte de ferrarri des mers, mais qui a 25 ans. De plus en plus féru dans ce domaine, l’idée est arrivée comme une évidence : et pourquoi pas participer à la Route du Rhum ? C’est ce que j’ai fait en 2010, en tant qu’amateur averti, sans sponsor : première traversée de l’Atlantique : en solo, en multicoque et en course sur la Route du Rhum !
En plus de mes activités, je m’occupe également de la S.A. du port de Pornichet (président depuis 2006) et de la classe Multi50 (président depuis 2014).
Pourquoi donner le nom d’Architectes de l’urgence à votre bateau ?
En 2010, j’avais trouvé que ma course m’avait donné beaucoup de satisfaction personnelle, mais me donnait un goût amer d’insatisfaction : elle «n’a servi à rien»... Pour 2014, je voudrais donner un sens à ma course : porter un message. Vu mon métier d’architecte, partager l’aventure avec Architectes de l’urgence me paraissait parfaitement cohérent. Pouvoir promouvoir l’architecture au grand coeur grâce à la médiatisation de la Route du Rhum. Et de surcroît sur un trimaran magnifique connu dans le milieu pour ses qualités de robustesse et d’esthétique, valeurs partagées avec l’architecture. C’est un grand honneur pour moi d’avoir cette opportunité.
Architectes de l’urgence vous paient‐ils pour cette communication ?
Non. Absolument pas. Et je ne veux rien recevoir de la part de la fondation Architectes de l’urgence. Nous sommes dans le domaine de la rencontre, de l’échange, de la solidarité.
D’ailleurs, comment financez‐vous votre participation à la course ?
Tout d’abord, le bateau m’appartient et cela me tient à coeur depuis 2009 de l’améliorer d’année en année par mes propres moyens. Je suis exigent et perfectionniste... J’y passe du temps et j’y consacre un certain budget dans le but de bien l’entretenir et de l’améliorer. Quoi de plus satisfaisant que de voir ce bel oiseau d’âge mûr battre certains concurrents plus jeunes !
Pour la course, je finance personnellement les frais, avec le «coup de pouce» de copains ou de connaissances.
Sur Internet : je suivais leurs actions. Je me suis toujours dit : dommage que ma vie professionnelle ne me permette pas d’y participer... Car il y a tant à faire pour donner à certaines personnes des conditions décentes de logement. Ensuite, au hasard d’une manifestation nautique, j’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec Patrick Coulombel, président de la FAU. Le contact est très bien passé. De plus, M. Coulombel connaissait le bateau.
Quels sont vos objectifs ?
Mes objectifs pour la Route du Rhum sont déjà d’arriver à Pointe‐à‐Pitre, si possible en moins de 19 jours (ce que j’avais fait en 2010). Je souhaite naviguer «propre», ne rien casser, faire corps avec grande dame Nature, faire preuve de pugnacité, comme dans toutes les choses que j’entreprends dans la vie. Mon but est de réussir ce challenge : c’est un combat de tous les jours.
Pensez‐vous que les objectifs sont convergents entre vous et les Architectes de l’urgence ?
Oui, bien‐sûr. Hormis les valeurs communes comme la ténacité, le respect des éléments naturels, l’entraide..., je voudrais faire mieux connaître la Fondation des Architectes de l’urgence, la version solidaire de mon métier. Et pour cela, la vitrine de la Route du Rhum est belle : il y a une histoire à raconter, où intervient le surpassement de soi, pour les gens du monde entier en détresse que les architectes aident au travers de la fondation.
Est‐ce une collaboration ponctuelle ?
J’espère sincèrement que non. J’espère de tout coeur que cette vitrine médiatique puisse donner plus d’écho à la fondation et ainsi trouver de nouveaux mécènes pour la réalisation des projets. Si c’est le cas, je continuerai volontiers cette collaboration pour d’autres projets nautiques.
Que pourrait‐on imaginer pour la suite ?
Si l’effet Route du Rhum est positif pour la fondation, pourquoi pas reconduire une collaboration sur d’autres courses ? Locales ou internationales ? Nootka devenant un vecteur de communication porté en France et dans le monde entier, dans le but d’augmenter les dons de nouveaux mécènes et partenaires.
Nous pourrons réfléchir ultérieurement ensemble à des actions concrètes et porteuses. Par exemple, faire naviguer quelques invités partenaires pour leur faire vivre des sensations nautiques extrêmes et renforcer l’esprit de cohésion.
Bref, «naviguer et bâtir pour reconstruire des vies».
Gilles Buekenhout / Nootka.
Interview de Patrick Coulombel, cofondateur des Architectes de l’urgence
Quel sont les objectifs de la fondation Architectes de l’urgence ?
Venir en aide aux populations éprouvées par des catastrophes naturelles ou humaines dans le monde.
La nécessité d’un toit et de remettre en fonctionnement le plus rapidement possible les centres de soins, les écoles et les bâtiments publics sont d’une importance absolue après une catastrophe. A travers ses multiples interventions, depuis 2001 partout dans le monde, la fondation Architectes de l’Urgence a su démontrer que le secours aux populations en détresse ne peut se limiter au seul apport de vivres et de soins : reconstruire des vies brisées, c’est aussi permettre aux plus démunis de retrouver des conditions de vie décentes dans les meilleurs délais.
Comment s’est faite la rencontre avec Gilles Buekenhout ?
Un skipper propriétaire d’un bateau de course et une organisation humanitaire d’architectes sont amenés à se rencontrer par la force des choses s’ils partagent les mêmes valeurs.
J’ai fréquenté le milieu de la voile pendant de longues années, on s’est croisé sur les pontons de Douarnenez l’an dernier. Le courant est vite passé, on fait presque le même métier.
Pourquoi ce bateau ?
En réalité nous n’avons pas choisi le bateau, nous avons choisi l’homme pour les valeurs qu’il souhaite défendre : solidarité, partage et professionnalisme dans la construction.
Gilles nous a proposé de communiquer sur Architectes de l’urgence sans aucune contrepartie, ni même financière, avoir un architecte partenaire qui se positionne dans l’entreprenariat social comme cela est une réelle chance pour nous.
Quelles sont, selon vous, les valeurs communes à l’univers de la voile et celui de l’humanitaire ?
Les valeurs communes sont l’engagement total, la technicité, l’autonomie et l’esprit de débrouillardise.
Lorsque la fondation envoie des équipes sur une catastrophe ou un pays en guerre, elles font avec ce qu’elles ont pris avec elles, en mer c’est pareil.
Qu’est‐ce qui motive ce partenariat ? Quel intérêt pour la fondation ?
La Route du Rhum est un gros vecteur de communication. Cette course part d’Europe pour les Antilles.
Haïti, où l’on travaille depuis de nombreuses années, se situe au bout de cette route. Nous souhaitons faire un lien en faisant rêver un peu les enfants des orphelinats et des écoles que l’on a construits là‐bas.
La fondation s’inscrit dans une démarche de levée de fonds pendant la course au profit d’orphelinats et d’écoles en Haïti.
C’est pourquoi, elle lance à l’occasion du départ de la Route du Rhum un appel à la générosité pour transformer chaque mille parcouru par Gilles Buekenhout en dons au profit de ces projets sur Haïti.
Patrick Coulombel