1ère école publique certifiée Minergie P en France au cœur d’un Eco-quartier à Annecy, Vallin Fier.
Suite aux tests d'infiltrométrie définitifs réalisés en septembre dernier, la Ville d’Annecy vient d’obtenir le label Minergie-P®. Vallin-Fier est ainsi la 1ère école publique certifiée en France. Concrètement, ses consommations énergétiques (et ses émissions de gaz à effet de serre) seront divisées par 10 par rapport à une école classique.
Le standard MINERGIE-P® - label Suisse - est très exigeant au niveau du confort et de la rentabilité. Parmi les éléments de confort figure notamment un pilotage efficace et simple du bâtiment et de ses installations techniques. Exigences devant être respectées : Exigences primaires pour l'enveloppe du bâtiment, Besoin en puissance thermique spécifique, Renouvellement de l'air grâce à une aération douce, Valeur limite MINERGIE-P®, Justificatif du confort thermique en été. Exigences supplémentaires suivant la catégorie de bâtiment : éclairage, froid industriel et production de chaleur, Étanchéité à l'air de l'enveloppe du bâtiment, Appareils électroménagers, Surcoûts par rapport à des objets conventionnels équivalents inférieurs à 15 %.
Par définition, un bâtiment MINERGIE-P® est donc une construction immobilière qui est entièrement réfléchie, conçue et construite dans le sens de l’efficacité énergétique. Sa conception architecturale sera la plus compacte possible (mesure architecturale qui permet de minimiser les déperditions thermiques) et adaptée au climat de la région. La consommation d’énergie sera optimisée au maximum, en utilisant les toutes dernières techniques existantes sur le marché et connaissances en la matière. Pour MINERGIE-P®, une couche d’isolation thermique supplémentaire ne sera pas suffisante. A l’image du standard MINERGIE®, le standard MINERGIE-P® définit des critères d’exigences élevées en matière de confort et définit des objectifs de rentabilité encore plus importants.
En plus de l’isolation thermique de l’enveloppe du bâtiment, un second élément prend toute son importance dans le standard MINERGIE-P® : l’étanchéité. Elle doit être en tous points parfaite et nécessite les conseils techniques des spécialistes qui maîtrisent la technologie des installations d’aération et de circulation de l’air (de l’extérieur vers l’intérieur et vice-versa). La proportion et le type de fenêtres sont optimisés en fonction des caractéristiques du bâtiment. Les déperditions à travers les fenêtres sont à réduire au maximum (valeur U) alors que les gains en énergie passive solaire sont à valoriser au mieux (valeur g).
Même si le standard MINERGIE-P® n’implique pas l’obligation d’utiliser des énergies renouvelables, il est presque inévitable de les intégrer dans le projet du bâtiment. Il s’agit notamment de voir quelles énergies renouvelables sont les plus adéquates pour le bâtiment (capteurs solaires thermiques, panneaux solaires photovoltaïques, pompe à chaleur, biomasse, etc.) et comment elles peuvent se combiner (entre elles ou avec les autres sources d’énergie du bâtiment).
Certifications, labels... revue de détail
VALLIN FIER ANNECY : une exemplarité environnementale en France !
La municipalité d’Annecy a engagé, avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, la réalisation d’un ambitieux projet d’écoquartier sur d’anciennes friches industrielles de 17 hectares à l’entrée nord de la ville. Le maître d’ouvrage a souhaité entreprendre un projet exemplaire selon les principes fondateurs de l’urbanisme durable : l’articulation entre urbanisme et déplacement, la mixité sociale et fonctionnelle, la sobriété énergétique et les énergies renouvelables ainsi que l’impact environnemental et paysager du projet.
L’école-crèche Vallin-Fier, qui a ouvert ses portes début septembre, est intégrée dans un grand projet d’Eco-quartier au Nord de la ville d’Annecy. Cet équipement municipal unique en France accueille déjà 14 classes (6 maternelles et 8 élémentaires) et une quarantaine de tout petits. Les deux architectes Catherine Boidevaix et Didier Dalmas, retenus par la Ville à l’issue d’un concours, ont particulièrement soigné l’enveloppe du bâtiment qui se devait d’être hautement performante afin de limiter les ponts thermiques. Ils ont également fait appel à des sources d’énergie alternatives. Le bâtiment est équipé d’un pompe à chaleur géothermique, fonctionnant grâce à 18 forages de 100 mètres, mais aussi de 9 capteurs solaires (permettant de couvrir 40% des besoins en eau chaude sanitaire) et de 7 centrales de traitement de l’air. La construction de ce bâtiment est le fruit d’une large concertation entre les architectes, les différents services concernés (vie scolaire, enfance jeunesse culture), des parents d’élèves, les agents des écoles maternelles et les enseignants. La principale préoccupation était que le bâtiment réponde aux attentes réelles de ses utilisateurs : pour éviter le caractère bruyant de la salle de restauration scolaire et du préau un acousticien est intervenu ; des patios et des puits de lumière ont été créés pour amener la lumière naturelle au coeur du bâtiment...
Une orientation ne devant rien au hasard. Les différents espaces ont été positionnés en fonction de leur orientation : la plupart des classes donnent plein Sud alors que les pièces utilisées de manière plus ponctuelle (restaurant scolaire, salle informatique, salle de musique, bibliothèque...) ont au contraire été implantées au Nord. Au-delà du confort que cela apporte, ce choix permet de limiter les apports de lumière artificielle et donc d’économiser encore de l’énergie. Un jardin pédagogique, un système de récupération des eaux de pluie... viennent parfaire ce bâtiment confortable, moderne et esthétique.
Le nouveau quartier durable Vallin Fier constitue une réponse forte aux enjeux urbains identifiés sur la ville d’Annecy, notamment en matière d’attractivité et de continuité urbaine. En effet, le secteur nord / ouest de la ville d’Annecy pâtit d’un déficit d’image que le maître d’ouvrage souhaite modifier par une stratégie de reconquête des friches industrielles et le choix d’un projet urbain résolument moderne. Il s’agit, par ailleurs, de conforter le centre de l’agglomération et d’assurer sa continuité urbaine par l’implantation d’activités et la redynamisation de l’offre de transports en commun.
Afin de mener à bien ce projet, la municipalité s’est dotée d’une ingénierie répondant à la complexité du projet. Ainsi, à travers la conduite d’études pluridisciplinaires, le maître d’ouvrage a mené une réflexion préalable de qualité sur les questions architecturales, urbaines, paysagères. Une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage environnementale a également été sollicitée pour assurer le suivi du projet sur cette thématique.
Pour la définition et la mise en œuvre future du projet, des partenariats institutionnels ont été constitués ou pressentis, notamment avec le CAUE 74, le SILA (Syndicat Mixte du Lac d'Annecy) et SIBRA, gestionnaire du réseau bus.
Le secteur sur lequel le quartier durable Vallin Fier voit le jour est relativement peu ouvert et connecté au centre-ville, notamment du fait de la coupure urbaine créée par la voie ferrée. L’objectif de réduction des déplacements en voiture individuelle requiert donc une restructuration et une redynamisation de l’offre en transports en commun. Le pôle d’échange bus sera ainsi redéployé en cœur de zone et la fréquence des dessertes sera accrue. Par ailleurs, la réalisation d’une ligne de transport en commun en site propre sur l’avenue de Genève, située en bordure de périmètre, est actuellement en débat. Un projet de tram-train à l’échelle de l’agglomération est également à l’étude. La coupure urbaine devrait par ailleurs être minimisée à terme par la création d’un passage bus sous la voie ferrée actuelle. Le dialogue ville/agglomération sur la question des transports mériterait d'être renforcé pour satisfaire les enjeux concernant à terme la desserte du quartier.
A l’échelle du quartier cette fois, de nombreuses actions sont mises en place pour réduire la place de la voiture et favoriser les cheminements doux. L’intrusion de l’automobile en cœur d’îlot est limitée par le faible nombre de voies transversales, évitant ainsi les itinéraires de transit, ainsi que par la réduction de la vitesse sur ces voies et le cantonnement des stationnements en bordure de périmètre. A cet égard, afin d’infléchir profondément les usages, le maître d’ouvrage a souhaité que soit appliqué un ratio d’une seule place de stationnement par logement et la mutualisation des places de parking sous les îlots, accessibles depuis les voiries extérieures. Des stationnements en silo sont par ailleurs prévus pour les visiteurs. La promotion de la mobilité douce passe par un maillage important du quartier en voies réservées aux piétons et aux cycles et par un traitement qualitatif des espaces publics.
Mixité sociale et fonctionnelle
En matière de déplacement, la mixité fonctionnelle joue un rôle essentiel dans la réduction du recours à la voiture. La programmation du futur quartier intègre de nombreux équipements publics (une école maternelle et élémentaire, un pôle petite enfance, une salle des fêtes, une salle communale de quartier...) et près de 5 500 m2 de surfaces commerciales et d’activités.
La Ville d’Annecy souhaite grâce à ce quartier durable proposer des logements accessibles à une large frange de la population et permettre notamment l’installation de familles. Sur les 900 logements programmés, un tiers seront des logements locatifs sociaux, un tiers seront proposés en accession privée à des prix de sortie réduits grâce à une convention signée avec les promoteurs permettant l’installation de primo-accédants, le dernier tiers sera en accession libre. Le programme intègre également la création de 10 logements dédiés à l’habitat coopératif.
Sobriété énergétique et énergies renouvelables
Sur l’aspect énergétique de son projet, la Ville d’Annecy s’est imposé des standards élevés reprenant les objectifs du Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020. Ainsi la norme BBC, définie par la réglementation thermique de 2012, a été choisie pour toutes les constructions neuves du projet. Le maître d’ouvrage souhaite aller plus loin dans la démarche de sobriété énergétique en imposant le label Minergie P passif (30 kwh/m2 maximum pour l’habitat) sur une part significative du programme. Ces objectifs sont notamment rendus possibles grâce à un important travail sur le bioclimatisme.
En matière d’énergies renouvelables, des études ont été lancées en partenariat avec EDF afin de déterminer le potentiel du quartier et ainsi définir le mix énergétique le plus adéquat.
Impact environnemental et valorisation paysagère
La présence maîtrisée de la voiture au sein du quartier permet de faire des cœurs d’îlots, des espaces publics et des cheminements apaisés. En partenariat avec les bureaux d’études spécialisés sur les thématiques architecturales et paysagères, la municipalité d’Annecy a mené une réflexion sur l’ambiance urbaine du quartier. Une place importante est laissée aux espaces verts, créant ainsi une dentelle verte à l’échelle du quartier constituée de nombreux jardins transversaux assurant autant de respirations urbaines. L’aménagement de ces espaces est envisagé selon deux grands principes : une biodiversité spontanée en faisant revenir la nature en ville en relation avec les espaces naturels à proximité et une biodiversité cultivée en garantissant une diversité des essences autochtones. Cette large place accordée aux espaces verts sur le quartier constitue également un élément de réponse à la problématique de l’infiltration des eaux pluviales in situ. Le traitement de cette problématique est également l’occasion de créer une trame bleue et de mettre l’eau en scène. La création de noues drainantes végétalisées contribue ainsi à l’ambiance apaisée du cœur du quartier
Coût de l’école-crèche : 13 M€ TTC pour la Ville d’Annecy avec la participation du Conseil général de la Haute-Savoie (580 K€) et de la Caisse d’allocations familiales (528 K€) dont : travaux de bâtiments : 12 030 000 €, travaux de VRD : 440 K€, mobilier, matériel, jeux de cours : 530K€
L’école-crèche-centre de loisirs en chiffres :
• un bâtiment de 5 000 m2
• 3 000 m2 d’espaces extérieurs
• 16 salles de classes (dont 14 occupées cette année)
• 40 berceaux à la crèche (une soixantaine d’enfants accueillis)
• 375 élèves pour cette rentrée dont 180 en maternelle (6 classes) et 195 en élémentaire (8 classes)
• Un centre de loisirs de 40 places accueillant les enfants de 3 à 10 ans – ouverture prévue en 2014.
• 73 personnes travaillant sur place, dont : 25 enseignants, 6 agents municipaux chargés de la restauration scolaire, 10 animateurs périscolaires, 5 Atsem - agents spécialisés des écoles maternelles-, 10 agents en charge de l’entretien des locaux et 17 agents du secteur petite enfance à la crèche.