Quantcast
Channel: Le blog de l'habitat durable
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

La Grande-Bretagne et la Belgique ferment certains réacteurs pour raisons de SÛRETÉ

$
0
0
La Grande-Bretagne et la Belgique ferment certains réacteurs pour raisons de SÛRETÉ

La Grande-Bretagne et la Belgique ferment certains réacteurs pour raisons de SÛRETÉ

La sûreté nucléaire ne constitue pas une alternative notamment face à un compromis comme celui de l’éventualité de prolonger les centrales nucléaires, elle doit se conformer à une contrainte absolue. Et c’est dans ce cadre que la Grande-Bretagne, ainsi que la Belgique ont fermé plusieurs réacteurs pour des raisons de sûreté. L’éolien vient combler ces manques notamment en Grande-Bretagne.

Selon, Greenpeace, la compagnie belge Electrabel, qui a effectué un examen approfondi des dégâts causés à la turbine à vapeur du réacteur de Doel 4, a fait état de “dégâts importants“. Rappelons que cet incident serait un sabotage : une personne aurait délibérément laissé s’écouler 65 000 litres d’huile de la turbine vers un réservoir souterrain destiné à récupérer cette huile en cas d’incendie. Manquant de lubrifiant après cette manœuvre, la turbine a surchauffé et s’est automatiquement arrêtée. Le réacteur restera à l’arrêt au moins jusqu’en décembre 2014.

Au même moment, la Belgique fait face à la mise à l’arrêt de Doel 3 (près d’Anvers) et de Tihange 2 (près de Huy) pour des raisons de sûreté nucléaire. En cause ? Des fissures dans la cuve des réacteurs, repérées en 2012. Précisons qu’il est probable que plusieurs autres réacteurs dans le monde présentent des symptômes identiques. 22 de ces réacteurs possèdent en effet des cuves fabriquées par la société néerlandaise aujourd’hui disparue RDM (Rotterdamsche Droogdok Maatschappij).

Concernant la Centrale Nucléaire de Doel, elle est équipée de quatre réacteurs à eau pressurisée (REP) de conception Westinghouse (Doel 1, 2 et 4) et Framatome/AREVA (Doel 3) :

Doel 1 : 412 MWe, mis en service en 1974 pour 40 ans.

Doel 2 : 454 MWe, mis en service en 1975 pour 40 ans.

Doel 3 : 1056 MWe, mis en service en 1982 pour 40 ans.

Doel 4 : 1041 MWe, mis en service en 1985 pour 40 ans.

Ce qui fait au total une puissance installée de 2963 MWe.

Les réacteurs Doel 1 et 2 doivent normalement être arrêtés en 2015, Doel 3 en 2022 et Doel 4 en 2025.

La centrale de Doel fournit environ 30 % de la consommation d'électricité en Belgique. Au début 2011, elle employait 940 collaborateurs, dont 800 pour le cœur de la centrale. La superficie occupée par la centrale est d'environ 80 hectares.

En août 2012, il a été révélé que 1 000 défauts ont été détectés, en juillet de la même année, sur la cuve du réacteur n°3, à l'occasion d’un contrôle par ultrasons de toute la zone fortement irradiée de cette cuve4. Ces défauts dont l’origine n’est pas précisément établie à ce jour, seraient dus à des anomalies de fabrication et « pourraient s'assimiler à de potentielles fissures », selon les termes mêmes de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN). Le directeur de l'AFCN, interrogé par la radio publique francophone (RTBF) sur la possibilité de réutiliser la cuve du réacteur après la découverte d'anomalies, a déclaré être "assez sceptique". Si les premiers résultats de l'enquête se confirment, et puisque la cuve d'un réacteur ne peut être remplacée, cet incident pourrait entraîner la fermeture définitive du réacteur n°3, ce qui ne manquerait pas d'avoir des conséquences importantes sur l'approvisionnement des consommateurs belges. Cependant l'Autorité belge de sûreté nucléaire a rendu courant mai 2013 un arrêté autorisant l'exploitant à redémarrer de suite les deux tranches de 1000 MW. En effet les études détaillées ont montré que les "fissures" détectées en 2012 grâce à des techniques plus fines qu'auparavant sont là depuis le forgeage d'origine et n'évoluent pas. L'exploitant estime pouvoir redémarrer les tranches avant fin juin.

Le mardi 5 août 2014 au matin, les 65 000 litres d’huile nécessaire au fonctionnement du réacteur n°4 sont vidangés dans un réservoir souterrain prévu à cet effet en cas d’incendie entrainant l'arrêt de l'arrêt de la centrale et des dégâts importants.

Centrale nucléaire de Doel

Centrale nucléaire de Doel

Concernant, la centrale nucléaire de Tihange, elle est constituée de trois réacteurs à eau pressurisée de conception américaine Westinghouse, Pour refroidir le cœur des réacteurs, de l'eau est prélevée puis renvoyée dans la Meuse. Les circuits de refroidissement sont équipés chacun d'une tour de refroidissement et alimentent en vapeur un groupe turbo-alternateur (deux pour Tihange 1) constitué d’une turbine et d'une génératrice électrique d'environ 1 000 mégawatts (2 x 500 mégawatts pour Tihange 1) :

Tihange 1 : 962 MW, mis en service en 1975, arrêt décidé pour 2015, mais probablement prolongé jusque 2025 par le gouvernement2

Tihange 2 : 1 008 MW, mis en service en 1983, arrêt décidé pour 2023 mais 2014

Tihange 3 : 1 054 MW, mis en service en 1985, arrêt décidé pour 2025

Centrale nucléaire de Tihange

Centrale nucléaire de Tihange

Au Royaume-Uni, EDF Energy a annoncé avoir mis à l’arrêt quatre réacteurs.

Une décision prise suite à la détection d’un défaut sur la chaudière du réacteur n°1 de la centrale de Heysham, située dans le Lancashire sur la côte du nord-ouest de l’Angleterre. EDF Energy a décidé de mettre à l’arrêt pour inspection les réacteurs similaires : le réacteur n°2 de la même centrale, ainsi que les réacteurs n°1 et n°2 de la centrale de Hartlepool. Des réacteurs qui sont tous plus que trentenaires.

En Europe et aux États-Unis, des fermetures pour cause de sécheresse (et donc de difficultés pour refroidir les réacteurs) ont déjà eu lieu. Et l’inspecteur en chef de la dernière centrale encore en service en Californie, construite sur une faille sismique, recommande sa fermeture. Car lors d’une période prolongée de sécheresse ou de canicule, le niveau des cours d’eau est généralement plus bas et leur température plus élevée. Les centrales nucléaires doivent alors adapter leur fonctionnement à cette contrainte afin de ne pas perturber les écosystèmes.

Centrale nucléaire de Heysham

Centrale nucléaire de Heysham

Comment combler le manque énergétique lorsque ces réacteurs, si fiables, sont à l’arrêt ?

Toujours, selon Greenpeace, la Belgique peut compter sur l’électricité fournie par ses voisins ... Illustrant la fameuse “indépendance énergétique” et la “sécurité des approvisionnements” vantées par l’industrie nucléaire.

Au Royaume-Uni, la situation est légèrement différente, en version renouvelable... Ce sont en effet les ENR qui sont venues combler les manques cet été. “La demande est relativement basse à cette période de l’année, et une grand quantité d’énergie éolienne est produite” relève le gestionnaire du réseau britannique, le UK National Grid. Les apports en énergie électrique sont restés stables.

Greenpeace estime donc que la crise en cours avec la Russie montre à quel point l’Europe est dépendante des importations d’énergie, en particulier du pétrole et du gaz russes. L’UE a dépensé un total de 421 milliards d’euros dans les importations d’énergie en 2012. Faire le pari de l’indépendance énergétique d’un continent sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schiste, sur des projets d’importations ou sur la prolongation de vie des réacteurs nucléaires n’est pas viable. Les dirigeants européens doivent donc mettre l’accent sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables afin de réduire la dépendance de l’Europe et d’améliorer sa sécurité énergétique. Pour réduire le risque de pénurie d’approvisionnements énergétiques, pour réduire les risques posés par les changements climatiques, pour réduire les risques liés au nucléaire vieillissant.

Des leçons à méditer :

Tout d’abord, l’idée que l’énergie nucléaire est une source d’énergie fiable garante d’une sécurité énergétique est un mythe, en particulier dans un monde où les réacteurs arrivent en fin de vie. Car ils deviendront de plus en plus vulnérables en prenant de l’âge.

Ensuite, on constate un changement de vision : ce ne sont plus les ENR qui ont besoin d’être soutenues par “une vraie production” d’origine nucléaire. C’est le nucléaire qui, aujourd’hui, doit s’appuyer sur les ENR pour combler les défaillances de l’atome. Le nucléaire doit assurer ses arrières, grâce aux ENR...

De plus en plus de réacteurs nucléaires vont fermer dans les années à venir, car ils atteignent l’âge de la retraite. L’industrie nucléaire ne peut tout simplement pas construire des réacteurs de remplacement assez vite ou assez bon marché pour combler le manque.

C’est une lacune que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique peuvent combler en toute sécurité et de manière fiable.

Comme cela a été récemment relevé dans le “World Nuclear Industry Status Report“, l’industrie nucléaire n’a de cesse d’opposer aux renouvelables leur “intermittence” ... mais oublie que, comme dans un orchestre symphonique, tous les instruments ne jouent pas au même moment, mais se répondent et se complètent pour faire durer le concerto...

Les ENR s’associent, se répondent et se complètent. Elles sont plus sûres, moins chères, plus faciles à démarrer, à arrêter, à construire !

L’Agence internationale de l’énergie a publié jeudi un nouveau rapport, le Medium-Term Renewable Energy Market Report 2014, dans lequel elle relève qu’éolien, solaire et autres ENR ont progressé à un rythme inédit l’année dernier, et produisent désormais 22% de l’électricité mondiale.

En Belgique, au Royaume-Uni, ou en France où les arrêts pour maintenance s’enchaînent, c’est le nucléaire qui fait figure d’énergie intermittente.

La Grande-Bretagne et la Belgique ferment certains réacteurs pour raisons de SÛRETÉ

Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

Trending Articles