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Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM


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Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat
Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM


GrĂące au prĂȘt exceptionnel d’une partie des trĂ©sors nationaux de la collection de bronzes antiques du Maroc dĂ©couverts Ă  Volubilis, le MuCEM prĂ©sente l’un des aspects majeurs du bassin antique mĂ©diterranĂ©en. Fruit d’une convention signĂ©e entre le royaume du Maroc et le gouvernement français, l’exposition tĂ©moigne d’une collaboration Ă©troite entre la Fondation nationale des musĂ©es du Maroc et le MucEM.

Les collections de bronzes du musĂ©e de Rabat figurent parmi les plus exceptionnelles du monde antique mĂ©diterranĂ©en. Bien que dĂ©couverts, pour la plupart, Ă  Volubilis, ils n’ont pas Ă©tĂ© produits dans cette rĂ©gion de l’Empire romain. Ils tĂ©moignent cependant d’une mode -ou de modes- en vogue dans l’Empire romain entre le II Ăš siĂšcle avant J.-C. et le II Ăš siĂšcle aprĂšs J.-C. Pour autant, nous ne connaissons pas leurs lieux de production, qui peuvent ĂȘtre localisĂ©s aussi bien en Italie, en GrĂšce, qu’en MĂ©diterranĂ©e orientale - Turquie, Jordanie - oĂč des ateliers de fabrication ont Ă©tĂ© dĂ©couverts Ă  ce jour. Outre leur qualitĂ© technique intrinsĂšque, les bronzes de Volubilis se signalent par une esthĂ©tique particuliĂšrement reprĂ©sentative des modĂšles en cours dans la MĂ©diterranĂ©e grĂ©co-romaine.

L’ensemble des bronzes en provenance de Volubilis est mis en espace en regard d’Ɠuvres issues d’autres rĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes. Parmi celles-ci, nous avons pu bĂ©nĂ©ficier des prĂ©cieuses collections du Louvre, du cabinet des Monnaies, MĂ©dailles et Antiques de la BibliothĂšque nationale de France, du musĂ©e de l’EphĂšbe d’Agde et du musĂ©e dĂ©partemental Arles antique. Elles illustrent magistralement le langage commun des Ă©lites mĂ©diterranĂ©ennes de l’AntiquitĂ©.

Il s’agit bien lĂ  d’un tĂ©moignage de ce bassin de civilisation qu’est la MĂ©diterranĂ©e Ă  l’époque antique : un vaste espace ouvert oĂč les hommes circulent depuis le premier millĂ©naire avant J.-C. de Tyr Ă  Carthage, de l’Asie Mineure aux confins atlantiques en passant par la Mer Noire, de PhocĂ©e Ă  Marseille, de Milet Ă  Olbia, de ThĂ©ra Ă  CyrĂšne


Photo: Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM


SPLENDEURS DE VOLUBILIS jusqu’au 25 AOÛT 2014

L’art n’est pas figĂ©, il est en mouvement, il se nourrit d’influences nombreuses et sa fonction dĂ©pend de l’époque et du contexte. dans un bassin mĂ©diterranĂ©en antique oĂč Rome Ă©tend sa domination, les hommes, les marchandises, les goĂ»ts et les esthĂ©tiques circulent, se mĂ©langent et s’imposent. Volubilis, site archĂ©ologique classĂ© au patrimoine mondial de l’UNeSCO, offre un exemple saisissant de l’hellĂ©nisation des goĂ»ts et des arts officiels dans l’empire romain.

Sous la direction de Myriame Morel-Deledalle, conservatrice du patrimoine, le MusĂ©e archĂ©ologique de Rabat prĂȘte au MuCEM une sĂ©rie de statues de bronze datant du IIe siĂšcle av. J.-C. au IIe siĂšcle apr. J.-C. Avec la participation de la BibliothĂšque nationale de France, du musĂ©e du Louvre, du musĂ©e d’Agde et du Petit-Palais, l’exposition Splendeurs de Volubilis consacre la vocation du MuCEM Ă  rassembler en un lieu symbolique les cultures et les trĂ©sors patrimoniaux du pourtour mĂ©diterranĂ©en. Le visiteur est ainsi plongĂ© dans l’antique Maroc, nommĂ© royaume de MaurĂ©tanie sous la domination des Romains. Volubilis fut un avant-poste important de l’Empire romain et a Ă©tĂ© ornĂ©e de nombreux beaux monuments tĂ©moins de la romanisation de la citĂ©. L’archĂ©ologie nous a rĂ©vĂ©lĂ© une statuaire qui tĂ©moigne de l’hellĂ©nisation des goĂ»ts et des arts autour de la MĂ©diterranĂ©e antique. À l’image de son roi Juba II, issu de la dynastie numide mais Ă©levĂ© Ă  Rome, Ă©duquĂ© aux arts grecs, mariĂ© Ă  une Égyptienne et placĂ© Ă  la tĂȘte de la MaurĂ©tanie par Auguste, cette exposition propose de montrer que la MĂ©diterranĂ©e est un carrefour des peuples, de l’art et des esthĂ©tiques et favorise les Ă©changes entre les nombreuses provinces de l’Empire romain.

Cette circulation du « beau », de ses influences, de ses rĂ©fĂ©rences et de ses techniques s’illustre par une sĂ©rie de statues de bronze retrouvĂ©es dans la citĂ© antique de Volubilis. Comme des tĂ©moins muets, ces statues montrent une certaine uniformisation des goĂ»ts artistiques et esthĂ©tiques autant que l’importance de montrer et d’afficher cette esthĂ©tique officielle. Certains enseignants pourront Ă©voquer la romanisation, thĂšme rencontrĂ© dans le programme scolaire de l’enseignement secondaire. L’histoire de l’époque et de la rĂ©gion est riche en Ă©lĂ©ments importants. La lutte entre CĂ©sar et PompĂ©e a une incidence directe sur le royaume de MaurĂ©tanie, sur son futur roi Juba II et donc sur le devenir de la citĂ© de Volubilis.

L’exposition illustre une Ă©poque de transformation oĂč la RĂ©publique romaine laisse place Ă  l’Empire et oĂč le pouvoir doit ĂȘtre mis en scĂšne, notamment, par la statuaire. Splendeurs de Volubilis raconte aussi une histoire des arts. L’élĂšve pourra s’initier Ă  l’art de la statuaire. Il reconnaĂźtra les genres, les Ă©coles et les courants artistiques mais Ă©galement la fonction sym- bolique et politique que peut avoir une Ɠuvre d’art comme moyen d’affirmer une volontĂ© politique qui transcende les frontiĂšres et unifie les codes esthĂ©tiques.

- « De la Numidie Ă  la MaurĂ©tanie » prĂ©sente la MaurĂ©tanie, son histoire, l’empreinte des Romains en ces terres et l’origine des familles rĂ©gnantes.

- «Les goûts et les modÚles» permet de caractériser les styles, les fonctions et les esthétiques des statues de bronze.

- « Le savoir-faire du bronze » nous met Ă  la place du sculpteur d’hier et d’aujourd’hui afin d’apprĂ©hender les techniques de rĂ©alisation de ces statues.

Le royaume de MaurĂ©tanie se trouve au nord-ouest de l’Afrique. Alors que Jules CĂ©sar traverse le Rubicon avec ses lĂ©gions pour prendre le contrĂŽle de Rome, PompĂ©e s’oppose Ă  lui pour dĂ©fendre la RĂ©publique. Durant cette guerre civile entre PompĂ©e et CĂ©sar, le royaume de MaurĂ©tanie aura l’imprudence de prendre le parti de PompĂ©e, ce qui entraĂźnera, aprĂšs sa dĂ©faite, un accroissement de la pression romaine sur ses terres. Le royaume sera gouvernĂ© par Juba II

(25 av. J.-C. - 23 apr. J.-C.), un souverain numide enlevĂ© et Ă©levĂ© Ă  Rome, mariĂ© Ă  ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ©, fille de ClĂ©opĂątre VII. Le couple, Ă©levĂ© Ă  Rome selon les goĂ»ts romains, va rĂ©gner sur la MaurĂ©tanie et faire du royaume une province importante et fidĂšle Ă  l’Empire romain.

Le rĂšgne de Juba II accĂ©lĂšre la romanisation de la rĂ©gion et l’hellĂ©nisation des arts et de la statuaire. À Volubilis, rĂ©sidence occasionnelle du couple royal, les archĂ©ologues ont mis au jour de nombreuses statues de bronze qui rendent bien compte de la volontĂ© du roi et des riches habitants de la citĂ© d’avoir accĂšs Ă  l’esthĂ©tique et aux goĂ»ts de leurs homologues romains de l’autre rive de la MĂ©diterranĂ©e.

AprĂšs la mort de Juba II en 23, son fils PtolĂ©mĂ©e prend la relĂšve jusqu’à son assassinat Ă  Lyon sur ordre de l’empereur Caligula. La province est alors annexĂ©e en 44 mais entre en rĂ©bellion. Volubilis, fidĂšle Ă  Rome, participe Ă  la rĂ©pression de cette rĂ©bellion et obtiendra rĂ©compense, le statut de municipe romain faisant de ses habitants libres des citoyens romains et accĂ©lĂ©rant encore la romanisation de la citĂ©.

Cette premiĂšre partie de l’exposition est propice Ă  la contextualisation tant chronologique que gĂ©ographique. Les Ă©lĂšves pourront profiter des cartes et des chronologies pour reprendre les repĂšres Ă  connaĂźtre.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM


De la Numidie à la Maurétanie Tingitane

Rome est d’abord l’histoire d’une citĂ© qui devient empire. Par une sĂ©rie de conquĂȘtes militaires, l’influence de Rome s’étend sur tout le pourtour mĂ©diterranĂ©en. L’antique royaume de MaurĂ©tanie entre dans cette histoire par l’implication du roi Bocchus Ier (120-80 av. J.-C.) dans le conflit qui opposa son gendre Jugurtha Ă  Rome. Cette section montre comment Rome a su imposer son influence sur les immenses terres de MaurĂ©tanie et de Numidie grĂące Ă  un couple de souverains Ă©levĂ©s Ă  Rome et inspirĂ©s par l’hĂ©ritage hellĂ©nistique. Juba II et ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ© seront des vassaux fidĂšles Ă  Rome qui participeront Ă  la romanisation de la MaurĂ©tanie.

À la fin du IIe siĂšcle av. J.-C., le royaume de MaurĂ©ta- nie entre dans la sphĂšre d’influence de Rome Ă  la suite du conflit qui l’oppose Ă  Jugurtha. On constate l’appa- rition de produits romains dans les villes du royaume. Mais la mainmise de Rome sur la rĂ©gion s’intensifie lorsque CĂ©sar triomphe de PompĂ©e. En effet, Juba Ier, roi de MaurĂ©tanie, s’était alliĂ© Ă  PompĂ©e. Vaincu, son fils, le futur Juba II, est enlevĂ© pour ĂȘtre Ă©duquĂ© Ă  Rome. Auguste aura l’intelligence d’en faire un vĂ©ri- table Romain avant de lui donner la responsabilitĂ© d’administrer, avec sa femme, ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ©, ce vaste territoire. Un certain nombre de bronzes et de statues sont alors importĂ©s par le couple royal afin de reproduire le dĂ©corum romain. AdoptĂ©e par les riches notables, l’imagerie artistique romaine s’impose bien- tĂŽt ainsi que les monuments typiquement romains. La rĂ©gion se romanise. Le fils de Juba II, PtolĂ©mĂ©e, est assassinĂ© Ă  Lyon par Caligula en 40. C’est Ă  cette date que la rĂ©gion devient officiellement province romaine et prend le nom de MaurĂ©tanie Tingitane avant de connaĂźtre un rapide essor Ă©conomique.

Buste de JUBA II

Juba II est un Numide qui a tout d’un Romain. AprĂšs la dĂ©faite de son pĂšre face Ă  CĂ©sar et son suicide en 46 av. J.-C. Juba II sera Ă©levĂ© Ă  Rome dans la famille d’Octave. Au cƓur de la plus puissante des familles romaines, il sera pĂ©tri de culture classique. Il est connu des Grecs et des Romains en tant que savant, artiste, homme de lettres, auteur de plusieurs traitĂ©s sur les lettres, la peinture, le théùtre, l’histoire, la gĂ©ographie et la mĂ©decine. Il est placĂ© sur le trĂŽne de MaurĂ©tanie par Auguste en 25 av. J.-C. QualifiĂ© « d’alliĂ© et d’ami de Rome », il sera mariĂ© Ă  ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ©, fille de la trĂšs cĂ©lĂšbre ClĂ©opĂątre VII et de Marc Antoine. Elle fut Ă©galement Ă©levĂ©e Ă  Rome afin que, descendante de la famille des Lagides, elle devienne une parfaite Romaine. De par sa naissance africaine, son Ă©ducation romaine et son mariage avec une princesse de culture hellĂ©nistique, Juba II est un roi Ă©rudit, Ă  la culture mĂ©diterranĂ©enne. Il sera un grand collectionneur d’art et on lui doit l’importation d’un certain nombre d’Ɠuvres prĂ©sentes dans cette exposition.

Sur ce buste, il apparaĂźt en souverain hellĂ©nistique, le visage imberbe et les cheveux courts ceints du bandeau royal. L’idĂ©alisation de sa reprĂ©sentation montre les qualitĂ©s de l’individu. Sur diffĂ©rentes monnaies, on peut remarquer des inscriptions en latin ou en grec et parfois en punique, signe de son multiculturalisme. On trouvera sur les monnaies qui reprĂ©sentent ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ© des attributs Ă©gyptiens qui rappellent l’origine illustre de sa famille.

Monnaie en Or de PTOlÉMÉE

Sur cette monnaie, on peut voir le portrait du roi PtolĂ©mĂ©e en buste, drapĂ© et diadĂ©mĂ©. Il est identifiĂ© par l’inscription REX PTOLEMAEUS.

Au revers est reprĂ©sentĂ© un autel dĂ©corĂ© d’une couronne et flanquĂ© d’arbres. Au dessus, l’inscription R.A.I. (anno regni I) permet de dater la monnaie. PtolĂ©mĂ©e est le fils de Juba II et de ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ©. Il est associĂ© au trĂŽne par son pĂšre en 19 puis rĂšgne sur la MaurĂ©tanie de 23 Ă  40 apr. J.-C. Il Ă©tait extrĂȘmement rare que des monarques clients de l’Empire romain soient autorisĂ©s Ă  frapper du monnayage en or ; seuls les rois du Bosphore et ceux de MaurĂ©tanie avaient ce privilĂšge.

MalgrĂ© cette faveur, signe des bonnes relations entre la MaurĂ©tanie et Rome, l’histoire de PtolĂ©mĂ©e se termine mal. PtolĂ©mĂ©e est assassinĂ© sur ordre de Caligula Ă  Lyon en 40. Il aurait suscitĂ© la jalousie de l’empereur lors d’un sĂ©jour Ă  Rome en portant un manteau de pourpre, couleur rĂ©servĂ©e Ă  l’empereur.

PORTRAIT DE CLÉOPÂTRE VII en ISIS

ClĂ©opĂątre VII est un personnage historique que la plupart des Ă©lĂšves connaissent. Cette statuette la reprĂ©sente avec les attributs de la dĂ©esse Ă©gyptienne Isis. TrĂšs importante en Égypte, Isis fait Ă©galement l’objet d’un culte dans l’Empire romain. ClĂ©opĂątre VII, descendante de la puissante famille des Lagides, est la mĂšre de ClĂ©opĂątre SĂ©lĂ©nĂ©, femme de Juba II.

Son destin a connu un certain succÚs dans le cinéma, les séries et les bandes dessinées, ce qui explique sa popularité.

Elle est connue pour sa grande beautĂ© et fait partie intĂ©grante des intrigues qui secouent la RĂ©publique romaine durant la guerre civile. Elle a connu Jules CĂ©sar et lui donnera un fils, CĂ©sarion, reprĂ©sentĂ© dans l’exposition (voir l’enfant royal). AprĂšs la mort de Jules CĂ©sar, Octave, son fils adoptif, s’oppose rapidement Ă  Marc Antoine, un ami de CĂ©sar. Marc Antoine se marie alors avec ClĂ©opĂątre VII et les tensions montent entre Rome et Alexandrie. La guerre Ă©clate et Marc Antoine est vaincu par Octave Ă  la bataille d’Actium en 31 av. J.-C. Marc Antoine se suicide peu aprĂšs et ClĂ©opĂątre le suit dans la tombe. La lĂ©gende raconte qu’elle se serait donnĂ© la mort grĂące Ă  la morsure d’un aspic venimeux. Le contrĂŽle de Rome est alors Ă  la portĂ©e d’Octave qui deviendra le premier empereur en 27 av. J.-C.

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VOLUBIS CAPITALE RÉGIONALE

Volubilis a livrĂ© Ă  l’archĂ©ologie de nombreux trĂ©sors dont la plupart des bronzes exposĂ©s au MuCEM. Elle est considĂ©rĂ©e comme la rĂ©sidence rĂ©gionale de Juba II qui va s’empresser de dĂ©corer la citĂ© en important des Ɠuvres d’inspiration romaine. La citĂ© est riche, on y trouve une forte production olĂ©icole qui rappelle la trilogie mĂ©diterranĂ©enne composĂ©e du blĂ©, de la vigne et de l’huile d’olive. La ville devient romaine aprĂšs l’assassinat de PtolĂ©mĂ©e et continue de se transformer et de prospĂ©rer. Elle ne cesse de s’étendre pour atteindre une superficie de 42 hectares au IIe siĂšcle.

La citĂ© offre des monuments «mauritaniens» comme un mausolĂ©e ou des temples dits «puniques» mais Ă©galement des Ă©lĂ©ments romains qui montrent la romanisation de la citĂ©. On trouve, entre autres, un forum, une basilique, des thermes, un arc de triomphe et des demeures Ă  pĂ©ristyle typiques de l’urbanisme romain. Ces demeures prouvent que la volontĂ© de faire de Volubilis une ville semblable aux citĂ©s romaines n’est pas de la seule initiative de Juba II. Les riches habitants souhaitent Ă©galement se rapprocher des codes esthĂ©tiques des patriciens romains. Les Ă©lĂšves pourront repĂ©rer les diffĂ©rents monuments d’inspiration romaine sur le plan aquarellĂ© de Jean-Claude Golvin et pourront faire le lien entre l’urbanisme de Rome et celui des citĂ©s des provinces. Un rappel sur la fonction des diffĂ©rents bĂątiments permet de mettre en lumiĂšre le mode de vie romain Ă  travers les bĂątiments aux fonctions politiques, religieuses et de loisir.

Les fouilles dĂ©butent en 1915, supervisĂ©es par Louis Chatelain, lieutenant de rĂ©serve et membre de l’École française de Rome. Il s’en occupera jusqu’à sa retraite en 1941 et sera remplacĂ© par Raymond Thouvenir. Les premiĂšres fouilles ont dĂ©gagĂ© les alentours de l’arc de triomphe, de la basilique et ont commencĂ© Ă  mettre au jour une partie du centre monumental (forum, capitole, tribune, thermes, maisons...). La dĂ©couverte des diffĂ©rentes sculptures en bronze s’étale sur plusieurs dizaines d’annĂ©es. Les statues sont retrouvĂ©es dispersĂ©es dans diffĂ©rentes parties de la ville, la plupart ensevelies. La majoritĂ© des statues ont Ă©tĂ© importĂ©es. Cependant quelques piĂšces auraient pu ĂȘtre fabriquĂ©es sur place comme en tĂ©moigne la dĂ©couverte dans le jardin des Oudaya de Rabat de sept tĂȘtes masculines en plĂątre qui servaient de modĂšles.

En plus des monuments et des bronzes dĂ©couverts, les archĂ©ologues ont mis au jour des mosaĂŻques somptueuses dans les riches villas des nĂ©gociants. Le site de Volubilis est classĂ© au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. Les nombreuses photos du site invitent l’enseignant Ă  expliquer aux Ă©lĂšves en quoi consiste le travail d’un archĂ©ologue et Ă  mettre en Ă©vidence l’importance de ces dĂ©couvertes pour l’histoire antique.

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LES GOÛTS ET LES MODÈLES

Si Rome domine la MĂ©diterranĂ©e, c’est l’art grec qui imprime sa marque sur les diffĂ©rentes cultures durant l’AntiquitĂ©. On trouve, comme point commun liant les diffĂ©rents peuples de ce vaste ensemble, les mĂȘmes modĂšles artistiques. L’art est diffusĂ© et utilisĂ© par Rome comme un moyen de faire connaĂźtre Ă  tous le visage de l’empereur et les marques de la domination romaine. des scĂšnes mythologiques et religieuses participant d’une culture commune se retrouvent Ă©galement autour de la MĂ©diterranĂ©e et Ă  Volubilis.

PORTRAIT POLITIQUE ET ESTHÉTIQUE DU POUVOIR

On peut aborder cette section en posant une question simple aux Ă©lĂšves : comment, Ă  une Ă©poque oĂč les mĂ©dias modernes n’existent pas, peut-on faire connaĂźtre Ă  tous le portrait de l’empereur ? Les portraits politiques se retrouvent partout, dans la sculpture et sur les monnaies. Ils sont standardisĂ©s et rĂ©pondent Ă  un certain nombre de codes. L’art est ici mise en scĂšne du pouvoir et magnificence de l’empereur et participe au culte que tous doivent lui rendre.

Buste de CATON en bronze

Ce buste remarquable reprĂ©sente Caton d’Utique comme l’indique l’inscription sur sa poitrine. La statue le reprĂ©sente de maniĂšre austĂšre et hautaine. TrĂšs rĂ©aliste, cette reprĂ©sentation montre Ă  quel point les sculpteurs pouvaient rendre compte des dĂ©tails de la peau, des rides et de la chevelure.

Caton Ă©tait un homme politique du temps de Jules CĂ©sar et de PompĂ©e. Adversaire farouche de CĂ©sar en qui il voyait un futur tyran, il s’engagea aux cĂŽtĂ©s de PompĂ©e durant la guerre civile de 49 av. J.-C. AprĂšs la mort de PompĂ©e, il rassembla ce qui restait des forces hostiles Ă  CĂ©sar et tenta de rĂ©sister en Afrique. Juba Ier fit partie de cette coalition qui fut dĂ©faite lors de la bataille de Thapsus. Le fils de Juba Ier fut enlevĂ© pour ĂȘtre Ă©levĂ© Ă  Rome tandis que Caton se donna la mort Ă  Utique (Tunisie).

Jules CÉSAR et JUBA Ier dit « Le triomphe de CÉSAR »

Cette plaquette est l’Ɠuvre d’un artiste de la Renaissance, Antonio Averlino, connu sous son pseudonyme grec, Filarete. À l’heure oĂč l’art antique est redĂ©couvert en Europe, Filarete offre ici une scĂšne de triomphe au temps de la guerre civile. Rome se mettait en scĂšne lors des grandes victoires pour affirmer et montrer Ă  tous la supĂ©rioritĂ© de sa civilisation. Ici, on remarque une procession composĂ©e de quatre personnages. Le premier cavalier, Jules CĂ©sar, passe triomphant devant un signifer portant le signum, emblĂšme dont le sommet reprĂ©sente l’aigle impĂ©rial, l’aquila. Le deuxiĂšme cavalier est le vaincu, Juba Ier. Il est reprĂ©sentĂ© comme un Barbare et est suivi par un prisonnier Ă  pied et nu. Cette plaquette donne l’occasion d’expliquer aux Ă©lĂšves la genĂšse des arcs de triomphe et de cette cĂ©rĂ©monie importante pour Rome.

Portrait d’Auguste en Marbre

Auguste est le premier empereur de Rome. Fils adoptif de Jules CĂ©sar, il prend le contrĂŽle de Rome et transforme la RĂ©publique en Empire. Il met en place un pouvoir centralisĂ© et se met en scĂšne pour affirmer sa suprĂ©matie. Auguste placera Juba II sur le trĂŽne de MaurĂ©tanie aprĂšs l’avoir fait Ă©lever Ă  Rome. Le premier empereur de Rome sera l’objet de nombreuses reprĂ©sentations diffusĂ©es dans tout l’Empire.

Ce marbre reprĂ©sentant le portrait de l’empereur est de type Prima Porta qui se dĂ©finit par la position et le dessin des mĂšches frontales. Les Ă©lĂšves pourront comparer ce portrait avec la cĂ©lĂšbre statue en pied d’Auguste Prima Porta conservĂ©e au musĂ©e Chiaramonti Ă  Rome.

Captif barbare

Tout ce qui n’est pas romain est barbare. Les Romains divisent l’humanitĂ© ainsi. Ils se disent civilisĂ©s, vivent dans des citĂ©s et recherchent le raffinement et la paix tandis que les Barbares sont rĂ©putĂ©s vivre en tribus loin des villes. RedoutĂ©s, ils sont considĂ©rĂ©s comme brutaux et dĂ©pourvus de sensibilitĂ©. Les Ă©lĂšves pourront relever la maniĂšre dont est reprĂ©sentĂ© le Barbare.

Il est captif, sous la domination des Romains qui Ă©crasent leurs adversaires de l’époque par leur puissance militaire. Cette statuette de bronze dĂ©couverte en 1960 dans le prĂ©toire du camp militaire de Thamusida rĂ©vĂšle quelques caractĂ©ristiques communes Ă  la reprĂ©sentation des Barbares par les Romains : ils portent le sagum, une tenue de Barbare. Entre la cape et la toge, le sagum est un vĂȘtement portĂ© en Europe notamment par les tribus germaniques.

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MODÈLES CLASSIQUES ET ARCHAÏQUES

L’hellĂ©nisme est un ensemble de rĂ©fĂ©rences culturelles et artistiques communes. Des Ă©coles enseignent aux artistes, notamment les sculpteurs, Ă  reproduire les modĂšles archaĂŻques et classiques hĂ©ritĂ©s de la GrĂšce. InspirĂ©s par des artistes classiques du Ve siĂšcle av. J.-C. comme PolyclĂšte, PraxitĂšle et Phidias, les sculpteurs qui adoptent ce modĂšle utilisent le canon, un ensemble de rapports de proportions mathĂ©matiques, afin d’atteindre une reprĂ©sentation idĂ©alisĂ©e des corps. Le goĂ»t pour le modĂšle archaĂŻsant se retrouve dans certaines Ɠuvres et fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’art grec du VIIe siĂšcle av. J.-C.

L’ÉPHÈBE à la Couronne de Lierre

L’éphĂšbe est un personnage qu’on retrouve souvent dans la statuaire classique. Dans le monde grec, l’éphĂšbe est un jeune garçon qui vient de sortir de l’autoritĂ© fĂ©minine et entre dans la vie adulte par le service militaire : l’éphĂ©bie. ReprĂ©sentant la beautĂ© et la grĂące de la jeunesse, cet Ă©phĂšbe, retrouvĂ© en 1932 prĂšs de l’arc de triomphe de Volubilis, est caractĂ©ristique du style classique. Nu, bien proportionnĂ©, musclĂ© finement, il reprĂ©sente un idĂ©al. Il s’inscrit dans une sĂ©rie dite «lampadophores» c’est-Ă -dire porteurs de flambeau (ici disparu). Cet Ă©phĂšbe est d’influence polyclĂ©tĂ©enne, en rĂ©fĂ©rence Ă  PolyclĂšte, cĂ©lĂšbre sculpteur du premier classicisme (Ve siĂšcle av. J.-C.).

Il est l’exemple mĂȘme de la copie des modĂšles artistiques et de la diffusion des goĂ»ts. Ce style obĂ©it Ă  un canon inventĂ© par PolyclĂšte. Celui-ci repose sur un ensemble de rapports numĂ©riques entre les diffĂ©rentes parties du corps : le torse et les jambes ont la mĂȘme hauteur, trois fois la hauteur de la tĂȘte ; le bassin et les cuisses mesurent respectivement les deux tiers du torse et des jambes.

TÊTE dite de BĂ©nĂ©vent

Cette exceptionnelle tĂȘte de jeune homme est faite de bronze avec des appliques de cuivre rouge au niveau des lĂšvres. Elle devait certainement orner un pilier dans une belle demeure ou Ă  la palestre, l’endroit oĂč les exercices physiques Ă©taient pratiquĂ©s.

La couronne d’olivier sauvage dont est ceinte la tĂȘte du jeune homme rappelle d’ailleurs la rĂ©compense offerte aux athlĂštes vainqueurs des jeux d’Olympie. Cet Ă©phĂšbe, athlĂšte, reprend des thĂšmes trĂšs en faveur dans la sculpture grecque classique et rĂ©exploitĂ©e chez les Romains : la beautĂ© idĂ©ale et la victoire. Le visage est construit selon les principes de l’école argienne et tĂ©moigne de la persistance de l’influence polyclĂ©tĂ©enne au Ier siĂšcle avant notre Ăšre. Le menton plein, le contour de la bouche, la forme du nez dont les ailes joignent les joues par de lĂ©gĂšres dĂ©pressions manifestent l’hĂ©ritage du maĂźtre argien, ainsi que les mĂšches de cheveux finement travaillĂ©es.

L’ÉPHÈBE Verseur

Ce troisiĂšme Ă©phĂšbe devait tenir un rhyton (vase) dans la main droite et une coupe dans la main gauche. Les Ă©lĂšves pourront remarquer quelques diffĂ©rences de reprĂ©sentation entre cette statue et les deux prĂ©cĂ©dentes. Bien qu’elles reprennent le thĂšme de la beautĂ© masculine et juvĂ©nile, elles n’obĂ©issent pas exactement au mĂȘme style artistique.

Cet Ă©phĂšbe verseur est d’influence praxitĂ©lienne du nom du grand sculpteur PraxitĂšle (IVe siĂšcle av. J.-C.). et correspond au deuxiĂšme classicisme. Son influence sur la sculpture ultĂ©rieure est surtout traduite pour les nus masculins par un hanchement prononcĂ© et une grĂące plus fĂ©minine. La musculature est moins affirmĂ©e et les courbes plus accentuĂ©es.

Le Cavalier

Ce cavalier reprĂ©sente un quatriĂšme Ă©phĂšbe, une fois de plus diffĂ©rent. Les Ă©lĂšves pourront chercher ce qui le diffĂ©rencie des trois autres. Il est en position de cavalier, musclĂ©, son visage donne l’impression d’une tranquille assurance. Il symbolise la beautĂ© masculine et juvĂ©nile. Mais il ne se conforme pas au modĂšle classique. Sa chevelure coiffĂ©e en calotte plate avec des mĂšches sĂ©parĂ©es symĂ©triquement par une raie fait penser Ă  un style archaĂŻque trĂšs Ă  la mode Ă  l’époque d’Hadrien.

L’influence archaĂŻque fait rĂ©fĂ©rence Ă  la plus ancienne Ă©poque de la GrĂšce antique (Xe – VIIe siĂšcle av. J.-C.). Elle se caractĂ©rise par une plus grande simplicitĂ© des formes et des postures. Les proportions ne respectent pas le canon.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM

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SCULPTURES DE GENRE

La statuaire romaine n’est pas faite que d’idĂ©alisme et de survalorisation du beau. Le rĂ©alisme de scĂšnes plus banales est aussi un thĂšme que l’on retrouve souvent. On y reprĂ©sente les gens qui font le quotidien ou des personnages publics avec un effort pour se rapprocher de la rĂ©alitĂ©.

L’enfant Royal - CÉSARION

Cette statue est le portrait d’un jeune garçon d’environ 6 ans. Il est caractĂ©ristique de l’époque hellĂ©nistique car il mĂ©lange des attributs grecs (tunique courte ceinturĂ©e et manteau attachĂ© par une fibule) avec des attributs Ă©gyptiens (boucles d’oreilles, yeux cernĂ©s de khĂŽl). L’enfant royal possĂšde Ă©galement des attributs royaux via une symbolique religieuse. On y voit un foudre, Ă©voquant Zeus, sur un ruban lui-mĂȘme symbole de la protection des divinitĂ©s Ă©gyptiennes.

C’est grĂące Ă  ces indices et au travail des archĂ©ologues et des historiens que des hypothĂšses ont pu ĂȘtre faites sur l’identitĂ© de ce petit garçon. Il s’agirait d’un des fils de ClĂ©opĂątre VII : soit CĂ©sarion, alias PtolĂ©mĂ©e XV, hĂ©ritier du trĂŽne d’Égypte et fils de Jules CĂ©sar ; soit PtolĂ©mĂ©e, le deuxiĂšme fils que ClĂ©opĂątre eut de Marc Antoine.

Cette statue est remarquablement réalisée et particuliÚrement bien conservée. La trÚs haute qualité des coulées et des assemblages par soudures montre que le fondeur et le sculpteur étaient tout à fait exceptionnels.

Le Vieux pĂȘcheur

Nous sortons ici de la reprĂ©sentation idĂ©alisĂ©e ou politique pour montrer aux Ă©lĂšves que les scĂšnes de la vie quotidienne Ă©taient Ă©galement des sujets de reprĂ©sentation. Si on demande aux Ă©lĂšves une rapide comparaison entre les Ă©phĂšbes et ce vieux pĂȘcheur ils trouveront qu’on a ici une statue plus rĂ©aliste et «humble» que les autres. L’homme est vĂȘtu d’un exomis, tunique courte rĂ©servĂ©e aux ouvriers et aux soldats, et fait le geste d’un pĂȘcheur. Le remarquable travail sur son visage, dĂ©voilant les rides, la calvitie et insistant sur sa vieillesse, s’inscrit dans la tradition hellĂ©nistique. Avec l’exemple du vieux pĂȘcheur et par la comparaison avec ce qui a Ă©tĂ© vu prĂ©cĂ©demment, il est possible de faire Ă©merger la diffĂ©rence entre l’idĂ©alisme et le rĂ©alisme dans la statuaire hellĂ©nistique.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM

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LE DÉCOR DOMESTIQUE

Dans les riches demeures, le mobilier est dĂ©corĂ©, les jardins ornĂ©s de fontaines et de sculptures puisĂ©es dans le rĂ©pertoire commun de l’Empire romain. Dieux et crĂ©atures dionysiaques dĂ©corent ces lieux et illustrent le bien-vivre de la citĂ©.

Chien attaquant

Cette Ɠuvre fait preuve d’un rĂ©alisme remarquable. Le chien est en position d’attaque, menaçant, prĂȘt Ă  bondir. Il Ă©tait Ă  l’origine accompagnĂ© d’un personnage debout reprĂ©sentant Diana, dĂ©esse romaine de la chasse. Il s’agit d’un Ă©lĂ©ment de fontaine puisqu’il existe des orifices circulaires dans le corps et la gueule.

Buste de Jupiter

Ce buste nous offre un exemple du goĂ»t des Romains pour la dĂ©coration intĂ©rieure. Cette piĂšce servait de couronnement Ă  un trĂ©pied et reprĂ©sente un homme barbu identifiĂ© au dieu Jupiter, lequel Ă©merge d’une corbeille de feuilles.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM

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LE SAVOIR-FAIRE DU BRONZE

La plupart des statues retrouvĂ©es Ă  Volubilis ont Ă©tĂ© importĂ©es de GrĂšce ou d’Italie, acheminĂ©es par bateau puis par chariots jusqu’à leur destination. Il est difficile de savoir avec prĂ©cision oĂč elles furent produites. La crĂ©ation de ces statues se faisait dans des ateliers de fondeurs et de sculpteurs qui pouvaient ĂȘtre itinĂ©rants. Une fois la commande achevĂ©e, il n’était pas rare que l’atelier soit dĂ©montĂ© et les fosses, servant Ă  la fabrication, rebouchĂ©es. Cette itinĂ©rance avait l’avantage de permettre de diffuser les techniques Ă  travers l’empire.

MODÈLES ET PLÂTRES

THÉSÉE Terrassant le Minotaure

Les mythes et lĂ©gendes, hĂ©ritages des Grecs et des CrĂ©tois, sont toujours des sujets de reprĂ©sentation sous la domination romaine. Les Ă©lĂšves auront Ă©tudiĂ© au collĂšge l’Iliade et l’OdyssĂ©e ainsi que quelques rĂ©cits mythologiques antĂ©rieurs. Rares sont ceux qui ne connaissent pas le minotaure de Cnossos enfermĂ© dans le labyrinthe et l’histoire de ThĂ©sĂ©e. Ces lĂ©gendes dĂ©jĂ  anciennes sont sans cesse rappelĂ©es et, Ă  mesure que circulent les reprĂ©sentations mythologiques, les lĂ©gendes antiques survivent au passage du temps. Ici, le sculpteur reprĂ©sente l’action et l’effort. ThĂ©sĂ©e est ceint du bandeau des hĂ©ros vainqueurs, le minotaure dont le visage est humain ne peut que perdre. Tout dans le jeu des muscles exprime l’effort, la violence mais les visages restent impassibles, presque sereins. La virtuositĂ© de l’assemblage en fait une piĂšce remarquable.

Virtuosité, patines et alliages

Certains sculpteurs-fondeurs sont de vĂ©ritables virtuoses. Leur connaissance des matĂ©riaux et leur expertise technique permettent d’obtenir un rendu somptueux. Les patines nĂ©cessitent un grand savoir-faire. AprĂšs la coulĂ©e, la statue est souvent dorĂ©e mais on peut altĂ©rer sa couleur en appliquant divers produits oxydants. Il faut alors chauffer la sculpture Ă  feu doux et appliquer les mĂ©langes jusqu’à l’obtention du rendu souhaitĂ©.

Retombée du paludamentum

Cet Ă©lĂ©ment de dĂ©cor appartient Ă  une statue d’un empereur. Il s’agit d’une retombĂ©e de son manteau impĂ©rial appelĂ© paludamentum. La technique utilisĂ©e est remarquable. Le sculpteur a employĂ© diffĂ©rentes mĂ©thodes de placage et d’incrustation pour obtenir des patines polychromiques : noir violacĂ©, jaune orangĂ© et brun olivĂątre. TrĂšs dĂ©corĂ©, ce paludamentum illustre une victoire militaire. On peut y voir un trophĂ©e, des armes et des captifs barbares reconnaissables Ă  leurs braies (pantalon), les mains enchaĂźnĂ©es derriĂšre le dos. Au vu des motifs de leurs braies l’un d’eux est parthe et l’autre celte. Ces illustrations symbolisent la puissance de l’empereur sur la terre. Deux monstres marins Ă  tĂȘte de cheval et de panthĂšre illustrent sa domination sur les mers. Vu la taille de la draperie, la statue impĂ©riale devait ĂȘtre de dimension colossale. Les historiens pensent qu’il s’agissait de Caracalla, Britannicus maximus et Parthicus maximus, vainqueur des Parthes et des Bretons que la dĂ©dicace de l’arc de triomphe de Volubilis nous dĂ©crit comme conduisant un char Ă  six chevaux.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM

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Venir au Musée

ACCÈS

mĂ©tro 1 et 2 : station Vieux-Port ou Joliette (15 min Ă  pied) tramway T2 : arrĂȘt RĂ©publique / Dames ou Joliette (15 min Ă  pied)

bus n° 82, 82s et 60 (arrĂȘt Fort Saint-Jean) ou n° 49 (arrĂȘt Église Saint-Laurent) autocar aire de dĂ©pose-minute > Boulevard du Littoral (en face du musĂ©e Regard de Provence)

> Avenue Vaudoyer (le long du soutĂšnement de la butte Saint-Laurent, en face du fort Saint-Jean)

CONTACT

MuCEM 1, esplanade du J4 CS 10351 13213 Marseille Cedex 02 réservations et renseignements 04 84 35 13 13 tous les jours de 9h à 18h reservation@mucem.org Tous les jours de 9 h à 18 h

JOURS ET HEURES D’OUVERTURE

Groupes scolaires accueillis tous les jours sauf le mardi, sur un horaire prioritaire : 9h-11h

AUTOUR DE L’EXPOSITION

visite guidĂ©e de l’exposition Splendeurs de Volubilis CollĂšge et lycĂ©e, dĂšs la 6e Cette visite est un parcours sur la citĂ© de Volubilis du temps de sa splendeur, qui permet de dĂ©couvrir son contexte en MĂ©diterranĂ©e. L’occasion de rĂ©flĂ©chir Ă  la circulation des canons esthĂ©tiques et d’approcher les principes des fouilles archĂ©ologiques.

DurĂ©e 1 h Tarif 50€ TTC pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. RĂ©servation obligatoire

visite autonome, sans guide conférencier du MuCEM Gratuit pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. Réservation obligatoire

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